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Michel Barnier était à Bruxelles ce mercredi 13 novembre 2024 pour tenter de défendre les agriculteurs français face à la signature d'un accord avec le Mercosur. Il a également réagi à l'élection de Donald Trump aux États-Unis et à l'arrivée d'Elon Musk dans la future administration du milliardaire américain. 

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00:00— Vous allez dire que vous allez à Bruxelles écouter le Premier ministre, justement. — Moi, ça va très bien, à preuve.
00:05Est-ce que je peux dire quelques mots avant de me précipiter pour répondre à vos questions ? Vous étiez prêtes ? Moi aussi, je suis prêt.
00:13Donc merci beaucoup d'être là, un peu dans le froid. Je suis très content de vous retrouver, en tout cas de trouver des visages connus,
00:21et de me retrouver à Bruxelles, devant ce bâtiment du Berlaymont, où j'ai eu l'occasion de travailler pendant près de 15 ans,
00:31et donc d'avoir ces entretiens dans le cadre de visites de travail. Et c'est la première depuis que je suis Premier ministre.
00:40Et il y en aura beaucoup d'autres, parce qu'il y a tellement de sujets, d'aspects, de dimensions de l'action d'un gouvernement,
00:49enfin du gouvernement de la France que je dirige, qui sont concernés, impactés, solidaires des politiques européennes.
00:58Et donc il y aura beaucoup d'autres visites, comme d'ailleurs – je le dis en présence du ministre de l'Europe, qui est à mes côtés –
01:05il y aura du côté du gouvernement une grande attention, une grande présence ici à Bruxelles, à la fois auprès des nouveaux commissaires
01:14qui vont prendre leur fonction – j'espère – le plus tôt possible, auprès du Parlement européen, et puis aussi dans chaque pays,
01:21auprès des gouvernements des 26 États membres. J'ai eu l'occasion de rencontrer cet après-midi le vice-président Dombrovski, que je connais bien,
01:32et puis également M. John Tillony. Et enfin, à l'instant, Ursula von der Leyen, que j'étais très heureux de retrouver.
01:41Qu'est-ce qu'on s'est dit ? Sur les grandes politiques de la Commission qui sont à l'agenda d'Ursula von der Leyen,
01:49il y a naturellement l'enjeu majeur de la compétitivité de l'économie européenne, de la mise en route de la suite donnée par la Commission,
02:01par le Parlement, par les États membres aux conclusions, aux propositions du rapport Draghi, du rapport l'État, qui sont très importantes.
02:08C'est un premier point que nous avons évoqué. Le deuxième point est celui de la simplification. C'est aussi un grand point à l'agenda de la présidente.
02:16Et c'est un grand point majeur à l'agenda du gouvernement français, que celui de la simplification, stopper l'inflation normative pour l'agriculture,
02:27pour les agriculteurs, mais aussi pour beaucoup d'entreprises, grandes et petites ou moyennes, qui sont impactées par des normes souvent insupportables.
02:37Le troisième point que j'ai évoqué, c'est celui du mercosur. J'ai dit à la présidente que dans les conditions actuelles, cet accord n'est pas acceptable par la France.
02:47Et il ne le sera pas. Enfin, nous avons évoqué d'autres sujets, comme celui du budget, évidemment. Pourquoi ?
02:57Parce que nous sommes, dans notre pays, engagés dans un souci de souveraineté, qu'il faut bien comprendre et expliquer. Moins on a de dettes, plus on est souverain.
03:11Nous avons trop de dettes, qui nous rendent dépendants. Et donc c'est aussi la raison pour laquelle je présente un budget difficile, qui poursuit maintenant son parcours.
03:23J'en suis très heureux au Sénat. Un budget difficile, mais qui nous permet de réduire notre endettement, réduire notre dépendance.
03:32Aujourd'hui, nous avons en France une charge de la dette, des intérêts de nos emprunts, qui va atteindre 55 ou 56 milliards d'euros, plus que le budget de la Défense.
03:46Je pense que cet argent serait beaucoup mieux utilisé pour l'éducation, pour notre sécurité, pour l'emploi, pour les équipements dont la France a besoin.
03:54Donc réduire notre dette, c'est augmenter notre souveraineté, puis aussi, dans le cadre de l'euro que nous avons voulu, et heureusement, jouer notre rôle,
04:04tenir notre place pour que le règlement de copropriété de l'euro fonctionne. Et c'est aussi le dialogue confiant, constructif que nous avons eu
04:15avec les commissaires que j'ai rencontrés, avec la présidente. Voilà pour les principaux points de nos discussions. Et je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
04:23— Vous avez parlé d'une arc-en-ciel. — Est-ce que la commission vous a donné des signes comme quoi il aurait envie de rendre cet accord plus acceptable pour la France, et lesquels ?
04:33— Écoutez, je vais pas... C'est pas mon habitude de rentrer dans les détails et dire publiquement ce que nous sommes dits. Et je pense que la commission a bien compris,
04:44bien compris que dans les circonstances actuelles, cet accord n'était pas acceptable et ne sera pas accepté par la France. Et c'est la position du président de la République
04:53comme la position du gouvernement que je dirige. J'ai oublié de dire un petit mot d'un sujet important. Je viens de vous dire que cet accord ne sera pas accepté
05:05actuellement par la France. — Mais si la commission et les 27 décident de passer outre la France, c'est possible ?
05:11— Oui. Je vous recommande qu'on ne passe pas outre la position d'un pays comme la France, d'ailleurs pas plus qu'outre la position des autres pays.
05:23Les préoccupations françaises sont exprimées notamment par l'impact désastreux que cet accord aurait sur des filières entières, notamment de l'agriculture et de l'élevage.
05:33On n'est pas les seuls à avoir ces craintes. Il y a les mêmes craintes dans beaucoup de pays européens. Et vous le verrez dans les temps qui viennent.
05:40Et il y a aussi des craintes qui s'expriment et des questions nombreuses au Parlement européen comme dans nos propres parlements.
05:47Je voulais juste dire un mot de sujet important pour nous, qui a été l'agenda de ma rencontre avec Ursula von der Leyen, qui concerne l'immigration.
05:57Et sur ce plan qui est très important pour nous, que de maîtriser l'immigration clandestine, d'avoir une politique à la fois digne et ferme,
06:07nous allons nous appuyer sur le pacte asile-immigration qui a été adopté au niveau européen. Nous allons le transposer dans la loi française le plus tôt possible.
06:15Nous allons le compléter. Il y a un souci, qui est celui de maîtriser cette immigration et ces migrations, de compléter aussi au niveau européen
06:27par la directive retour que la présidente – et je l'ai remercié – a décidé de réouvrir, et puis d'avoir un dialogue extrêmement clair et constructif,
06:36je l'espère, avec les pays de transit ou de départ. Et donc de ce point de vue-là aussi, le levier européen est extrêmement important.
06:45— M. Barnier, Elon Musk a rejoint officiellement le gouvernement de Trump. Est-ce que Elon Musk est une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe ?
06:52— Vous n'imaginez pas que je vais faire des commentaires sur la composition du gouvernement américain ? Ça, je... Ce qui m'intéresse, c'est...
06:59— Mais est-ce que c'est un danger pour l'Europe et pour la France, Elon Musk ? — Mais je vais pas faire de procès d'attention.
07:04Mon collègue vous demande de pousser un peu. — Tout le monde me demande de me pousser. Qu'est-ce que je dois faire ?
07:10— Non mais vous prenez trop de place. C'est ça, la question. Donc je vais pas faire... Oui, mais je suis en direct. Ça m'empêche pas de vous dire que...
07:19Je vais pas faire des commentaires sur la composition du gouvernement américain. Nous prenons acte du vote populaire et souverain des citoyens américains.
07:25Nous le respectons. Ce qui m'importe, c'est ce qui se fait, ce que M. Musk va faire, ce que le président Trump va faire une fois en fonction vis-à-vis de l'Europe,
07:34qui a toujours été alliée des États-Unis dans le cadre de la Défense atlantique et avec laquelle nous avons toujours eu un dialogue constructif,
07:41même s'il a été rigoureux, sans complaisance, donc sur le plan commercial, sur le plan de la défense, de la sécurité.
07:47Ce qui m'intéresse, ce qui m'intéressera, ce qui intéressera évidemment le président Emmanuel Macron, qui sera en dialogue régulier,
07:54qui a déjà été en dialogue depuis son élection avec le président Trump, c'est qu'est-ce que sera la politique américaine pendant les 4 ans qui viennent.
08:01— Vous avez parlé de la colère des agriculteurs qui est de retour. Il y a aussi la colère à la SNCF. Il y a les plans sociaux avec la hausse du chômage.
08:09Est-ce que vous redoutez une coagulation des colères en France ? — Nous sommes très attentifs à ces colères, à ces souffrances.
08:16Je pense notamment à l'agriculture et aux agricultrices et aux agriculteurs que je connais, que je respecte.
08:23Donc nous avons, avec Annie Gennevard, la ministre en charge de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, apporté des réponses.
08:30Nous tenons chacune des promesses, chacun des engagements pris l'année dernière, cette année, en janvier, après la crise,
08:38sur le plan notamment du contrôle unique, de l'ensemble des mesures qui ont été annoncées. Le budget tient les engagements.
08:45J'ai même complété ce budget pour faire face à la conjoncture très grave des crises sanitaires, notamment la fièvre cataracte aux vignes.
08:52Nous allons compléter ces mesures dans les jours qui viennent. Et nous sommes en solidarité avec le monde agricole sur cette question
08:59qui inquiète beaucoup, à juste titre, qui est celle du Mercosur. — Qu'est-ce qui pourrait rendre les Mercosurs plus acceptables que la France ?
09:08Peut-être un fonds de compensation pour les agriculteurs ? — Non, il s'agit pas de mettre des rustines ou de compenser.
09:12Il s'agit de ne pas accepter des mesures qui vont détruire des filières entières de l'économie européenne.
09:18Et vous ne pouvez pas expliquer, ni en France ni dans d'autres pays, que l'UE, au titre d'une politique commerciale que nous connaissons bien
09:28et qui devrait d'ailleurs probablement être reconsidérée quand on regarde ce qui se passe dans le reste du monde
09:33sur le plan des mêmes accords de commerce, détruise des pans entiers de l'économie de plusieurs pays. C'est pas acceptable.
09:41C'est pas justifiable. Nous voulons... Moi, je suis partisan du commerce. Mais « free and fair », je l'ai souvent dit, hein, « libre et équitable ».
09:49— Vous avez appelé ce matin une candidature commune de la droite et du centre pour la prochaine présidentielle.
09:54Vous vous projetez déjà ? — Qui vous a dit que j'avais dit ça ? — Vous avez rencontré des parlementaires ?
09:59— Oui, mais qui vous a dit que j'avais dit ça ? — Je vais pas vous donner les sources.
10:02— Non, mais ce sont des sources inexactes. Je n'ai pas dit ça. Et donc je vais pas me mêler des élections présidentielles.
10:08J'ai simplement dit une chose qui est simple. C'est que dans ce socle commun – et je rencontre les parlementaires –, j'essaie de favoriser,
10:16de participer, de contribuer à une culture d'union, de compréhension, de respect. Et nous allons y arriver, comme l'a montré d'ailleurs
10:24le vote au Parlement contre ce budget insensé qui avait été élaboré par un certain nombre de groupes à l'Assemblée nationale.
10:34J'ai simplement dit que le succès de ce gouvernement, que je vais leur diriger avec des équipes plurielles qui doivent apprendre à travailler ensemble,
10:42ce succès-là, il est fondamental pour, quel que soit le candidat, un succès en 2027. C'est ça que j'ai dit.
10:50Je me suis pas permis de souhaiter qu'il y ait un seul candidat, même si je pense que l'unité est toujours nécessaire.
10:56Je ne veux pas mélanger les étapes. Je suis totalement 100% concentré sur l'action de ce gouvernement. Vous n'entendez pas dire autre chose.
11:07Dans l'action du gouvernement, il y a l'unité, il y a les solutions, les progrès qu'attendent les Français dans leur vie quotidienne. C'est ça qui m'intéresse.

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