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L'acteur Samuel Le Bihan se souvient pour Paris Match de ses débuts dans la rue.

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Transcription
00:00Je ne peux pas m'empêcher de recommencer.
00:01Il a dit, bon, alors maintenant, il faut arrêter.
00:03Donc, il m'emmène au poste.
00:08Un été, tous mes potes
00:11avaient été engagés dans une pièce de théâtre.
00:14Et pas moi.
00:15Je n'avais rien.
00:16Et je me disais, mais il faut que je joue,
00:17il faut que je progresse,
00:18il faut que je me fasse de l'expérience.
00:20Et je voyais sur la place du parvis
00:22du centre Georges Pompidou,
00:23Pompidou, il y avait plein d'acteurs de rue, des mimes.
00:26Et j'ai commencé à regarder comment ils faisaient.
00:27Et je me suis fait un spectacle de mimes,
00:29un peu burlesque, avec un épluge.
00:31Je suivais les gens,
00:32je reprenais exactement leur mouvement,
00:35leur façon de marcher.
00:36Quand il y avait des pigeons,
00:37je faisais semblant d'avoir un pigeon à l'aise.
00:38Donc, en fonction du mouvement où allaient les pigeons,
00:41je faisais semblant d'attirer.
00:42Et donc, ça attirait les gens.
00:43Je me disais, tiens, il va se passer un truc.
00:45Et comme ça, avec ce spectacle,
00:46j'ai fait toute la côte atlantique.
00:48Ensuite, j'ai fait la côte d'Azur.
00:50Ensuite, je suis allé à Venise.
00:51J'ai joué Place Saint-Marc.
00:52Je me suis fait arrêter.
00:53Ils interdisent tout spectacle
00:56qui pourrait entraîner de faire la manche.
00:59Ils ne veulent pas ça,
00:59parce que Place Saint-Marc,
01:01c'est vraiment offert, c'est cadeau.
01:02Les gens, les touristes sont là.
01:04Ils ont visité la ville, ils s'ennuient.
01:06Donc, si vous leur proposez un spectacle,
01:08ils sont friands.
01:08Donc, il n'y a pas de musiciens.
01:09Il n'y a pas de magiciens.
01:11Il n'y a rien.
01:12Et moi, dans la réalité,
01:14je ne peux pas m'empêcher.
01:15En plus, il y a des pigeons.
01:15Je commence à faire le début du spectacle.
01:17Ça me fait marrer.
01:18Je commence à jouer.
01:19Les gens s'attroupent très vite.
01:21Très vite, les flics arrivent.
01:22Ils me disent, arrête.
01:24Et puis, je ne sais pas ce qu'ils me prennent.
01:26Je recommence, parce qu'ils partent.
01:28Je ne peux pas m'empêcher de recommencer.
01:30Là, ils disent, bon, alors maintenant,
01:31il faut arrêter.
01:31Ils m'emmènent au poste.
01:32Mais il n'y a pas eu de suite.
01:34Ils ne m'ont pas fiché.
01:35Je n'ai pas traversé le pont des soupirs.
01:37Je ne sais pas aller très loin.
01:38Ça a été bon enfant.
01:40Mais ils ont voulu me faire un peu peur.
01:42Et après, je me dis, tiens,
01:43si j'allais à Vienne,
01:45j'étais lancé.
01:46L'été arrivait à sa fin.
01:48Je pense que j'avais fait mon périple.
01:49J'avais joué.
01:50J'avais atteint mes objectifs.
01:52J'avais dépassé un peu,
01:54comme on dit, ma zone de confort.
01:55Parce que j'avais le drame d'y aller à chaque fois.
01:57Parce que ça n'a pas toujours marché.
02:00À La Rochelle, je me suis fait jeter.
02:02J'avais pris la place d'un mec
02:03qui devait faire de la batterie.
02:05Avec ses potes, ils sont arrivés.
02:06Ils m'ont dégagé, ils m'ont humilié.
02:08D'un coup, j'étais tout seul,
02:09vraiment largué,
02:10pas ridicule avec mon nez de clown.
02:12D'un coup, il y a une dame qui a pitié de moi
02:14qui vient me donner 10 francs.
02:15Le lendemain, je me dis, je vais faire autrement.
02:17Il y avait un fakir
02:18qui cassait les bouteilles,
02:19se ballongeait dessus,
02:20lui trachait du feu,
02:21faisait plein de trucs.
02:22Il était super costaud.
02:24Il était à la meilleure place.
02:26Et je lui dis, ça ne te dérangerait pas
02:28si après ton spectacle, je joue.
02:30Est-ce que tu serais d'accord ?
02:31Il me dit, non, on va faire autrement.
02:33Ce soir, je n'ai pas envie de jouer.
02:34Je vais te regarder.
02:36C'était ma revanche.
02:38J'étais dans le meilleur emplacement de La Rochelle.
02:40Je jouais et j'ai en plus
02:42le mec le plus costaud de la ville
02:43qui me protégeait.
02:44Il me regardait, il était là,
02:45et il se marrait.
02:46Et ça m'a aidé parce que chaque fois
02:48quand je jouais comme ça,
02:49je gagnais de l'argent.
02:50Il m'a donné des petits trucs
02:51pour gagner plus,
02:52comment faire mon final,
02:53comment arranger les choses.
02:54Et il m'a appris à cracher le feu.
02:56Il y avait des belles rencontres humaines,
02:59étonnantes, fortes, comme ça,
03:00qui se faisaient spontanées.
03:02Je dormais sur la plage souvent.
03:05Des fois, quand je ne pouvais pas,
03:06c'était dans des campings.
03:07J'avais plutôt à la belle étoile,
03:09mais dans un camping.
03:10Je vivais un peu comme un marginal.
03:12Et en même temps,
03:13je me nourrissais du fait
03:15de faire d'une rue, à un moment donné, un théâtre.
03:18Et après, je suis revenu à Paris.
03:19Mon défi, je me suis dit,
03:20voilà, maintenant, il faut jouer à Boubourg.
03:22Il faut être capable de prendre la place.
03:24J'étais à la rue Blanche à l'époque.
03:25Et quand je suis revenu,
03:27j'étais chargé à Bloch.
03:29Dans cet élan,
03:29j'ai passé le concours du conservatoire.
03:31Je suis rentré au conservatoire
03:33et après, on m'a pris à la comédie française.
03:34Donc voilà, je ne sais pas si c'est lié,
03:36mais en tout cas, ce qui était beau,
03:37c'est de partir, de jouer dans la rue,
03:39à la comédie française.
03:40Il y avait un joli circuit entre les deux.

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