• il y a 2 mois
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Dans Smile 2 de Parker Finn, une star de pop jouée par Naomi Scott est assaillie par des visions de sourires terrifiants.
00:07Ce deuxième volet est-il une suite du premier ou une variation autour du même thème, Bruno ?
00:12Alors il s'agit d'une variation, je pensais bien de commencer par rappeler un peu ce qu'a été Smile 2,
00:16c'était vraiment la bonne surprise du cinéma d'horreur de ces dernières années,
00:20avec un concept comme ça très simple qui était un peu comme dans It Follows,
00:25où une entité maléfique se propage de corps en corps en déclenchant des visions d'horreur dans l'entourage de la personne,
00:33en exploitant ses pires traumas avec des personnes qui sourient,
00:37et petit à petit elle s'installe dans le cerveau de la personne hantée,
00:40jusqu'au moment où la personne se suicide devant la personne à qui elle doit transmettre l'entité,
00:45et comme ça l'entité se propage de film en film.
00:47Le premier était extrêmement réussi, il a eu un grand succès, tant en critique que public,
00:52et donc évidemment qu'on s'imaginait qu'il y ait un deuxième volet, ne serait-ce que d'un point de vue financier de franchise.
01:00Mais je pense que Parker Finn est vraiment intelligent, il a décidé de ne pas simplement faire une suite,
01:06mais plutôt de faire un pas de côté et de déplacer le concept du premier,
01:10qui exploitait en gros l'injonction au bonheur, ce truc aussi très américain de « il faut tout le temps être heureux, il faut tout le temps sourire »,
01:16de le déplacer dans l'univers de la pop.
01:19Avec la jeune actrice Naomi Scott qui est vraiment extraordinaire, avec des séquences de concerts, des chansons qui sont écrites pour le film,
01:26il y a vraiment d'ailleurs un peu une mode cette année entre le Joker, Trappes, bien tous les rênes du drame,
01:32de ces films qui ne sont pas des comédies musicales mais dans lesquels il y a des chansons qui sont écrites et performées sur scène.
01:37Toutes ces séquences sont très réussies, l'actrice est absolument géniale, ça fout les chocottes.
01:42Je dois dire que moi je suis allé le voir au Pâté Villette, tard le soir, j'ai dû traverser le parc pour rentrer chez moi.
01:49Vous avez eu peur des bras ouverts ?
01:51J'ai eu vraiment très peur.
01:52Mais nous on a eu des plaintes contre vous, mon cher Frédéric, parce que vous avez beaucoup hurlé, vous avez même crié « laissez-moi dans la salle ».
02:00J'ai trouvé le film vraiment très éprouvant, très éprouvant.
02:02Et à un moment donné je me disais même « arrêtez, arrêtez, ça va trop loin, ça va trop loin ».
02:07Pour moi c'est une excellente nouvelle cette suite, je la trouve encore plus réussie que le premier volet que je trouvais extrêmement réussi,
02:14puisque le premier volet exposait exactement ce que tu as raconté, qui est une idée quand même extraordinaire.
02:19Il faut quand même imaginer ce que c'est à notre époque, Smile.
02:22On est quand même dans une époque où une majorité des scripts et des récits qu'on nous raconte sont fondés sur le trauma et sur la résilience.
02:31En fait, il y a un type qui a trouvé le masque horrifique de ce type de récits de notre époque.
02:37Donc c'est hyper contemporain.
02:38Comment on va venir à bout d'un trauma ?
02:40Il faut l'incarner, il faut l'incarner par un monstre.
02:42Et je trouve que le film est d'une ingéniosité et d'une agressivité,
02:47parce qu'au fur et à mesure qu'on est dans son trauma avec ses fantômes et ses démons,
02:55Parker Finn va inventer des séquences qui sont extraordinaires d'ingéniosité horrifique.
03:00Il y a un 1, 2, 3 soleil qui est complètement hallucinant dans ce film.
03:04Mais on pourrait parler quand même de phare de bagnole dans les yeux d'une femme, dans un lit.
03:10Des visions, en fait, c'est ce qu'on demande au cinéma d'horreur.
03:12Et il y en a dans ce film.
03:14Mais qu'est-ce qu'effectivement ?
03:15Le premier, c'était une surprise.
03:16Mais celui-là, il a un grand succès public.
03:18Qu'est-ce qui explique ce succès, Marie ?
03:19Vous n'avez pas l'air vraiment convaincue.
03:21Si, je suis moins extatique que mes camarades.
03:24Je le trouve plutôt réussi.
03:25Je le trouve très efficace.
03:26D'abord, tu parlais de sa méchanceté, de sa cruauté.
03:30Vraiment, c'est un film assez impitoyable.
03:32Je comprends que les jeunes s'y ruent.
03:34D'autant plus qu'on a remplacé la psychiatre adulte du premier volet par une jeune pop star
03:40qui est remarquablement interprétée.
03:42Et qu'on est quand même face à une génération qui est très, très au fait et très à l'affût
03:47sur tout ce qui est question de santé mentale.
03:49Et donc, on avait une psychiatre qui jonglait avec la folie dans le premier volet.
03:54Et là, évidemment, on a une fille qui jongle avec des addictions, des traumas,
03:57mais aussi un possible statut de diva.
04:00Et donc, on la croit d'autant moins qu'elle est une star, donc forcément capricieuse.
04:04Je trouve que, effectivement, je trouve le film trop long, un peu répétitif.
04:09C'est-à-dire qu'à un moment, les effets du verre qui se casse, etc.
04:13qui deviennent des sortes de marqueurs comme ça dans un film de ballon.
04:16On pense à Fabrice Espire d'ailleurs.
04:17Oui, c'est vrai.
04:18Et d'ailleurs, c'est vraiment génial que ce volet-là se passe dans le milieu de la pop
04:23et dans la tête d'une star.
04:25D'ailleurs, il y a un livre en ce moment qui s'appelle « Célèbre »
04:28qui raconte ça, de Maud Ventura.
04:29Et c'est génial parce qu'on est vraiment dans la tête d'une star.
04:32C'est-à-dire, une star, elle vit dans quoi ?
04:34Elle vit dans les sourires de tout le monde.
04:36Et elle-même est obligée de sourire à tout le monde.
04:39Et c'est là que, finalement, la force plastique du film aussi de nous montrer
04:42ces traits de sourire, que ce soit dans des traînées de sang sur la route,
04:47que ce soit sur elle sous forme de cicatrices et tout ça.
04:49Tout ça, ça propose une espèce d'essai sur qu'est-ce que c'est être célèbre ?
04:54Qu'est-ce que c'est vivre devant le regard et devant les sourires
04:58et devant ces injonctions au bonheur de tous ?
05:01Et j'ai trouvé ça formidable.
05:03Mais c'est quoi ces références d'horreur à Parker Finn ?
05:07Bruno a cité tout à l'heure « It Follows ».
05:10Donc, ça vient de là.
05:12Mais avant, il y avait « Hidden ».
05:13Parce que c'est une figure très emblématique du cinéma d'horreur.
05:16Cette entité qui passe de corps en corps.
05:19Alors après, peu importe les modes de transmission,
05:21que ce soit lécher, croquer, regarder, sourire…
05:25Calmez-vous.
05:26Non, mais tous les modes de transmission.
05:28Le problème, c'est que là, il y a une bonne nouvelle,
05:31c'est qu'il a trouvé une astuce pour pouvoir faire une franchise
05:34qui sera ad libitum, sans se répéter.
05:36Pas comme destination finale.
05:37Là, c'est le mieux.
05:39Ah non, parce que la fin laisse imaginer quelque chose de totalement différent.
05:44La fin de ce film est extraordinaire.
05:47On a trouvé un moyen de pouvoir varier à chaque film les univers.
05:51Pour moi, il a définitivement clos son concept.
05:54Et je pense que même que c'est peut-être…
05:55Mais tu rigoles, c'est pas « It 3 va arriver ».
05:57Peut-être, mais je lui souhaite de ne pas faire le 3
06:01et de se diriger ailleurs, un peu à l'image d'un Jordan Peele.
06:04Il y a des préférences un peu amusantes.
06:07Non, mais c'est quand même très long.
06:08Il faut quand même le dire.
06:09Vous êtes tous là.
06:11Il y a trois quarts d'heure de trop.
06:13Le film, il est très systématique.
06:15Je veux dire, Cronenberg, on a vu ça avant.
06:17Le côté, on a des visions et c'est le réel.
06:19Enfin, je veux dire, ce travail-là, il est grossier.
06:21Oui, mais la façon dont il spot les réseaux sociaux, la célébrité d'aujourd'hui,
06:24tout ça est interdit.
06:25Le petit trèfle, la possession, tout ça, ça vous a pas amusé ?
06:29C'est des mots.
06:30Au bout d'un moment, on s'ennuie quand même.
06:32Il faut quand même le dire.
06:33On peut ne pas adhérer à tout.
06:35Moi, j'ai regardé ma montre pendant tout le film,
06:37mais pas parce que je m'ennuyais,
06:38je regardais combien de sang ?
06:40Non, parce que tellement ça me faisait peur,
06:42je me disais, mais encore une heure, est-ce que je vais tenir ?
06:45On va quitter la chanson horrifique pour la chanson cathartique.
06:48Maintenant, vous en avez bien besoin.

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