La bande de "Perrine jusqu'à minuit" évoque la proposition de supprimer un jour férié, pour résorber la dette et réduire le déficit.
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00:00Est-ce qu'il faut supprimer un jour férié pour résorber la dette et éponger le déficit ?
00:06Après le jour de Pentecoste qui a été transformé en journée de solidarité pour les retraités,
00:10hier soir, le ministre de l'économie Antoine Armand a fait cette proposition
00:17et il dit que c'est une proposition intéressante qu'on étudie, celle de supprimer un jour férié.
00:22Une nouvelle journée de ce genre permettrait selon plusieurs sénateurs de récupérer 2,4 milliards d'euros.
00:30C'est vraiment super.
00:31Alors, ce n'est pas une idée qui est nouvelle.
00:34Je veux dire, c'est un vieux serpent de mer que la droite ressort des cartons à peu près tous les ans,
00:39à l'époque du budget, et se disait « Tiens, si on supprimait un jour férié,
00:43parce que ça veut dire ça, faire une journée de solidarité, ça veut dire supprimer un jour férié. »
00:49Alors, c'est intéressant parce que dans les trois personnes qui ont porté ce rapport au Sénat,
00:54la question qui était posée, c'était le financement des EHPAD, le financement du vieillage.
01:00Et il y a une des rapporteurs, qui est une écologiste, Anne Suiris,
01:04qui a dit « Moi, je ne suis pas du tout d'accord avec les conclusions du rapport. »
01:07Donc, c'est quand même pas tous les gens qui ont signé le rapport ne sont pas d'accord avec les propositions qui étaient portées.
01:12D'ailleurs, elle a des propositions alternatives pour financer cette solidarité envers les plus âgés.
01:19Elle dit qu'on peut changer la fiscalité des successions ou augmenter un peu la CSG.
01:27Bref, il y a d'autres solutions si on veut absolument trouver ces 2,5 milliards ou 2,4 milliards.
01:33Je rappelle que par rapport au poids de la dette, qui est quand même de 1 200 milliards,
01:40c'est quand même rien du tout.
01:42Oui, on en est là, il faut aller gratter des milliards partout, on le voyait bien.
01:45Non, c'est idéologique.
01:46En fait, c'est purement idéologique.
01:48C'est-à-dire que c'est ce que disait Yves Tréhard très bien sur les différents sujets qu'on a abordés ce soir.
01:52Ils sont juste en train de faire la démonstration.
01:55Ils veulent montrer aux Français et aux Françaises « Regardez comment on est à la tâche, on fait les fonds de tiroir. »
02:00Mais à la fin, qu'est-ce que ça fait ?
02:01Ça fait que le coût du travail va baisser.
02:03Vous voyez, sur chaque mesure qui est annoncée, il y a des levées de boucliers de part et d'autre.
02:05Il n'y a personne qui veut faire d'effort.
02:06Mais ce n'est pas « personne ne veut faire d'effort », c'est le sens de l'effort.
02:10Si on dit « Demain, on va taxer les plus riches, on va taxer le patrimoine,
02:15on va taxer ces entreprises qui versent énormément d'argent à leurs actionnaires », pourquoi pas ?
02:21Vous allez avoir la droite et le centre qui vont vous dire non.
02:25Donc, c'est exactement, je suis complètement d'accord Périne,
02:27il y a un choix idéologique d'aller taper les travailleurs et les travailleuses,
02:30de leur dire « En fait, il y a une journée que vous aviez chômée,
02:33vous allez la travailler pour le même salaire.
02:36Et donc, derrière, qu'est-ce que vous allez faire ? Vous allez baisser le coût du travail. »
02:40Il faut que les Français, les travailleuses et les travailleurs de ce pays aient bien ça en tête.
02:44L'objectif, c'est de baisser le coût du travail.
02:46Cela dit, Pablo, il y a quand même une vraie question qui se pose.
02:50Il y a deux questions.
02:51Effectivement, ils cherchent de l'argent partout.
02:53Donc, c'est le concours l'épine.
02:55Mais il y a quand même deux questions majeures.
02:56La première question, c'est qu'on travaille très peu en France par rapport à tous nos voisins
03:02et à tous les grands pays de ce monde.
03:06Alors, on va me dire oui, mais il y en a une productivité supérieure.
03:09Ce qui est faux.
03:10C'est absolument faux.
03:11C'est une espèce de totem qui se balade partout, ça.
03:15On ne travaille pas plus que les autres et on ne travaille pas mieux que les autres en moins de temps.
03:20Dans les jours sérieux, on n'est pas les champions en Europe.
03:22Non, non, mais il faut qu'on travaille plus.
03:24Si on veut avoir de la croissance, il faut qu'on travaille plus.
03:28Ça, c'est la première des choses.
03:29La deuxième des choses, le vrai problème, et ça, Pablo, je suis désolé,
03:32mais c'est pour ça que Raffarin avait fait son jour de Pentecôte, là.
03:37Vous vous souvenez, pour venir en aide, c'était après la canicule de 2003.
03:42Le vrai problème, et moi, je suis très inquiet là-dessus, c'est le grand âge.
03:47Parce qu'il va y avoir de plus en plus de personnes qui vont aller vers des âges centenaires
03:53et on est incapable de financer ça aujourd'hui.
03:57Est-ce qu'il est passé où cet argent de la journée de Pentecôte ?
03:59Est-ce que ça a été efficace ?
04:00Oui, c'est de l'équivalent de 3 milliards.
04:03Alors, je ne sais pas, ce n'est pas assez, c'est loin d'être suffisant.
04:06Et puis, en plus, c'est facultatif, comme vous le savez.
04:08À Pentecôte, vous pouvez travailler ou ne pas travailler.
04:10C'est un peu la difficulté, je suis d'accord, mais il y a un vrai sujet, là.
04:14Le vrai sujet, c'est effectivement le temps de travail.
04:16Donc, on peut effectivement la faciliter, et je ne suis pas forcément très favorable à la suppression d'un jour préféré
04:22parce que c'est un peu la solution de facilité.
04:24Il faut relibéraliser le temps de travail, permettre de travailler plus que les 35 heures,
04:30de façon plus facile, parce que c'est ça qui permettra de remettre de la croissance.
04:35Parce qu'on a besoin de croissance, parce que le grand âge, le choc que ça représente en termes budgétaires...
04:41Et quoi, on est fait néant en France, c'est ça que vous dites ?
04:43Non, on n'est pas fait néant, mais on a quand même diminué le temps de travail, quand même, sur ces dernières années.
04:47Et en fait, on a beaucoup moins, on ne travaille pas assez par rapport aux enjeux.
04:50Oui, parce qu'on a des nouvelles technologies aussi qui nous permettent d'être plus productifs sur un temps moindre.
04:54C'est ce qu'on a dit, sur les autres aussi.
04:57Et aujourd'hui, on a des problèmes de finances importants et on ne peut pas avoir de l'argent qui arrive sans qu'on y ait du travail en face.
05:04La question des 35 heures, ce n'est pas un plafond qu'on ne peut pas dépasser,
05:09c'est un plafond à partir duquel on est payé en heures supplémentaires et donc qui sont un peu mieux payées.
05:14Donc, si on fait péter le plafond des 35 heures, on va juste dire que vous allez travailler 37 heures,
05:18alors qu'avant, les deux heures de 35 à 37, vous étiez payés plus.
05:22Et maintenant, on va vous dire que vous t'arrêtez.
05:24Ça reviendrait à une baisse de salaire, puisque la plupart des gens, aujourd'hui, sont à plus de 35 heures.
05:27C'est-à-dire qu'en fait, si on casse les 35 heures, on va baisser le coût du travail encore plus qu'il ne l'est aujourd'hui.
05:33Les heures supplémentaires coûtent très cher.
05:35Oui, elles coûtent très cher.
05:36Exactement ce qui va augmenter.
05:37Est-ce que ça, c'est audible de dire aux Français, vous allez bosser 39 heures comme vous bossez aujourd'hui,
05:42sauf qu'en fait, vous allez gagner moins parce que ce ne sera plus des heures supplémentaires.
05:44Il faut qu'ils gagnent plus, évidemment.
05:47Ils gagneront toujours moins que quand c'est des heures supplémentaires.
05:49C'est ça, l'histoire.
05:51Rokhaya, sur ce sujet.
05:53Oui, moi, je pense qu'effectivement, c'est un vrai choix idéologique de décider de faire peser le remboursement de la dette
05:59sur les salariés et pas sur des fortunes qui sont conséquentes.
06:01Effectivement, ça contribue à considérer qu'on va essayer de grappiller comme ça de l'argent
06:07par petite somme sur des populations qui sont fragiles,
06:11davantage que sur des personnes qui sont à même de contribuer
06:13et qui devraient être enchantées de participer à la solidarité nationale.
06:16Et je ne vois pas les arguments qu'on considère dire que la droite n'est pas contente
06:20quand on va chercher de l'argent des ultra-riches.
06:22Je trouve qu'ils ne sont pas vraiment audibles.
06:24Alors justement, comme vous en parlez, on va évoquer,
06:27parce qu'il y a eu cette taxe sur les milliardaires, la taxe Zuckerman,
06:32qui a été adoptée en amendement, qui est en fait un ISF pour super milliardaires.
06:38L'idée, c'est de taxer à hauteur de 2% la fraction du patrimoine qui est supérieure à un milliard d'euros.
06:44Donc, ça touche, je crois, 147 Français, selon les chiffres de la France Insoumise, 147 personnes.
06:51Et Laurent Saint-Martin, lui, dit que le problème, c'est toujours le même argument,
06:55le problème, c'est que c'est le meilleur moyen de faire fuir les grandes fortunes à l'étranger.
06:58Donc, effectivement, un point de vue d'équité, un point de vue de justice fiscale,
07:02il dit oui, bien sûr, ça, c'est des grands principes, c'est beau,
07:04mais il y a un principe de réalité, c'est qu'on est dans un monde mondialisé
07:07et que demain, ces personnes-là, si vous les taxez davantage,
07:10elles vont partir à l'étranger et elles vont investir davantage à l'étranger et pas chez nous.
07:13Mais ça pose la question du sens de la citoyenneté aussi.
07:16À un moment donné, il faut aussi placer ces gens face à leurs responsabilités.
07:18Qu'est-ce que ça veut dire d'être français ?
07:19Qu'est-ce que ça veut dire liberté, égalité et fraternité, notamment,
07:21quand on décide qu'on ne veut pas participer à une solidarité
07:24pour laquelle on a amplement les moyens de participer ?
07:27Je veux dire, il y a énormément de gens qu'on stigmatise en permanence
07:31par rapport à leur amour de la France.
07:32Ils sont trop cutis de nos riches ?
07:33Et en tout cas, ils ne sont pas suffisamment impliqués dans la...
07:37Mais Rocaya, comment vous allez faire ? Vous ne pouvez pas les empêcher de partir ?
07:40Oui, mais en tout cas, il faut poser les vraies questions.
07:42Il y a peut-être un sens patriotique à avoir aussi.
07:44Je vous invite, oui, un sens patriotique, alors.
07:46Il y a toujours un niveau.
07:47Si tout le monde doit contribuer à l'État...
07:48Il y a toujours un niveau.
07:49Je vous invite à aller voir XL, d'aller voir dans certains quartiers de Bruxelles
07:53ou à Genève.
07:54C'est bourré de Français, tous ceux qui ne payent pas d'impôts en France,
07:57qui ne veulent pas, parce qu'ils ont l'impression d'être plumés,
08:00souvent à juste titre.
08:02D'ailleurs, parce qu'ils ont travaillé, parce qu'ils ont acquis un patrimoine
08:06et qu'ils en ont assez de cette...
08:08Oui, mais le fait est qu'aujourd'hui, un milliardaire, il est taxé à 25%
08:11de ses revenus quand il a un cadre sub qui gagne très bien de sa vie
08:15et est taxé à 40 et quelques pourcents.
08:17Il y a quand même...
08:18C'est là où il y a la différence entre la morale,
08:22et effectivement, d'un point de vue moral, on peut tout à fait convenir
08:25que ce serait, et le principe de réalité.
08:27C'est qu'on l'a vu, à chaque fois qu'on a fait ça,
08:29on a eu un exil fiscal qui finalement coûtait plus cher à l'État
08:33que ce que la taxe...
08:34Ce n'est pas vrai.
08:35Ah si ?
08:36Non, ce n'est pas vrai, on l'a vu.
08:37Lorsqu'il y a eu la mise en place de l'ISF dans les premières années
08:40de François Mitterrand, derrière, il n'y a pas eu d'exil fiscal massif
08:44des Français et des Françaises.
08:45Mais je suis d'accord.
08:46Il aurait fallu que le barème soit un peu plus agressif.
08:52Non, mais la deuxième chose, c'est que je suis complètement d'accord
08:56avec ce que disait Rocaillet par rapport à la citoyenneté
08:58de ces gens les plus riches qui pourraient partir
09:01si jamais on leur disait de payer 2% au-delà de 1 milliard de patrimoine.
09:06Mais il faut savoir aussi que la base d'une société,
09:09c'est le consentement à l'impôt.
09:11S'il n'y a pas de consentement à l'impôt,
09:14il n'y a plus de société.
09:15Donc, on peut se poser la question de savoir si ces gens,
09:17en fait, qui vraiment trouvent ça inadmissible 2% à l'impôt,
09:212% au-dessus de 1 milliard, s'ils vont vraiment partir de la société.
09:24Il y a de moins en moins de consentement à l'impôt,
09:25mais qui n'est pas dû à l'exil fiscal des plus riches,
09:28qui est dû à des gens qui gagnent leur vie normalement
09:31à la force de leur poignet et à la sueur de leur front,
09:34mais qui en ont ras-le-bol de payer des impôts
09:37alors que plein d'autres profitent des prestations sociales.
09:41Et que plein d'autres très riches, en fait, payent beaucoup moins d'impôt.
09:44Oui, parce que là, on parle vraiment des ultra-riches, en l'occurrence.