Vous allez enfin tout comprendre au déficit publique, à la dette. On l'a appris aujourd'hui, le déficit public sera bien supérieur à ce qui était prévu par le gouvernement ; il devrait y avoir un trou dans la caisse de 17 à 20 milliards supplémentaire, pour un déficit qui se situerait autour de 5,6% du PIB. Tous ces chiffres et ces concepts vous semblent quelque peu abstrait ? Le déficit, est-ce que c'est si grave ? Qu'est-ce qu'on risque ? Doit-on vraiment remboursé cette dette toujours plus abyssale ? Les explications complètes de Martial You et Olivier Bost pour RTL.
Regardez L'invité de RTL Soir du 21 mars 2024 avec Julien Sellier.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Célier. RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:07 Aller, on accueille à 18h45 nos invités pour tout comprendre parce que notre déficit public sera bien supérieur à ce qui était
00:15 prévu initialement par le gouvernement. A priori, on va vers un trou dans la caisse de 17 à 20 milliards d'euros supplémentaires
00:22 déficit qui situerait
00:25 environ autour de 5,6 % du PIB. Alors vous êtes peut-être comme moi, tous ces chiffres et tous ces concepts vous semblent quelque peu
00:32 abstraits. Le déficit, est-ce que c'est si grave ? Qu'est-ce qu'on risque ? De toute façon,
00:37 doit-on vraiment rembourser cette dette toujours plus abyssale ? Alors pour tout nous expliquer, on accueille notre éditorialiste
00:43 économie
00:44 Martial Liu avec sa calculette qui va devoir s'improviser prof d'écho pour les nuls. Bonsoir Martial.
00:51 Alors il est où Martial ? La ligne a coupé. Bon, je crois que ça commence bien.
00:57 Il est là Martial. Bonsoir Martial.
00:59 Avec nous également, parce que le sujet est aussi politique, le chef du service politique de RTL, Olivier Boss. Bonsoir.
01:05 D'abord Martial, expliquez-nous ce déficit en roues libres dont on parle aujourd'hui, c'est quoi exactement ?
01:11 - En fait, c'est la différence entre les recettes de l'État et les dépenses. Donc le déficit de l'État, c'est votre découvert,
01:19 si je veux faire simple. En 2023, on a eu moins de recettes parce que la croissance a été moins forte que prévu, donc
01:25 moins d'entrées fiscales, le TBA, et puis on a commencé à avoir plus de dépenses
01:29 sociales, notamment parce que le chômage est remonté. Et en fait, je pense que
01:33 il faut bien comprendre la différence en fait entre le déficit,
01:36 donc le découvert, et puis la dette de l'État. Parce qu'on confond souvent les deux, on les mélange.
01:40 La dette, c'est tout ce que l'État, la dette,
01:44 vous m'entendez ?
01:47 La dette, c'est tout ce que l'État emprunte pour financer sa politique.
01:51 Donc quand on a lancé le programme nucléaire dans les années 70, quand on a fabriqué des routes et des autoroutes, des lignes de chemin de
01:57 fer, le plan industrie France 2030, ça c'est l'équivalent de votre crédit immobilier, on investit quoi.
02:03 - Et alors, comment on a pu se retrouver avec un tel écart de prévision ? C'est une faute de calcul ou c'était fait exprès ?
02:08 - Je vais vous dire, je me pose exactement cette question.
02:12 Non mais sérieusement, j'arrive pas à comprendre comment on a pu se tromper de 20 milliards.
02:17 C'est colossal, c'est du jamais vu, et c'est pas fini parce que l'erreur de 2023,
02:21 elle va obliger à faire des économies en 2024, et puis surtout en 2025 si on veut tenir nos objectifs de réduction, c'est un peu comme
02:27 l'élève qui cumule les zéros, zéro plus zéro, au bout d'un moment pour arriver à la moyenne, ça nécessite des efforts absolument colossaux.
02:34 - Mais est-ce que c'est si grave finalement ?
02:36 - Bah oui, parce que la France, ça devient une sorte de ménage sur endetté, et puis la France c'est pareil en Europe quand même.
02:42 Surtout, rien ne permet de penser qu'on va
02:44 ralentir en fait cette chute, parce que la dette, c'est comme le cholestérol, il y a le bon, il y a le mauvais. Le bon c'est quand on
02:50 investit dans la décarbonation, dans l'intelligence artificielle,
02:52 le mauvais c'est quand on emprunte pour payer les dépenses courantes.
02:55 Là c'est le couple qui souscrit un crédit conso pour payer les vêtements des enfants.
02:58 Alors bien sûr il y a eu le Covid, la facture énergétique, l'Ukraine, mais il n'y a pas que ça, vous voyez. Il y a toute une série
03:04 d'annonces de plans non financés, la Gabgi elle a commencé avec les 17 milliards des Gélo.
03:08 - Mais Marcial, finalement, qu'est-ce qu'on risque à creuser la dette, puisqu'au bout du compte on la rembourse jamais en fait ?
03:13 - Alors non, moi je dirais que, en fait qu'à cause de la dette, on va encore augmenter notre déficit. Donc là ça devient un problème.
03:20 Parce que pendant des années on empruntait, on avait des taux d'intérêt comme pour votre crédit immobilier qui était
03:26 très très faible, on était à zéro, voire négatif.
03:28 Donc la dette ne coûtait rien quelque part, puisqu'on ne rembourse que les intérêts. Mais nos taux d'emprunt maintenant,
03:34 il a été multiplié par trois entre 2020 et maintenant. Donc là ça devient très très cher. Il faut se rendre compte
03:39 qu'aujourd'hui les intérêts de la dette dont on paie, c'est 50 milliards à peu près. C'est quasiment le budget de
03:44 l'éducation nationale. Mais en 2027, on sera à 75 milliards par an, à rembourser juste les intérêts, vous voyez.
03:51 Donc là ce sera le premier budget de l'État, et donc ce sera avant l'école, avant l'armée, avant les hôpitaux. Ce que je veux dire
03:58 c'est que rembourser nos intérêts, ça va
04:01 se faire au détriment d'autres services publics, bien sûr.
04:05 - Bon, on vient de l'entendre, la situation
04:07 est préoccupante. D'un point de vue politique, Olivier Bost, est-ce que cette affaire c'est une bombe à retardement pour Emmanuel Macron ?
04:13 - C'est plutôt une bombe à
04:14 fragmentation, en fait. Un long supplice qui commence pour le gouvernement.
04:18 Parce que mardi prochain, c'est le mauvais chiffre du déficit, et dans les semaines qui viennent, suivront les mauvaises notes des agences de notation.
04:25 En fait, il y a mieux que de passer pour de mauvais gestionnaires en pleine campagne des européennes.
04:30 Et puis, il y a un deuxième risque politique, puisque je vous parlais de bombe à fragmentation, c'est désormais un gouvernement qui peut sauter sur
04:36 ce que l'on appelle une motion de censure. Les Républicains, par la voix de leur chef Eric Ciotti,
04:41 ont indiqué cette semaine qu'ils pourraient voter une censure, quand ? Sans doute pas avant les élections européennes, mais à l'automne,
04:47 tout devient possible. Quand il faudra corriger le budget 2024 ou préparer le budget 2025,
04:54 nous vivrons sans doute une nouvelle crise politique. Et puis, les économies à faire, 10 milliards, 20 milliards l'année prochaine,
05:00 50 milliards selon la Cour des comptes, ces économies pourraient occuper tous les débats et plomber la fin du quinquennat.
05:06 - Mais alors, dans le discours pourtant, Emmanuel Macron, si je me souviens bien,
05:09 c'est quand même celui qui promettait de surveiller les déficits, non ?
05:12 - Bah oui, sauf que ce que racontent pas mal de ses proches, c'est qu'Emmanuel Macron n'en a absolument rien à faire, et que ça fait
05:20 longtemps que ces questions de budget, de tenir un budget, etc.,
05:24 lui importent finalement peu. C'est-à-dire que le banquier d'affaires, dont on pouvait penser que c'était un très bon gestionnaire,
05:30 finalement, c'est pas du tout un souci pour lui. - Merci beaucoup Olivier Boss, merci aussi à vous,
05:34 Marcial You, grâce à vous, on a tout compris.
05:37 Dettes, déficits, ça devient limpide, grâce à vous, vous êtes excellent. RTL, bonsoir, la suite, c'est dans une seconde, le match des infos pour
05:45 briller au dîner entre Isa et Alex Vizorek, c'est encore franco-belge, et puis après 19h, on va accueillir deux stars du cinéma français,
05:52 Camille Cotin, Benjamin Biollet, qui vont nous rejoindre pour passer une heure dans ce studio, à tout de suite.
05:56 RTL, bonsoir, jusqu'à 20h.
06:00 [Sous-titres par Christophe Asselin]