Chaque vendredi, zoom sur un sujet qui fait l'actualité à l’étranger. Aujourd'hui, comment nettoyer Marseille du trafic de drogue ?
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00:00Comme chaque vendredi sur Europe 1, l'enquête de la rédaction à Marseille ce matin. Je vous le disais, Marseille qui va recevoir une double visite.
00:06Bruno Retailleau, Didier Migaud ont choisi la cité phocéenne pour dévoiler leur plan de bataille contre le fléau
00:12national du narcotrafic. Bonjour Stéphane Burgatte.
00:15Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:16Stéphane, vous êtes le correspondant d'Europe 1 à Marseille. Alors ils sont très
00:19attendus les deux ministres qui promettent aux trafiquants la même riposte que celle réservée aux terroristes après les attentats de 2015
00:26dans les quartiers dominés par les réseaux de trafic. Les habitants que vous avez rencontrés, Stéphane, n'en attendent pas moins.
00:33En effet, les trafiquants ont tout simplement mis la main sur des quartiers entiers et imposent leurs lois au quotidien.
00:39C'est pourquoi il y a urgence aujourd'hui à agir selon les habitants comme l'AIDE qui est membre de l'association Conscience.
00:45C'est devenu des zones de non-droit. Vous trouvez ça normal qu'on mette des débarrages dans les quartiers ? Que les gens ne peuvent plus
00:51utiliser leur ascenseur et qu'il y a une bande de jeunes en train de faire les hachas ? Parce que c'est la société qu'on est en train de
00:56contaminer. Nos jeunes sont perdus. Vous avez des fugueurs qui viennent de Lyon, de Paris. Ils viennent ici, on leur donne des armes. Les minots, ils n'ont
01:03ni foi ni loi. Les narcotrafiquants, ils les exploitent. Et cette situation était hélas prévisible, témoigne anonymement un employé d'un bailleur social
01:11qui en veut vraiment à ses dirigeants d'avoir longtemps fermé les yeux. La drogue rentre depuis les années 80 dans les cités et le problème
01:17c'est qu'ils se sont organisés autour de la cité. Depuis les années 90, on a toujours dit on est en train de préparer des bombes humaines.
01:25Tout ce qui se passe, toute cette violence, elle était chez nous déjà écrite. Et là où il faut en vouloir à tout ce système
01:32public et politique, c'est que tout le monde a déserté les cités.
01:35Alors quand les diverses opérations policières de terrain, opérations de pilonnage, opérations places nettes ne semblent pas suffire, quelles peuvent être, Stéphane, les solutions ?
01:44Alors, à défaut de solutions miracles, beaucoup s'intéressent au modèle italien dans la lutte contre les mafias, notamment le statut judiciaire
01:52du repenti pour tenter de briser l'omerta dans les cités. Et selon Attica Sadani du collectif des familles des victimes,
01:59l'idée mérite qu'on s'y intéresse.
02:01C'est vrai que c'est pas la même chose la mafia italienne, mais quand même, ils ont fait pas mal de choses. Les personnes qui dénoncent
02:06font partie de la mafia, mais elles sont protégées. Nous, il n'y a aucune protection, ne serait-ce que pour les familles qui sont menacées.
02:11Les repentis sont protégés, H24, ils changent d'identité, d'habitation, c'est tout un travail qui est fait, mais au moins ils ont réussi à attraper les gros bonnets.
02:19Il faut mettre les moyens à ce niveau-là.
02:21Mais le problème, c'est que les trafiquants ont toujours une longueur d'avance, une guerre d'avance.
02:26Selon l'analyse des sénateurs qui ont participé cette année à l'enquête parlementaire sur le narcotrafic, c'est le cas de l'écologiste Guy Benarroche.
02:34Selon lui, le point de long retour est atteint aujourd'hui. Les trafiquants ont désormais les moyens de corrompre un peu partout, dans toutes les strates,
02:41que ce soit dans la justice, les ports ou encore dans les prisons.
02:45Et d'ailleurs, selon ce rapport, on apprend que les chiffres sont connus jusqu'à 2000 euros, par exemple, pour faire passer un téléphone en prison,
02:51au moins 5000 euros pour soustraire des pièces de dossiers d'instruction ou encore plusieurs dizaines de milliers d'euros pour avoir un badge d'accès aux zones portuaires.
03:00Sur le lot, même s'il n'y en a qu'un sur mille, il va donner accès à tout un tas d'informations qui vont permettre au narcotrafic de s'organiser.
03:07Il y a plusieurs recommandations, celle de la création d'un parquet spécialisé, celle du fait que dans une administration, quelle qu'elle soit,
03:13il n'y ait plus de gens seuls devant une décision, que ce soit toujours du collectif, celle de former les personnels au processus de la corruption.
03:21Et les trafiquants réaliseraient au moins 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires chaque année en France.
03:26C'est pourquoi l'action doit être mise également, selon lui, sur la traque des flux financiers.
03:31L'enquête à Marseille du correspondant d'Europe 1, Stéphane Burgate. Merci beaucoup Stéphane. Il est 7h46.