• il y a 2 mois
Pourquoi les Français aiment tant se faire peur au cinéma ? Pour preuve, Art le clown continue de terrifier le box-office mondial. Et de battre des records. Le film d'horreur vient de dépasser en France les 400.000 entrées malgré une interdiction aux moins de 18 ans. Alexandre Aja, réalisateur est l'invité d'Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 31 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin, avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
00:05Il est 8h17, l'interview d'Amandine Bégaud en mode sorcière ce matin.
00:09Je ne vous laisserai pas se rire Amandine.
00:12Alors ce jour d'Halloween, vous avez voulu comprendre pourquoi on aime tellement se faire peur.
00:15Alors vous avez choisi d'inviter l'un des maîtres de l'horreur.
00:18C'est le réalisateur Alexandre Aja. Bonjour et bienvenue à vous.
00:21Bonjour.
00:21Bonjour, ça fait plus de 20 ans que vous faites des films d'horreur.
00:24Vous avez terrifié des millions de personnes avec La Colline des yeux, Mirror ou encore Haute Tension.
00:28Alors, si on voulait vous entendre ce matin, c'est parce que les chiffres sont assez stupéfiants.
00:326 Français sur 10 disent aujourd'hui fêter Halloween chaque année.
00:3676% des 18-24 ans, il y a des citrouilles partout dans les magasins, un peu partout en France.
00:42Une enseigne comme Zifi, par exemple, j'ai découvert, fait 30% de son chiffre d'affaires au moment d'Halloween.
00:47Et les films d'horreur cartonnent au cinéma.
00:49Terrifier 3, qui est pourtant interdit aux moins de 18 ans, a fait 400 000 entrées en moins de 3 semaines.
00:54Le précédent avait fait 70 000.
00:56Smile 2, qui est sorti le 16 octobre, vient d'atteindre les 500 000 entrées.
00:59Deuxième plus gros succès de l'année pour un film d'horreur.
01:02On aime se faire peur, en fait, Alexandre Agin ?
01:05On adore se faire peur.
01:06On adore se faire peur, on adore partager un frisson.
01:09C'est un moment de partage, de communauté.
01:13Moi, je vois ça avec mon fils depuis des années.
01:16Je vois ça avec mes neveux et nièces, première Halloween cet après-midi.
01:20Il y a quelque chose d'exceptionnel dans la peur, en fait.
01:24Quelque chose pour exorciser à la fois ces traumas, ces cauchemars, ces angoisses,
01:32mais aussi pour partager ce frisson.
01:34La peur, c'est quelque chose d'universel ou les Français ont des peurs bien à eux ?
01:38Vous qui vivez entre la France et les Etats-Unis, on a peur de la même chose que les Américains ou pas ?
01:43Quand on creuse un peu, on a tous peur de la même chose, où qu'on soit dans le monde.
01:46C'est pour ça que la peur n'a pas de langage.
01:49C'est pour ça que les films qui font vraiment peur, les films terrifiants, voyagent si bien,
01:52que ce soit japonais ou que ce soit en anglais, en français.
01:56Mais il y a quelque chose peut-être qui est toujours lié à l'actualité
02:01ou en tout cas au monde dans lequel on vit, aux angoisses qu'on porte.
02:05C'est très similaire aux contes de fées un petit peu Perrault, Grimm, Andersen.
02:14On est vraiment toujours dans une sorte de...
02:16On se confronte à l'inconnu à travers une histoire, à travers des symboles.
02:21Alors maintenant, ce n'est plus des histoires qu'on lit, mais c'est des histoires qu'on vit au cinéma.
02:26Je donnais les chiffres des derniers films d'horreur sortis en France, ça marche super bien.
02:32Pourquoi est-ce que finalement, on en a si peu en France ?
02:35Alors on en a, il y a toute une génération de réalisateurs français qui ont essayé.
02:42Alors la plupart vont...
02:44Voilà, dans une semaine, il y a un film qui s'appelle The Substance avec Demi Moore,
02:49qui est un film par une réalisatrice française,
02:51et qui est un chef-d'oeuvre absolu, mais bon, c'est un film américain.
02:55Oui, non mais c'est ça, vous vous êtes parti aux Etats-Unis pour pouvoir exercer et faire ce que vous vouliez faire.
03:01On trouve ça sale en France ?
03:04Non, c'était compliqué à financer en fait.
03:06C'est vraiment quelque chose de purement économique où en fait, pendant très longtemps,
03:10il fallait faire de la pré-vente, du pré-achat prime pour les partenaires de production.
03:16Et donc évidemment, ça a empêché ces films-là qui étaient souvent interdits au moins de 12 ans,
03:21ou au moins de 16 ans, de pouvoir se faire...
03:24Alors qu'en Espagne par exemple, ils ont eu des gros films très populaires d'horreur qui ont bien marché.
03:30Mais ça vient, ça vient, il y a eu Vermine l'année dernière qui a bien marché,
03:35qui était vraiment un très bon film d'horreur et de frissons.
03:38Et il y en a comme ça qui arrivent chaque année, le succès de Sous la Seine sur Netflix.
03:43Voilà, bon, il y a beaucoup beaucoup d'exemples.
03:45C'est quoi votre recette à vous pour faire peur ?
03:48Alors moi, j'essaye toujours de rester loin de l'écueil, de me dire qu'est-ce qui va faire peur aux gens.
03:55Je me dis toujours qu'est-ce qui va me faire peur à moi.
03:57Et il se trouve que je suis spectateur et un petit peu peureux moi-même avant d'être réalisateur.
04:04Vous êtes peureux ?
04:05Ah oui, moi toujours quand je rentre dans un endroit que je ne connais pas,
04:08je vais regarder sous le lit, dans les placards, je vais garder un peu une lumière allumée.
04:13Evidemment, mais c'est un petit peu une déformation professionnelle aussi.
04:16C'est-à-dire que mon métier, c'est devenu un peu d'imaginer le pire.
04:18Donc évidemment, on pense imaginer le pire, on y pense tout le temps.
04:23Donc non, je réfléchis toujours à revenir aux peurs un petit peu fondamentales
04:29et essayer surtout d'échapper à la citation simple d'autres films, d'aller vraiment chercher au fond.
04:36Et voilà, dans le monde qui nous entoure, ce qui est sous-jacent, ce qui se tient tapis un peu dans l'ombre.
04:42Ce n'est pas forcément le film d'horreur du sang partout, qui tâche ?
04:47Non, non. Alors là, c'est vrai qu'il y a un succès assez incroyable de Terrifier,
04:51qui est un film ultra gore, ultra violent, vraiment pas pour tout le monde.
04:56On a vu des gens sortir en vomissant.
04:58Voilà, ce n'est pas pour tout le monde, mais la peur, ça va au-delà.
05:04Les Américains, ils appellent ça Halloween, ce n'est pas simplement une journée,
05:08mais c'est un peu le point culminant de ce qu'ils appellent le spooky season,
05:12c'est-à-dire la saison à se faire une peur bleue.
05:15Mais ça commence pour les tout-petits, ça va loin, c'est-à-dire qu'il y a quelque chose de magique.
05:21En fait, comme tout ça est autour des morts, autour de la mort, de l'au-delà,
05:26autour de tout ce qu'on a un petit peu du mal à confronter,
05:30évidemment, on va, dans un cadre un peu ludique, se faire peur, partager des films
05:35et s'initier les uns les autres avec des histoires qui sont assez terrifiantes.
05:40Alors, j'ai vu que vous aviez découvert les films d'horreur tout jeune, un peu par erreur ?
05:46Oui, je me suis retrouvé à regarder Shining très tôt, par accident.
05:51Et c'est vrai que ça m'a...
05:53Ça, c'est la musique de Shining qu'on connaît.
05:55C'est la musique, exactement.
05:57Sous cette musique-là, quand le film commence,
05:59j'ai compris très vite que ce n'était pas du tout le film que j'étais en train de regarder,
06:02que je devais regarder.
06:03Vous aviez quel âge ?
06:04Je devais avoir 6 ou 7 ans.
06:056 ou 7 ans ?
06:06Oui.
06:07Et ça a été une incapacité même d'arrêter le magnétoscope.
06:11Il y avait encore un magnétoscope à l'époque.
06:13Et c'était... Je ne pouvais pas.
06:15J'étais pétrifié, j'étais sidéré.
06:17J'ai découvert, en fait, le pouvoir des images.
06:20Mais c'est là où vous vous êtes dit, je veux faire ça ?
06:22Alors, pas encore. Pas de cette manière-là.
06:24Mais en tout cas, c'est à partir de ce moment-là
06:26où j'ai commencé à être en quête de ce partage du frisson.
06:31C'est-à-dire d'aller chercher des adultes, des jeunes adultes,
06:36qui vont me raconter les films d'horreur qu'ils ont vus
06:38ou d'autres histoires qu'ils ont entendues.
06:40C'est le moment où je vais aussi raconter d'autres histoires à des camarades de classe,
06:44à leur faire peur, à découvrir un petit peu ce qui est autour.
06:48C'est un truc qui se partage ?
06:49C'est un truc qui se partage.
06:50On ne regarde pas seul un film d'horreur ?
06:51Rarement. Rarement.
06:53Il faut être vraiment...
06:54Moi, j'ai du mal, même aujourd'hui encore, à regarder un film d'horreur seul.
06:57Mais c'est quelque chose qu'on partage.
06:59C'est quelque chose où on est dans une salle,
07:01on sent le silence se faire, la chaleur monter.
07:05Les gens sursautent tous ensemble.
07:08Il y a quelque chose qui va au-delà de la catharsis,
07:11qui est vraiment sur le phénomène de groupe.
07:14Vous évoquiez, Alexandre Rajat, tout à l'heure, votre fils et vos neveux et nièces.
07:19À partir de quel âge on peut voir un film d'horreur ?
07:21Alors, ça dépend. Il y a film et film, j'imagine.
07:23Trois, quatre ans.
07:24Non, mais...
07:26Je ne sais pas votre fils, il a quel âge ?
07:27Ah non, mais il a 17 ans maintenant.
07:28Bon, OK. Mais le premier film d'horreur qu'il a vu, c'était à quel âge ?
07:31Même s'il y a la déformation professionnelle ?
07:33Non, bien sûr. Non, non, non.
07:34Mais il a été protégé, du moins protégé.
07:37C'est-à-dire qu'on a fait attention, il ne faut pas non plus l'exposer,
07:39parce qu'il y a ce que l'imagination peut gérer seule.
07:43Et puis, il y a des images qu'on ne comprend pas,
07:45qu'il faut parfois appréhender d'une manière différente.
07:48Mais c'est à travers le...
07:50C'est pour chaque âge.
07:51Ça commence avec Hocus Pocus,
07:55des films de sorcières très légers, des comédies musicales.
07:58Ça va sur le classique Disney,
08:00La sorcière de Blanche-Neige,
08:01qui est le trauma absolu.
08:03J'ai eu très peur, petit.
08:04Moi, ça a été vraiment...
08:05Avant Shining, c'était La sorcière.
08:08Mais c'est plein d'éléments comme ça qu'on trouve dans différents films,
08:11qui vont évidemment construire une culture.
08:16Un film à conseiller ce soir, pour le soir d'Halloween ?
08:20Alors, évidemment, moi, j'étais parti pour repartir sur Halloween.
08:24Alors, au cinéma, Smile 2,
08:27qui est vraiment très bien et qui fait très peur,
08:30que je conseille fortement.
08:33Après, tous les classiques,
08:35que ce soit Rosemary's Baby, L'Exorciste, Shining.
08:41Ça, vous reconnaissez la musique ?
08:46C'est Scream.
08:47Oui.
08:48Alors, Scream...
08:49Là, ce n'est pas vraiment un film d'horreur, c'est ce que vous allez me dire ?
08:52Oui, alors, Scream, c'est un film d'horreur.
08:54Et c'est vraiment le chef-d'oeuvre, le dernier chef-d'oeuvre de Wes Craven.
08:59Mais il y a quelque chose où, en fait,
09:01le film d'horreur devient un peu méta à ce moment-là.
09:03C'est-à-dire qu'il devient un peu en référence sur le cinéma.
09:06Alors, Scream fait vraiment très peur, le premier.
09:09Mais derrière, il va y avoir beaucoup de films qui vont arrêter de faire peur.
09:12Donc, pour moi, c'est un petit peu en réaction à ça
09:14que j'ai commencé à faire du cinéma d'horreur au début 2000.
09:16C'était parce que je voulais revenir à quelque chose qui était plus viscéral et plus...
09:21Au vrai frisson.
09:22Au vrai frisson.
09:23Bon, je retiendrai, en tout cas, que vous aussi, vous avez encore peur.
09:27Ce qui est quand même rassurant, parce que c'est ce que vous faites tous les jours.
09:30Merci beaucoup, Alexandre Azad, d'être venu nous voir.
09:32Merci, Alexandre Azad.
09:33Alors, il y a Florian Gazan qui a bu vos paroles dans le studio.
09:35Vous savez, ce n'est pas complètement l'heure, Florian.
09:37Ce n'est pas l'heure de la question passive.
09:38Mais j'en ai une à vous poser.
09:39Ça vient d'où, ce nom d'Halloween ?
09:40En fait, c'est la contraction altérée d'une phrase anglaise qui est
09:43« All Hallow Eve », qui veut dire « la veille de tous les saints ».
09:46Donc, la veille de la Toussaint.
09:47Ah, tout simplement.
09:48Voilà.
09:49On vous retrouve tout à l'heure à 9h pour une autre question passive.

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