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Les derniers sondages donnent Kamala Harris et Donald Trump au coude à coude. Comment ce scrutin, le plus important du siècle selon de nombreux observateurs, peut-il basculer ? On en parle avec Sonia Delesalle-Stolper et Isabelle Hanne du service International de «Libération».

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00:00Ils veulent tous les deux sauver leur pays, le sauver des ennemis intérieurs et de l'invasion
00:04migratoire pour Donald Trump et le sauver du fascisme et des flammes de la haine et
00:08de la division pour Kamala Harris.
00:10Sur le fond, tout les sépare et pourtant, les derniers sondages de la présidentielle
00:14américaine 2024 les donnent au coude à coude.
00:16Alors pourquoi ce scrutin n'a-t-il pas encore basculé d'un côté ou de l'autre ? Son
00:20issue est-elle vraiment impossible à deviner ? A quoi doit-on s'attendre lors de cette
00:24dernière ligne droite de campagne présidentielle américaine ? On en parle avec Sonia de le
00:29Sal Stolper, chef du service international, et Isabelle Anne, ex-correspondante aux Etats-Unis,
00:34notamment sous la présidence de Donald Trump et ma première question que j'aimerais
00:38vous poser à toutes les deux, c'est d'abord de savoir ce que nous disent les derniers
00:41sondages.
00:42Ils nous disent qu'on ne sait pas qui va gagner cette élection et que les deux candidats
00:47sont au coude à coude.
00:48Oui, en fait, on a un tableau qui est complètement illisible à une semaine, moins d'une semaine
00:53du scrutin, puisqu'on a des sondages au niveau national où il n'y a même pas un
00:59point d'écart entre Harris et Trump, c'est 49-48 en gros.
01:04Et comme, je pense, les gens qui nous suivent le savent, de toute façon, les sondages nationaux
01:10ne veulent pas dire grand-chose vu la structure du vote aux Etats-Unis.
01:15Je me permets de faire une micropause pour vous encourager à vous abonner à notre chaîne
01:19YouTube.
01:20Ça vous permettra de ne rater aucune de nos prochaines vidéos.
01:23D'ailleurs, si vous appréciez nos contenus, vous pouvez les liker et les partager.
01:27Et puis, dans l'espace commentaire, vous pouvez aussi nous glisser des idées de sujets
01:31que l'on pourrait traiter à l'avenir.
01:33Je ne vous dérange pas plus longtemps et je vous laisse avec Sonia et Isabelle pour
01:36discuter de l'élection présidentielle américaine.
01:39Et ce qu'on sait aussi, c'est que dans les sept Etats basculent, les fameux swing
01:43states, on est aussi dans la plupart, à part deux ou trois et selon les sondages,
01:48mais on est dans la marge d'erreur entre Kamala Harris et Donald Trump.
01:52Avant de revenir sur ces swing states dont on parle beaucoup, qui pourraient être cruciaux
01:56pour l'issue de ce vote, ma question aussi par rapport à ces sondages, c'est, est-ce
02:01que c'est habituel d'avoir des sondages aussi serrés à la J-6 maintenant de l'élection ?
02:07Je sais que depuis, dans l'histoire moderne des Etats-Unis, parce qu'on n'avait pas
02:13évidemment ces outils de sondage, des outils de sondage aussi perfectionnés qu'aujourd'hui,
02:18avec les élections avec lesquelles on a le droit de comparer, non, on n'a jamais eu
02:22une élection aussi serrée, d'autant plus à ce stade aussi proche du scrutin.
02:27Et après, il faut peut-être préciser aussi que les instituts de sondage ont radicalement
02:33modifié leur méthode de rassemblement des voies de probabilité, etc.
02:39Après le gros échec des sondages des dernières élections et notamment de celles de 2020.
02:46En fait, ils ont revu leur méthode et le problème, c'est qu'on ne saura pas si leurs
02:51nouvelles méthodes sont correctes ou pas avant le résultat des élections.
02:55Et qu'est-ce qui a changé concrètement dans ces méthodes ?
02:58Alors, c'est super compliqué.
02:59Il y a des choses, il y a effectivement toute une partie qui est un peu complexe,
03:04mais ce qu'on peut raconter, c'est les grosses erreurs qui ont été commises en 2016 et 2020,
03:09mais surtout en 2016, c'est l'absence de prise en compte.
03:14En fait, les sondages sont très forts pour comparer avec les votes précédents.
03:18C'est ça, les data sets qu'on a, c'est ceux qui ont voté avant.
03:22Par contre, ceux qui n'ont pas voté avant et qui vont se mettre à voter cette fois-là,
03:25il n'y a pas de contrôle sur eux.
03:27Et donc, en 2016, il y avait eu un gros plus à l'époque, il y avait tout un stigma autour
03:34du vote pour Trump, un peu l'équivalent du vote extrême droite en Europe,
03:39qui n'existe plus aujourd'hui.
03:41Les Américains qui votent Trump le revendiquent tout à fait fièrement.
03:45Mais en tout cas, en 2016, il y avait encore un stigma autour du vote.
03:48Donc, ils avaient très mal pris en compte ça.
03:50Il y avait un problème de comment on atteint les sondés.
03:53Et en l'occurrence, les instituts de sondage reposaient énormément sur des sondages très
03:58classiques par téléphone.
03:59Or, tous les gens qui ne sont pas chez eux, comment on les sonde ?
04:03Voilà, donc là, aujourd'hui, par exemple, ils utilisent beaucoup de méthodes en ligne
04:06ou par SMS.
04:08Il y a énormément de sondeurs qui disent que c'est une façon beaucoup plus rationnelle
04:14et exhaustive de faire participer tous les profils.
04:19Donc, par exemple, ça, c'est quelque chose qu'ils ont changé aussi les calculs algorithmiques
04:25justement pour changer certains biais qu'ils avaient sur le vote.
04:29Il y a une question dans le chat sur les échecs de 2020.
04:33Quels sont-ils, les échecs de 2020 des sondages ?
04:36Alors, les échecs de 2020, c'est aussi...
04:38En fait, il y a eu un énorme sursaut de participation en 2020.
04:43Alors, 2020, il faut se rappeler aussi dans quel contexte ça a eu lieu.
04:46C'était en pleine pandémie, la pandémie de Covid qui a été particulièrement violente
04:50aux Etats-Unis.
04:52Le vote a été très compliqué.
04:53Ça a été organisé dans des circonstances assez compliquées.
04:58Ils ont beaucoup encouragé le vote anticipé, etc.
05:00Mais donc, il y avait des choses, on n'avait pas vraiment de précédent sur le vote par
05:03anticipation. On pourra en parler d'ailleurs, puisque c'est intéressant.
05:06Pour cette élection qui est en train de se passer, puisque les Américains, la date
05:11officielle du scrutin, c'est mardi prochain, mais les Américains votent depuis le début
05:14septembre, donc dans la plupart des États.
05:18Je crois qu'aujourd'hui, on est à 49 millions d'Américains qui ont déjà voté
05:24sur 220 millions par anticipation, ce qui est énorme.
05:28C'est moins qu'en 2020, au même moment, mais c'est déjà énorme.
05:34Et donc, en 2020, il y avait eu une sous-estimation de la participation, notamment
05:39des électeurs de Biden.
05:43Et il y avait, il y a aussi beaucoup de choses dont on ne vous parle pas ici parce qu'on
05:47parle beaucoup du vote pour la présidentielle, mais il y a énormément d'autres
05:50scrutins. Donc, il y avait aussi eu beaucoup d'erreurs, notamment localement sur des
05:53sénatoriales où on avait donné le candidat républicain local gagnant, alors
05:59qu'en fait, il y avait globalement un biais dans les sondages qui était
06:03plutôt pro-républicain ou pro-Trump par rapport aux résultats finales qui,
06:07finalement, a donné les démocrates en tête.
06:11Vous mentionniez juste avant l'importance des swing states.
06:14En quoi est-ce que c'est un élément crucial pour l'issue de ce scrutin ?
06:18Et peut-être rappeler aussi ce que sont rapidement ces swing states ?
06:21Les swing states, ce sont des États basculent ou des États sur lesquels on ne
06:27peut pas dire que systématiquement, ils ont voté chaque fois républicain ou
06:32chaque fois démocrate. Ce sont des États qui, selon les élections, tous les quatre
06:36ans peuvent basculer d'un côté ou de l'autre.
06:39Et en général, la bascule est assez limitée.
06:41C'est quelques dizaines de milliers de voix, voire moins que ça, parfois.
06:46Donc, en fait, c'est souvent sur ces États-là, qui peuvent varier en plus en
06:50fonction des élections, mais ce sont sur ces États-là que les candidats se
06:54focalisent parce que c'est là qu'il faut qu'ils rassemblent un maximum de voix,
06:58qui permettent de faire élire un maximum de grands électeurs qui, eux, vont leur
07:03permettre ensuite d'accéder à la présidentielle, au siège présidentiel.
07:11Juste parce que je pense qu'il faut bien poser les choses parce que c'est un
07:14système qui est tellement différent d'une autre qu'il y a des choses qui nous
07:18paraissent évidentes et qui ne le sont pas forcément pour tout le monde.
07:21Donc, aux États-Unis, c'est un scrutin universel indirect à un tour.
07:27Ça veut dire que les Américains ne votent pas pour leur président, ils votent pour
07:30des grands électeurs. Et donc, dans les 50 États américains, moins deux parce
07:35qu'il y en a deux, parce qu'évidemment, chaque État fait un peu à sa sauce.
07:39Je crois qu'à part le Nebraska et le Maine, qui attribuent les grands électeurs
07:43à la proportionnelle, sinon tous les autres États, il y a un système qui s'appelle
07:48winner takes all. Ça veut dire le candidat qui arrive en tête, même avec une toute
07:53petite avance, il récolte tous les grands électeurs de l'État.
07:57Donc, c'est un système qui est remis en cause assez largement.
08:04C'est ce qui conduit à des décalages, parfois, entre le vote
08:09populaire. Ce qui s'est passé en 2016, Hillary avait trois millions de voix de plus
08:13que Trump en 2016. Hillary Clinton, la candidate démocrate.
08:17Mais par contre, Trump, il avait la majorité de grands électeurs.
08:21Et donc, c'est lui qui a été élu.
08:23En 2020, Biden avait à la fois le vote populaire et à la fois une majorité de
08:29grands électeurs. Ces swing states sont essentiels parce qu'en fait, comme disait
08:32Sonia, on ne sait pas vers quel côté ils vont aller, soit parce qu'ils n'ont pas été
08:37cohérents, ils n'ont pas été constants d'une élection à l'autre ces dernières
08:42décennies, soit parce qu'il y a eu une grosse évolution démographique et qu'on
08:46sait que ça peut basculer. Et comme le disait Sonia, comme avec ce système de
08:50winner takes all, il suffit vraiment d'un tout petit changement pour faire
08:55complètement basculer tous les grands électeurs de l'État.
08:58Et donc, ces swing states, il y en a sept, Arizona, Nevada, Michigan,
09:03Pennsylvanie, Wisconsin, Caroline du Nord, je n'ai oublié un, la Georgie.
09:09À eux tous, ils représentent 93 grands électeurs.
09:11Pour remporter l'élection présidentielle américaine, il faut que l'un des
09:15candidats, il faut remporter 270 grands électeurs minimum, ce qui est la
09:20majorité absolue du collège électoral américain.
09:23Et donc, c'est pour ça qu'effectivement, la campagne s'est concentrée sur ces
09:26sept États qui ne sont pas, à part la Pennsylvanie, qui sont un peu des petits
09:30États. Voilà, la Georgie, c'est des États moyens, on va dire, mais je veux dire,
09:35ce n'est pas la Californie, ce n'est pas le Texas, où là, on peut déjà dire, la
09:38Californie, elle est acquise à Kamala Harris, le Texas, tout le monde a pris et
09:43attend depuis des années qu'il bascule démocrate grâce à des grands changements
09:48démographiques. Mais pour l'instant, ça n'arrive pas.
09:50On peut d'ores et déjà dire que les 40 grands électeurs du Texas, ils vont voter
09:54pour Donald Trump et les 54 grands électeurs de Californie, ils vont voter pour
09:58Kamala Harris.
09:59Et là, dans cette dernière ligne droite, les deux candidats, ils ciblent encore plus
10:02particulièrement ces swing states ?
10:04Pratiquement, exclusivement, pas complètement parce que Trump est allé hier, je
10:08crois, dans un État qui lui est complètement acquis.
10:10Peut-être qu'il avait besoin de se reposer un petit peu, j'en sais rien.
10:13Mais oui, l'intérêt, c'est de mobiliser à la fois les électeurs
10:19que vous savez, qui, a priori, vont voter soit démocrate, soit républicain et les
10:23électeurs, les indécis. Il y en a encore une semaine du scrutin, il y a encore beaucoup
10:26d'indécis ou ceux qui ne vont pas voter forcément et qu'il faut
10:31stimuler les jeunes.
10:33Là, pour le coup, ce sont des problématiques qu'on retrouve aussi dans notre
10:36pays, le manque d'implication parfois des jeunes électeurs dans
10:40les urnes qui ne vont pas forcément déposer leur bulletin.
10:44Donc, ils axent là-dessus énormément.
10:47Et on va voir ça les derniers jours de campagne.
10:49On va voir une espèce de... C'est d'ailleurs assez particulier quand on regarde
10:54les trajets des deux candidats.
10:58En fait, ils se suivent pratiquement, ils sont l'un après l'autre.
11:00C'est comme s'il y avait une course et alors il y en a un qui fait un meeting à tel
11:04endroit et l'autre arrive le lendemain.
11:05Et d'ailleurs, Trump a provoqué, enfin, on peut presque trouver ça
11:10drôle si les enjeux n'étaient pas aussi énormes.
11:13Mais qu'il dit mais ce n'est pas vrai qu'il y avait moins de monde chez moi, j'en
11:17avais autant que Kamala, même plus, etc.
11:21Ce qui, concrètement, est totalement faux parce qu'effectivement, pour le moment,
11:24Kamala Harris remplit les salles beaucoup plus que Donald Trump.
11:28Tu parles des électeurs indécis.
11:31Moi, d'un point de vue tout à fait extérieur, ça me paraît assez fou dans le sens où
11:35on le disait au départ, Kamala Harris et Donald Trump, il y a à peu près tout qui
11:39les sépare.
11:41Ça veut dire qu'il y a des électeurs qui hésitent encore à voter pour Donald Trump ou
11:44pour Kamala Harris. On peut vraiment hésiter à voter entre l'un ou l'autre.
11:48Ou à voter pas du tout.
11:50Ah oui, d'accord, ok.
11:51C'est peut-être plus ça, c'est effectivement plus sur ça que l'indécision se porte.
11:55C'est-à-dire qu'il y a des gens qui sont pareils, comme en France, comme en Europe,
11:58qui ne se sentent pas inclus dans le processus
12:02démocratique américain. Et comme j'ai essayé de l'expliquer, j'espère avec
12:06une clarté relative, mais c'est un système qui est très compliqué.
12:10Il faut savoir que maintenant, il y a cette possibilité de voter
12:14par anticipation.
12:16Mais sinon, les élections aux Etats-Unis, c'est le mardi.
12:19Ce n'est pas un dimanche comme en France, c'est un mardi, c'est un jour travaillé.
12:22Il y a plein d'Américains qui ne peuvent pas se permettre de manquer et sachant
12:26qu'en plus...
12:27C'est le même fonctionnement qu'en France, on doit se rendre à son bureau de vote.
12:31Alors, je peux parler un peu du vote.
12:34Effectivement, il y a plusieurs méthodes. On peut voter par correspondance.
12:38Donc là, ça s'est ouvert depuis un mois et demi.
12:42On peut voter par anticipation en personne.
12:45Donc là, vraiment comme si c'était le jour du vote.
12:46Il y a des bureaux de vote, vous allez voter, etc.
12:49Vous pouvez voter en déposant votre bulletin
12:53dans ce qu'ils appellent des ballot drop box.
12:57C'est vraiment comme une sorte de boîte postale métallique,
13:02très renforcée, qui sont placées devant des bâtiments
13:06officiels sous vidéosurveillance.
13:08Voilà, je parle de ça parce qu'il y a une histoire cette semaine
13:13dans l'Oregon et dans l'état de Washington.
13:15Il y a eu trois ballot boxes qui ont été incendiées.
13:18Alors, elles ont été assez peu endommagées parce qu'ils ont des systèmes de
13:21protection qui sont très, très, très forts.
13:24Mais bon, il y a eu une enquête qui est ouverte pour savoir si c'est un serial
13:28pyromane qui essaye de...
13:31Sachant que c'est un mode de scrutin qui avait été très critiqué par les
13:35Républicains en 2020 parce qu'ils étaient accusés de
13:39manipulation, etc.
13:40Et il y a des votes qui ont été perdus, là, potentiellement ?
13:42Alors, très peu parce qu'il y a une sorte de code barre
13:46dans les enveloppes qui permettent de savoir, d'identifier
13:50quel était l'électeur et de le retrouver, etc.
13:52Mais là, ils étaient encore en train de compter le nombre de bulletins
13:55qu'elles signaient pour voir... Ils savaient exactement à quel moment, parce
13:59qu'ils relèvent la boîte très régulièrement, donc ils savaient exactement à
14:02quel moment les bulletins qui ont été déposés, à quel moment
14:06les gens sont venus voter. Donc, ils peuvent recontacter les gens pour leur
14:09dire... Donc, à priori, il y aura peut-être très peu de voix,
14:14mais ça peut un peu effrayer les gens de se dire, non, mais moi, je ne vais pas
14:17voter de cette façon-là. Et ensuite, il y a la façon classique de voter,
14:22c'est-à-dire, mardi, ouverture du bureau de vote selon si c'est une petite
14:25ville ou une grande ville, à 8h le matin jusqu'à 19h, 20h,
14:30selon, encore une fois, la taille de la ville. Et là, vous défilez.
14:33Alors, ce qui est différent dans la manière de voter des Américains,
14:36c'est que c'est dommage... Enfin, on ne peut pas vous montrer, mais le bulletin
14:39de vote aux États-Unis, c'est un grand, grand délire.
14:43Ça fait à peu près ma taille, debout, parce qu'en fait,
14:47ils votent pour énormément d'élections en même temps.
14:50Ils votent pour la présidentielle, il y a un tiers du Sénat
14:55qui est renouvelé en même temps. Donc, si c'est le cas de leur État, ils vont
14:58voter pour leur sénateur, ils votent pour leur représentant, la Chambre des
15:01Représentants. Si ils ont un gouverneur dont le mandat est remis en jeu ou
15:05qu'ils vont voter pour leur gouverneur.
15:08Il y a des dizaines et des dizaines d'élections, sachant qu'il y a en même
15:10temps, je ne sais plus, je crois, 150 référendums en parallèle
15:15sur l'avortement, sur le cannabis, sur...
15:18Et souvent, des questions aussi très, très spécifiques à un État en particulier,
15:22vraiment des questions très locales.
15:24C'est le cas à toutes les élections présidentielles américaines, il y a
15:26toujours tout un tas de scrutins comme ça, parallèles.
15:28En fait, ça s'appelle les élections générales.
15:30C'est pour ça qu'on dit élections au pluriel, alors qu'il n'y a qu'un tour à
15:34la présidentielle. Si on disait la présidentielle américaine au singulier et
15:37les élections américaines au pluriel, parce qu'il y a effectivement énormément
15:41de scrutins en même temps. Et donc là, c'est un grand délire parce que
15:43franchement, c'est super compliqué.
15:45Il faut cocher les petites cases et puis en fait, là, je ne vous dis que des
15:48postes où les gens voient à peu près quel genre de boulot ça correspond.
15:53Mais il y a aussi le secrétaire d'État, le gouverneur adjoint, ils peuvent voter
15:59pour le shérif, ils peuvent voter pour les juges, ils peuvent voter.
16:03Il y a énormément d'élections et ce n'est pas la même chose d'un État à
16:06l'autre. Donc voilà, je faisais cette longue digression pour dire que c'est
16:12très compliqué, ça prend beaucoup de temps.
16:14Il faut vraiment vachement s'informer pour voter à toutes ces élections en
16:18même temps. Et donc, parmi les indécis, tu t'étonnais du fait qu'on soit
16:23indécis avec des profils, effectivement, complètement à l'opposé.
16:28Mais c'est aussi qu'il y a des gens qui ne se sentent pas du tout concernés par
16:33les élections.
16:33Aux dernières élections, j'ai une anecdote à raconter.
16:35J'avais chez moi une amie américaine qui vivait chez moi pour quelques mois et
16:41qui a donc voté à distance sur Internet.
16:44Et en fait, elle m'a montré le bulletin et effectivement, comme dit Isabelle,
16:48c'était plusieurs pages de bulletins avec des petites cases et des questions
16:52invraisemblables. Elle venait du Colorado et pour voter, ça lui a pris à peu
16:56près une demi-heure pour remplir toutes les cases.
16:59Donc effectivement, ce que disait Isabelle, il faut avoir le temps.
17:03Ce n'est pas seulement comme nous, quand on va voter, on fait un peu la queue
17:06s'il y a une influence importante et on ressort assez rapidement.
17:10Parce que si on vote, on est obligé de voter pour tout.
17:12Sinon, le bulletin n'est pas...
17:13Non, non, il faut que le bulletin soit...
17:15Il faut voter pour tout et du coup, ça prend un temps fou et tu peux faire la
17:18queue pendant quatre, cinq heures.
17:19Je veux dire, il y a des États aux Etats-Unis, il y avait des histoires en
17:23Géorgie où les gens faisaient la queue pendant cinq, six heures.
17:28C'est un délire.
17:30On peut être très motivé.
17:32Et on connaît la part des indécis,
17:35des électeurs américains ?
17:36Honnêtement, je ne me rappelle plus des derniers chiffres, mais je peux regarder
17:38discrètement quand la caméra revient sur toi.
17:42Je vais en profiter du coup pour poser quelques questions dans le chat pendant
17:45que Isabelle cherche cette information.
17:47Une première question sur le vote des Américains habitants à l'étranger.
17:51Tu le mentionnais, par exemple, Sonia, j'ai entendu dire que Hawaï,
17:54Porto Rico et Guam ne peuvent pas voter pour des grands électeurs.
17:58Est-ce que c'est vrai ?
17:59Alors ça, c'est Isabelle la spécialiste.
18:02Est-ce que Hawaï, Porto Rico et Guam ne peuvent pas voter pour des grands
18:04électeurs ?
18:05Alors si Hawaï peut, c'est un État.
18:09Par contre, Guam et Porto Rico, non.
18:10Effectivement, ils ne votent pas aux élections générales.
18:15Ils voteront pour leurs représentants locaux,
18:20mais pas pour le reste.
18:23Il y a un endroit aux Etats-Unis qui a un statut à part, c'est
18:28Washington District of Columbia, Washington DC, la capitale américaine,
18:33qui n'est pas un État non plus.
18:35Mais eux, ils ont obtenu, ils ont le même nombre de grands électeurs
18:39que les plus petits États, c'est-à-dire trois.
18:42Et parce qu'en fait, ces grands électeurs, ils sont calculés en fonction du
18:46nombre d'élus que l'État a au Congrès.
18:49Donc, c'est toujours deux sénateurs.
18:50Il y a toujours deux sénateurs par État, quelle que soit la taille de l'État,
18:53quelle que soit sa démographie.
18:55Et par contre, à la Chambre des représentants, les représentants, eux,
18:59leur nombre est calculé en fonction de la taille de la population.
19:03Tout ça est expliqué ultra clairement sur notre site, puisque notamment
19:07Isabelle s'est embêtée à expliquer tout ça en détail pour que justement, on
19:10puisse s'y retrouver. On aura aussi le jour des élections une carte interactive
19:14sur laquelle on pourra cliquer pour avoir effectivement, au fur et à mesure,
19:17les résultats qui s'actualiseront.
19:19Donc, n'hésitez pas à aller voir sur le site
19:24ce qu'on a déjà produit et ce qu'on va continuer à produire pour les prochains jours.
19:29J'allais dire que c'était le moment parfait pour détailler le dispositif de
19:31libération pour cette élection américaine, puisque c'est dans la nuit.
19:34Déjà là, il y a déjà la newsletter hebdomadaire qui est accessible.
19:38Je vous remettrai le lien aussi tout à l'heure.
19:40Vous pouvez vous y inscrire gratuitement.
19:42Bi-hebdomadaire même maintenant.
19:43Bi-hebdomadaire où vous retrouvez tous les articles
19:47qu'on a publiés, les grands enjeux, tout ce qui s'est passé.
19:51Et vous avez aussi, en bi-hebdomadaire, le journal de campagne qui
19:57paraît le mardi et le vendredi et qui reprend
20:02toutes les petites infos qui sont sur les élections, les derniers
20:05sondages, où est-ce qu'on en est, qu'est-ce qu'il y a eu comme anecdote, quelle phrase est
20:08sortie ? Il y a même des quiz, si vous voulez vous amuser un petit peu sur
20:13les élections américaines. Et voilà.
20:15Et donc la nuit du mardi 5 novembre, comment ça va se passer
20:19pour suivre ces résultats ?
20:21Alors, on a d'ores et déjà, on s'appuie sur un dispositif assez
20:25lourd. On a aux États-Unis, on a notre correspondant Julien Gester en
20:29place, mais on a aussi deux envoyés spéciaux, Frédéric
20:33Autran et Benjamin Delisle, et également
20:38deux autres, deux à trois autres correspondants qui
20:42sont tous dispatchés dans les différents États,
20:46justement les fameux swing states, qui seront donc là à la fois pour
20:50suivre les résultats, mais aussi pour suivre les éventuels problèmes
20:54qui pourraient survenir après en cas de résultats contestés, etc.
20:58Donc ça, c'est l'équipe sur place.
21:00Et à Paris, on va ouvrir un live, qu'on va ouvrir
21:04déjà le lundi 4 et qu'on ouvrira ensuite le lundi 5.
21:07Le mardi 5, pardon, et qui va rester ouvert au moins 48 heures, donc nuit
21:11et jour, 24 heures sur 24, avec une couverture complète.
21:15Donc, on aura à la fois les reportages de nos envoyés spéciaux et puis on aura
21:18les papiers d'analyse, les petites infos.
21:21Il y aura... On est plusieurs à se préparer, à essayer de
21:25dormir, se coucher tôt, puisqu'on sait tous qu'on va être au bureau
21:29pour animer ce live. Je crois que tu seras là aussi avec nous, Emmanuel, pour la
21:33nuit du 5 au 6, sachant, et je suis désolée de devoir
21:37le dire et le répéter, mais qu'on n'est pas complètement sûrs d'avoir un vainqueur
21:40le mardi 6, le mercredi 6 au matin.
21:43C'est à quel moment qu'on pourrait être certain de connaître le président, enfin
21:47le nouveau président ou la nouvelle présidente des Etats-Unis ?
21:49Bonne question.
21:53On peut juste se rappeler qu'en 2020, on a vu les résultats
21:58officiels le samedi après-midi, donc ça avait pris quatre jours.
22:03Là, le paysage d'avant à une semaine du scrutin paraît encore plus
22:08serré, et plus les résultats sont serrés, plus il y aura de recours dans les
22:12Etats, des demandes de recomptage, etc.
22:15Donc, s'il y a un rat de marée pour l'un ou pour l'autre,
22:20on peut savoir à 6 heures du matin, heure française,
22:24mercredi, si ce n'est pas le cas ou s'il y a des résultats
22:28ambigus ou si, j'en sais rien, il y a des demandes en recours
22:33pour une polémique sur un bureau de vote
22:37quelque part dans un swing state, on ne sait pas.
22:40Après, concrètement, en termes de ce qui va se dérouler pendant la nuit,
22:45on a les premiers résultats vont tomber, et notamment en Géorgie,
22:49autour d'une heure du matin, heure parisienne ou heure française.
22:52Donc, déjà là, on aura un premier début d'indication, sachant que c'est
22:56dépouillé comté par comté. Donc, on n'aura pas les résultats globaux de la
22:59Géorgie à une heure du matin. On aura les premiers résultats des premiers
23:02comtés en Géorgie qui tomberont.
23:05Ensuite, on aura vers 3-4 heures du matin, si je ne me trompe pas,
23:08les résultats en Floride, qui est un autre swing state très important.
23:13Il n'est pas en jeu dans cette élection.
23:14Ce n'est pas considéré comme un swing state.
23:17Mais il est considéré comme on le regardera parce que c'est un
23:20état républicain et où, parfois, il peut y avoir, et a priori,
23:25d'après ce qu'on a recueilli comme information, Donald Trump devrait être
23:29dans son golf à Mar-a-Lago pour attendre les résultats.
23:33Mais c'est vrai que si on avait une grosse surprise, par exemple, en
23:36imaginant que la Floride, à ce moment-là, bascule
23:40et devienne démocrate, donc bascule en faveur de Harris.
23:43Dans ce cas-là, on aurait des résultats.
23:45On pourrait d'ores et déjà prédire
23:50qu'il est fortement possible qu'effectivement Kamala Harris devienne
23:53présidente. Mais c'est une probabilité qui est très petite.
23:56Donc, on va passer la nuit à scruter chaque début de résultat et chaque
24:00tendance qui pourra nous donner une indication vers
24:05où la balance va pencher.
24:07Mais on peut se retrouver, comme dit Isabelle, avec...
24:10On peut avoir une énorme surprise avec, effectivement, les sondages se sont
24:13plantés. Donc, la marge d'erreur est...
24:14Ce qui est intéressant avec cette histoire de marge d'erreur de 1, 2 points
24:17de différence, c'est qu'en fait, on est dans la marge qui veut dire qu'ils
24:20peuvent avoir tout faux et qu'en fait, finalement, il peut y avoir 4 points ou
24:245 points de différence pour l'un ou l'autre des candidats.
24:26Et dans ce cas-là, on se retrouve le 6 au matin avec, a priori, un président
24:30Après, il y aura peut-être des recours et l'un qui dira c'est pas juste, il faut
24:34recompter, machin. Mais on aurait peut-être un président.
24:36Mais il est aussi, et pour le moment, assez probable qu'on se retrouve avec
24:41c'est très serré, ça reste très serré et on n'a pas de résultat définitif.
24:44Et ça peut durer plusieurs heures, plusieurs jours.
24:46Effectivement, la dernière fois, ça avait duré 5 jours.
24:49Sachant que, comme on en parlait tout à l'heure, il y aura déjà beaucoup
24:54de bulletins qui sont déjà
24:58dans les urnes aux Etats-Unis.
25:01Selon les Etats, ils ont ou pas le droit de les dépouiller
25:07avant la clôture des bureaux de vote le 5 au soir.
25:13Le problème, c'est qu'en Pennsylvanie, les Républicains, qui essayent de préempter
25:18tout ce qui pourrait rendre l'élection lisible et claire, ont empêché
25:23le fait de dépouiller par avance.
25:26Donc la Pennsylvanie, qui est le plus gros swing state,
25:29qui a 19 grands électeurs en jeu,
25:33la Pennsylvanie ne peut pas commencer à dépouiller par avance.
25:35Donc, par exemple, la Pennsylvanie, on n'a aucune idée de quand les résultats vont
25:39tomber. Et c'est un état extrêmement serré et extrêmement stratégique.
25:42Donc, est-ce qu'on va être suspendu au résultat
25:47de cet état-là ? C'est bien possible.
25:50As-tu trouvé la part des électeurs, si on parlait d'ici ?
25:54Google a trouvé plus précisément 13 %.
25:58On estime à 13 %, sachant que ça peut faire basculer l'élection.
26:02Ça peut faire basculer l'élection, sachant qu'à chaque fois, la question, c'est
26:05quand on dit indécis, on parle beaucoup des électeurs indépendants, c'est-à-dire
26:09qu'ils ne sont ni enregistrés comme électeurs républicains, ni comme électeurs
26:12démocrates. Il se trouve qu'en 2020, les indépendants
26:17avaient voté en majorité en faveur de Joe Biden
26:21et que cette année, c'est beaucoup plus difficile de lire
26:25leur comportement électoral. Donc, c'est probablement
26:29eux qui vont faire l'élection.
26:31Je vous relaie une question du chat.
26:33Est-ce que le fait que Harris soit une femme noire peut lui faire perdre quelques
26:36électeurs ?
26:38Très bonne question. Sachant que c'est deux questions, il y a deux choses
26:43à dérouler dans la question.
26:46Harris, elle a fait très attention à ne pas se présenter comme une femme.
26:50C'était très marquant, notamment à la convention démocrate que j'ai suivie cet
26:54été à Chicago.
26:57On l'attendait vachement là-dessus.
26:59La première femme qui est allée jusqu'à la nomination démocrate, c'était Hillary
27:02Clinton en 2016. Et elle, elle a fait vraiment campagne là-dessus.
27:07Quand elle a accepté la nomination du parti, elle était habillée en blanc, qu'elle
27:10a la couleur des suffragettes.
27:12C'était vraiment toute une...
27:14La campagne de 2016, c'était une grande discussion
27:18sur faire exploser le plafond de verre.
27:23Harris, elle a fait le choix de ne pas du tout faire ça, justement parce
27:26qu'en 2016, une partie du succès de Trump a été la réticence
27:31d'une partie de la population américaine à élire une femme.
27:33Tout simplement, il y a un grand rejet
27:38de ça. Donc elle, elle a été maligne.
27:40Elle a appris de l'échec
27:45de Clinton en 2016 et elle a décidé.
27:48C'est totalement absent de sa campagne.
27:51Elle, peut-être que d'autres gens le font à sa place, mais elle ne dit jamais
27:55je serai la première femme présidente des Etats-Unis, je serai la première femme
27:59à la Maison Blanche, etc. Elle ne l'a jamais dit.
28:01Elle se présente comme la candidate la plus qualifiée pour devenir présidente des
28:05Etats-Unis.
28:05Elle, elle parle de ses compétences, elle parle de sa carrière, elle parle de son
28:08expérience. Voilà, mais elle ne met jamais en avant le fait
28:12qu'elle est une femme parce qu'elle a peur
28:18d'avoir le même rejet que Clinton, je pense, mais aussi parce que ça lui permet
28:22d'essayer de brasser, justement, de séduire les républicains anti-Trump.
28:28Et il y en a qui seraient peut-être un peu
28:33réfractaires à élire une femme qui se présente comme un petit peu trop femme,
28:37femme puissante. Mais par contre, quelqu'un qui gomme son genre comme elle le fait,
28:43ça, ça peut leur convenir.
28:47Sur la question de femmes noires,
28:52sachant que c'est femmes noires et femmes asiatiques, puisqu'elle est
28:55fille d'Indiens et de Jamaïcains, ses parents étaient
28:59Indos et Indiens-Jamaïcains.
29:03C'est compliqué parce que c'est compliqué au niveau des électeurs, des hommes
29:08noirs. C'est un électorat qui faisait vraiment partie intégrante de la
29:12coalition victorieuse de Joe Biden.
29:15Il a vraiment remporté une part très, très élevée du vote.
29:19Alors, je parle comme ça parce qu'à chaque fois, je sais que c'est bizarre en
29:22français, mais aux États-Unis, ils ont des statistiques sur tout.
29:25Ils ont des statistiques ethniques, géographiques, extrêmement.
29:28C'est très facile de savoir où sont les latinos, les mères célibataires
29:32latinos du Wisconsin.
29:33On peut savoir exactement sur la carte où elles sont parce qu'entre les
29:36recensements, toutes les études d'opinion qui sont menées, il n'y a aucun
29:40tabou sur ces sujets-là, contrairement à la France.
29:44Donc, on sait précisément que c'est là où ça pêche pour Harris.
29:48C'est sur ces électeurs noirs.
29:49D'ailleurs, un de nos envoyés spéciaux, Benjamin Delisle, vous fera
29:54prochainement un reportage sur ce week-end, vous pourrez lire ça dimanche sur le site.
29:59Voilà, elle a du mal là-dessus parce que aussi Trump a
30:03réussi à progresser dans cet électorat.
30:06Ça fait partie un peu des grands mystères.
30:08Oui, ça peut paraître assez étonnant.
30:11Absolument, mais c'est frappant.
30:15Tous ceux qui ont assisté à des meetings de Trump pendant cette campagne
30:19le relatent et l'écrivent dans leur récit.
30:22Il y a la présence, effectivement, inhabituelle ou inédite, en tout cas,
30:27d'une population afro-américaine assez importante.
30:32En parlant de Trump, ça me permet de revenir aussi sur ce qu'on disait tout à
30:36l'heure aussi sur l'acceptation ou non du résultat de ce scrutin,
30:41avec une question dans le chat sur Donald Trump.
30:43Jusqu'où pourrait-il aller en cas de contestation du résultat en termes d'insurrection ?
30:48Et même s'il gagne, est-ce qu'il peut très vite virer autoritaire ou pas ?
30:55Alors, il y a plein de moments qui seront vulnérables
31:01dans les jours qui vont suivre et les mois qui vont suivre l'élection.
31:05Donc, on peut établir un peu des scénarios de ce qui peut se passer.
31:09Si Trump gagne, est-ce qu'il peut devenir autoritaire ?
31:16Enfin, en tout cas, il en a les plans d'attaque.
31:19Il s'appelle Project 2025, qui est une sorte de feuille de route
31:22qui a été écrite par la Heritage Foundation,
31:24qui est un think tank ultra conservateur,
31:30qui lui a vraiment expliqué comment faire, comment mettre au pas
31:34tous les fonctionnaires américains, comment mettre au pas le système judiciaire.
31:39Voilà, tout ça est écrit.
31:41Et après, la question de ce qu'il prendra ce chemin-là,
31:44s'il est élu ou pas, c'est un peu difficile à dire.
31:49Ce qu'on peut juste dire aujourd'hui,
31:51c'est que les garde-fous qui étaient présents en 2016
31:55ne le sont plus pour la plupart.
31:57C'est-à-dire les garde-fous qu'il y avait au niveau du Parti républicain,
32:00ils ont tous perdu, ils ont tous été challengés dans des primaires
32:04par des candidats pro-Trump, ils ont tous perdu, je veux dire.
32:08Tous ceux qui avaient voté pour l'impeachment,
32:10les rares républicains, les dix pauvres républicains
32:13qui avaient voté pour l'impeachment de Trump après le 6 janvier,
32:17ils sont plus à la Chambre des représentants.
32:20Ils ont tous, voilà.
32:21Dans son entourage, c'est la même chose.
32:24Il n'y a plus les garde-fous qu'il y avait avant.
32:28Donc voilà, encore une fois, ça ne préjuge en rien du président,
32:32du 47e président qu'il deviendrait.
32:35Mais en tout cas, c'est assez peu rassurant.
32:37Ensuite, s'il perd,
32:39s'il perd, il y a effectivement plein de scénarios possibles
32:42parce qu'encore une fois, le système américain est extrêmement
32:49abscons et confus, etc.
32:51C'est-à-dire qu'il y a plein d'étapes pour en arriver.
32:55D'ailleurs, comme vous le savez, l'élection, c'est le 5 novembre.
32:59Mais le changement de président, c'est le 20 janvier.
33:02Il y a toute cette période qu'on appelle lame duck
33:04parce qu'on a un président qui ne peut plus faire grand-chose.
33:07Mais le nouveau ou la nouvelle n'est pas encore en place.
33:11Et c'est cette période-là qui est très sensible.
33:13C'est ce qui s'est passé aux dernières élections.
33:16C'est comme ça qu'on est arrivé en quatre mois,
33:18même pas trois mois, à l'insurrection du 6 janvier.
33:21Ce qui se passe, c'est qu'il y a des moments de certification des résultats.
33:25Donc, on pense qu'au niveau des comtés, comme il y a beaucoup de election deniers,
33:31donc les gens qui ont refusé d'accepter les résultats de 2020,
33:34qui se sont fait élire dans ces instances-là,
33:37c'est les instances qui vont devoir certifier les résultats.
33:39Donc eux, par exemple, ils peuvent refuser de certifier la victoire de Kamala Harris dans leur comté.
33:47La même chose se passe au niveau des États.
33:49Il y a tous les grands électeurs qui se réunissent le 17 décembre, je crois.
33:54C'est mi-décembre, on va dire, pour certifier les résultats.
33:59Donc là, il peut y avoir du grabuge aussi à ce moment-là.
34:03Et ensuite, il y a le 6 janvier 2025, où là, c'est la certification par le congrès de l'élection.
34:09Donc, c'est un peu les moments où on craint une rébellion de pro-Trump,
34:20qui n'accepterait pas le résultat.
34:22Et ce qui est certain, c'est que les risques de troubles,
34:27plus le résultat sera serré, plus il sera facile,
34:31et notamment pour Donald Trump, de contester le résultat,
34:34en disant, c'est pas clair, il faut recompter, etc.
34:38Il jouera là-dessus.
34:39Effectivement, on l'a vu à la dernière élection.
34:42Ce n'est pas comme s'il était allé en s'assouplissant ou s'adoucissant au cours des dernières années.
34:52La campagne, on le voit, il n'a plus vraiment de limites au niveau de l'outrance,
34:55au niveau de pas mal de choses.
34:57Donc, il n'y a aucun doute sur le fait que si l'élection est extrêmement serrée,
35:01il utilisera tous les moyens possibles.
35:03L'ego est probablement limite l'ego pour la contester.
35:08Si, en revanche, on a une surprise et qu'on a une élection assez claire en faveur,
35:13par exemple, de Kamala Harris, ce sera sans doute beaucoup plus difficile
35:17et peut-être moins simple les troubles, etc.
35:20Mais on est tous sur des charbons ardents
35:23parce qu'on ne s'attend pas à une transition,
35:26quelle qu'elle soit d'ailleurs, calme, ordonnée, raisonnable et respectueuse.
35:31Il y a peu de doute là-dessus.
35:34Tu parles d'un Donald Trump qui ne sait pas s'agir ces dernières années, ces dernières semaines.
35:38La campagne présidentielle américaine a aussi été assez impressionnante
35:42avec des événements, d'abord avec l'arrivée déjà de Kamala Harris,
35:46puis deux tentatives d'assassinat quand même sur Donald Trump,
35:50d'autres événements ensuite.
35:52Comment se fait-il que cette campagne n'ait pas fait basculer plus nettement
35:56ce scrutin d'un côté ou de l'autre, alors qu'elle a été quand même assez exceptionnelle,
36:01alors qu'au Cambolais, en tout cas, il y a eu beaucoup, beaucoup de choses.
36:03Et pourtant, elle ne semble pas avoir dessiné de vainqueur potentiel.
36:06Je vais laisser Isabelle développer, qui développera sûrement mieux que moi.
36:09Mais sur ça, je pense que la campagne illustre ce qu'est,
36:15ce que sont les États-Unis aujourd'hui, à savoir un pays profondément divisé
36:19et profondément polarisé où chacun a l'impression d'avoir raison
36:23et que son camp a raison, etc.
36:25Et finalement, ce qu'on a vu effectivement cet été,
36:30c'est que les variations et quels que soient les événements
36:34qui ponctuent cette campagne, qu'ils soient dramatiques ou pas,
36:39chacun reste campé sur ses positions.
36:40Et en fait, c'est une illustration, je pense, de la division profonde du pays.
36:44C'est sûr que la polarisation, c'est une partie de la réponse
36:49qui a atteint vraiment une gravité assez dingue.
36:55C'est-à-dire, il y a beaucoup de familles qui se sont déchirées autour du vote
37:00et pour toujours.
37:01Moi, j'ai plusieurs amis dont c'est le cas,
37:05qui ne parlent plus à leurs parents depuis 2016.
37:07Maintenant, il y a autre chose, parce qu'effectivement,
37:11il y a eu beaucoup de rebondissements dans cette campagne.
37:13Et ce sont des rebondissements qui ont eu un impact sur les sondages,
37:18mais qui n'ont pas été durables.
37:20C'est-à-dire qu'effectivement, il y a eu le débat catastrophique de Biden fin juin.
37:24Il y a eu là où Biden était complètement dans les choux
37:29et Trump était très largement en tête dans la plupart des swing states.
37:34Ensuite, il y a eu l'abandon de Biden.
37:40Non, pardon, il y a d'abord eu l'assassinat dans l'ordre.
37:43L'assassinat, l'attentatif.
37:44Pardon, l'attentatif d'assassinat,
37:46d'où Trump s'est tiré comme un espèce de martyr,
37:50l'oreille en sang, le point levé, fight, fight, etc.,
37:54qui a beaucoup galvanisé ses fans.
37:57Et puis ensuite, il y a eu l'abandon de Biden
38:00et le démarrage de la campagne de Harris,
38:03qui a été très puissante et super impressionnante à suivre.
38:06Parce que c'est là où on se rend compte à quel point le Parti démocrate
38:08est une énorme machine, très bien financée.
38:11Donc, elle a été portée par ce début de campagne
38:16avec le couronnement à la Convention démocrate à Chicago,
38:19où là, elle faisait la course en tête assez nettement.
38:22Et puis ensuite, ça s'est essoufflé là, depuis deux, trois semaines.
38:27En fait, ça fait deux, trois semaines que son avance a tellement diminué
38:32que c'est même plus au coude à la coude, là, c'est la même chose.
38:37Et donc, pour moi, il y a des raisons effectivement profondes,
38:40il y a des raisons idéologiques indéniables.
38:45Il y a une chose qui est très importante pour les Américains,
38:47c'est qu'ils votent avec leur portefeuille.
38:49Et ils ont une lecture de l'économie.
38:51Je pense que le monde dans lequel on a vécu ces dernières années
38:54a été tellement compliqué, a été tellement violent
38:57qu'eux, ils ont un niveau de lecture qui est vraiment
39:01combien coûte mon plein d'essence,
39:06c'est combien coûte mon plein de course à Walmart.
39:10Et il faut se rendre compte qu'aux États-Unis,
39:12il n'y a vraiment pas de filet de sécurité de l'État.
39:18Donc, c'est vraiment, vous vivez avec ce que vous pouvez.
39:23Alors, parfois très bien, puisque c'est un système
39:24qui permet à certains de très, très bien vivre
39:27et puis à d'autres, pas du tout.
39:28Et ce qui s'est passé, c'est que l'économie post-Covid
39:32aux États-Unis, elle a connu une inflation très impressionnante
39:36qu'on ne peut pas du tout imaginer en France.
39:38Moi, je reviens souvent aux États-Unis et à chaque fois,
39:41je laisse passer quelques mois entre les deux et à chaque fois,
39:43tout a pris 30%, 40%.
39:47Donc maintenant, elle est sous contrôle à tel point
39:49qu'ils ont réussi à enfin baisser les taux
39:51à la Banque centrale américaine.
39:53Mais ça a beaucoup fait souffrir les Américains
39:57et les Républicains et le camp Trump
40:01ont réussi à faire cette petite musique de rappelez-vous
40:04à quel point l'économie, elle était géniale
40:08sous moi, sous mon mandat,
40:10à quel point le taux de chômage était bas, etc.
40:13Le seul truc qui a fait foirer, c'est la pandémie.
40:15Mais en gros, ce n'est pas de notre faute.
40:18Et Biden qui est passé derrière et qui a épongé tout ça,
40:22qui a lancé d'énormes plans d'investissement
40:24avec un ruissellement qui est tout à fait palpable
40:27au niveau de plein, plein d'États sur des secteurs très variés,
40:31allant des semi-conducteurs aux énergies renouvelables,
40:36aux transports.
40:37Il y a vraiment eu des enfants de grands plans d'investissement
40:40dans les infrastructures, ce qui était la grande promesse
40:42de Trump pendant tout son mandat, mais qu'il n'a jamais fait.
40:45Eh bien, eux, on les accuse d'avoir creusé le déficit,
40:49d'avoir fait couler l'économie américaine.
40:52Et vraiment, il y a un truc, on en reparlait avec Frédéric Autran,
40:55qui est un autre, qui était le correspondant avant moi
40:57et qui est en ce moment aux États-Unis.
41:00C'est à quel point le monde extérieur n'existe pas
41:03dans la tête de beaucoup d'Américains,
41:05mais en particulier des Républicains.
41:07Et quand on leur parle du fait que l'inflation,
41:10ça a été un phénomène mondial qui a été énormément accéléré
41:13par la guerre en Ukraine, par des problèmes
41:16sur le transport maritime, il y a énormément de raisons,
41:19par la hausse du prix de l'énergie dans le monde entier
41:22à cause des répercussions de la guerre en Ukraine.
41:26Ça, ils n'entendent pas du tout.
41:26C'est-à-dire que pour eux, c'est la faute à Biden.
41:29C'est vraiment aussi simple que ça.
41:31Donc, qu'il y ait une intention idéologique,
41:36qu'il y ait un racisme profond,
41:38c'est vrai pour une bonne partie des électeurs de Trump,
41:42qui quand même, on n'en a pas parlé jusqu'ici,
41:44mais qui promet de...
41:45Quand on parlait de ce que ce serait un tyran dès le premier jour,
41:49il a promis dès le premier jour
41:50d'expulser massivement les sans-papiers des États-Unis.
41:58Mais voilà, donc il y a ce fonds-là
42:01qui probablement marque beaucoup ses électeurs
42:04et les pousse à voter pour lui.
42:06Il y a aussi la réalité de leur vie économique
42:09et d'une reprise qui a été plus ou moins favorable
42:12selon les États et qui conditionne leur vote pour Trump.
42:16Pour achever nos discussions,
42:17un petit mot peut-être sur les événements,
42:19les grands moments encore à venir dans ces six derniers jours
42:22avant les premiers résultats.
42:26Est-ce qu'il y en a, est-ce qu'il y a encore des moments
42:27qui peuvent potentiellement faire basculer ce vote ?
42:31Alors, qu'il puisse faire basculer le vote,
42:34ça, on ne peut pas savoir
42:35parce que là, pour le coup, ce serait un événement
42:37dont on n'a pas...
42:37Ce ne serait pas un événement planifié
42:39qui puisse faire basculer le vote.
42:40Donc, ce serait un attentat,
42:42une gaffe, une méga gaffe,
42:44un document qui sort subitement,
42:46qui montre que je ne sais pas quoi.
42:48Et même ça, je ne suis même pas sûre
42:51parce que quand on pense aux casseroles que trimballe Trump
42:54et que ça a en gros l'impact sur les intentions de vote
42:58à son égard, ça ne varie pas.
43:03Après, il y a une série, évidemment,
43:05les candidats, il n'y a pas de période de carence aux États-Unis
43:09où on arrête de faire campagne
43:11pour un moment de réflexion pour l'électeur.
43:13Donc, on ne lui laisse aucun moment de pause.
43:16Donc, en fait, ça va être jusqu'au 5,
43:18au moment où vont ouvrir les bureaux de vote,
43:20que les deux candidats vont faire un marathon de meetings,
43:25de rencontres dans différents États
43:27et essentiellement, pratiquement, les swing states.
43:31Et il y avait juste un point que je voulais soulever,
43:34si on veut regarder le verre à moitié plein,
43:35en parlant plutôt de Kamala Harris.
43:37Du coup, il faut quand même souligner,
43:40en dépit d'un petit peu de la perte de la dynamique
43:45qui avait été enclenchée au moment de sa nomination,
43:47le fait qu'avec une campagne qui a été réduite
43:52en gros, même pas quatre mois,
43:55qu'elle arrive à talonner,
43:57voire dépasser Trump à ce moment-là,
44:01c'est assez remarquable.
44:02Et c'est ce que dit Isabelle,
44:04ça souligne à quel point la machine démocrate
44:06est impressionnante.
44:07Mais c'est aussi une performance personnelle de sa part,
44:09puisqu'effectivement, jusqu'à présent, en tout cas,
44:11on n'a pas eu de dérapage incontrôlé
44:15ou de méga gaffe.
44:17Donc, voilà.
44:18Donc, maintenant, on est à ce moment-là et on attend.
44:21On tremble un peu et on stresse pas mal
44:25de savoir ce qui va se passer.
44:28On va faire tout de suite le tchat,
44:29une petite pause le temps que je libère Sonia et Isabelle.
44:32Et ensuite, je vous renverrai vers tous les articles
44:35de libération actuellement
44:37par rapport à cette campagne présidentielle américaine.
44:39Dis-moi, Sonia.
44:39Sachant que demain, nous serons avec une une américaine
44:42à nouveau pour justement parler de les États-Unis
44:46au bord du précipice ou pas.
44:48Et effectivement, ce que racontait Isabelle,
44:50comment une présidence Trump 2
44:53pourrait achever de tricoter ce qui fait la démocratie
44:59et le modèle de démocratie qu'a pu être les États-Unis
45:02pendant des années.
45:04Eh bien, merci beaucoup à toutes les deux.
45:06Merci, Sonia et Isabelle, d'avoir été avec nous
45:07pour discuter de cette campagne présidentielle américaine.
45:10Merci à toi et rendez-vous mardi soir.
45:13Mercredi matin sur le site.
45:18Sous-titrage Société Radio-Canada

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