Comment dormir, manger, aller aux toilettes quand on part faire le tour du monde en trois mois ? À la veille du départ du Vendée Globe, Sébastien Simon nous ouvre les portes de son bateau de course.
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00:00Voilà, à bord d'un bateau, le lit, on appelle ça une balette.
00:04J'aime bien dire que, en fait, c'est comme conduire une voiture en ville, mais les yeux fermés.
00:12C'est la même vitesse, mais on n'y voit rien.
00:14Je m'appelle Sébastien Simon, j'ai 34 ans,
00:17skipper sablé de l'IMOCA Groupe du Breuil,
00:19et je m'apprête à prendre le départ du Vendée Globe 2024.
00:23Bienvenue dans le cockpit de l'IMOCA Groupe du Breuil,
00:25donc un cockpit un peu de dernière génération, complètement fermé.
00:28Si vous allez dans un autre bateau, ce sera complètement différent.
00:32Mais voilà, ici, on se retrouve face à une cloison,
00:34ce qui est assez perturbant, parce qu'en fait, on ne voit pas de vent dans ces bateaux.
00:40Pour ça, on utilise beaucoup d'écrans,
00:42des écrans pour gérer l'énergie,
00:44des écrans pour gérer les caméras.
00:46On s'oriente beaucoup avec des caméras à bord du bateau.
00:54Donc, on en a deux derrière, on en a une sous le radar devant le mât,
00:57on en a une tout en haut du mât, on en a une dans le cockpit, etc.
01:00On utilise énormément ce genre d'outils pour pouvoir,
01:03pour la communication bien sûr, mais aussi pour pouvoir manœuvrer,
01:06puisque quand on est ici et qu'on manipule la colonne,
01:09ou le moulin à café appelé par le grand public,
01:13je ne sais pas pourquoi.
01:18Quand on utilise ce moulin à café ou cette colonne
01:21pour actionner les winches ici, qui sont un peu comme des treuils,
01:24pour nous donner plus de force,
01:26on ne voit pas ce qu'on fait, donc les caméras sont très utiles.
01:29Ce qui caractérise aussi un peu notre bateau,
01:31c'est comme vous le voyez, ces sièges qui ont été moulés sur moi.
01:34Oui, parce que ça, tu es l'un des rares à avoir ça.
01:36Oui, effectivement, j'ai eu un accident très grave,
01:38qui aurait pu être très grave, qui a été très grave,
01:41en décembre dernier, où j'ai eu une commotion cérébrale,
01:45puisque le bateau a probablement,
01:48qui a eu une décélération très importante,
01:50j'ai eu une commotion cérébrale, j'ai dû me recoudre moi-même le visage,
01:53le front, et je me suis fracturé une C7,
01:58une vertèbre dans le cou, une cervicale,
02:01donc ça aurait pu être dramatique, j'aurais pu être tétraplégique,
02:03et du coup, j'ai eu trois mois d'immobilisation,
02:06j'ai dû me réathlétiser pour continuer à faire les Transatlantiques
02:10pour se qualifier au Vendée Globe,
02:12et donc on a décidé de mettre en place plusieurs moyens,
02:15notamment de mouler un siège sur moi,
02:18j'en ai un de chaque côté, monté sur amortisseur
02:20pour pouvoir absorber les chocs verticaux
02:22qui vont au-delà des 4G par moment.
02:24Quand je suis ici dans le siège, j'ai une ceinture de sécurité,
02:30et c'est aussi un poste de veille pour voir le réglage des voiles,
02:34aussi voir le trafic maritime,
02:36aussi voir les écrans qui sont ici que je peux orienter,
02:39et d'ici je peux aussi régler l'angle de la quille,
02:42puisqu'elle bascule d'un côté et de l'autre,
02:44et régler le pilote automatique.
02:46Je vais passer 80% de mon temps assis dans le siège,
02:49également pour manger,
02:51puisque c'est un poste de veille idéal pour pouvoir naviguer.
02:58Et puis pour le confort, c'est génial,
03:01un petit ventilateur ici,
03:03parce qu'il fait chaud parfois.
03:07Donc on retrouve ici une bannette,
03:09qui est un lit fait sur mesure par nous,
03:13donc à bord d'un Imoca, on dort les pieds en avant,
03:17du coup là j'ai les pieds qui sont calés,
03:19en cas de décélération importante.
03:21Ce lit, je peux l'orienter, il est monté sur une charnière,
03:24puisqu'un bateau n'est jamais à plat, il gîte, on dit,
03:27et c'est un lit un peu lit et pouffe à billes en même temps,
03:30qui me permet d'être bien calé,
03:32parce qu'il faut s'imaginer que le bateau bouge constamment,
03:35et de là je peux sortir très facilement dehors pour aller manœuvrer.
03:40Ce qu'on retrouve aussi à l'intérieur de notre Imoca, c'est la cuisine.
03:43Encore une fois, si vous allez dans un autre bateau,
03:45ce ne sera pas du tout la même chose.
03:50Là c'est un petit réchaud à gaz, tout simplement monté sur une charnière,
03:53pour compenser la gîte du bateau.
03:59Donc pour les plats lyophilisés,
04:01l'eau du désalinisateur, puisqu'on produit notre eau nous-mêmes,
04:04on pompe l'eau de la gîte,
04:06ça passe dans une machine,
04:08la partie de l'eau désalinisée reste dans un réservoir ici,
04:11l'autre partie est rejetée dans la mer.
04:16Ça me sert aussi pour la douche par exemple,
04:18je vais remplir une gourde,
04:20et me laver avec l'équivalent de 2 litres d'eau.
04:22Sachant que les toilettes, c'est ça,
04:24les toilettes c'est un seau.
04:26Il n'y a pas de toilettes à bord d'un Imoca,
04:28puisque c'est trop lourd,
04:30donc les toilettes c'est un seau.
04:36C'est pas la mienne,
04:38mais je crois que c'est une photo connue,
04:40mais c'est pas moi,
04:42ça va changer je crois.
04:44Dans le bateau en général,
04:46il y a énormément de bruit,
04:48même dans le cockpit,
04:50c'est parce que, un,
04:52c'est un peu comme si on était dans une guitare,
04:54donc c'est sûr qu'on est au moins,
04:56à minima, autour des 100 décibels,
04:58ce qui correspond au bruit d'une moto,
05:00ou d'une tondeuse à gazon,
05:02en permanence.
05:04Donc du coup,
05:06c'est nécessaire de se protéger un peu les oreilles,
05:08parce que, un, c'est angoissant,
05:10et en plus parce que,
05:12c'est vraiment, vraiment bruyant.