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Retrouvez " Moi ce que j'en dis" de Ahmed Sparrow sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/ahmed-sparrow-moi-ce-que-j-en-dis

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Amusant
Transcription
00:00Après une semaine de pause, il est encore là, tenace mais plus pour longtemps si on
00:04en croit le rédac chef qui veut sa peau, le retour du chouchou de ces dames qui a donc
00:08décidé de m'utiliser pour se forger une réputation de beau-gosse, Amès Paron, bonjour !
00:12Bonjour tout le monde, bonjour tout le monde, alors moi je suis là pour vous parler de
00:14pollution visuelle, alors qu'est-ce que c'est ? C'est quoi ? C'est un critère esthétique
00:17qui se caractérise par la modification dégradante d'un paysage, soit privé ou public, voilà,
00:23ça c'est la définition internet.
00:25Moi, ce que j'en dis c'est que c'est vrai, elle est présente partout, à commencer par
00:29les ronds-points, c'est abusé, dans tous les ronds-points en France, je sais pas ce
00:32qu'ils ont, ils sont passé le mot les maires des villes, il y a un concours, dans chaque
00:35rond-point il y a une oeuvre d'art éclatée qui a coûté un million, je sais pas, tellement
00:39de ronds-points en France qu'il y a un classement des ronds-points les plus moches de France,
00:43et moi j'ai checké, je suis tombé sur le rond-point de Perpignan, ils ont créé un
00:45cadran solaire pour qu'ils puissent lire l'heure, très intelligents les Perpignanais,
00:49ben ouais parce que du coup t'arrives en voiture, tu le vois pas, pour le lire il
00:52faut un hélicoptère, c'est une idée de génie, moi je préférais encore quand les
00:57ronds-points ils étaient occupés par les gilets jaunes, au moins il y avait une ambiance,
00:59des grillades, des bagarres, il y avait un truc. Aujourd'hui tu quittes Paris pour la
01:02nature, et pour mieux respirer tu tombes sur des pylônes, des lignes à haute tension,
01:06moi je pense aux oiseaux les pauvres, ben ils volent, ils jouent à Mikado, tu touches
01:09une ligne t'es mort. Avant dans le train je prenais des photos des paysages, on a tous
01:14fait ça, tu prenais des photos des paysages, aujourd'hui tes photos elles ressemblent plus
01:16à des scènes de films de science-fiction bas budget avec des placements de produits
01:19pour bric-au-dépôt, tu comprends rien, tu pars en week-end en voiture, tu te rends
01:22compte que les autoroutes c'est devenu la fashion-wish, que des pubs de marques qui
01:26n'existent plus, c'est genre les 3 Suisses, La Redoute, Léopoldo, t'rappelles les
01:30caleçons Léopoldo ? C'est les caleçons, tu les mettais, ça brûlait les couilles,
01:33c'est normal que dans les cités ils voulaient tout brûler. Sur les autoroutes aujourd'hui
01:37il y a tellement de panneaux, entre les panneaux et les panneaux publicitaires, les réductions
01:40de vitesse, c'est un jeu de piste, tu sais plus où t'en es, réduisez la vitesse de
01:4230, attention, carrefour, moins 30 sur les endives, tu sais plus ce qu'il se passe.
01:46Il y a tellement de pubs sur les routes que bientôt le code de la route, ça sera une
01:49épreuve du juste prix, je sais pas, tellement de pubs que bientôt les villages seront
01:52sponsorisés, bientôt France Inter en niché à Prapin, je vous le dis, bientôt on va
01:56voir Mathieu Noé, il va être là « Bonjour et bienvenue sur France Inter, mobile pas »,
01:59ça va être comme ça, je vous le dis. Quand je pense à pollution visuelle, je pense
02:03aux zones commerciales, on a tous vu ça, les grandes zones commerciales en province,
02:07c'est du grand n'importe quoi, il y a un décathlon, un bric-au-rama, une boucherie,
02:11une boulangerie de 400m2, tu sais pas pourquoi, tu viens acheter un ballon de foot, tu repars
02:16avec un faux filet, une perceuse et 400 chouquettes, ils font tellement pas d'efforts sur l'aménagement
02:21des zones commerciales que parfois tu tombes sur un hangar, tu sais pas si c'est Auchan
02:24ou un entrepôt de stockage militaire, à la base, t'es venu acheter un Yop, tu finis
02:27fichier S. En ville, c'est pas mieux, nos yeux ne sont pas épargnés, là j'ai vu
02:32que Jordan Bardella se plaint que son livre n'a pas été affiché dans les gares, moi
02:35j'ai juste un mot à dire, « Cher », on a assez de pollution visuelle, on va pas se
02:39coltiner Bardella. Après, il y a beaucoup de gens, moi, qui me voient comme un mec
02:45de cité, voilà, je vous le dis, moi j'ai pas grandi en cité, j'ai grandi dans un
02:48pavillon, voilà, un pavillon, mais un pavillon dans une cité, sur le toit d'un immeuble,
02:53voilà où j'ai grandi, sur la vie de ma mère, c'est vrai, je n'invente rien, voilà l'architecte
02:56qui a fait ça, il s'appelle Edouard François, déjà juste le nom, tu sais que lui, il connaît
03:00rien à la cité, ah non, il a eu un CD en CM2, c'est pas possible, non mais, pavillon
03:04sur un immeuble, pour lui, le film « Là-haut » de Pixar, c'est un documentaire, non, c'est
03:08pour vous dire, il a eu son diplôme dans un concours de Lego, c'est pas possible,
03:12monsieur, vous êtes architecte, c'est dégueulasse, on est d'accord.
03:14Nagui. Il faut regarder sur franceinter.fr, parce que c'est vrai que c'est criant.
03:17Tanguy. C'est abusé, ils sont allés tellement loin dans l'aménagement du rooftop qu'ils
03:21l'ont loué, c'est pour vous dire à quel point l'architecte, il a dû prendre littéralement,
03:24tu sais, quand on lui a dit « Normalement, un pavillon, c'est au-dessus de l'appartement »,
03:27lui, il a pris ça littéralement, il a mis vraiment un pavillon au-dessus de l'appartement.
03:30Du coup, il fallait faire attention, tu sais, quand je jouais dans le jardin, moi, tu tirais
03:33un peu haut, là-bas, il fallait aller chercher 10 étages, le match de foot, il durait 14
03:37mi-temps, il y avait des chiens volants, tu comprenais rien, tu sais, en plus, t'es
03:41dans ta tête, tu te dis, t'es dans un pavillon, tu vois, tu crois que t'as réussi, t'ouvres
03:45la fenêtre, tu vois que t'es toujours un mec de cité, tu sais, t'as pas bougé, en fait.
03:48Normalement, les seuls voisins du dessous, quand t'es dans un immeuble, t'as des voisins
03:52du dessous, mais dans un pavillon, t'es pas censé en avoir, moi, j'avais des voisins
03:55du dessous.
03:56Dans un pavillon, les seuls voisins du dessous, normalement, c'est des gens qui sont coincés
03:59dans ta cave.
04:00Et avant d'être dans un pavillon, parce qu'il faut que je vous explique un peu mon background,
04:05tu vois, avant d'être dans un pavillon, j'étais dans une cité, dans un bâtiment qui a été
04:08détruit, d'accord ? Il a été détruit parce qu'ils disaient qu'il était trop moche, parce
04:12qu'il y avait trop de paraboles.
04:13Vous vous rappelez des paraboles ? Avant, il y avait tout ça au balcon ? Il y avait
04:16tellement de paraboles, il y en avait plus que dans la Bible, c'est pour vous dire à
04:18l'époque, il y en avait beaucoup.
04:19T'sais, les antennes paraboliques.
04:20Et moi, je me rappelle, ça m'a marqué, parce que vous, ça ne vous parle pas, mais nous,
04:22les fils d'immigrés, on a souffert, on devait régler l'antenne parabolique dans le froid,
04:26avec ton père qui te criait dessus.
04:27J'avais 8 ans, je devais réussir à diriger une parabole en direction d'un satellite,
04:31j'avais 8 ans, avec des manuels écrits en allemand, je ne comprenais rien, et sans boussole.
04:34A l'école, je passais pour un mytho, j'arrivais à l'école, ils me disaient « Qu'est-ce
04:36que vous avez fait de votre week-end ? ». Et moi, j'étais là, j'étais dans mon pavillon,
04:48l'heure de rendre l'antenne.
04:49– C'est vrai ? – Oui, c'est vrai, Ahmed, on a bien rigolé,
04:51mais il est un peu tard.
04:52Alors, David Mangin, bravo, merci beaucoup.

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