• il y a 2 mois
Avec Abdelatif Benazzi, Ancien capitaine du XV de France de rugby et candidat à la présidence de World Rugby

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##C_EST_DANS_L_ACTU_9-2024-10-27##

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Transcription
00:00Puisqu'Abdelatif Benazie est notre invité, bonjour !
00:06Bonjour !
00:07Et bienvenue chez vous sur Sud Radio, la radio du rugby.
00:11La France entière est exultée avec vous à chacun de vos succès, notamment en bleu.
00:15Elle a pleuré avec vous aussi devant l'épaisseur d'une main qui vous manquait pour aplatir
00:19en 95 en demi-finale déjà contre l'Afrique du Sud.
00:22On est ravis de vous accueillir aujourd'hui Abdelatif Benazie sur Sud Radio, vraiment.
00:26Ne serait-ce que parce que la dernière fois que vous êtes venu dans le Grand Matin Week-end
00:29sur Sud Radio, c'était parce que vous partiez en urgence pour le Maroc à la suite du séisme
00:34qui avait été épouvantable.
00:35Et pour une fois, on va parler de choses plus joyeuses, en tout cas, et c'est pour ça
00:39que c'est important de vous accueillir.
00:40Justement, le Maroc, on va en parler, vous serez demain dans la délégation de la visite
00:45historique d'Emmanuel Macron au Maroc, la réconciliation entre le Maroc et la France
00:50après des années de relations compliquées.
00:51On va l'aborder avec vous, mais avant ça, on revient sur World Rugby.
00:55Le rugby, notre rugby sur Sud Radio, puisque vous êtes candidat à la présidence de World Rugby.
01:01Vous avez le soutien de la France.
01:02Vous avez soutenu aussi Florian Grille, réélu très récemment à la Fédération française de rugby.
01:08Est-ce que vous êtes toujours aussi confiant dans vos chances de l'emporter?
01:14Oui, oui, chaque joueur est meilleur que l'avait.
01:17C'est vrai qu'on passe du terrain au dossier.
01:21Effectivement, il y a un lobbying assez important à faire et aussi convaincre toutes les fédérations
01:25et régions du monde.
01:26On a eu la chance de les recevoir pendant deux événements mondiaux qui sont passés
01:30en France, notamment la Coupe du monde 2023 et les Jeux olympiques.
01:32C'était l'occasion unique un peu pour échanger avec eux et puis faire aussi un
01:36diagnostic un petit peu de ce qui se passe dans le monde de rugby.
01:39Il n'y a pas que le rugby amateur en France qui est en crise, puisque vous parlez d'élection
01:45de Florian Grille, mais il y a aussi une crise mondiale qui touche un peu, y compris les
01:49grandes nations.
01:50Vous savez, nous, on n'est pas le foot.
01:51On n'a que les grandes nations un petit peu qui dominent un peu ce jeu.
01:55C'est à peu près les mêmes qu'on les voit, mais ces nations, malheureusement,
01:58ont pendant très longtemps été conservateurs et n'ont pas voulu peut-être un peu ouvrir
02:02les portes à d'autres nations, à d'autres régions.
02:05C'est pour ça qu'on joue entre nous, on partage un petit peu les petits revenus qui
02:11viennent de la Coupe du monde entre nous.
02:12Et là, on arrive à une certaine limite.
02:14Donc, toutes les fédérations sont en souffrance et puis je crois qu'on n'a pas d'autre
02:18choix, c'est d'échanger le modèle.
02:20Et donc, dans mon programme, c'est ce que je présente, effectivement, et ça plaît
02:23beaucoup, j'ai beaucoup de soutien et donc, on se bat tous les jours, même s'il faut
02:27un peu faire attention à ce lobbying, c'est pas péjoratif, mais c'est ces pays qui
02:32parlent en anglais speaking, comme on dit, les anglo-saxons un petit peu, qui dominent
02:37un petit peu cette sphère parce qu'ils ont créé ce truc-là.
02:40Et puis en même temps, le vote démocratique, il est insensé.
02:44Vous savez, presque 70% des votes concernent les grandes nations, alors que les autres
02:51régions du monde et les nations qui se battent, comme la Géorgie, comme la Roumanie, comme
02:57le Rouguet, comme le Portugal, ils n'ont peut-être pas le droit de parler, le Portugal
03:02n'a même pas le droit de voter, alors qu'ils ont fait une Coupe du monde exceptionnelle.
03:05Donc, c'est cet aspect démocratique, cette transparence qu'il faut revoir sans bouleverser
03:09l'héritage de Rolando Gulli.
03:11Moi, je respecte le passé, mais je crois qu'on est obligé, le constat qui est fait,
03:15c'est qu'on puisse s'ouvrir un petit peu et investir un peu dans les régions et du
03:18monde pour qu'on puisse un peu récolter les dividendes tous ensemble.
03:22Et faire monter d'autres nations aussi au plus haut niveau du rugby.
03:25Il y a une chose qu'on entend beaucoup dans nos débats sur Sud Radio Rugby, notamment
03:29le soir, le week-end, avec nos camarades François Trio, Alexandre Priam et toute l'équipe,
03:35c'est qu'on a un paradoxe en France, on a le championnat, les clubs, le plus puissant
03:39du monde aujourd'hui.
03:40Et pourtant, on l'entend, vous le dites vous-même, la France manque d'influence dans les instances
03:44internationales et en particulier World Rugby.
03:47Comment ça s'explique ce paradoxe ?
03:48Oui, vous avez tout à fait raison de souligner ça.
03:51Et d'ailleurs, je me braide bien que je ne dirai pas le pouvoir, que les décisions restent
03:56un petit peu concernant le nord de l'hémisphère, sans manquer de respect à nos amis du sud,
04:02parce que l'économie de rugby, 80% de l'économie de rugby, elle est au nord.
04:06Et le rugby est en souffrance dans le sud, mais je pense que c'est un peu paradoxal,
04:10comme vous le dites, on n'est pas présents dans les commissions décisionnelles, et ça,
04:13c'est un peu aussi par notre faute, parce qu'à chaque fois qu'on nous invitait dans
04:17les commissions, on n'a un peu pas répandu, parce que c'est peut-être un peu culturel,
04:21mais je crois que depuis qu'on est arrivés avec Florian et l'équipe, on s'est ouvert,
04:25on a accueilli tout le monde, la Coupe du Monde nous a aidés un petit peu pour qu'on
04:28puisse se comprendre et montrer qu'il y a une nouvelle politique de la fédération,
04:33parce qu'il faut qu'elle pèse, il faut qu'elle partage, pas qu'elle puisse imposer
04:36son modèle, parce que chaque pays et chaque réseau a son modèle, le nôtre, il est équilibré,
04:41il est peut-être un peu fragile, parce qu'il dépend beaucoup de quelques mécènes et
04:46tout ça, mais en tout cas, depuis 6 ans, on a trouvé l'équilibre, la fédération
04:49et la ligue, sur un système qui marche très bien, qui est envié par tout le monde, et
04:53qui est partagé maintenant.
04:54On a beaucoup de nations qui sont surpris, on leur a ouvert la porte, ils ont découvert
04:58un peu notre modèle, ils sont venus à Marcosi, on a partagé avec eux notre, avec la DTN,
05:02avec notre service d'arbitrage et tout ça, et donc tout ça, on a l'impression
05:07qu'ils se découvrent, et ça c'est un peu notre faute, parce que culturellement,
05:10on n'a pas peut-être osé le faire, et parce que les 18 commissions où il faut y être
05:16présents, et les commissions les plus importantes, notamment celles qui régulent les règles
05:19de jeu, celles qui parlent de la performance, avec tous les arbitres, là on y siège maintenant,
05:25petit à petit, c'est un long processus, et je crois qu'aujourd'hui, le fait que
05:29de me candidater pour la présidence de Rugby, c'est un signal aussi fort, qui est respecté
05:37par beaucoup de gens, et qui est légitime, et maintenant il faudra juste ouvrir sur le
05:41terrain jour en jour, et puis aller convaincre un peu les nations et les régions pour que
05:44je puisse être élu, soutenu bien sûr par la Fédération Française de Rugby.
05:49Et il y a des mesures très symboliques par exemple, sur lesquelles la France ou les Français
05:53voudraient peser, parlons précisément de l'arbitrage, on a souvent le sentiment que
05:58des réformes, des règles, sont plutôt éloignées de ce que voudraient les Français.
06:04Est-ce que par exemple, vous êtes pour le passage à ce carton rouge de 20 minutes,
06:08qui fait polémique en France ?
06:10Qui fait polémique, et qui ne fait pas polémique en France, il fait polémique dans certaines
06:13nations, on est soutenu par les Irlandais, par les Anglais, parce qu'il y avait un levier
06:18de bouclier de notre part, parce qu'on n'a pas voulu un petit peu aller dans ce sens-là,
06:21parce qu'on a l'impression qu'il y a des choses qui n'ont pas été prouvées comme
06:26on voulait, avec des statistiques, avec ce qu'on a présenté, nous, parce qu'on
06:30y siège maintenant dans cette condition un peu de régulation et de règles, et parce
06:33que maintenant on est de plus en plus écouté, mais on fera le forcing, il y aura un vote
06:36le 14 novembre, on est contre, on a poussé certaines nations et régions pour voter contre,
06:40j'espère que ça passera, parce que ça c'est, je dirais c'est une hérésie, parce que
06:44puisque le rugby a évolué tellement, il y a de plus en plus de fiscalité, on fait
06:49attention à la santé des joueurs, et là on va imposer quelque chose qui risque un
06:53peu de pousser encore plus la dangerosité du rugby. Donc on essaie de l'expliquer avec
06:57des études, avec la Ligue nous a fourni la preuve qu'on peut gagner aussi des matchs
07:02à 14, il y a 40% des matchs qui peuvent être gagnés, mais il ne faut pas mettre la confusion
07:07à la confusion, il y a déjà le carton jaune, il y a le bunker, il y a le carton
07:10rouge qui est symboliquement rouge, il n'y a pas 20 minutes rouge, donc on va se battre
07:15pour ça, mais en tout cas, la prochaine fois, maintenant qu'on y siège, je crois
07:19que la France, avec les études, avec les recherches qu'on est en train de faire avec
07:22nos équipes, on pèsera de plus en plus sur ça.
07:24Parlons maintenant de l'autre pays dont vous avez porté aussi un jour le maillot,
07:29le Maroc. Vous serez demain au Maroc avec Emmanuel Macron et toute la délégation pour
07:33cette visite d'état historique de réconciliation. Pourquoi la France avait besoin de se réconcilier
07:39avec le Maroc ?
07:40Parce que c'est un privilège d'être invité par le président de la République,
07:45la dernière fois que je vous en parlais, je suis parti dans des situations dramatiques
07:48avec ce tremblement de terre, le pays du Maroc m'est très cher, je suis né, j'ai
07:51une belle famille, c'est aussi mon pays au peu de naissance, mais je dirais que c'est
07:58la normalité qui revient. Moi, j'ai toujours été témoin de relations très fortes fraternelles
08:04entre les deux nations, j'ai accompagné le président Jacques Chirac, Sarkozy, j'ai
08:08toujours vu des relations qui sont plus que d'amitié, c'est historique. Et je crois
08:14que c'est tout à fait normal que la France revienne à cette réconciliation parce que
08:18d'abord il y a beaucoup d'échanges, il y a beaucoup de vécu au Maroc et en France,
08:22il y a 35 000, rien qu'à Marrakech, il y a presque 25 000 Français qui vivent, et
08:26les deux papiers sont indissociables. Et donc le fait de pouvoir renouer avec ça sur quelque
08:31chose qui fait honneur aux Marocains, qu'il ne fallait surtout pas tergiverser, c'est-à-dire
08:37la territorialité, le Sahara marocain qui est chaque grain de sable, vous savez, c'est
08:43l'essence de la vie des Marocains. Quand on parle du Sahara marocain, c'est quand
08:47on parle de ce grain qui coule dans la veine des Marocains. Donc c'est quelque chose
08:53qui est indiscutable. Et le fait que la France a apporté son soutien légitime dans cette
08:58décision, ça a réglé beaucoup de choses. Et je crois que maintenant, le président
09:02et beaucoup de chefs d'entreprise et des ministres vont partir pour signer beaucoup,
09:05beaucoup de contrats parce que le Maroc, c'est un pays qui est en train d'évoluer
09:08à une telle vitesse. Il va recevoir la Coupe du monde 2030, il y a le TGV qui va être
09:13prolongé. Donc toutes les sociétés françaises vont pouvoir retrouver leur intérêt au
09:17Maroc. Et je crois que c'est quelque chose qui a toujours existé. Je dirais que c'est
09:21la normalité qui revient. Et tant mieux pour ça. Et je me réjouis.
09:24Merci beaucoup Abdellatif Benazie, ancien capitaine du 15 de France. Je le rappelle
09:29pour ceux qui l'auraient oublié, mais c'est difficile sur Sud Radio, la radio du rugby.
09:33A bientôt sur Sud Radio Abdellatif Benazie. Bon voyage ou bon retour. En tout cas, bon
09:38voyage et bonne visite d'Etat au Maroc.

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