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Musique
Transcription
00:00Bonjour Michel Fuguin, chanteur et compositeur français, vous êtes aussi et surtout le créateur du Big Bazaar,
00:08cette troupe à l'esprit hippie communautaire post-68ards, vous deviez être médecin, tout comme l'était votre père, le résistant Pierre Fuguin,
00:16mais le cinéma et la nouvelle vague vous a détourné de votre chemin qui semblait tout tracé pour vous offrir de rencontrer Yves Robert dans un premier temps,
00:23vous étiez d'ailleurs son assistant, Jean Delannoy, Yves Furet et Michel Sardou.
00:27C'est pour et avec Michel Sardou que vous avez commencé à composer vos premières chansons et ensuite il y a eu Hugo Fray, il y a eu Dalida et enfin vous tout simplement,
00:36avec le titre Je n'aurai pas le temps sur des paroles de Pierre Delannoy qui sera votre premier succès, surtout il y aura d'autres succès qui vont s'enchaîner,
00:45je pense notamment à Une belle histoire, attention mesdames et messieurs, je pense à Fais comme l'oiseau, je pense à Chante comme si tu devais mourir demain,
00:51et d'ailleurs ce dernier titre définit finalement l'artiste que vous êtes, chantez comme si vous deviez mourir demain avec son énergie et son besoin de musique.
00:59Aujourd'hui vous êtes venu nous parler de votre dernier album qui vient de sortir, La vie, l'amour, etc.
01:0410 chansons effectivement pour vous raconter avec toujours en toile de fond le temps qui passe et l'importance de vivre.
01:12En gros et un peu dans le désordre, c'est exactement ça.
01:17Oui, le temps qui passe, je suis obligé, compte tenu de mon âge canonique, les mêmes thèmes sont toujours là, c'est-à-dire la liberté de penser bien sûr,
01:36de faire cette liberté qu'on a ou qu'on n'a pas et après laquelle on court, on se bat pour l'avoir, mais ça devient beaucoup plus simple avec le temps précisément.
01:49Le temps fait le tri, le temps fait beaucoup le tri.
01:54Il y a des choses, il y a des moulins à vent contre lesquels on ne part pas avec sa lance, ça devient beaucoup plus simple.
02:05Et comme c'est plus simple, c'est plus difficile à exprimer.
02:10Pourquoi je chante, c'est le titre qui termine cet album, qui clôture cet album.
02:15Pourquoi vous chantez ?
02:16En fait, cette chanson, elle arrive exactement à la fin du spectacle, quand on a terminé, on a salué, on a remercié, mais il nous remerciait aussi.
02:28Et ça, je suis très sensible et je dis, ne vous rasseyez pas, j'ai un dernier mot à vous dire.
02:36Et j'adore ça, c'est vachement difficile de garder toute sa sérénité, c'est avec beaucoup d'émotion.
02:50Emotion, pourquoi ? Parce qu'à ce moment-là, je ne suis qu'un individu qui a effectivement droit à la parole.
02:56Il l'a depuis deux heures à ce moment-là et qui dit, voilà pourquoi je chante.
03:03Je chante parce que je chante pour ceux qui ont encore une âme, ceux qui ont gardé la flamme.
03:09Je chante pour changer le dépit en espérant.
03:14Je chante pour tuer le silence et comme âme, je n'ai que la musique.
03:19Et j'aime le début de cette chanson et que je reprends à la fin.
03:22Je suis assez fier de cette phrase.
03:24Ni les hauts murs, ni les censures, ni les dictatures au pouvoir ne peuvent étouffer les cris que sont les chants d'espoir.
03:35Pour moi, c'est ça.
03:38Quoi qu'il arrive à cette humanité à laquelle j'appartiens, je continuerai de chanter pour ça.
03:47La musique, elle a toujours fait partie de votre vie.
03:49C'est le sentiment qu'on a quand on regarde ce parcours.
03:51Comment vous le voyez, ce parcours que vous avez déjà accompli, Michel Fuguin ?
03:54Comment le percevez-vous si on devait faire un retour en arrière et qu'on devait être dans les yeux de ce jeune homme
04:01qui décide de plaquer la médecine, de ne pas suivre le chemin de son père, attiré par la nouvelle vague,
04:07par les cours dramatiques aussi et donc par la chanson, parce que c'est devenu un coup de foudre ?
04:12J'ai l'impression que j'ai fait un parcours strictement logique.
04:18J'ai été étudiant en chanson avec des maîtres magnifiques.
04:24J'ai appris le spectacle avec le Big Bazaar.
04:28C'est dans le Big Bazaar que j'ai tout appris, pratiquement tout ce qui concerne la scène.
04:34J'ai suivi mon chemin en respectant ce que je suis, en ne faisant pratiquement jamais de compromis.
04:47Il y en a eu un, une erreur, je ne savais pas où j'étais,
04:51donc j'étais capable de prendre n'importe quelle corde qu'on me tendait.
04:54Mais ça fait aussi partie du voyage d'un homme.
05:00Sinon, je ne me suis pas planté, j'ai tenté de préserver toujours mon innocence,
05:07même quand je m'arrête cinq ans, ça je le sais maintenant.
05:10Je pense que je me suis bien démerdé, pour ne pas m'ennuyer, pour rester intact,
05:17pour encore avoir la moelle, pour encore avoir la voix.
05:22Je ne sais pas, je suis bien né, je crois bien né.
05:28– Quand on écoute cet album, il y a des chansons qui donnent le sourire,
05:33comme un sourire tout simplement.
05:35Ça met le doigt aussi sur une chose qui vous caractérise depuis vos débuts,
05:38c'est l'envie toujours de rassembler, de partager des choses.
05:41C'est comme ça qu'est né le Big Bazaar aussi.
05:43L'idée c'était de créer une troupe, d'aller chercher des gens, de monter sur scène.
05:47– Je sais maintenant, avec le temps, puisqu'on a toujours à fédérer, si on veut fédérer.
05:54Je suis un fédérateur, je l'ai appris avec le Big Bazaar.
06:00Vous ne pouvez pas chapoter 35 personnes, il y avait 15 sur scène, 11 musiciens, des techniciens.
06:10Vous ne pouvez pas garder ça uni, réuni, si vous n'êtes pas fédérateur.
06:21Être fédérateur, ça veut dire ne pas penser à soi d'abord,
06:26ça ne veut pas dire passer son temps à regarder son nombril,
06:29ça veut dire être à l'écoute de tous.
06:33D'abord c'est terriblement instructif, ça devient beaucoup plus facile avec le temps,
06:42parce que, je vous disais, le temps fait le tri,
06:45il fait le tri aussi au niveau des gens avec qui vous bossez,
06:48ceux qui restent, ceux qui resteront, quoi qu'il arrive,
06:51et que j'aime profondément,
06:56et qui font que quand on rentre sur scène, on rentre en création,
07:02on est en récréation, on va en récré.
07:06– Pour terminer, représente quoi cet album pour vous ? La vie, l'amour, etc.
07:11– Je n'ai jamais fait aussi personnel,
07:16je termine avec une chanson qui s'appelle « Viva la vida »,
07:19parce que c'est « Vive la vie »,
07:22et je sais qu'elle peut être difficile, etc.
07:26Vous parliez de mon père résistant,
07:29je fais partie de la génération qui arrive juste derrière,
07:33et donc qui a reçu tous les messages,
07:37et chaque fois que les gens parlent de la résistance,
07:41ils ont un peu les sourcils en accent circonflexe,
07:46comme s'il y avait de la douleur.
07:49Je sais, je l'ai entendu, je l'ai vu, je l'ai contrôlé,
07:53c'est des gens qui adoraient la vie,
07:56et qui se sont engagés parce qu'il n'était même pas question de faire autre chose,
08:02mais je répète, en résistant, pour quelque cause que ce soit,
08:09ça bouffe, ça boit, ça baise,
08:12et ça aime la vie,
08:15et ça aime d'autant plus la vie que peut-être ils la perdent le lendemain.

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