Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent de la situation sécuritaire à Marseille concernant les trafics et règlements de compte.
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00:00Direction Marseille, si vous voulez bien.
00:02Évidemment, là encore, des dossiers à gérer.
00:05Hier, avec Laurence Fary, on vous parlait de ce collège qui avait été clibé de balles,
00:11ce collège qui est situé dans une zone de trafic de drogue.
00:13Là, je voudrais qu'on revienne sur l'affaire Socaïa.
00:16Vous vous souvenez, en septembre dernier, Socaïa, 24 ans,
00:19était tuée d'une balle perdue au cours d'un échange de tir entre narcotrafiquants,
00:24alors qu'elle était tout simplement en train de réviser dans sa chambre.
00:27Sa mère a témoigné ce matin.
00:30Elle se dit toujours détruite.
00:32Un an après, elle confie qu'elle a du mal à sortir de chez elle.
00:36Et ça fait un an. Écoutez-la.
00:39Je suis brisée.
00:40Je suis toujours en arrêt maladie, mais je ne suis pas prête à reprendre le travail.
00:45Et puis, je suis là, je passe mes journées à la maison.
00:50Il n'y a pas de jour où je ne pleure pas ma fille.
00:52Vraiment, c'est très compliqué.
00:54On vivait dans l'insécurité, dans la peur.
00:59Même chez nous, on n'est pas en sécurité.
01:02On n'a rien changé, ça continue.
01:05Mais jusqu'à quand, je ne sais pas.
01:07Ça va continuer, ça va être pire, pire.
01:09C'est grave, c'est très grave.
01:11Les armes de guerre, ça circule en France comme des bonbons.
01:17C'est terrible, ce témoignage.
01:18Un an après, Anan Bakioui.
01:21On voit que les choses n'ont pas bougé.
01:23On a cette maman qui ne se remet pas.
01:26Et comment peut-on se remettre d'un tel drame ?
01:28Une balle perdue, sa fille travaillait et révisait dans sa chambre.
01:33Rien ne bouge, rien ne bouge.
01:34Vous voyez, tous les sujets sont liés, en fait.
01:36Mais totalement, ce témoignage, il est déchirant.
01:39Mais ce témoignage montre aussi, comme je vous ai dit,
01:41que les principales victimes, ce sont des personnes
01:43qui ne peuvent pas faire autrement que de vivre
01:46et qui sont en fait pris au montage, entre guillemets, de ces narcotrafics.
01:53Et puis, je pense qu'il y a pareil.
01:55Là, on voit, ça se gangrène de partout.
01:58Ce n'est pas que Marseille.
01:59Je veux dire, aujourd'hui, c'est dans les petites villes,
02:01c'est en ruralité, c'est devenu tentaculaire.
02:04On va arriver au même niveau que ce qui se passe aux Pays-Bas,
02:07avec la mochromafia qui a gangréné toutes les strates de l'État.
02:12Et en fait, on est face à un niveau tel
02:15qu'aujourd'hui, il y a une vraie prise de conscience.
02:18On l'a vu quand il y a eu le rapport sénatorial
02:20qui a été rendu sur le narcotrafic,
02:21avec un certain nombre de préconisations qui sont faites.
02:25Mais il faut les mettre en oeuvre, ces préconisations.
02:27On ne peut pas laisser continuer comme ça,
02:29où on a des jeunes filles qui sont des victimes collatérales
02:33du narcotrafic, des habitants qui sont délogés de leur logement
02:37pour justement... En fait, c'est ça, on les laisse gagner.
02:40Donc, il y a un moment, il y a ce besoin d'autorité.
02:43Alors, on parle d'autorité, tout de suite, ça devait devenir un mot connoté.
02:47Mais il y a un vrai besoin d'autorité.
02:49Il y a un vrai que ce soit...
02:51Anane, quand on écoute Didier Migaud
02:55et l'analyse que vient d'en faire Louis de Ragnel,
02:59quand on voit la fermeté affichée par le nouveau ministre de l'Intérieur,
03:04on voit qu'à un moment donné, pour que tout fonctionne,
03:07il faut qu'il y ait une vraie synergie entre les deux.
03:09Et je le disais, Michel Barnier a réuni ces deux ministres en disant
03:12« Calmez-vous, essayez de vous rapprocher ».
03:15Et au final, qu'est-ce qu'on voit ?
03:16Les marges de manœuvre ne sont pas les mêmes.
03:18Vous avez Bruno Retailleau qui peut intervenir directement,
03:20tout à la fois par ordonnance,
03:21et qui peut intervenir directement sur les préfets.
03:24Monsieur Didier Migaud n'a pas la même marge de manœuvre.
03:27Ce n'est pas lui qui va intimer au parquet un certain nombre...
03:29Vous avez entièrement raison.
03:31La question, c'est l'alignement sur la stratégie.
03:33Est-ce qu'on avance dans la même direction ?
03:35C'est l'essence de ma question.
03:36Le sujet, c'est ça, Louis.
03:37Et c'est pour ça que Michel Barnier, de ce que j'ai appris,
03:41a plutôt tiré les oreilles de Didier Migaud
03:44que de celle de Bruno Retailleau.
03:48Quand on parle du combat contre le trafic de drogue,
03:51je pense qu'il faut quand même dire
03:52qu'il y a une impuissance totale de l'État.
03:54Ça veut dire que quelles que soient les méthodes qui sont employées,
03:56et je ne dis pas ça pour insulter ou pour manquer de respect
03:59aux personnes, notamment aux forces de l'ordre,
04:00qui travaillent vraiment courageusement,
04:04héroïquement, pour beaucoup,
04:06dans la lutte contre le trafic de drogue.
04:08Mais ce qui ne marche pas, c'est que c'est un travail d'occisif.
04:10Vous arrivez, vous emmenez la CRS 8 dans un quartier...
04:13Mais c'est ponctuel à chaque fois, on le sait très bien.
04:15Ça dure dix jours.
04:15Ça dure dix jours et ensuite, le trafic reprend.
04:17Vous mettez en prison quelqu'un,
04:20et bien il est remplacé immédiatement
04:22comme rouage du trafic de drogue.
04:24Vous fermez un point de deal,
04:25il est décalé à quelques centaines de mètres, etc.
04:29Pourquoi ? Parce qu'il y a une question d'offre et de demande.
04:31Vous avez 5 millions de consommateurs de drogue en France.
04:34Les trafiquants de drogue ne sont pas des imbéciles.
04:36Même s'ils ruinent des vies,
04:38même s'ils tuent des victimes collatérales,
04:39même s'ils pourrissent des quartiers,
04:41ce n'est pas idiot ce qu'ils font.
04:42Ils ont une rationalité économique.
04:43Je ne dis pas ça pour les justifier,
04:45mais je dis juste qu'évidemment,
04:46ils brassent un argent fou,
04:47qu'ils ont le sentiment d'être ivres de puissance,
04:50d'être plus puissants que l'État à certains égards,
04:52et que même si on les attaque par ici,
04:54ils pourront s'adapter à la situation par là
04:56parce qu'il y aura toujours derrière
04:58à peu près 5 millions de Français,
04:59dont 2 millions de consommateurs très réguliers,
05:02pour venir acheter.
05:03Je pense qu'il faut avoir un vrai débat
05:04sur la question de la drogue
05:05et qu'en la matière, notre législation
05:08n'est tout simplement pas adaptée
05:10à la réalité de la question de la drogue en France.
05:13C'est-à-dire que tout le monde sait bien,
05:14notamment chez les politiques,
05:16que c'est une législation qui n'a pas de sens
05:17au sens où elle n'est pas réalisable.
05:19Vous avez 5 millions de personnes
05:20qui prennent de la drogue,
05:21qui continueront d'en prendre,
05:22quels que soient les évolutions.
05:23C'est quoi le but de votre raisonnement, Jonathan ?
05:25Moi, le but de raisonnement,
05:26c'est que je pense qu'il faudrait
05:27faire un vrai grand débat
05:29avec tous les acteurs impliqués
05:30de santé publique, de police, etc.
05:33Avec aussi la question de la dépénalisation
05:35de certaines drogues,
05:35ce que font l'Allemagne et d'autres pays.
05:37J'aimerais juste rappeler,
05:38la France est un des pays qui a la législation
05:40la plus sévère sur la question des drogues,
05:43et un des pays européens,
05:44et un des pays où il y a le plus de consommateurs de drogue.
05:46Donc, il y a un paradoxe qui est très fort.
05:47Nathan, je vous entends.
05:48On va poursuivre nos débats
05:50dans quelques instants.
05:52Mais qui dit débat...
05:55Dit désaccord.
05:55Dit désaccord, etc.
05:57Et qu'aujourd'hui, il est urgent d'agir.
05:59Et tous les faits que nous commentons
06:01depuis le début de cette émission
06:03prouvent, évidemment,
06:04et cette mobilisation pour ces obsèques,
06:06que les Français en ont à ras la casquette
06:08et qu'ils veulent des actes.
06:09Alors, des débats, c'est sûr, c'est bien.
06:11Mais en un moment, il faut des actes.
06:12Parce que dès qu'il y a débat,
06:13évidemment, ça dure
06:14et il n'y a pas de solution derrière.
06:16On fait le tour de l'information avec Simon Guillain.
06:19Je suis très en retard, Simon Guillain.
06:20Pardonnez-moi.
06:2018h32, tour de l'info.