Ce mois-ci, Patrick Chêne et ses invités se retrouvent pour évoquer la place du sport féminin dans notre société. Florence Masnada (double médaillée olympique de ski alpin), Béatrice Barbusse (Vice-présidente déléguée à la Fédération Française de Handball), Delphine Reau (double médaillée olympique de Tir) et Philippe Beaudillon (Président du Racing Club de France) se poseront, entre autres, la question de l'exposition du sport féminin dans les médias.
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00:00♫ Générique de fin ♫
00:17Bonjour à tous. Vous avez raison d'être fidèles aux grandes questions du sport. On va s'intéresser aujourd'hui au sport féminin.
00:23Ce sport féminin est-il suffisamment exposé ? J'ai déjà la réponse, vous me direz. Mais on va en parler ensemble
00:29avec nos invités. Je vais vous présenter tout d'abord Delphine Réau, double médaillée olympique de tir.
00:35Merci d'être avec nous, Delphine. Également avec nous, Béatrice Barbus. J'allais dire habituée de cette émission.
00:40En tout cas, j'ai eu le plaisir de vous recevoir. Vice-présidente déléguée de la Fédération française du handball,
00:45avec un grand parcours auparavant. Philippe Bodillon. Philippe, bonjour. Président du Racine Club de France.
00:51On va parler justement de ce sport féminin qui évolue et qui gagne de plus en plus de place à la fois dans les instances
00:57dirigeantes, mais aussi sur le terrain. Et puis, avec beaucoup de bonheur, nous accueillons également Florence Masnada.
01:04Alors, Florence, quand on habite en Savoie, on a du mal à quitter sa Savoie. Donc on vous prend avec grand plaisir en duplex.
01:11Merci d'être avec nous, Florence. Je veux quand même rappeler que vous avez été doublement médaillée olympique en ski alpin.
01:19Vous avez contribué à la grandeur du ski alpin français. On est ravis de vous retrouver, Florence, pour parler de ce sport féminin.
01:26On va commencer d'une manière très classique, sur une chaîne qui est un peu le contre-exemple, il faut le dire,
01:32puisque dans le cahier des charges de notre chaîne Sport en France, 50% d'antennes est consacrée au sport féminin et 50% au sport masculin.
01:42C'est un contre-exemple. Pourquoi ? Parce que, j'allais dire, évidemment, on en est tous conscients, dans les médias,
01:49le sport féminin est sous-représenté. Alors, on va quand même avoir une petite approche positive en disant
01:55qu'en 2012, il y avait 7% de sport féminin sur l'ensemble du sport diffusé dans les chaînes de télévision.
02:03Ce score a doublé entre 2012 et 2014 pour atteindre 14%. Et en 2016, on a dépassé les 16%. Donc on va dire que ça progresse.
02:16Mais si on est entre 16% et 20% aujourd'hui, on ne peut pas non plus crier un grand cocorico.
02:21Je vais vous donner encore un tout petit peu de chiffres pour vous faire réagir ensuite. C'est le tennis qui a le plus de retransmissions.
02:29C'est sans doute dû à Roland-Garros, puisqu'il y a une grosse retransmission des deux tournois. Le football a fait une grosse percée
02:35ces dernières années. On l'a vu. Alors le tennis, c'est plus de 1 000 heures par an. Le football, c'est 443 heures.
02:42Le ski, Florence, 360 heures. Et le biathlon, devenu très à la mode récemment, 268 heures. Et je rappelle que sur sport en France,
02:52je viens de le dire, la répartition est de 50%. Alors, Béatrice, on va se poser la question toute bête. Pourquoi les chaînes traînent tant
03:04à aller vers cette parité qu'on souhaite dans tous les domaines, entre hommes et femmes, dans notre pays, dans notre société ?
03:11Pourquoi les chaînes traînent tant ? Est-ce de la mauvaise volonté ? Est-ce la pauvreté de l'offre ? Est-ce un mix des deux ?
03:18– Non, c'est certainement pas la pauvreté de l'offre, puisqu'il y a autant de compétitions féminines que masculines.
03:24Donc si on serait amené à dire qu'il y a une pauvreté du côté des compétitions féminines, alors il y a une pauvreté aussi
03:30des compétitions masculines. Donc c'est pas de ce côté-là qu'il faut chercher la réponse. La réponse, les causes sont très certainement multiples.
03:40Il y a des habitudes, des mauvaises habitudes, prises depuis la naissance de la télévision, j'ai envie de vous dire.
03:46Donc on ne perd pas des habitudes comme ça si facilement. Il faut des années, des décennies, très certainement,
03:53pour qu'on arrive à faire changer ces habitudes-là. Il y a donc derrière ces habitudes, bien sûr, ce qu'on appelle,
04:00mais il faut le reconnaître, il faut mettre des noms derrière l'effet du sexisme intériorisé,
04:04qui n'est pas forcément, encore une fois, volontaire, qui est la plupart du temps inconscient.
04:08– Qui est culturel.
04:09– Oui, absolument, qui est culturel. Et donc c'est là que le bas blesse.
04:13Et donc on a donné, alors maintenant qu'on est rentré dans ce cercle qui n'était pas du tout avantageux pour le sport féminin,
04:20il est compliqué d'en sortir parce qu'on a fait prendre des habitudes également aux téléspectateurs et aux téléspectatrices.
04:26Et quand votre regard est en effet habitué à regarder une compétition de type masculine,
04:31dès que vous êtes mis devant une compétition féminine, forcément, vous allez trouver des points de comparaison
04:37qui vont très souvent être au désavantage du sport féminin, qui peut être à son avantage quand on entend
04:45« Ah, les filles, elles simulent moins au football quand il y a eu la Coupe du monde 2019, elles simulent moins,
04:50elles se relèvent vite, elles invectivent moins l'arbitrage, etc. »
04:55Donc ça, c'était plutôt positif pour le sport féminin, mais on entend exactement des choses différentes,
05:00mais qui sont là, au contraire, au désavantage du sport féminin.
05:05« Ça va moins vite, c'est moins physique, elles tapent moins fort. »
05:11Voilà, donc il y a aussi cet aspect-là qui ressort. Pourquoi ? Parce que notre regard n'est pas habitué.
05:16Et là, moi, je l'ai expérimenté sur ma propre personne, puisque pendant 10-15 ans, je n'ai vu que du handball masculin.
05:23Et que ça ! Je n'ai pas du tout regardé un seul match de handball féminin.
05:27Et quand je suis revenue à des affaires, quand je suis rentrée à la Fédération, où là, j'ai été quelque part obligée
05:33de regarder du handball féminin, parce qu'il y a une équipe de France féminine, forcément,
05:38je me suis dit « Mais qu'est-ce que c'est que ça ? »
05:40Franchement, je le dis très sincèrement, mon regard, mon œil était tellement habitué au handball masculin
05:46qu'il m'a fallu pratiquement 6 mois à 1 an, je l'ai mesuré vraiment, 6 mois à 1 an pour que mes yeux s'habituent
05:52et que je ne vois plus tant de différence que je regarde que du handball et que ça me fasse plaisir aussi bien en regardant l'un que l'autre.
05:57C'est un peu, peut-être, un contre-exemple, parce qu'autant, on en parlait tout à l'heure sur le football,
06:01on peut objectivement se dire que c'est en train d'évoluer, mais que lorsque le football est arrivé à la télévision,
06:07le football féminin était peut-être moins spectaculaire que le football masculin,
06:12peut-être ce sport mériterait-il une adaptation, mais personnellement, Dieu sait que j'ai vu des compétitions,
06:19le volley féminin, le handball féminin, pour donner deux exemples, sont bien plus spectaculaires chez les femmes que chez les hommes,
06:26pour moi, la puissance a pris le pas au handball masculin, ce qui n'a pas été le cas,
06:31et en volleyball, les échanges durs, c'est spectaculaire, moi je suis un adepte.
06:38– Le problème il vient peut-être de là, je pense qu'il faut qu'on arrête de comparer,
06:41je pense qu'il faut qu'on regarde le spectacle sportif pour ce qu'il est,
06:45pour du spectacle sportif qu'il soit féminin, masculin, valide, non-valide,
06:48peu importe, et moi aujourd'hui, quand je regarde du spectacle sportif,
06:52je ne le regarde pour le spectacle sportif, j'essaye pas de comparer avec un autre genre,
06:56j'essaye pas de comparer avec un autre sexe, je n'essaye pas de comparer avec valide, non-valide,
07:00non, je regarde un spectacle, qu'est-ce que c'est que le spectaculaire ?
07:04C'est quelque chose qui nous émeut, qui nous fait frémir, qui nous fait pleurer,
07:07qui nous fait bonvir de joie, pour ce qu'il est, et si bien sûr on passe son temps à comparer,
07:13on va toujours trouver du plus, du moins quelque part.
07:16– Vous avez tout à fait raison, Delphine, dans votre spécialité,
07:19Delphine Réau, je rappelle que vous êtes double médaillée olympique de tir,
07:22c'est un peu différent, parce que là, la comparaison,
07:25est-ce que d'abord on compare, est-ce qu'on vous dit, vous, c'est pas pareil ?
07:28– Oui, bien sûr, on compare, mais bien sûr, même en tir,
07:32et quand j'ai débuté, il y a maintenant presque 30 ans, c'était…
07:38– Tu es bébé.
07:38– J'étais bébé, oui, c'est ça, ça ne se voit pas trop l'air,
07:41non, quand j'ai démarré, en fait, les hommes et les femmes,
07:45au tout début, tiraient le même nombre de plateaux, d'accord,
07:48et on était même mixte, c'est-à-dire que les compétitions,
07:50notamment les Jeux olympiques, se tiraient en mixte,
07:53à partir de 2000, nous avons une autre catégorie,
07:56en revanche, on tirait moins de plateaux que les hommes,
07:59d'un seul coup, on n'avait plus la capacité d'encaisser
08:02le même nombre de plateaux que les hommes, pour éviter la comparaison,
08:06donc là, on est dans l'autre sens.
08:08– Ça m'avait mis plus loin, c'était pour éviter qu'une femme gagne contre un homme.
08:11– Parce qu'à Barcelone, en 92, dans une discipline qui s'appelle le skit olympique,
08:16une femme a battu tout le monde, c'est-à-dire qu'à l'époque où c'était mixte,
08:21une femme a osé battre les hommes, et ça ne s'est pas bien passé,
08:26c'était une chinoise, et par la suite, du coup, ils nous ont créé notre catégorie,
08:31alors ils ont commencé par une autre discipline en 96,
08:34parce qu'il faut savoir qu'en 96, il n'y avait même plus de femmes,
08:36mis à part dans une autre discipline qui s'appelle le double trap,
08:38et puis ensuite, en 2000, ils ont créé notre catégorie, mais on tirait 50 plateaux…
08:42– Vous avez été baladés, en quelque sorte.
08:44– Voilà, on tirait 50 plateaux de moins que les hommes, en qualification,
08:48pas en finale, mais en qualification, donc juste pour dire,
08:51il y a la disparité, effectivement, au niveau sport féminin,
08:56mais au-delà de ça, ça en rajoute quand on compare aussi les sports individuels
09:03avec les sports co, parce que là, toutes les références que vous avez données
09:06au petit début dans votre propos, on parlait de sport collectif, d'accord ?
09:09– J'avais raison.
09:10– À part le tennis, effectivement, les sports individuels
09:14sont encore plus mal traités au niveau féminin que les sports collectifs.
09:19– Alors, vous parliez en 92, avec cette victoire d'une femme sur une compétition mixte,
09:24est-ce que vous connaissez Fallon Sherrock ?
09:26– Non.
09:27– Vous devriez, mesdames, connaître Fallon Sherrock,
09:29parce que Fallon Sherrock a été la première femme à s'imposer
09:33lors d'un championnat du monde d'une discipline
09:35qui a une importance colossale dans les pays anglo-saxons,
09:38ce sont les fléchettes.
09:40Et en 2019, Fallon Sherrock a battu Ted Evett et ça a été une révolution.
09:46Et ça a été très mal vécu, parce que les fléchettes,
09:49vous regardez parfois les chaînes de télévision où on passe des sports un peu exotiques,
09:54la fléchette, c'est un sport qui a un impact considérable.
09:58Donc Fallon Sherrock est une icône à retenir, exactement.
10:02– J'ai envie de vous dire, même en dehors du secteur sportif,
10:05à chaque fois qu'une femme, ça a été le cas pour les agrégations,
10:09avant c'était mixte, elles le passaient ensemble,
10:11et pour éviter, parce qu'on s'est aperçu que les femmes
10:14pouvaient arriver devant les hommes,
10:16pour éviter cela on a fait deux agrégations différentes,
10:18maintenant c'est mixte à nouveau,
10:20mais à chaque fois, pour vous dire, dans tous les secteurs de notre vie,
10:22à chaque fois qu'une femme a eu la possibilité d'arriver,
10:25sans qu'elle le fasse exprès, devant un homme,
10:27qu'elle soit classée devant un homme, en général ça a posé des soucis.
10:30– Alors, on va aussi parler des médias,
10:33puisque aujourd'hui quand vous voyez les envoyées spéciales ES
10:37sur les terrains de guerre, vous avez beaucoup de femmes,
10:40dans les présentatrices vous avez beaucoup de femmes,
10:42et bien dans le sport on est toujours très en retard,
10:44puisque le taux de femmes journalistes ou chroniqueuses a progressé certes,
10:48de 9 à 18%, mais en 2020 on n'était qu'à 18% de représentation féminine,
10:53dans les médias sportifs, et c'est quand même curieux,
10:57alors que dans les médias on peut dire qu'aujourd'hui,
10:59les femmes ont trouvé toute leur place.
11:00Vous parliez d'icônes tout à l'heure, une icône du ski français,
11:03Florence Mastenda est avec nous,
11:05Florence, qu'est-ce que ça vous inspire ce qu'on vient de se dire,
11:07est-ce que vous, vous avez ressenti ces choses-là,
11:11alors que vous aviez quand même aussi des prestigieuses aînées,
11:13qui avaient montré la voie, je parle d'Isabelle Myrdes,
11:16des sœurs Gwetchell, Annie Famos, des championnes, on en a eu,
11:19Perrine Pellen, il y a eu toute une époque avec beaucoup de femmes
11:23qui ont brillé dans le ski,
11:25Florence, vous, comment vous avez vécu le fait d'être une femme,
11:29lorsque vous avez remporté vos deux médailles olympiques en ski alpin ?
11:35Moi, je les ai bien vécues mes médailles,
11:38mais c'est vrai qu'au niveau de la reconnaissance,
11:40au niveau des contrats, on a toujours été largement en dessous des hommes,
11:44à peu près 30%, on parlait moins de nous, c'est clair,
11:49en fait, moi ce que j'ai l'impression, c'est qu'une femme, une championne,
11:53pour qu'elle soit reconnue, il faut non seulement qu'elle gagne beaucoup,
11:58mais en plus qu'elle soit jolie, qu'elle fasse de belles photos,
12:04gagner, être performante, ça ne suffit pas,
12:07et peut-être même encore plus aujourd'hui avec les réseaux sociaux,
12:11parce qu'on a même des non-sportives dont on parle
12:14qui sont plus populaires sans faire de performance,
12:16donc ça interpelle quand même un petit peu,
12:18et moi pour l'anecdote, au jeu de Lillehammer en 1994,
12:22l'année d'avant, la descente qu'on aurait dû faire,
12:25pour les Jeux Olympiques, elle était réservée pour les hommes.
12:29Elles disaient, ah mais non, ça va être difficile pour les femmes, etc.,
12:32et on a dû protester, faire la grève l'année d'avant,
12:34de ne pas aller sur une piste super facile, pas du tout spectaculaire,
12:38et qu'elle n'allait pas nous mettre en valeur,
12:39et finalement, en 1994, au jeu de Lillehammer,
12:41on a fait la même piste que les hommes,
12:43en partant un petit peu plus bas, mais ça, ce n'est pas très grave,
12:45et on a bien réussi, en tout cas les championnes se sont parfaitement exprimées
12:49sur cette piste, donc elles savaient faire.
12:51– Est-ce que vous avez remarqué, Florence,
12:52vous qui avez toujours un regard aiguisé sur le sport,
12:56vous avez remarqué une évolution depuis Lillehammer, justement, depuis cette époque ?
13:00Alors dans le ski précisément peut-être, mais dans le sport en général ?
13:05– Oui, oui, oui, c'est sûr qu'il y a eu quand même des évolutions,
13:09même vous le disiez tout à l'heure, au niveau des médias,
13:11il y a plus de femmes journalistes, on voit plus de femmes journalistes,
13:13de consultantes, alors souvent, la différence, c'est que maintenant,
13:17on a des femmes, enfin, par exemple en Inde, je sais que c'est différent,
13:21et au tennis aussi, pour le coup, mais on a des consultantes
13:23qui commentent aussi bien garçons, les sports hommes, que les sports femmes,
13:27alors qu'essentiellement, les garçons peuvent tout commenter,
13:31par contre, dans la grande majorité des cas, les femmes commentent les femmes,
13:34déjà, on est toujours un peu comme ça,
13:36comme si on ne pouvait pas commenter les hommes,
13:38donc ça évolue petit à petit, il faut continuer à pousser des portes,
13:42à se faire entendre, et tant mieux, mais tout à l'heure aussi,
13:46j'ai bien aimé l'analogie avec changer ses habitudes,
13:48c'est Béat qui disait ça tout à l'heure,
13:50je crois qu'on est actuellement dans une société où, au niveau écologie,
13:54il faut qu'on change nos habitudes aussi, vraiment,
13:56et il y a des habitudes qui sont ancrées sur l'utilisation des bouteilles en plastique,
14:02de la consommation, eh bien la consommation du sport et du sport féminin doit aussi changer,
14:06et notre regard doit changer sur le sport féminin pour mieux l'apprécier.
14:12– C'est une belle comparaison, Philippe Bodillon est avec nous,
14:15Philippe, vous êtes président du Racing Club de France,
14:17moi j'aimerais que vous m'expliquiez d'abord l'état des lieux que vous avez trouvés
14:21quand vous êtes arrivé à la présidence,
14:23et comment est vécue l'évolution que vous poussez,
14:27à la fois dans les instances dirigeantes,
14:30à la fois dans les équipes de ce formidable club,
14:35est-ce que vous pensez qu'on arrive vraiment à un moment où il faut y aller ?
14:41– Moi je suis assez d'accord,
14:43enfin je suis tout à fait d'accord qu'on est à un moment où il faut y aller,
14:45mais pour revenir juste avant sur la place de la femme dans le sport,
14:49je pense que le sport c'est aussi le reflet de la société,
14:51et que malheureusement on a encore pas mal de chemin à faire de manière générale
14:56sur la place de la femme dans la société.
14:57– Regardez les conseils d'administration du J40.
14:59– J'ai dirigé des entreprises,
15:00– C'est pire dans le sport.
15:01– Faire entrer des femmes dans un comité exécutif etc. c'est pas simple,
15:05moi dans mon dernier job j'ai laissé ma place,
15:08après avoir fait une période de transition assez longue à une femme,
15:11ce qui n'était jamais arrivé dans ce secteur,
15:13donc il y a une question de mentalité et puis il y a une question aussi de ténacité en fait,
15:20il faut tenir le coup, donc pour revenir sur le Racing,
15:24le Racing c'est un formidable club, et moi j'ai donc été élu en fin d'année dernière,
15:30et l'équipe précédente il n'y avait pas de femmes,
15:34donc je me suis mis à rechercher des femmes,
15:36– Vous voyez que c'est pire que dans le CAC40.
15:38– J'ai recherché des femmes, et c'est pas si simple que ça,
15:43pour plein de raisons, Delphine qui est ici je ne l'ai pas lâchée pour qu'elle accepte de venir,
15:51et à la fin elle a accepté, mais c'était pas si simple que ça,
15:54pour des raisons tout à fait respectables, mais pas simples,
15:59et je pense qu'il y a un frein au départ, il y a différents freins qui s'expriment
16:03pour qu'une femme prenne des positions importantes dans des clubs ou ailleurs,
16:09d'abord il y a un frein psychologique,
16:11qui est que souvent la femme se pose plus de questions que l'homme sur sa capacité à faire,
16:16et je trouve que ça c'est un vrai sujet,
16:18c'est un vrai sujet parce que ça n'a pas de sens,
16:21mais en fait très souvent la femme se pose plus de questions que l'homme sur
16:25est-ce que je vais pouvoir tenir cette place ?
16:29– Est-ce que c'est la femme qui s'en pose trop ou l'homme qui ne s'en pose pas assez ?
16:32Non parce que quand on est face à un poste,
16:34il est logique de se poser la question de savoir si on est compétente ou pas.
16:39– Florence Mastada rigole beaucoup quand elle vous entend dire ça.
16:42– En tout cas ce que je peux dire c'est que les hommes ne se posent pas de questions,
16:45on va dire ça comme ça, mais la femme s'en pose beaucoup
16:49et ça crée des freins pour des raisons tout à fait, d'ailleurs pas forcément mauvaises.
16:55– Parce qu'on l'a enfermée dans un rôle, parce qu'on lui a…
16:57– Parce que la femme fait beaucoup de choses par ailleurs,
17:00c'est un sujet très important,
17:02qu'elle a énormément d'activités entre guillemets extra-professionnelles,
17:07elle va rester neutre.
17:08– Domestique vous pouvez le dire.
17:09– Oui mais pas que ça, si elle veut s'engager sur des différents projets,
17:15sur des projets sociétaux, peu importe,
17:18et quand la femme s'engage, elle s'engage,
17:20donc ce n'est pas juste pour dire je vais y aller, après je verrai.
17:24Donc je pense qu'il y a tout ce corpus qui est assez compliqué,
17:26et donc pour revenir au racing, moi j'avais pour objectif de faire un 50-50,
17:30c'est-à-dire 50% de femmes, 50% d'hommes, je n'ai pas réussi,
17:34mais j'ai quand même réussi à faire entrer 6 femmes sur 15,
17:36personne qui est rentrée, et je n'ai pas fini, on va continuer.
17:40Mais tout ça, ce n'est pas simplement pour dire
17:43il y aura aussi tant de femmes que d'hommes, ça n'a aucun sens,
17:46mais je pense que sincèrement la mixité crée de la valeur,
17:49pour moi c'est très important, on n'a pas du tout, je dirais,
17:52la même valeur s'il y a 100% d'hommes ou 50% d'hommes et 50% de femmes,
17:56et je dirais que 100% de femmes ce ne serait pas forcément non plus très bon.
17:59– Bien sûr.
17:59– Donc voilà, je pense qu'il y a cette mixité,
18:02et cette mixité il faut en fait la valoriser,
18:04il faut redonner de la valeur à la place, je dirais, de l'homme et de la femme,
18:08si je puis dire, pour qu'ensemble on puisse construire des choses
18:12qui passent, qui marchent, enfin voilà, qui fonctionnent.
18:15Donc ça c'est la partie, je dirais, managériale, encadrement, etc.
18:19Et très sincèrement, ça marche super bien, c'est formidable,
18:24vraiment il y a des apports extraordinaires,
18:27le projet Racing est en train de se déployer, enfin se créer,
18:30et ça c'est formidable.
18:31Et il y a un deuxième niveau, et là je rejoins sur la partie plutôt pratique,
18:35je pense qu'il faut reprendre les choses à la racine,
18:38et qu'il faut faire le maximum pour faire pratiquer du sport aux jeunes filles.
18:43Ça à mon avis c'est absolument clé,
18:46moi je veux absolument créer des nouvelles sections
18:48qui commenceront par des sections féminines,
18:50donc ça c'est extrêmement important,
18:52et là je dirais que ça prend du temps, ça c'est sûr,
18:57mais c'est absolument essentiel,
18:58parce que si on revient à ce que vous disiez,
19:00le sport c'est un spectacle sportif dans les médias,
19:01et en particulier à la télévision, c'est exact,
19:04il faut faire en sorte que le spectacle sportif féminin progresse,
19:08et il ne progressera que si on prend les choses dès le départ,
19:12c'est-à-dire en permettant de manière peut-être un peu plus précise,
19:17plus engagée, en permettant aux jeunes filles
19:22de faire du sport dans de très bonnes conditions.
19:24Moi je pense que ça c'est extrêmement important,
19:26et là encore il faut de la ténacité, il faut du temps,
19:30donc malheureusement le passé de 20% à 50% va prendre du temps,
19:34mais il ne faut pas lâcher,
19:36et de mon côté je suis absolument contre le fait de dire
19:39qu'il faut absolument qu'il y ait autant de femmes que d'hommes,
19:41parce qu'on ne peut pas y arriver nécessairement,
19:43il faut que ce soit progressif,
19:45et que petit à petit on apporte la preuve
19:47que ça marche vachement mieux quand il y a une mixité.
19:50– Alors on a aujourd'hui une très forte augmentation de femmes,
19:54alors je ne sais pas dans vos clubs,
19:55mais notamment pour le basket,
19:58qui a connu une très importante hausse de licenciés,
20:01sans doute à cause des résultats, ou grâce aux résultats plutôt des féminines,
20:04le rugby féminin aussi, avec cette équipe de France de Rugby
20:07qui performe et qui est hyper spectaculaire,
20:10notamment dans le tournoi destination.
20:11– Aussi bien à 15 qu'à 7.
20:13– Aussi bien, exactement.
20:15Est-ce que tout ça vous rend fondamentalement optimiste ?
20:19– Arrêtez d'être manichéen comme ça, pourquoi optimiste ou pessimiste ?
20:23Je suis entre les deux, il y a certains sujets sur lesquels je suis…
20:25– Mais vous avez le droit de me répondre
20:26que vous n'êtes ni optimiste ni pessimiste,
20:28– Et tu me portais sur l'optimisme, parce que je vous ai donné des chiffres positifs,
20:32chère Béatrice.
20:33– Oui, oui, il y en a d'autres, il y en a d'autres, des chiffres positifs,
20:35heureusement, mais je ne sais que trop que ces chiffres positifs
20:38peuvent dégringoler du jour au lendemain,
20:40selon que certaines mesures sont apprises ou non.
20:43Je sais que le revers de la médaille peut arriver très rapidement,
20:46on passe beaucoup plus de temps, et vous le savez, à construire qu'à déconstruire.
20:49Déconstruire, voilà, vous démolissez les choses très rapidement,
20:52donc c'est pour ça que je suis très prudente,
20:54et je le resterai jusqu'à la fin de ma vie très certainement,
20:57parce qu'il ne suffira pas encore des vingt années qui viennent
20:59pour que les choses soient installées durablement.
21:02La preuve, c'est qu'il y a une loi qui a été votée il y a quelques mois
21:06sur la démocratisation du sport, il a fallu qu'on se batte,
21:09il a fallu qu'on se batte pour que certains articles restent jusqu'à la fin,
21:12pour contraindre les organisations sportives à avoir un quota,
21:18je le dis, un quota de femmes au sein de leurs instances de direction.
21:22Donc, je le dis, on parle des jeunes filles qui devraient pouvoir faire du sport
21:26au même titre qu'un petit garçon, là aussi, il faut se battre
21:29au niveau des collectivités locales, pour qu'il y ait des moyens
21:32en termes d'équipements sportifs pour les uns et pour les autres,
21:35à l'école également, on se bat partout pour que les femmes
21:38et les petites filles aient les moyens.
21:40C'est pour ça que je ne peux pas être totalement optimiste,
21:42je le suis bien sûr, parce que si je n'étais pas optimiste,
21:45franchement, je ne ferais pas tout ce que je fais,
21:46mais je suis toujours très vigilante, toujours très vigilante,
21:49parce que je sais qu'on peut revenir en arrière très vite.
21:52Quand vous disiez, monsieur, ça n'a pas de sens de faire en sorte
21:55qu'il y ait autant de femmes que d'hommes.
21:56Ça n'a peut-être pas de sens sur le plan de la réalité,
21:59mais ça a un sens sur le plan symbolique, sur le plan politique, ça a du sens.
22:06Si on n'exige pas cette parité entre les hommes et les femmes,
22:11on n'obtiendra même pas 25 ou 30% des postes.
22:14Donc, il vaut mieux se donner, et on le sait en sport,
22:16quand on a été sportif de haut niveau, c'est comme ça qu'on avance,
22:18c'est en donnant des objectifs un peu plus élevés qu'on arrive au moins
22:21à atteindre ce que l'on souhaitait atteindre.
22:23Non, mais pour attirer les petites filles, soyons sérieux,
22:25à un moment, dans quels équipements sportifs on les reçoit ?
22:28Avec quels encadrements ? Avec quels cadres techniques ?
22:32Les moins bons ? Parce que c'est ça qui se passe.
22:34L'époque où on tirait au sort, ou à la Fédération française du judo,
22:38pour savoir qui allait s'occuper des filles,
22:40elle n'est pas si lointaine que ça, quand même.
22:42Donc, c'est tout ça qu'il faut avoir en tête.
22:43C'est pour ça que le problème est extrêmement complexe
22:46et qu'il faut agir sur tous les tableaux.
22:49Donc, il faut de la volonté politique, comme le monsieur en a,
22:51et heureusement qu'on a des personnes comme vous, monsieur,
22:54qui agissaient dans ce sens-là.
22:55Mais si derrière, les infrastructures ne bougent pas,
22:58si derrière, les moyens financiers que l'on donne ne bougent pas,
23:00on pourra parler autant qu'on veut,
23:01on n'avancera pas ou on avancera 1% par 1%.
23:04Florence, vous avez remarqué, vous, un élan
23:07ou vous êtes un peu prudente, si j'ose dire, comme Beatrice Barbus ?
23:14C'est vrai que c'est difficile.
23:15Moi, dans le ski, qui est un sport à risque,
23:18et notamment encore plus pour les femmes,
23:20parce que physiologiquement, on a les genoux qui…
23:22Sur une carrière de sportive, de skieuse,
23:24on sait très bien qu'on va passer par la case plutôt hôpitale
23:28dans une carrière au minimum une fois
23:29pour une rupture dans les gamins croisés.
23:32C'est aussi un sport qui coûte cher
23:34et aujourd'hui, on le voit avec les résultats de haut niveau,
23:36mais pas seulement, au sport aussi et dans les clubs,
23:39il y a beaucoup moins de jeunes filles
23:41parce que les parents, à un moment financièrement,
23:43quand ils doivent choisir,
23:45ils vont plus mettre les moyens sur les garçons.
23:48Et puis, c'est un cercle vicieux
23:49parce qu'on a une base moins large,
23:52on a moins de grandes championnes inspirantes.
23:55Et vous le disiez tout à l'heure,
23:57le succès du basket aux Jeux Olympiques, du hand et du rugby
24:02amène plus de licenciés, plus de jeunes.
24:04Et en fait, c'est un cercle vicieux,
24:06donc on a moins de bases, on a moins de jeunes skieuses
24:10et il y a moins de moyens.
24:12Et là aussi, Beatrice disait au niveau des entraîneurs,
24:15nous aussi, les entraîneurs à la Fédération Française de Ski,
24:17c'était encore des fois,
24:20moins que dix ans, c'était hier.
24:24Qui veut venir entraîner les filles ?
24:25À ce point-là ?
24:26Mais oui, c'est ça notre réalité.
24:28Alors ça, ça dépend peut-être aussi des sports.
24:31Je me permets juste d'intervenir sur ce point-là,
24:32en tout cas au sein de la Fédération.
24:35Je n'ai jamais eu le sentiment,
24:36on avait souvent un entraîneur qui entraînait
24:38à la fois les filles et les garçons, d'accord ?
24:40Mais bon, c'est aussi dû au fait qu'on était peut-être moins nombreux.
24:43Mais honnêtement, même au niveau des autres disciplines
24:45au sein de la Fédération Française de tir,
24:47en tout cas, je n'ai jamais eu ce sentiment-là.
24:49Et heureusement.
24:50Donc, effectivement, ça existe,
24:52et il ne faut pas dire que ça n'existe pas,
24:53mais pas partout.
24:54C'est juste ça, voilà.
24:55Donc ça, c'est aussi un point, je pense, positif.
24:58Effectivement, il faut rester vigilante
25:00parce que c'est un combat de tous les jours.
25:03Et je suis complètement d'accord sur le fait qu'il faut vraiment
25:07amener le sport auprès des jeunes filles très tôt
25:11pour leur dire, vous aussi.
25:12En fait, il faut apporter de la confiance aux filles
25:15parce que je pense que c'est ça
25:16dont elles ont besoin.
25:18Et ça rejoint ce que disait Philippe.
25:20C'est vrai que nous, on se pose plus de questions,
25:21mais parce que quand on s'engage,
25:23eh bien, on y va.
25:24Alors, c'est vrai que quand on a d'autres choses à côté,
25:26d'autres engagements,
25:28on se dit, bon, si c'est pour faire le truc à moitié,
25:32ben, je n'y vais pas.
25:33En fait, c'est ça.
25:34Moi, je parle en tant que femme.
25:36Et par rapport à ma réflexion
25:38et par rapport à la proposition de Philippe,
25:40c'est vrai que je me suis posé 15 000 questions
25:41parce que j'ai beaucoup d'engagement,
25:43et notamment dans le monde sportif,
25:45parce que j'aime ce monde,
25:46parce que c'est lui qui m'a construite
25:48telle que je suis aujourd'hui.
25:50Et je lui dis merci.
25:51Mais du coup, j'ai envie de dire,
25:53on a tellement apporté aux femmes
25:55par le biais du sport.
25:57Allons-y, quoi.
25:58Et c'est vrai qu'il faut être optimiste,
26:02mais réaliste en même temps.
26:04Et il faut vraiment se battre, à mon avis,
26:05sur tous les fronts.
26:07Moi, sur votre expérience,
26:08Philippe Baudillon disait qu'il avait mis du temps
26:11à vous convaincre.
26:14Vous avez décidé d'y aller.
26:15Et comme on le disait tout à l'heure,
26:16quand vous y allez, ce n'est pas à moitié.
26:19Comment vous avez vécu ça ?
26:21C'est peut-être première expérience de dirigeant,
26:23de se retrouver.
26:25Est-ce que vous avez senti...
26:28Je crois qu'il n'y avait pas de femmes
26:29avant que vous arriviez.
26:30Comment vous avez vécu tout cela dans le quotidien ?
26:33Alors, honnêtement,
26:35c'est une lueur d'espoir.
26:36Vraiment, en me disant...
26:37Parce que moi, j'aime ce club.
26:38J'y suis depuis 93.
26:40Donc, j'y suis très attachée.
26:41Je suis quelqu'un de très fidèle.
26:43Et du coup, je n'avais jamais eu l'impression
26:45de pouvoir apporter ma pierre à l'édifice.
26:47Et là, Philippe nous a donné l'occasion.
26:49Du coup, à toutes les femmes qui ont accepté
26:51de faire partie de cette belle expérience.
26:55Et franchement,
26:56moi, je l'ai vraiment pris comme un beau challenge.
26:59Un de plus.
27:00Un qui était différent de ma carrière sportive.
27:02Mais voilà, je me suis dit,
27:03on va donner envie aux hommes et aux femmes
27:07de faire partie de cette belle aventure,
27:09de reconstruire notre racing,
27:11parce qu'il en a besoin.
27:13Et voilà.
27:13C'était vraiment pour moi le renouveau.
27:16Et je n'ai vraiment pas regretté d'y aller.
27:18Parce que oui, on sait que c'est un chantier.
27:21Mais bon, on va tous retrousser nos manches.
27:24On est nombreux.
27:26Et la mixité, je suis convaincue
27:28que nous sommes complémentaires, hommes et femmes.
27:31Et au sein de mon entreprise,
27:33parce que c'est vrai que j'ai aussi
27:34une activité professionnelle à côté,
27:37c'est bien compris.
27:38Je travaille dans un grand groupe
27:39qui a bien compris l'enjeu,
27:40qui fait progresser les femmes.
27:43Mais il y a toujours ce truc,
27:45et ça, ça m'agace fortement,
27:46de se dire, est-ce qu'on la nomme
27:48parce qu'elle est compétente
27:50ou parce que c'est une femme ?
27:51Et ça, c'est insupportable.
27:52Et dans le sport, c'est la même chose.
27:54Il faut balayer cette question.
27:55Pardon, moi, je l'ai vécue
27:57dans ma vie précédente de manager,
27:59de patron d'une boîte média.
28:01J'ai nommé beaucoup de femmes présentatrices.
28:03On me posait la question.
28:04Oui, mais c'est parce que non, c'est une femme.
28:05Aujourd'hui, vous les voyez partout d'ailleurs.
28:07Et par bonheur, je suis très heureux.
28:09Mais je veux dire, il faut arrêter avec ça.
28:10On est d'accord.
28:12Il y a eu des maladresses, je pense,
28:14je pense même à France Télévisions,
28:15où d'un seul coup, le mâle de 50 ans
28:17était systématiquement écarté.
28:19Je veux dire, il faut éviter les excès
28:20dans un sens ou un autre.
28:21Mais aller dire qu'on nomme quelqu'un
28:23en présentation, en reportage,
28:26dans un conseil d'administration
28:27parce que c'est une femme,
28:27je veux dire, il faut dépasser de ça.
28:28On est d'accord.
28:30Je pense.
28:31Oui, mais ça reste subliminal.
28:32Ça reste ancré.
28:33Oui, ça reste subliminal.
28:34Moi, je pense que...
28:36Enfin, vous êtes sociologue,
28:37enfin, vous connaissez assez bien.
28:38Mais moi, je pense qu'il y a vraiment
28:40une vraie question de société.
28:42Les choses évoluent.
28:43C'est pour ça que moi, je suis très optimiste.
28:44Alors, je vais casser la baraque.
28:45Je veux dire, je suis extrêmement optimiste
28:46parce que je pense que la société française
28:48est en train d'évoluer considérablement
28:50sous l'impact de différentes choses
28:52et que cette société française,
28:54elle va débloquer un certain nombre de choses
28:56qui, pour l'instant, sont encore bloquées.
28:58Je sais que...
28:59Moi, je comprends que vous soyez
29:00un peu plus réticente, mais...
29:02C'est l'histoire des femmes
29:03qui me fait dire ça.
29:04Mais ce que je veux dire, c'est que
29:06les choses sont en train d'évoluer
29:07considérablement dans la mentalité
29:11et la culture.
29:12Et je pense que c'est ça qui est le plus long.
29:14Je ne dis pas que c'est fait,
29:15mais c'est en train d'arriver.
29:16C'est en train de se faire progresser.
29:17Votre richesse, c'est la jeunesse.
29:18Toutes les entreprises sont maintenant,
29:20non seulement dans une prise de conscience,
29:22on repart sur la partie, effectivement,
29:24écologiste, etc.,
29:25mais sur la place des femmes.
29:27Deuxièmement, sur la...
29:27Parce que la loi l'est obligée.
29:29Oui, mais c'est très bien.
29:31La rémunération des femmes.
29:32Mais une loi, ça se défait comme ça se fait ?
29:33Mais non, mais non.
29:34On reviendra par l'arrière.
29:35Sincèrement, je...
29:37Alors là, moi, je suis prêt.
29:38Je vous retrouve dans 20 ans
29:39et je suis prêt à vous parler.
29:40Il y a une caisse de champagne.
29:41Peut-être que ça ne reviendra pas en arrière.
29:43Mais peu importe.
29:43Ce que je veux dire, c'est que
29:45le schéma culturel est en train d'évoluer
29:46dans les forces qui bougent.
29:48Et les forces qui bougent, c'est les entreprises
29:50et c'est un certain nombre d'entités associatives, etc.
29:53Et je pense que la place de la femme
29:55va nécessairement évoluer
29:57du fait de ces évolutions
30:00qui sont extrêmement lourdes.
30:01Moi, je vois la stratégie des boîtes maintenant.
30:04On parlait après, avant d'environnement.
30:06Ouais, ouais, on va en faire un petit peu
30:07puis on s'arrête.
30:07Non, maintenant, c'est au cœur
30:09de la stratégie des boîtes.
30:10Comme la place de la femme,
30:11ça devient une préoccupation fondamentale.
30:14Moi, dans la boîte précédente,
30:15on avait des obligations très, très claires
30:18sur ces questions-là.
30:19Et ça rentre dans le schéma de la boîte.
30:22Donc, je pense qu'on va voir,
30:26peut-être, j'espère qu'on sera encore vivants,
30:28un truc qui va casser un peu
30:29un certain nombre de dogmes
30:30et de schémas culturels
30:32qui font que la femme sera toujours...
30:33ne sera plus du tout considérée
30:35comme quelque chose d'un petit peu...
30:37doit faire ses preuves.
30:39Voilà, même si la femme
30:41est une formidable sportive,
30:43il faut en plus qu'elle soit jolie.
30:44Florence, très bien dit.
30:45Non, mais c'est ce que disait Florence.
30:46Et je pense que c'est ça, le vrai problème.
30:49Moi, voilà, il faut casser ces schémas-là.
30:52Et une fois qu'on aura cassé ces schémas-là,
30:54je pense qu'on aura à la fois le fric
30:56et à la fois ces questions
30:58qu'assouvlait Florence.
30:59Je pense qu'on aura fait un grand progrès.
31:00Je pense comme vous,
31:01que l'on va vers le...
31:02Non, non, mais attendez.
31:03Non, non, à une nuance près, quand même,
31:04qui me semble très importante.
31:06Et il y a des exemples dans le monde de pays
31:08qui nous montrent que j'ai raison.
31:10Je pense comme vous,
31:11qu'on va dans le bon sens
31:12et que si on continue, en effet,
31:14on va y arriver.
31:15Mais ce que je vous dis,
31:16c'est qu'il faudra être vigilant,
31:18ad vitam aeternam,
31:20parce que des exemples historiques,
31:21y compris contemporains,
31:23nous montrent bien,
31:24comme par exemple sur le droit à l'avortement,
31:27que dans certains pays,
31:28on peut revenir en arrière,
31:29y compris parmi,
31:30dans le plus grand pays du monde,
31:31soi-disant, qui est les Etats-Unis.
31:32Je ne parle que de la France.
31:33Mais oui, mais la France n'est pas isolée comme ça.
31:36Donc il y a aussi un mouvement,
31:38parce que ce mouvement social
31:39dont vous parlez,
31:40il n'est pas seulement franco-français.
31:41Vous parlez d'écologie.
31:42Il est aussi mondial.
31:43Vous avez raison.
31:44On est tous au courant maintenant
31:45qu'on a trois ans,
31:47qu'on a trois ans pour faire quelque chose.
31:49On le sait,
31:49ce n'est pas seulement valable pour la France.
31:51Pour la question des femmes,
31:52c'est exactement la même chose.
31:53On représente 50 % de l'humanité.
31:55La condition de la femme en France
31:56est un peu meilleure qu'ailleurs,
31:58mais on voit bien que même dans des pays
31:59où elle s'est améliorée,
32:01parlons des Etats-Unis,
32:02on a bien vu que dans certains Etats,
32:03on revenait sur le droit à l'avortement.
32:06Donc ce que je veux dire concernant
32:08l'histoire du droit des femmes...
32:09Ce n'est pas linéaire.
32:10Voilà, voilà.
32:11C'est tout, c'est tout.
32:12Voilà, c'est pour ça que je dis qu'il faut
32:14qu'on soit vigilantes et vigilants.
32:16Je serai vigilant avec vous,
32:18si vous voulez bien.
32:19Voilà, ça me rassure.
32:20J'ai accepté le mâle blanc depuis 50 ans.
32:22J'accepte le mâle blanc depuis 50 ans
32:24à partir du moment où lui, il accepte
32:26et vous le faites,
32:27puisque vous avez cédé votre place
32:28à une femme volontairement.
32:29C'est ce qu'on appelle le désemployement.
32:31Et vous êtes peu nombreux à le faire
32:33à partir du moment où vous savez
32:34que c'est un privilège.
32:35– Et en plus, elle réussit très bien,
32:36donc qu'est-ce que je voulais que je vous dise ?
32:37– Voilà, on parle de...
32:38– On a eu un souci.
32:39– Lorsqu'on parle de sport,
32:40il y a toujours un chapeau qui s'appelle le football.
32:42– Oui.
32:43– C'est toujours celui qui est le plus diffusé,
32:45celui qui est...
32:46C'est une réalité, là, on n'y peut rien.
32:47C'est quasiment mondial.
32:48Je dis bien quasiment, car il y a des pays
32:49qui, quand même, ils sont bien loin du football
32:51ou qui ont des sports beaucoup plus populaires.
32:54Mais parlons, pour une grande partie de la Terre,
32:58le football.
33:02Est-ce que ce n'est pas, justement, un bon marqueur ?
33:06Moi, je vous reconnais vraiment qu'il y a 15 ans,
33:08je n'aurais pas imaginé que le Parc des Princes
33:12soit plein pour aller voir France-États-Unis,
33:14qu'aujourd'hui, on parle, comme on parlait de Génie le Sommeur,
33:18de leur boulot, maintenant, qui est une consultante remarquée,
33:22des champions, maintenant, on en connaît.
33:25Carte finale du PSG en Ligue des Champions,
33:27on a eu 25 000 personnes, quand même.
33:29Est-ce que ça, ça ne va pas être un peu la locomotive ?
33:34Alors, moi, je la combats parfois, cette locomotive,
33:37parce que je me dis que le football écrase tout.
33:38Mais pour le sport féminin,
33:40est-ce que ça ne peut pas être, justement, une opportunité ?
33:42Parce que ça montre que c'est possible, non ?
33:45– Sans parler de ce qui se passe aux États-Unis,
33:47sous l'impulsion de l'une des joueuses qui est…
33:49– Mégane ? – Mégane.
33:51Qui est en train de dire, voilà, moi, je vais te payer comme les hommes.
33:54Ce qui est absolument fondamental.
33:56Et si elles arrivent, je ne sais pas s'il va y arriver,
34:00mais en tout cas, le problème est posé sérieusement.
34:02Et je pense qu'il y a aussi cette égalité salariale,
34:05que ça doit s'appliquer au sport comme ailleurs.
34:07– Elle y est arrivée parce que c'est là-bas,
34:08c'est la fédération américaine qui les paye à partir du moment où elles sont…
34:12– Mais c'est quand même une évolution.
34:13– Ce n'est pas deux entreprises différentes.
34:14Le problème en France, il est là,
34:16c'est que deux clubs différents sont deux entreprises différentes.
34:19– Vous avez raison.
34:19– Alors, locomotive ou pas ?
34:22– Ce sera un accélérateur.
34:23Moi, dans les chiffres que j'ai donnés dans mon livre de dernière parution,
34:26j'ai constaté que la Coupe du Monde, par exemple,
34:28très concrètement de football de 2019, a été un accélérateur.
34:33Ça n'a pas enclenché les choses,
34:35mais ça a en effet accéléré un certain nombre de choses.
34:38Mais il y a d'autres éléments aussi.
34:40C'est l'ensemble des performances de Clarissa Beguignoux,
34:42de l'équipe de France de handball féminine, du basket.
34:45C'est un ensemble qui, à chaque fois…
34:47Et là, on revient à la médiatisation.
34:49À chaque fois que c'est médiatisé,
34:50Florence a eu raison de le dire tout à l'heure,
34:52il faut qu'elle soit plus que plus performante pour être vraiment médiatisée.
34:54Je vous ai apporté ce petit schéma que je n'ai pas mis dans mon livre,
34:56mais que j'ai extrait de mon ordinateur.
34:58– Ce n'est pas un tweet que vous nous montrez comme ça, non ?
35:00Ça va, alors ?
35:01– Ah, spécial clardail, ce n'est pas un tweet, non.
35:03Non, non, non, s'il vous plaît, ne comparez pas, s'il vous plaît.
35:07C'est un tableau, je ne sais pas si vous le voyez.
35:09Vous voyez du bleu ?
35:10– On ne voit absolument rien, mais si vous ne bougez pas du tout,
35:12on va zoomer sur votre schéma.
35:16Donc, je vais vous demander d'être totalement immobile pendant quelques secondes.
35:18Alors, c'est l'évolution de la répartition des unes,
35:20genrée de l'équipe selon le sexe.
35:23– Depuis 20…
35:25Depuis 2011, les unes masculines sont en bleu et les unes féminines sont en orange.
35:32Et je crois qu'il n'y a pas vraiment de problème pour lire votre…
35:37– C'est ce qu'on appelle l'invisibilisation des sportives, n'est-ce pas ?
35:40– En tout cas, c'est une belle lisibilité.
35:41– Donc non, mais ça pose la question,
35:43c'est que comment voulez-vous attirer des jeunes filles ?
35:45Puisqu'on n'a pas envie de devenir ce qu'on ne voit jamais.
35:47Comment on peut développer un système économique, etc. derrière ?
35:50– Ce que je veux dire, moi, je parle du Racing Club de France,
35:53qui est une structure autonome, enfin, qui fait ce qu'elle doit faire, etc.
35:56Donc, moi, l'objectif qu'on poursuit avec l'équipe qu'on a,
35:59c'est de structurer, de surstructurer l'offre féminine pour les jeunes filles
36:04plutôt que de la sous-structurer, c'est ça l'idée.
36:07Et on parlait des entraîneurs, il faudra des très bonnes qualités.
36:10Tout ça, c'est un truc qui s'organise,
36:11ce n'est pas juste comme ça la génération spontanée.
36:14Donc, en fait, il faut sur-aider, si je puis dire,
36:17sur-favoriser ces jeunes filles, aller les chercher, etc.
36:21sans pour autant, j'irais, dévaloriser les jeunes garçons, mais voilà.
36:25Et je dis, par exemple, on va sûrement ouvrir des nouvelles sections,
36:30et on commencera, comme je vous l'ai dit, par des sections féminines,
36:33et on ira, comme ça, progressivement,
36:37pour élargir notre offre sportive vers les jeunes filles.
36:40Et je pense que, franchement, là aussi,
36:44enfin, moi, j'ai un schéma cultural qui est peut-être complètement idiot,
36:46mais c'est vrai que la jeune fille va moins facilement vers le sport
36:50que le jeune garçon.
36:52Donc, c'est comme l'offre sportive, il faut amener le sport aux personnes
36:56et ne pas attendre que les personnes viennent au sport.
36:58Et c'est ça, tout le sujet.
36:59– C'est pareil pour les dirigeantes, c'est ce que vous avez fait.
37:01– Bien sûr.
37:02– Une petite expérience personnelle de Claude D'Avignon,
37:04de basket, président.
37:06On a donc un bus qui se balade avec des paniers,
37:09on va dans les quartiers, voilà.
37:11Et on a un nombre de filles curieuses qui viennent,
37:14et là où on s'aperçoit que le sport a un rôle sociétal,
37:18moi, qui me trouble tellement il est énorme,
37:21c'est que quand vous arrivez, vous avez 15 petites filles qui sont là,
37:25et vous savez que le fait qu'elles, si elles font le pas
37:28pour aller jouer au basket ou faire du sport,
37:30c'est toute leur vie qui va être changée.
37:32Le sport a un rôle fondamental.
37:34Et c'est là où l'école, moi, ne joue pas du tout son rôle.
37:37Alors, on nous parle maintenant de 30 minutes par jour, c'est ça ?
37:40– Oui, on vient de passer là.
37:41– Activité physique, pas du sport, d'activité physique.
37:43– Activité physique.
37:44– J'espère que ce n'est pas du sport.
37:46– C'est inscrit dans la loi, on attend les décrets d'application.
37:49– Je n'ai toujours pas compris comment on faisait du sport pendant 30 minutes.
37:52– C'est de l'activité physique, ce n'est pas du sport.
37:54– C'est-à-dire que si on transpire et qu'on n'a pas de douche après,
37:57on reste l'après-midi en cours de maths ?
37:58– Non, ça veut dire qu'il n'y a pas de compétition,
38:00ça veut dire que vous faites de l'activité physique et sportive
38:02pour vous sentir bien avant de démarrer,
38:04je n'en sais rien quand est-ce qu'ils le feront, c'est 30 minutes.
38:06– Au niveau de l'hygiène, ça se passe comment ?
38:08– Ah ben ça, on revient toujours aux équipements.
38:11– Non mais pardon, on se rébondait de temps en temps.
38:13– Non mais là on en arrive à une autre question,
38:16que vous rajoutez à la première,
38:17c'est la question de la place du sport dans la société française,
38:19parce que c'est autre chose.
38:20Nous ne sommes pas un pays sportif, nous sommes un pays de culture,
38:23artistique, littéraire, ce que vous voulez, de théâtre.
38:28Quand vous êtes à France et que vous demandez des gens célèbres,
38:30on va vous citer Victor Hugo, Balzac, Benoit Proust,
38:33c'est très très bien, je ne vais pas vous dire le contraire.
38:35– Non, non, quand vous prenez un taxi à l'étranger,
38:40vous rentrez dans le taxi, on vous dit Zidane ou Mbappé,
38:42on ne vous dit pas Victor Hugo, alors on ne fréquente pas les mêmes gens.
38:45– J'espère que vous ne vous fréquentez pas que des chauffeurs de taxi.
38:49– Non, non, mais c'est toujours marrant quand on arrive dans un pays,
38:51les gens vous parlent des sportifs, plus des sportifs que des sportives d'ailleurs,
38:54ce qui nous ramène à notre sujet.
38:57– Mais la place du sport en France,
38:58elle n'est effectivement pas la place qu'elle devait être,
39:00ça c'est incontestable.
39:01On le sait, pour les femmes, le sport est un levier d'affranchissement
39:06et de libéralisation, on le sait bien sûr depuis.
39:09C'est d'ailleurs bien pour ça,
39:10personnellement je soupçonne parfois les hommes,
39:12justement certains hommes en tout cas,
39:14de ne pas vouloir qu'on ne fasse trop de sport,
39:16parce qu'on le voit bien avec les femmes que vous avez invitées,
39:18ne serait-ce que celles-ci, que celles qui font du sport de haut niveau,
39:21en général elles n'ont pas leur langue dans la poche,
39:23elles savent se débrouiller en général.
39:26– On fait une toute petite pause et on se retrouve pour une deuxième partie
39:28où on évoquera les Jeux de 2024, comment passer à côté.
39:31Je crois que ça fait 100 ans,
39:33c'est la première fois que les femmes seront à parité avec les hommes,
39:35seront une victoire,
39:37et puis on parlera de vos expériences personnelles,
39:38notamment comment vous avez débuté,
39:40comment vous avez entamé vos carrières sportives en tant que femme.
39:44On se retrouve tout de suite.
39:45– Sous-titrage Société Radio-Canada
39:52– Deuxième partie des grandes questions du sport,
39:55consacrée aujourd'hui au sport féminin,
39:56on a parlé de son exposition médiatique,
39:58on a parlé du côté sociétal,
40:00de comment les femmes sont intégrées, si j'ose dire,
40:04enfin dans les comités de direction,
40:06dans la direction du sport, mais aussi dans la compétition.
40:09Elles sont reconnues aujourd'hui pour certains sports,
40:12elles ne le sont pas assez dans d'autres,
40:14et arrivent les Jeux de 2024.
40:16Il n'y a pas un sujet qu'on peut traiter sans évoquer ces Jeux de 2024.
40:20Alors on va quand même donner une chose factuelle,
40:22il aura fallu un siècle pour la pleine reconnaissance du sport féminin,
40:25puisque c'est la première fois en 2024
40:28qu'il y aura la parité entre les participantes et les participants.
40:32– Plus d'un siècle, 130 ans exactement les Jeux,
40:34on commençait en 1886, 130 ans pour avoir la parité.
40:38– Alors moi je parlais de l'époque moderne de 1824,
40:41mais c'est vrai que vous avez raison, c'est encore plus vieux que ça.
40:45Est-ce que c'est symbolique seulement ?
40:46Est-ce que c'est un pas important ?
40:50– Oui, moi pour le coup,
40:52comme j'ai pratiqué mon sport pendant de longues années,
40:55j'ai vu l'évolution, où effectivement au départ,
40:58on partait avec des déséquilibres notoires,
41:01et notamment dans la participation aux Jeux Olympiques,
41:04lorsque notre catégorie a été ouverte,
41:05c'était deux hommes, une femme maximum par pays, la moitié, d'accord ?
41:10Aujourd'hui, on a la parité, et en plus, on a des épreuves mixtes,
41:15c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on nous donne la possibilité
41:17d'avoir des équipes, un homme, une femme, et ça, voilà.
41:20Donc on voit bien quand même qu'en 30 ans,
41:23déjà juste en 30 ans, concernant mon sport,
41:25il y a eu une très belle évolution.
41:27Donc bien sûr que les Jeux de Paris 2024 vont le marquer de manière générale
41:31sur un ensemble de sports, ceux qui participent aux Jeux,
41:35mais ça reste le côté positif des choses,
41:39mais restons toujours pareils sur…
41:41– Une des plus belles évolutions.
41:42– Florence pourra nous le dire si elle est encore là,
41:43parce qu'elle doit le savoir mieux que moi, ça c'est une certitude.
41:46Il y a parité, mais pour certaines disciplines,
41:49il n'y a pas encore les mêmes catégories.
41:50Par exemple en boxe, je sais qu'en 2024,
41:53il n'y aura pas encore autant de catégories que chez les garçons,
41:56si je ne m'abuse.
41:57– Florence Senghol.
41:58– Elle le sait ou pas, Florence ?
41:59Comme je sais qu'elle est impliquée dans…
42:00– Non, honnêtement, ça je ne sais pas,
42:03je dirais que ce qui est bien, c'est qu'on parle de la parité,
42:06puis il y a aussi les paralympiques qui sont traités à niveau plus ou moins égal,
42:12on en parle, c'est le même logo,
42:14donc il y a une vraie évolution à ce niveau-là.
42:16Moi après, ce qui m'inquiète un petit peu,
42:20c'est qu'on en parle comme ça,
42:22mais je trouve qu'au niveau de l'évolution dans les clubs,
42:25de la motivation, à Paris 2024, on en parle,
42:29et sur le terrain, je ne trouve pas qu'il y ait une grosse évolution,
42:31qu'il y ait un engouement vraiment pour les jeunes sur les terrains.
42:36– On a une équipe formidable en régie qui me dit
42:38qu'il y a 6 catégories féminines, 7 catégories masculines.
42:41– Ah voilà, donc c'était à un de près,
42:43donc ils ont augmenté chez la boxe, dans la boxe c'est mieux.
42:46– Merci.
42:47– Non mais c'est une vraie, ça c'est positif, franchement,
42:49moi quand j'ai fait un mémoire sur la question du sport féminin
42:52au niveau, en fin des années 80,
42:54donc j'avais fait une courbe, voilà,
42:56pour voir à quel moment il y aurait justement ces 50-50 aux Jeux Olympiques,
43:01et si le rythme d'évolution avait été le même que dans les années 70-80,
43:05on serait arrivé à la parité en 2050 à peu près.
43:08Donc là, on voit bien qu'on y est bien avant,
43:10donc ça veut dire qu'on a accéléré, bien évidemment,
43:12mais si on a accéléré, c'est parce qu'il y a tout un tas d'institutions,
43:15comme le CIO, dont il faut saluer quand même, en tout cas,
43:18sa volonté de féminiser le sport de très haut niveau,
43:21mais aussi de sportives qui ont poussé, donc ça c'est une bonne chose.
43:26– Pour faire de l'info, c'est quand même notre premier métier,
43:28on va vous dire, et toujours grâce à notre équipe en régie et chef d'édition,
43:33qui nous dit qu'il y a 6 et 7, mais en revanche,
43:36il y a 124 athlètes de chaque côté, c'est-à-dire qu'ils ont réparti.
43:38– Ils ont réparti, pour arriver à 50-50%,
43:41on est bien obligé d'avoir plus de femmes s'il y a moins de catégories,
43:43oui, donc c'est bien qu'il y ait 50% de femmes, c'est très bien.
43:47– Alors, il y a une chose qui me plaît beaucoup
43:49en tant que spécialiste du sport et amateur du sport,
43:52ce sont les compétitions mixtes,
43:55je ne sais pas quelle a été votre plus grande émotion des derniers Jeux de Tokyo,
43:59mais la médaille de judo…
44:03– Moi je ne serai pas objective, c'est moi mais…
44:04– Non, évidemment, mais la médaille de judo, cette compétition mixte,
44:08c'est juste extraordinairement spectaculaire et…
44:12– En termes d'émotion, c'est énorme.
44:14– C'est formidable.
44:15– Oui, et quelque part, enfin pour ceux,
44:17enfin je pense qu'on était tous autour de la table,
44:19présents à ces Jeux, que ce soit à distance ou pas,
44:22mais je pense qu'en termes d'émotion, ça décuple tout,
44:26enfin, moi c'est comme ça que je l'ai ressenti personnellement,
44:29et j'ai trouvé ça vraiment extra quoi,
44:32et c'est vrai que du coup, moi là, j'ai quitté le monde du sport du haut niveau,
44:40mais aujourd'hui, donc moi je l'ai quitté au moment où le sport mixte arrivait,
44:43enfin où les catégories mixtes arrivaient,
44:46et franchement, je crois que j'aurais voulu poursuivre un tout petit peu
44:50pour vibrer, parce que les échanges, pour le faire même sur un pas de tir,
44:55entre l'homme et la femme, on est très différents,
45:00mais encore une fois, et je le redis, c'est ce que j'ai déjà dit tout à l'heure,
45:03on se complète super bien, franchement, on sent bien qu'il y a une osmose en fait,
45:09il faut juste trouver le bon binôme, c'est toujours pareil.
45:11– Un respect mutuel, j'espère.
45:12– Un respect mutuel, en tout cas, l'état d'esprit chez nous,
45:15c'est exactement celui-là, et je pense sincèrement
45:19que cette mixité, ça va vraiment aider le sport féminin aussi
45:25à prendre vraiment sa place, en tout cas ça va l'aider, ça va contribuer.
45:29– Florence Masnada, les relations avec les garçons,
45:33lorsque vous courriez, lorsque vous étiez médaillée olympique,
45:36est-ce que ça se passait toujours comme un long fleuve tranquille ?
45:41– Oui, oui, franchement, honnêtement, il y avait un respect mutuel,
45:44parce que quand on est au départ d'une descente
45:46et qu'on va se lancer avec des pointes à 130 km heure,
45:50on ne plaisante pas au départ, et on sait tous que pour y aller,
45:54il faut être bien préparé, il faut avoir du cœur,
45:57donc rien que ce respect-là, on l'a acquis sur le terrain.
46:00Moi, pour rejoindre les filles,
46:03dès le fil, j'aurais vraiment adoré faire aussi une épreuve mixte,
46:08nous on a une espèce de parallèle en ski alpin,
46:09mais alors ce n'est pas tout à fait ça encore,
46:11et tout à l'heure aussi, vous parliez d'une épreuve mixte à Rio,
46:16mais n'oubliez pas qu'il y a eu, les derniers Jeux, c'était à Pékin,
46:20et qu'il y a eu aussi des médailles en biathlon,
46:24le biathlon qui est un sport hyper populaire maintenant,
46:27et la première médaille, ça a été la médaille mixte en biathlon,
46:32et d'ailleurs les meilleurs athlètes participent à cette épreuve,
46:36parce qu'ils veulent cette médaille, qui a été reconnue
46:40en l'espace de 2-3 ans, l'épreuve mixte,
46:42elle a tout de suite été acceptée par tout le monde.
46:44– Ça c'est aussi une bonne nouvelle.
46:47Qu'est-ce qui va se passer dans les années à venir ?
46:49Comment peut-on, sans être trop optimiste ou trop pessimiste,
46:53penser à 2050,
46:56quelle va être la place du sport féminin ?
47:01Est-ce qu'on va aller de plus en plus vers ces épreuves mixtes ?
47:04Qu'est-ce qui peut se passer ?
47:06C'est plutôt à Béatrice que je vais m'adresser.
47:08– Il y aura les deux, il y a des épreuves mixtes qui vont se développer,
47:11il y a des épreuves qui seront mono-genrées, donc hommes ou que femmes,
47:17il y aura les deux, et chacun, et on peut même envisager d'ici 2050,
47:21qu'il y ait y compris des épreuves mixtes, valides, non-valides.
47:25Ce sont des choses qu'on peut tout à fait envisager pour l'avenir,
47:28je pense que ça se fera, et chacun choisira en fonction de ses spécificités,
47:33de ses capacités aussi,
47:35certains seront plus à même de faire du sport qu'avec des hommes,
47:38d'autres qu'avec des femmes, d'autres mixtes, donc avec des valides, non-valides,
47:41voilà, chacun choisira, je pense qu'on va vers un avenir
47:45où on aura plus de liberté de choisir, mais les choses doivent se construire,
47:49moi je ne suis pas de celles qui considèrent que tout doit se faire en mixité,
47:53s'il y a des petites filles qui ont envie de jouer qu'avec des petites filles,
47:55qu'elles aient joué qu'avec des petites filles,
47:56s'il y a des garçons qui veulent jouer qu'avec des garçons,
47:58parce que c'est sympa aussi, moi pour avoir fait un sport collectif,
48:01et donc de ne pas avoir été mélangé, c'est sympa aussi,
48:04on est une bande de copines, on s'éclate bien,
48:07comme les garçons sont une bande de copains,
48:09voilà, il faut un tout pour faire un monde,
48:11et chacun choisira en fonction de ses expériences.
48:14Moi je pense que ce dont on parlait tout à l'heure sur 2024 est intéressant,
48:18c'est-à-dire qu'on va avoir une meilleure exposition du sport féminin
48:21pendant les Jeux Olympiques,
48:23et je pense que cette notion d'exposition est absolument essentielle,
48:26c'est-à-dire qu'en fait, plus on verra des femmes
48:29en train de pratiquer tous les sports olympiques,
48:33plus il y aura, je dirais, ce changement culturel,
48:37moi je reviens toujours là-dessus,
48:38et je pense que cette évolution du CIO est extrêmement intéressante,
48:43c'est-à-dire que le CIO aussi se rend compte qu'il faut qu'il évolue,
48:47parce que les sociétés évoluent,
48:50et donc je trouve ça intéressant,
48:52parce que le CIO n'a pas toujours été une organisation très innovante,
48:56et on va le formuler comme ça,
49:02et aujourd'hui je trouve que...
49:04Une petite pensée d'ailleurs pour Alice Mia.
49:05Voilà, bien sûr, 1921.
49:09Aujourd'hui c'est vraiment une bonne évolution,
49:15et sincèrement je pense que le sport féminin,
49:20il faut le pousser le plus possible pour qu'il devienne spectaculaire
49:23dans le bon sens du terme,
49:25c'est-à-dire qu'il attire les gens, il attire les hommes et les femmes,
49:29et c'est vrai que qu'est-ce qui fait qu'on regarde maintenant le foot,
49:31le rugby, le handball féminin,
49:33et voilà, c'est parce que c'est des sports intéressants.
49:36Le tennis féminin, il est moins intéressant aujourd'hui,
49:39mais à un moment il était beaucoup plus intéressant que le tennis masculin.
49:42Bien sûr.
49:43Et pourquoi ? Parce qu'il y avait un spectacle exceptionnel.
49:46Donc je pense que c'est ça aussi qu'il faut voir,
49:48et donc du coup il faut aider les femmes à devenir des championnes.
49:52Pour ça il faut des championnes,
49:54et pour qu'il y ait des championnes il faut qu'il y ait ou l'école ou le club,
49:56et j'aimerais terminer justement avec le témoignage...
49:58Il faut qu'il y ait des moyens aussi audiovisuels parce qu'il faut un beau terrain,
50:01il faut des caméras partout, autant.
50:02Pour que ce soit beau aussi.
50:02Ah oui, si on met trois caméras chez les filles et dix chez les garçons...
50:05Non mais vous savez ça mieux que moi.
50:06Vous avez d'accord que c'est raison.
50:07Mais ça fait partie du spectacle, on le sait.
50:09Vous avez tout à fait raison, c'est tout à fait juste.
50:11C'est pour ça que ce n'est pas seulement une culture, il faut avoir des femmes et des filles.
50:12La mise en avant du sport féminin a souvent été dégradée par rapport au sport masculin.
50:16L'avantage du racing c'est qu'on a des infrastructures et que...
50:19C'est peut-être pour ça que vous ne les avez pas forcément dans votre cadre,
50:21parce que vous en avez.
50:22On a ce qu'il faut, on a normalement...
50:26Mais au niveau national, ce n'est pas le cas.
50:28Vous parliez des premiers Jeux Olympiques, le racing a eu 140 ans hier.
50:33Oui, l'anniversaire.
50:35C'est vrai que c'est un des...
50:36Un jeune club plein d'amitié.
50:38Et après, il y a aussi des choses à faire évoluer au niveau de la gouvernance,
50:42au niveau de l'arbitrage, au niveau des entraîneuses.
50:45Donc là, on est dans du lourd.
50:48Et là, à mon avis, il faudra quelques décennies pour faire vraiment avancer les choses.
50:51On va terminer.
50:52Et je voudrais donner la parole à 30 secondes chacune, à Florence et à Delphine,
50:57juste pour que vous me racontiez, vous, petite fille,
50:59qu'est-ce qui a fait qu'elle a été le déclic
51:01pour faire que vous avez été ensuite une athlète de haut niveau, Florence ?
51:06Alors, écoute, c'est...
51:09Moi, j'ai commencé le skitard à 8 ans.
51:11Donc, ce n'était pas évident.
51:12Je n'ai jamais dit, quand j'étais petite,
51:15j'ai envie de devenir tel champion ou telle championne.
51:19Moi, c'est juste que j'adorais le ski.
51:21Donc, j'ai commencé à gagner des petites courses régionales, départementales,
51:26et puis après, je suis allée très vite en équipe de France.
51:28Et puis, je veux toujours aimer ça.
51:30Et j'aime toujours ça.
51:31J'aime toujours le ski, c'est d'avant tout le plaisir du sport.
51:34Pas d'obstacle, pas de porte à enfoncer
51:37par rapport au fait que vous étiez une petite fille qui voulait faire du sport de haut niveau ?
51:41Non, non, honnêtement, non.
51:44Mais juste la petite anecdote, c'est que mon papa était rugbyman.
51:47Et que, je pense, à l'époque, il n'y avait pas de rugby féminin.
51:49Mais sinon, je pense que j'aurais été attirée par le rugby féminin.
51:53On a perdu une rugbywoman.
51:55Delphine, la même chose ?
51:57Très bonne transition, Florence, parce que moi, c'est mon papa qui m'a initiée très tôt.
52:01Moi, pour le coup, pour le tir, c'était 9 ans,
52:03donc c'était assez jeune dans ma discipline.
52:06Et là, c'était vraiment, à l'époque, vraiment un milieu d'hommes.
52:10C'est-à-dire que là, la petite fille qui vient prendre un fusil
52:12pour tirer sur des assiettes qui volent, ce n'était pas courant.
52:16Mais mon père, en fait, alors lui, pour le coup, il était pro-féminin.
52:20Et il m'a dit, mais tu vas percer.
52:22Donc lui, il a été, avec ma mère, mais vraiment, mon père a été un gros soutien.
52:28Et il m'a toujours dit, mais tu peux les battre ?
52:30Qu'est-ce qui fait que tu ne pourrais pas les battre ?
52:32Et c'est vrai que c'est ce qui m'a poussée vers le sport de haut niveau.
52:37Et mon père m'a surtout dit, à l'époque,
52:39quand on commence quelque chose, on va jusqu'au bout.
52:42Donc, si tu t'engages dans cette voie-là, je te suis.
52:44Par contre, tu ne lâches rien.
52:46Donc voilà, moi, ça a été, lui, l'élément déterminant,
52:49le point de départ de cette histoire.
52:51Donc, c'est un homme qui m'a aidée à devenir une femme sportive de haut niveau en tire.
52:57– C'est souvent le cas dans les sports dits masculins pour les petites filles.
53:01C'est souvent un frère, un grand frère, un petit frère, un oncle, un père qui pousse.
53:06– Je vais terminer en montrant le dernier ouvrage de Béatrice Barbus.
53:11Alors, ça s'appelle donc du sexisme dans le sport.
53:14C'est une nouvelle édition, donc, c'est Anna Moza, éditeur.
53:18Et c'est Béatrice Barbus qui était avec nous.
53:20Donc, on va…
53:21– Avec de nouveaux chiffres, notamment sur la prise de parole
53:24pendant les réunions entre les hommes et les femmes dans le milieu sportif.
53:27– Là, ça a été correct, aujourd'hui.
53:29– Aujourd'hui, oui, nous étions en majorité, en plus.
53:32Mais même comme nous sommes en majorité, bien souvent, nous n'avons pas…
53:34– Je voudrais juste rajouter un tout petit point léger sur, justement, la gouvernance.
53:39Aujourd'hui, vous n'êtes pas…
53:40Brigitte Henriquez a été élue présidente du Comité national olympique et sportif.
53:44Ce français, c'est quand même une révolution pour nous.
53:47Donc, on parlait de gouvernance, donc voilà, j'ai envie de dire, ça commence.
53:52C'est en train de s'amorcer.
53:54Donc, il faut que nous, les femmes, on ose y aller.
53:57Et il faut que vous, les hommes, vous nous y aidiez, voilà.
54:01– Et pour ça, il faut… – C'est le mot de la fin !
54:02– Parce qu'il y a une chose qui fait qu'on n'ose pas, c'est qu'on n'est pas maso.
54:06Et aller dans un environnement qui n'est pas sympathique avec nous,
54:09c'est compliqué aussi pour une femme, donc…
54:11– C'est vrai, vous vous êtes sentie bien, aujourd'hui ?
54:13– Ah ouais, non, malheureusement.
54:14Regardez, ça se voit, on est défendus et tout.
54:16On veut bien rester encore plus, même.
54:17Merci, en tout cas. – Merci !
54:19C'est fini avec les grandes questions du sport.
54:2052 minutes, on a le temps de traiter les sujets.
54:23Il n'y a plus beaucoup d'endroits où c'est possible.
54:25Merci et à très vite.
54:27– Sous-titrage ST' 501