Aucune femme ne devrait accepter l'inacceptable par amour ou par loyauté. Il est crucial de briser le silence autour de ces violences pour permettre à celles qui en sont victimes de se reconstruire et de retrouver leur liberté. Ces mots résonnent comme un appel à la solidarité, pour que chaque femme sache qu'elle a le droit de vivre en paix, sans crainte ni oppression, et qu’elle mérite un amour qui la respecte et la valorise.
Category
✨
PersonnesTranscription
00:00Je venais de finir mes études à une école de commerce et là j'ai eu mon premier travail.
00:05C'est lui qui m'a formée et en fait ça a été un peu comme un coup de foudre.
00:08On s'est rapidement mis ensemble.
00:10Je lui ai proposé de venir dormir chez moi en attendant qu'il trouve un appartement.
00:15Donc c'est vrai que tout de suite ça a été très fusionnel.
00:18On sortait tout le temps ensemble, on se voyait au travail.
00:21C'était un milieu où j'étais au travail où il y avait beaucoup d'hommes.
00:24Et c'est vrai que très très rapidement il me faisait des réflexions.
00:28Oui alors attention à lui, lui, lui, machin.
00:31Si je me retrouvais dans un autre bureau de vente avec un autre homme, il me faisait des réflexions.
00:35J'ai vu qu'il buvait beaucoup d'alcool au départ mais après je me suis dit bon, voilà c'est festif.
00:42Et ce qui s'est passé c'est qu'au bout de 4 ou 5 mois, il est rentré d'une soirée alcoolisée.
00:47Et je n'ai pas en fait compris ce qui se passait.
00:49Il m'a sauté dessus, il m'a giflé et en fait je suis restée en état de choc.
00:54Je ne sais pas, en état de sidération, je n'ai pas compris ce qui se passait.
00:57Et le lendemain quand je lui ai demandé des explications, il m'a dit oui mais tu comprends, c'est la faute de l'alcool.
01:04Et quelque part en fait je n'ai pas redonné cette première gifle.
01:06Et du coup j'ai eu du doute et ce qui s'est passé c'est que l'été arrive,
01:10Hélène dit oui j'ai eu des vacances en Grèce, je vais réserver, ça va me faire du bien, même si ça ne va pas bien au travail.
01:17Et pendant ces deux semaines, il me dit franchement tu es la femme de ma vie, j'ai envie de fonder une famille avec toi.
01:24Je sais que parfois j'ai des excès de scolaires mais ne t'inquiète pas je vais me calmer, c'est la faute du travail, c'est la faute de l'alcool.
01:30Et en fait il m'a demandé en fiançailles.
01:31Bon forcément tout était beau, tout était idyllique et j'ai dit oui.
01:35Quand j'ai emménagé chez lui dans cet appartement, je pense que ça a été le début d'une longue descente aux enfers.
01:41Je me souviens du premier soir en fait qui m'a marquée.
01:44C'était assez humiliant donc pareil en fait on s'est disputé.
01:48Et là il me dit sinon tu vas fermer ta gueule, tu es chez moi.
01:51Je me suis mise à pleurer, c'était très paradoxal parce que je me suis dit mais ça fait 6-7 ans que j'avais mon appartement.
01:57J'ai mes soirées étudiantes, j'ai plein de bons souvenirs, enfin j'étais chez moi.
02:01J'étais un peu malheureuse quelque part de le quitter et quelque part j'étais heureuse d'être avec lui.
02:06Et là je voyais en fait comme un autre lui.
02:09J'avais l'impression qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
02:12Et là les violences physiques ont rapidement commencé.
02:15Finalement elles avaient déjà commencé un petit peu avant, c'est juste c'est moi qui les ai totalement minimisées.
02:20Je me dis en fait une gifle c'est pas grave, une bousculade c'est pas grave, des violences verbales ce n'est pas grave.
02:25C'est très difficile de se rendre compte des violences verbales et psychologiques.
02:29Et puis moi j'ai pas grandi dans un milieu violent.
02:32Donc j'avais toujours l'impression en fait d'être finalement rabaissée.
02:35Il me retournait totalement le cerveau.
02:38Et c'est vrai que quand t'y rentrais, s'il rentrait en plein milieu de la nuit, là par contre c'est là où les violences on va dire les plus grosses violences physiques en fait ont commencé.
02:49Il me sautait dessus et m'étranglait.
02:50C'est là en fait où il y a eu les premières étrangulations, c'est dans cet appartement.
02:53Et je pense que j'étais vraiment choquée.
02:55Je ne pensais pas que c'était possible en fait d'étrangler même une personne.
02:59Et c'est vrai que ça a été comme en fait un mode de fonctionnement pour lui.
03:03Si j'osais dire en fait une réflexion où tu étais ou sur sa consommation d'alcool,
03:08bah en fait j'avais le droit à ce qu'il me saute dessus, en fait à ce qu'il m'étrangle pour que je me taise.
03:12J'avais l'impression qu'il aspirait en fait la vie en moi.
03:16En fait j'étais plus qu'une ombre.
03:19Ce qui s'est passé c'est qu'il y a eu la première intervention de police.
03:22Et en fait lui il est parti.
03:24Et après je me suis retrouvée en fait avec la police qui a frappé à la porte.
03:28De mémoire les policiers m'avaient dit qu'il faudrait que je parte.
03:31Mais je n'ai pas déposé de main courante ni de dépôt de pertes.
03:35En fait ça ne me traversait même pas l'esprit.
03:37Au bout de 3-4 mois où on est séparés, donc je me souviens qu'on était toujours plus ou moins en contact.
03:43Mais ce jour-là en fait j'ai sûrement le travail, j'ai un coup de téléphone via le call center.
03:47Et en fait c'était lui.
03:48Il s'était fait passer pour un client et je lui ai dit ça t'amuse.
03:51Donc là ça part dans la grande déclaration d'amour.
03:53Et là en fait ça m'a touchée quoi.
03:55Et dans ma tête je me suis dit en fait on a tous le droit à une seconde chance dans la vie.
03:59Je me suis dit bon il a quand même une enfance pas facile.
04:02Là il venait de changer de société, enfin de travail.
04:05Je me suis dit bon il y a des circonstances, il faut essayer de le comprendre.
04:08Et du coup je lui ai dit oui je suis retournée avec lui.
04:11Finalement je ré-emménage chez lui dans son autre appartement.
04:15Et sauf qu'au bout d'un moment, lui me sort et me dit t'es pas enceinte.
04:19Je lui dis c'est pas possible, je prends la pilule, je peux pas être enceinte.
04:22Il me dit je sais pas j'ai l'impression que t'as juste pris un tout petit peu de poids.
04:25Je sais pas c'est une impression.
04:26Je me suis dit c'est pas possible.
04:29Et je fais un test et là...
04:33Il me dit que je suis enceinte.
04:34Quand je vais à l'hôpital on fait une échographie.
04:36On entend le cœur du bébé battre donc c'est quand même quelque chose.
04:42Et là quand je vois je me suis dit mais ça me paraissait énorme.
04:46Et je me suis dit mais je suis enceinte de combien de temps ?
04:49Enfin ça fait combien de temps ?
04:50Et là il me dit ah non mais ça fait plus de trois mois.
04:53C'est le choc quoi.
04:54Mais je me suis dit mais comment c'est possible ?
04:55J'ai pas pu me rendre compte.
04:56Et puis après ce qui s'est reproduit c'est qu'au bout à peu près du cinquième mois de grossesse.
05:05On était parti en soirée, il a pris du retard.
05:07Je l'ai appelé et j'ai eu un mauvais pressentiment.
05:09Quand il est revenu, pareil il était alcoolisé et il m'a sauté dessus, il m'a frappé.
05:14Là c'était assez violent.
05:16C'était assez violent d'un point de vue psychologique.
05:19Parce que je m'étais dit que c'était pas possible qu'on puisse frapper une femme enceinte.
05:25Je pensais pas que c'était possible.
05:28Moi j'avais dit à tout le monde qu'il avait changé parce que je croyais vraiment.
05:31Je me suis dit on va faire une famille.
05:33C'est ce qu'il me disait.
05:34Ma fille était déjà victime quand elle était dans mon ventre.
05:37Ça c'est vrai qu'on a tendance à ne pas forcément parler, à ne pas forcément le dire, à minimiser.
05:42Mais quand on frappe une femme enceinte, on frappe deux personnes.
05:46On frappe un bébé et on frappe une femme.
05:49Il était arrivé quand il était ivrement qu'il aille dans la chambre de notre fille.
05:54Et qu'il veuille la prendre sauf que moi je voulais pas.
05:57On prend pas un bébé quand on est totalement alcoolisé, on peut la faire tomber.
06:02Ça il a pas supporté.
06:03Donc ça aussi ça me valait de me faire frapper, de me faire étrangler, toujours pareil.
06:10Donc c'était assez difficile.
06:12Et au bout d'un moment c'est vrai qu'en fait on travaillait le dimanche et lui il avait changé de société.
06:18Il ne travaillait pas le dimanche matin.
06:21Et là la relation aussi s'était bien dégradée.
06:23Et ce qui s'est passé c'est que le dimanche matin il gardait notre fille.
06:27Sauf que je me suis aperçue que quand je partais en fait ma fille hurlait.
06:32Mais hurlait vraiment, voilà elle voulait pas rester avec lui.
06:35Ce que je trouvais bizarre, alors même si parfois les enfants c'est maman, maman, maman.
06:39Mais je trouvais ça en fait bizarre d'hurler autant.
06:43J'ai pu attendre 5, 10 minutes.
06:45Et je voyais qu'il se passait rien, que ma fille était toujours derrière la porte.
06:48Et en fait j'ai rouvert la porte, j'ai prise et là je lui ai dit mais qu'est-ce que tu fais ?
06:51Il était tranquille sur le canapé, sur son téléphone portable.
06:54À quel moment tu ne prends pas ta fille dans les bras si elle pleure en fait ?
06:58Quand tu vois un bébé qui pleure, enfin un enfant d'un an et demi, c'est que ça ne va pas.
07:02Il sourit, il me dit mais non mais elle pleure et alors c'est quoi le problème ?
07:06Ce soir-là en fait je laisse ma fille dormir parce qu'on doit travailler tôt.
07:10Et que moi j'ai un lancement commercial sur plusieurs jours.
07:12On avait laissé ma fille à dormir chez sa maman.
07:15Et en fait il avait une réunion de copropriétaire.
07:18Et du coup il arrive beaucoup plus tard que prévu.
07:20Donc il est alcoolisé, je lui fais une réflexion sur sa consommation d'alcool.
07:24Il n'a pas supporté ma réflexion.
07:26Il m'a sauté dessus, il m'a frappé, il m'a saisi par le cou, il m'a étranglé.
07:30Je ne sais pas si en fait cette fois j'ai eu plus peur ou si je me rendais plus compte du danger.
07:34C'est juste que là en fait déjà c'était devant sa mère.
07:37Là je vois en fait qu'elle ne bouge pas et en fait je vois qu'il continue en fait à m'étrangler.
07:40Là j'ai l'impression en fait que je ne sens pas de prise.
07:42Et en fait c'est que j'ai dû me faire mal en fait aussi sur un meuble, sur le dos.
07:46Et là je me suis dit, j'avais l'impression qu'il n'allait pas lâcher, je ne sais pas.
07:50J'ai demandé à sa mère en fait de faire quelque chose.
07:53Elle n'est pas intervenue, je lui ai demandé d'appeler la police.
07:55Et ce qui s'est passé, alors de mémoire, c'est que je crois que c'est un vieil appartement si vous voulez.
07:59Je l'ai dû entendre toquer, frapper.
08:01C'est les voisines en fait au-dessus si vous voulez.
08:03Et du coup ce qui a fait arrêter qu'il me frappe, qu'il m'étrangle.
08:07Et du coup il est sorti.
08:09Sa mère aussi a été dans un climat finalement de violence conjugale aussi.
08:13Elle m'a dit, je suis désolée, elle s'est excusée.
08:16Elle m'a dit, j'avais peur.
08:17Il y a la police qui arrive dans l'appartement de la voisine.
08:20J'ai mal, je suis en état de choc, de sidération.
08:22Et là en fait on me demande en quelques minutes de décider si je dois déposer plainte.
08:26Je ne peux pas.
08:27Je n'y arrive pas, je n'arrive pas à me décider.
08:30Je ne sais pas, j'ai peur, j'ai honte, j'ai mal.
08:32Je dis que je ne déposerai pas plainte.
08:34Et c'est vrai qu'à plusieurs reprises en fait, je lui ai demandé après par la suite de partir, de quitter l'appartement.
08:40Je m'en souviens à deux reprises de lui avoir fait sa valise.
08:45Je lui ai dit, j'en peux plus.
08:47Et en fait, il m'a dit non, je ne partirai pas.
08:49Donc pareil, des strangulations devant notre fille.
08:52Là, ça devenait très compliqué.
08:54Jusqu'à la troisième intervention de police.
08:56Ce qui se passe, c'est que ce soir-là, donc pareil, il rentre de soirée.
09:00Il est alcoolisé.
09:02Donc pareil, on se dispute.
09:03Je lui fais des réflexions sur sa consommation d'alcool.
09:06Je lui ai dit que j'en ai marre, que j'en peux plus.
09:08On se dispute, bousculade.
09:10Je me dis que ça ne sert à rien de parler en fait avec lui, d'en faire plus.
09:14Sauf que ce soir-là, j'avais mis ma fille dans notre lit.
09:18Comme ça nous arrivait, elle s'était endormie.
09:20Enfin, elle dormait avec nous.
09:22Et je me suis allongée à côté d'elle.
09:24Sauf que là, je n'entendais pas arriver à fond.
09:27Et ce que je n'ai pas réussi à anticiper, c'est qu'il avait une bouteille d'eau.
09:32Et que la bouteille d'eau, en fait, il l'a déversée.
09:34Sauf que c'est ma fille qui a tout pris.
09:36Elle avait à peine deux ans.
09:38Forcément, elle se prend une bouteille d'eau froide sur elle.
09:41Ça la réveille, elle hurle.
09:43Et là, je pète un plomb.
09:45Je lui dis carrément, mais t'es fou, t'es un taré, t'es un malade.
09:48Je lui ai appelé la police.
09:50Je lui ai dit, va-t'en, va-t'en.
09:52Et là, je vois un regard, mais noir, mais...
09:57J'ai cru voir le diable.
09:58Je me suis dit, mais j'ai qui en fait en face de moi ?
10:01Et pareil, je ne sais pas ce que je fais.
10:03Mon réflexe, j'ai pris mon téléphone portable.
10:05Et en fait, j'appelle mes parents.
10:07Je lui ai dit, je vous en supplie, venez.
10:09Là, ça va trop loin en fait avec lui.
10:11Donc, il m'a repris mon téléphone portable.
10:13Là, j'entends qu'il repart en fait dans le couloir.
10:15Et j'entends qu'il ouvre le placard en fait.
10:18J'entends la porte coulisser.
10:19Il va arriver en fait avec le club de golf.
10:21J'avais ma fille qui était trempée, qui hurlait.
10:22Et là, je lui dis, je t'en supplie, je t'en supplie.
10:24Voilà, fais rien.
10:25Et forcément, il a brandi le club de golf.
10:27Il me l'a mis sur la tête sans me taper.
10:29Il m'a dit, voilà, tu mérites en fait que je te tue.
10:31Que je te crève.
10:32Je ne sais pas combien de temps ça a duré.
10:34Enfin, mes parents sont arrivés assez rapidement à cette heure-ci.
10:36Je pense 20-25 minutes.
10:38Mais ça m'a paru en fait une éternité.
10:40Ce que je ne savais pas, c'est que mes parents ont appelé la police sur la route.
10:43Donc finalement, quand mes parents sont entrés dans l'appartement.
10:45Voilà, de mémoire, la police en fait est arrivée.
10:48Voilà, peu de temps après, en fait, mon père a repris tout de suite le club de golf.
10:51Et quand la police en fait est arrivée.
10:53Donc, ils nous ont séparés.
10:55Ils nous ont demandé d'aller chacun dans une pièce.
10:58Je lui ai expliqué ce qui s'est passé.
10:59Et là, j'ai quand même eu le déclic.
11:01Je lui ai demandé si je dépose plainte.
11:03Qu'est-ce qui se passera ?
11:04Il m'a dit, vous pouvez déposer plainte.
11:06Sauf que les menaces de mort en fait, avec le club de golf, c'est à lui clos.
11:11C'est sa parole contre la mienne.
11:13Donc en fait, en gros, ça voulait tout dire.
11:15Voilà, le doute profite à l'accusé qu'en fait, on n'allait pas me croire.
11:19Et la bouteille d'eau, le fait que ma fille soit trempée, en fait, c'était pas bien.
11:23Mais bon, en gros, pour la justice, ça ne va pas être considéré comme de la violence.
11:28Ça n'allait pas bien loin.
11:29Mais moi, je savais que si je déposais plainte et que je n'étais pas protégée tout de suite,
11:34dans les 24 heures, j'étais morte.
11:36Je lui ai dit, non, non, mais c'est bon.
11:38S'il y a quelque chose, je rappellerai.
11:40Donc ils lui ont demandé de quitter l'appartement.
11:43Chose qu'il a faite.
11:45Et le lendemain soir, quand je reviens, après au bout d'un moment, je me retrouve toute seule avec lui.
11:51Et là, quand on se retrouve tous les deux, même s'il y a notre fille dans l'appartement,
11:55il me demande si j'ai déposé plainte et je lui dis que non.
11:57Et là, ce soir-là, j'ai senti que c'était pas comme d'habitude,
12:00parce que contrairement aux autres interventions de police,
12:03là, il s'était fait prendre quelque part, il s'était fait démasquer.
12:05Et c'était quelque chose qu'il ne supportait pas.
12:08Son image, c'était plus important que tout, le regard des autres.
12:11Et là, il m'a dit, si tu déposes plainte, il m'a dit, je te tue.
12:15Il me dit que son père était policier.
12:17Je connais par cœur, en fait, comment ça se passe.
12:20Ce ne sera pas difficile de te faire passer pour folle, hystérique.
12:23Je peux me débarrasser de toi.
12:24Je serai quelques mois de prison, ou alors je te crèverai les yeux.
12:27Et je te rendrai handicapée et tu ne pourras plus voir jamais ta fille.
12:31Et je savais que tant que je ne serai pas rouée de cou, tant que je ne serai pas quasiment morte,
12:35en fait, je n'aurai aucune chance au commissariat.
12:39Et aussi face à la justice, je me suis dit, ça se trouve,
12:42s'il obtient une partie, la garde, ou que lui reste tout seul avec ma fille,
12:46je me suis dit qu'il serait capable de lui faire du mal.
12:49J'avais l'impression que je reculais la mort.
12:51Je savais que ça allait mal se passer.
12:53Et là, ça a été le soir où j'ai failli mourir.
12:56Je venais d'acheter un nouveau lit à ma fille.
12:58Elle n'était pas forcément plus grande.
13:00Elle avait deux ans et demi.
13:01Je lui avais acheté...
13:02Je t'ai passé du berceau à un petit lit cabane.
13:04Voilà, super sympa.
13:06Et je me suis dit, pour éviter toute scène, disputes, conflits, violences,
13:12je me suis dit, je vais aller dans la chambre avec elle.
13:15Sauf que peu de temps après, j'entends rentrer.
13:17Il fait beaucoup de bruit.
13:19Je me suis dit, c'est pas possible, il va la réveiller.
13:21Elle s'était endormie.
13:22Je me lève et je lui dis, s'il te plaît, fais moins de bruit.
13:26Forcément, ça ne lui a pas plu.
13:28On commence à se disputer.
13:30Il commence à me prendre le bras, à me faire mal.
13:32Je le repousse et je me suis dit, c'est bon.
13:34Là, c'est stop.
13:35Je repars dans la chambre de notre fille.
13:37Je m'allonge.
13:38J'ai à peine eu le temps de m'allonger que je suis soulevée.
13:41Je suis projetée sur la table de chez de ma fille.
13:44La table de chez se brise sous mon poids.
13:46Je le vois me sauter dessus, sur ma gorge.
13:50Je vais le tuer.
13:52Je sens que ce n'est pas comme d'habitude.
13:54Je me dépasse.
13:56Je lui supplie d'arrêter.
13:57Il ne s'arrête pas.
13:58Il continue.
13:59Ma fille se réveille.
14:01Ça a été extrêmement violent dans la chambre.
14:03J'essaie de me débattre.
14:04Il me reprend.
14:05À chaque fois, il remet ses mains sur ma gorge.
14:07À chaque fois que j'arrive à essayer de m'enlever.
14:10Ça a été horrible.
14:12Il y a une première fois où j'ai perdu connaissance.
14:15Quand je reprends mes esprits, ma fille n'est plus devant son lit.
14:23Mais j'entends hurler.
14:25Quand j'arrive dans le séjour, je lui demande de me rendre notre fille.
14:30Je voyais qu'il la serrait fort.
14:32Elle pleurait.
14:33Elle avait les larmes.
14:34Je me suis dit qu'il allait l'étouffer.
14:36Je lui arrache de force.
14:38J'arrive à la reprendre.
14:39Je ne sais pas pourquoi, mon réflexe a été de retourner dans sa chambre et de la reposer.
14:44Mais quand je la repose, il me saute dessus.
14:46Il m'a dit qu'il allait me tuer.
14:48Il m'a ressaisie dans la gorge.
14:50Je suis beaucoup plus faible.
14:52Je me suis dit qu'il allait me tuer.
14:54Je me débats.
14:55Je réussis à le faire tomber.
14:57Je fonce dans la porte d'entrée.
15:02Mais quand j'arrive, je n'arrive pas à ouvrir la porte.
15:05La porte est fermée à clés.
15:07Mes clés ne sont plus sur la porte.
15:09Je me dirige vers le balcon en me disant que je vais sauter par la fenêtre.
15:14Il arrive, il m'attrape, il me prend.
15:17Il m'éclate la tête à plusieurs reprises contre le mur.
15:20Je tombe par terre.
15:21Il se met sur moi.
15:23Il continue à m'éclater la tête par terre.
15:25Il me dit qu'il allait me tuer.
15:27Je me suis dit que c'était bon.
15:30Je me suis vu mourir.
15:32Les voisins ont frappé à la porte.
15:34Il a lâché prise.
15:36Ma voisine avait le téléphone sur elle.
15:39C'était un couple de voisins.
15:41Elle a dit au policier que j'avais des souvenirs.
15:46Le monsieur me tenait.
15:48Je ne savais pas s'il comprenait ce que je disais.
15:51Je disais le prénom de ma fille.
15:53Mais je ne savais pas s'il savait qu'il y avait un enfant dans l'appartement.
15:56Je me suis dit qu'il était en train de tuer notre fille.
15:58J'étais désarticulée.
16:00Je n'avais plus de force pour retourner dans sa chambre.
16:03J'avais la gorge écrasée.
16:05Le seul souvenir, c'est qu'il a rigolé.
16:08Un voisin lui a demandé ce qu'il avait fait à Laura.
16:10La voisine est partie dans la chambre voir ma fille.
16:13Elle était recroquevillée sur elle.
16:15Elle était en état de choc.
16:17Elle s'en est occupée.
16:19Elle l'a prise dans ses bras et est restée avec elle dans la chambre.
16:21La police est arrivée.
16:23Ils ont appelé les pompiers.
16:25J'ai déposé plein de temps.
16:27Il a été retrouvé très rapidement en bas de chez nous.
16:30Il a fait ses 48 heures de garde à vue.
16:32Il est parti en détention provisoire pour tentative de meurtre.
16:35Il a été libéré au bout de 10 mois de détention provisoire.
16:38Le 14 septembre 2019.
16:40Je n'ai pas été prévenue à l'époque.
16:42On ne promenait pas les victimes avec un simple contrôle judiciaire.
16:45J'avais l'impression que la justice m'abandonnait de nouveau.
16:49Il était censé être domicilié dans sa résidence secondaire.
16:52Mais je savais qu'il n'y était pas.
16:54J'avais engagé un détective privé pour dire qu'il ne vivait pas là.
16:58La juge d'instruction n'a jamais répondu à ce rapport.
17:01Je me suis retrouvée nez à nez avec lui devant chez mes parents.
17:04Alors qu'il avait interdit son entrée en contact avec notre fille.
17:08Je n'ai pu déposer qu'une main courante.
17:10Ça s'est succédé comme ça.
17:12Pendant trois mois, il y a eu plusieurs infractions au contrôle judiciaire.
17:15La juge d'instruction n'a jamais répondu.
17:18C'est là que je me suis dit que la seule chose qui le remettrait en détention provisoire,
17:21c'est quand il mourra tué.
17:23Il était poursuivi pour tentative de meurtre.
17:25Je ne comprenais pas qu'on puisse relâcher un homme
17:29qui avait essayé de tuer sa compagne sous les yeux de notre enfant.
17:33J'ai lancé une bouteille à la mer sur Twitter
17:37pour demander qu'on me protège avec ma fille.
17:41Je ne m'attendais pas à l'impact que ce tweet allait avoir.
17:45Il y a eu beaucoup de retweets.
17:47Je me suis retrouvée au bout de quelques jours à faire la une des différents médias.
17:52Une semaine après mon tweet,
17:54mon ex-compagnon a été remis en détention provisoire
17:57pour les différentes infractions qu'on avait dénoncées avec mon avocate.
18:01C'est la belle chose.
18:03Le bon côté des réseaux sociaux.
18:05Twitter m'a sauvée la vie.
18:07Il a été condamné en décembre 2019
18:10pour tentative de meurtre par la cour d'assises des Hauts-de-Seine
18:14à 8 ans de prison ferme et 5 ans de suivi socio-judiciaire.
18:17Ma fille a été reconnue victime.
18:19Ça, ça me tenait à cœur
18:22Elle a eu de graves conséquences à ces violences.
18:27Cette nuit où il a essayé de me tuer devant elle,
18:30elle avait un syndrome post-traumatique sévère.
18:33Beaucoup de mal à dormir, des cauchemars.
18:37Elle avait des difficultés pour parler.
18:39Pour elle, ça a été très difficile par la suite.
18:42Il a fallu des soins médicaux, pédopsychiatres,
18:45victimologues sur plusieurs années pour qu'elle puisse aller mieux.
18:49L'avocate générale avait demandé le retrait de l'autorité parentale,
18:51mais la cour me l'a refusé.
18:53Parce qu'à l'époque, un homme violent était un bon père.
18:56La tentative de meurtre ne remettait en aucun cas en cause ses qualités paternelles.
19:00Avec mes avocates, nous avons fait appel de cette décision,
19:03et l'avocate générale aussi.
19:05Et du coup, en septembre 2020,
19:08la cour d'appel de Versailles a déçu des droits parentaux mon ex-compagnon.
19:14À l'époque, c'était une décision rare.
19:16Et enfin, on reconnaissait qu'un homme violent n'était pas un bon père.
19:19Et là, c'est vrai que ça m'a soulagée,
19:21parce que je me suis dit, enfin, en fait, ma fille va être protégée.
19:25Aujourd'hui, si j'ai des personnes victimes de violences conjugales
19:28qui regardent la vidéo,
19:30je voudrais leur dire qu'elles n'ont pas à avoir honte.
19:32Parce que ça, je pense que c'est un sentiment que la plupart des victimes ont.
19:37Puisque je parle avec de nombreuses victimes,
19:39et c'est vrai que la honte revient souvent.
19:41C'est aux agresseurs d'avoir honte, c'est pas à nous.
19:43La culpabilité, c'est quelque chose aussi qui m'a beaucoup mangée,
19:48qui revient souvent aussi chez les victimes.
19:50En fait, on est coupable de rien du tout.
19:52Une victime n'est jamais responsable des coups,
19:55n'est jamais responsable des violences physiques, psychologiques et sexuelles.
19:59Le seul responsable, en fait, c'est l'agresseur.
20:02Parce que c'est important de dire qu'on ne porte pas de jugement aussi
20:04sur les victimes qui ne partent pas.
20:07Souvent, on a du mal à comprendre, mais c'est difficile.
20:09Et je pense qu'il faut aussi respecter le temps des victimes.
20:12Mais qu'il y a une vie aussi après les violences,
20:15qu'il y a toujours, en fait, une lumière au bout du tunnel.
20:18Que le dépôt de plainte, c'est difficile.
20:20C'est difficile de faire face, en fait, au système judiciaire.
20:23Je voudrais aussi dire, s'il y a des victimes qui nous regardent,
20:26parfois, on peut avoir aussi tendance à minimiser le fait
20:29que les enfants soient témoins des violences conjugales.
20:32On se dit non, mais ils ne sont pas touchés directement physiquement,
20:35donc ils ne sont pas impactés.
20:37Un enfant témoin des violences conjugales est un enfant victime.
20:41Et il y a un réel impact psychologique sur l'enfant.
20:44Et je voudrais dire aussi aux proches qui connaissent des victimes,
20:49que c'est important d'être à l'écoute, de ne pas porter de jugement.
20:53C'est important de dire aux victimes qu'on les croit.
20:56Il y a des associations, il y en a beaucoup,
20:59donc on peut aussi se rapprocher d'une association
21:02sans forcément déposer plainte.
21:04Essayer déjà, dans un premier temps, de parler.
21:07Je pense que le plus difficile, en fait, c'est de se dire
21:10qu'on est victime, de mettre des mots sur des mots,
21:13que ce n'est pas évident.
21:15On peut aussi appeler le 3919.
21:17C'est une ligne d'écoute pour les victimes.
21:20Après, s'il y a une urgence, c'est le 17.
21:23Si aujourd'hui, je suis vivante, c'est grâce aux voisins
21:26qui m'ont sauvé la vie que, si vous avez un doute,
21:29vous entendez des cris, des violences, quelque chose d'inhabituel,
21:32en fait, il faut mieux appeler le 17.
21:34Tant pis si, finalement, c'était, soit disant, une grosse engueulade,
21:37soit un conflit, il faut mieux se tromper que de laisser, en fait,
21:40une femme mourir sous les coups, ou un enfant.
21:43C'est vraiment important, en fait, de faire son devoir de citoyen.
21:47Quand on sait qu'il y a des violences, quand on a un doute,
21:51ça me paraît, en fait, impensable qu'on ne puisse pas venir en aide.
21:54Et c'est vrai qu'encore aujourd'hui, il arrive trop souvent
21:57que des personnes ferment des yeux.
21:59Parce que c'est plus facile, en fait, de se boucher les oreilles
22:02et de ne pas appeler la police.
22:04Mais vraiment, j'insiste sur le fait, contactez, en fait, le 17.
22:09Si vous entendez des cris, vous pouvez sauver une vie.