GRAND DÉBAT / Mercosur : la colère des agriculteurs
« Le récap » par Bruno Donnet
Mercredi 13 novembre 2024, une rencontre a été organisée entre la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre français dans l'optique de sceller un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur. Un projet qui fait pâlir les campagnes françaises, toujours à vif depuis le mouvement des agriculteurs en janvier 2024. Cet accord permettrait une quasi-suppression des droits de douane pour les exportations des Etats d'Amérique latine. Les produits concernés seraient la viande bovine et volaille, le sucre et le maïs. Les pays membres de l'UE obtiendront, quant à eux, des facilités pour exporter des voitures, des produits chimiques et des médicaments. Les agriculteurs sont vent debout. La fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a appelé à une mobilisation et ce, dès le lundi 18 novembre. De son côté, la ministre de l'agriculture, Annie Genevard a déclaré que la France tente « de rallier un maximum de pays de façon à imposer un veto ». La Pologne, l'Autriche, l'Irlande et les Pays-Bas devraient rejoindre la fronde française. Dès lors, la France parviendra-t-elle à s'imposer contre cet accord qui sert les intérêts de l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie ?
Invités :
- Éléonore Caroit, députée apparentée « Ensemble pour la République » des Français d'Amérique latine,
- Benoît Biteau, député écologiste de Charente-Maritime,
- Patrick Legras, agriculteur, porte-parole de la « Coordination rurale »,
- Aurélie Catallo, directrice du programme agriculture France à l'IDDRI.
INTERVIEW FRANC-PARLER / Interview avec Yaël Braun-Pivet en Nouvelle-Calédonie
L'annonce du dégel du corps électoral a mis la Nouvelle-Calédonie à feu et à sang début 2024. Depuis, le nouveau Premier ministre, Michel Barnier a annoncé la suspension sine die de cette réforme. Les tensions sont néanmoins toujours fortes sur le Caillou. Pour tenter d'y remédier, le Président du Sénat, Gérard Larcher, et la Présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet ont entrepris un voyage officiel. Cette-dernière répond aux questions de Clément Perrouault, journaliste LCP, depuis Nouméa.
Grande invitée : Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale
LA QUESTION QUI FÂCHE / Marine Le Pen est-elle un problème pour le RN ?
- David Revault d'Allonnes, rédacteur en chef de la revue « L'Hémicycle »,
- Bertrand Périer, avocat et enseignant.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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Mercredi 13 novembre 2024, une rencontre a été organisée entre la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre français dans l'optique de sceller un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur. Un projet qui fait pâlir les campagnes françaises, toujours à vif depuis le mouvement des agriculteurs en janvier 2024. Cet accord permettrait une quasi-suppression des droits de douane pour les exportations des Etats d'Amérique latine. Les produits concernés seraient la viande bovine et volaille, le sucre et le maïs. Les pays membres de l'UE obtiendront, quant à eux, des facilités pour exporter des voitures, des produits chimiques et des médicaments. Les agriculteurs sont vent debout. La fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a appelé à une mobilisation et ce, dès le lundi 18 novembre. De son côté, la ministre de l'agriculture, Annie Genevard a déclaré que la France tente « de rallier un maximum de pays de façon à imposer un veto ». La Pologne, l'Autriche, l'Irlande et les Pays-Bas devraient rejoindre la fronde française. Dès lors, la France parviendra-t-elle à s'imposer contre cet accord qui sert les intérêts de l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie ?
Invités :
- Éléonore Caroit, députée apparentée « Ensemble pour la République » des Français d'Amérique latine,
- Benoît Biteau, député écologiste de Charente-Maritime,
- Patrick Legras, agriculteur, porte-parole de la « Coordination rurale »,
- Aurélie Catallo, directrice du programme agriculture France à l'IDDRI.
INTERVIEW FRANC-PARLER / Interview avec Yaël Braun-Pivet en Nouvelle-Calédonie
L'annonce du dégel du corps électoral a mis la Nouvelle-Calédonie à feu et à sang début 2024. Depuis, le nouveau Premier ministre, Michel Barnier a annoncé la suspension sine die de cette réforme. Les tensions sont néanmoins toujours fortes sur le Caillou. Pour tenter d'y remédier, le Président du Sénat, Gérard Larcher, et la Présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet ont entrepris un voyage officiel. Cette-dernière répond aux questions de Clément Perrouault, journaliste LCP, depuis Nouméa.
Grande invitée : Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale
LA QUESTION QUI FÂCHE / Marine Le Pen est-elle un problème pour le RN ?
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- Bertrand Périer, avocat et enseignant.
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NewsTranscription
00:00Générique
00:05Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans Savourgarde ce soir.
00:10Le Mercosur, l'accord de la discorde, 600 parlementaires exigent son abandon par Bruxelles,
00:17mais l'Union Européenne est déterminée à signer ce traité de libre-échange avec les pays d'Amérique Latine.
00:23Alors la bataille est-elle perdue ?
00:25Sommes-nous impuissants à protéger nos agriculteurs ?
00:28C'est notre grand débat dans un instant avec mes invités.
00:31Dans Franc-Parler, ce soir, la crise calidonienne.
00:34Nous irons à Nouméa où la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet,
00:39nous a accordé un entretien au dernier jour de sa mission de conciliation avec Gérard Larcher dans l'archipel.
00:46Entretien exclusif à découvrir tout à l'heure.
00:49Enfin, la question qui fâche ce soir, Marine Le Pen est-elle un problème pour le RN ?
00:55Le parquet va sans doute requérir ce soir, contre elle, une peine d'inéligibilité dans l'affaire des assistants parlementaires fragilisés.
01:03Sa candidature va-t-elle toujours de soi tire croisée en fin d'émission avec nos chroniqueurs ?
01:08Voilà donc pour le programme, vous savez tout, ça vous regarde.
01:11Top générique !
01:13Générique
01:24C'est une négociation qui empoisonne la vie politique française depuis 20 ans.
01:29Sauf que cette fois-ci, la conclusion est toute proche, annonce qui pourrait être ficelée dans les jours prochains au G20.
01:37Alors dans un ultime baroud d'honneur, la France se mobilise, le monde politique comme le monde agricole,
01:43pour empêcher la signature de ce traité de libre-échange entre d'un côté l'Union européenne et les pays du Mercosur, le Brésil et l'Argentine en tête.
01:52Mais avec quelle chance de succès, précisément, et surtout quelles conséquences pour nos agriculteurs si nous perdons définitivement cette bataille ?
02:00Bonsoir, Eleonore Carrois.
02:02Bonsoir.
02:03Et merci d'être là, vous êtes députée des Français établis en Amérique latine, ça tombe bien, c'est notre sujet, député macroniste, le groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée.
02:12Bonsoir, Benoît Biteau.
02:13Bonsoir à vous.
02:14Bienvenue, député écologiste de Charente-Maritime, paysan bio, agronome de profession et ancien neurodéputé à Bruxelles,
02:21où s'est menée cette bataille et où elle se mène toujours, sur le Mercosur.
02:26Bonsoir, Patrick Legras.
02:27Bonsoir.
02:28Ravi de vous accueillir, vous êtes le porte-parole de la coordination rurale aux avant-postes de la colère des agriculteurs de l'hiver dernier.
02:35Et bonsoir, enfin, Aurélie Catalot.
02:37Bonsoir.
02:38Bienvenue à vous, vous êtes la directrice agriculture France pour l'IDRI, c'est l'Institut du développement durable des relations internationales.
02:46Alors avant de vous entendre, on va faire le point sur les dernières heures, les derniers jours de cette ultime bras de fer entre Paris et Bruxelles.
02:52J'accueille Bruno Donnet pour son récap' tout de suite.
02:59Générique
03:05Bonsoir, Bruno.
03:06Bonsoir, Myriam. Bonsoir à tous.
03:07Alors quel est donc cet accord que combat la France ?
03:10Et bien cet accord, Myriam, consiste à créer une sorte d'immense zone de libre-échange entre, d'un côté, les 27 pays de l'Union Européenne et, de l'autre, le fameux Mercosur,
03:22c'est-à-dire le grand marché commun de l'Amérique latine qui regroupe le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay et la Bolivie.
03:30Le problème, c'est que de cet accord, la France n'en veut absolument pas.
03:34C'est un mauvais accord pour la raison première que ça va faire déferler sur notre pays une quantité de productions qui vont venir concurrencer directement nos producteurs.
03:46Alors c'est vrai, le texte prévoit de réduire considérablement les droits de douane de tous les produits agricoles en provenance du Mercosur.
03:54L'Europe pourrait donc voir arriver tous les ans des tonnes de viande, de bœuf supplémentaire, 18 000 tonnes de sucre, autant de volaille mais également du maïs et des millions de litres d'éthanol, Myriam.
04:06Alors qu'est-ce qui déplait tant à la France ?
04:08Ce qui contrarie la France et surtout les agriculteurs, ce sont les conditions de production de ces produits.
04:16Car en Amérique latine, les normes ne sont pas du tout les mêmes qu'en Europe.
04:20Les pays du Mercosur utilisent par exemple des produits phytosanitaires qui sont totalement interdits chez nous ou encore des antibiotiques pour nourrir le bétail que nous avons proscrits ici même il y a plus de 20 ans.
04:32En plus ça se fait au prix de la déforestation et ça se fait au prix de normes environnementales qu'on nous impose à nous et qui ne sont pas respectées chez nous.
04:40Donc en clair, la France dénonce donc une distorsion de concurrence. Seulement voilà, elle est très isolée.
04:47Pour l'heure, seuls 4 Etats sur les 27 sont hostiles à cet accord, la Pologne, l'Irlande, l'Autriche et les Pays-Bas.
04:54Les autres, l'Allemagne en tête dont l'industrie automobile est très en panne, sont favorables à ce traité que certains ont trivialement rebaptisé « vache contre bagnole ».
05:05Pourtant cet accord prévoit des compensations financières pour les agriculteurs.
05:10Alors c'est vrai Myriam, l'Union Européenne a prévu rien que pour les producteurs de viande bovine et de lait une enveloppe de 150 millions d'euros.
05:19Des aides que les éleveurs français ont accueillies avec un enthousiasme, comment vous dire, pas très manifeste.
05:34Voilà, vous l'aurez compris, l'ambiance est éruptive d'autant plus que toute la filière de l'élevage garde en tête cette sérieuse remontée de bretelles qu'Emmanuel Macron leur avait adressée il y a tout juste 6 ans.
05:48Est-ce que vous pensez que la difficulté de la filière bœuf, elle est liée au Mercosur ? Il est là le Mercosur ? Il est ouvert ?
05:54Ça fait combien de temps que dans le bœuf c'est difficile ?
05:56Qui peut dans les yeux me dire que c'est le Mercosur la cause de son problème ? Personne, personne.
06:04L'accord sur le Mercosur devrait donc être débattu au Brésil.
06:08Dès la semaine prochaine, Ursula von der Leyen pèse d'ailleurs de tout son poids pour qu'il soit adopté.
06:13Voilà pourquoi Michel Barnier s'est rendu à Bruxelles.
06:16Cet après-midi, pour manifester son opposition quant aux agriculteurs français, ils appellent à manifester tout court et à ressortir les tracteurs dès lundi.
06:26Merci beaucoup Bruno.
06:28Alors depuis Emmanuel Macron et les leçons qu'on a entendues, il a bien dit et redit, arrêtons d'importer ce que l'on interdit en France.
06:37C'est pourtant exactement ce qui va se passer avec le Mercosur et Léonore Caroin.
06:42Comment on peut laisser passer ça ?
06:43Déjà, on ne sait pas ce qu'il va se passer, mais ce qu'on sait, c'est que cet accord a été signé en 2019 et que la raison pour laquelle il n'a pas été appliqué,
06:52la raison pour laquelle on en est là et qu'on continue à négocier, c'est parce que la France s'est opposée à ce moment-là.
06:58La France s'est opposée parce qu'elle voulait que l'accord respecte les accords de Paris et qu'il intègre cette dimension environnementale.
07:04Alors avec la déforestation au Brésil, ça n'est pas le cas.
07:07Ils ne respectent pas l'accord de Paris.
07:09Déjà, la déforestation au Brésil, on a la norme contre la déforestation importée qui a été adoptée au Parlement qui va au-delà de l'accord.
07:18Il faut qu'on sache de quoi on parle.
07:20Quelle est votre position sur le Mercosur ?
07:22Qu'on comprenne pour vous situer parce qu'Emmanuel Macron et Michel Barnier s'opposent fermement.
07:27C'est eux qui disent qu'il ne faut pas que cet accord soit signé en l'Etat.
07:30Et je les rejoins. En l'Etat, cet accord, sans addendum environnemental, sans close miroir, sans garantie pour nos agriculteurs,
07:37sans garantie pour les industries et les agriculteurs du Mercosur, il ne va pas.
07:41Pour autant, ce sur quoi je voudrais vous alerter, c'est qu'il faut que nous accroissions nos échanges avec l'Amérique latine.
07:49Il y a derrière la Chine, ce n'est pas un mythe, c'est une réalité.
07:52Après le G20 à Rio, il y a une visite d'Etat de Xi Jinping au Brésil.
07:57Le président de l'Uruguay, Luis Lacalle, ce qu'il souhaite, c'est qu'il y ait un accord bilatéral
08:02pour que justement le marché, les marchés latino-américains, fassent davantage de commerce avec la Chine.
08:07Donc c'est la Chine ou nous avec ce continent de l'Amérique latine, c'est ça ?
08:10C'est pas seulement la Chine ou nous, mais on a beaucoup parlé dans ces derniers jours de la guerre commerciale
08:15que Trump est en train de préparer, de ces géants que sont les Etats-Unis et la Chine.
08:19Moi je dis, travaillons avec nos partenaires d'Amérique latine, travaillons pour que cela soit plus vertueux.
08:23On a vu une évolution, d'ailleurs vous parlez de la déforestation au Brésil, comme si c'était un état de fait.
08:27Donc en l'état, pour bien comprendre vos positions, ça n'est pas acceptable ce traité.
08:31En l'état, ça n'est pas acceptable, mais continuons à dialoguer et à négocier avec nos partenaires latino-américains.
08:36C'est très clair.
08:37Benoît Hibito, il y a eu la dissolution, Emmanuel Macron pèse moins, je ne veux pas dire qu'il ne pèse plus en Europe,
08:43mais clairement la position française est fragilisée.
08:46Est-ce qu'on peut contourner le pays fondateur de l'Union européenne ?
08:50C'est la deuxième économie française.
08:52Comment ça va se passer ? C'est la règle de l'unanimité qui va être coutournée ou qui va être appliquée ?
08:57Alors ça va dépendre de comment ça va se passer,
08:59mais si on dissocie la négociation politique de la négociation commerciale,
09:03effectivement l'accord peut passer, c'est-à-dire qu'un état ne peut plus bloquer l'accord.
09:08Et donc ça c'est quand même une vraie difficulté.
09:10C'est ce que veut faire Ursula von der Leyen ?
09:12Et je pense que Ursula von der Leyen a ça dans sa manche pour éventuellement aboutir
09:16et donc tordre le bras du principal pays européen agricole, c'est-à-dire la France.
09:21Moi je voulais revenir quand même aux fondamentaux,
09:23c'est-à-dire que si on écoute un peu tout ce qui se passe autour de nous,
09:26on a l'impression que sans accord de libre-échange, il n'y a pas de commerce à l'échelon planétaire.
09:31On n'a pas attendu des accords de libre-échange pour échanger à l'échelon planétaire.
09:35Donc ce message qui consisterait à dire qu'on a besoin de cet accord de libre-échange,
09:40sinon on ne pourrait pas discuter...
09:41Attendez, mais la mondialisation n'a pas que des atouts.
09:44Ces accords, normalement, ils sont pour rendre plus vertueux les chocs de la mondialisation, les injustices.
09:50Parlons d'échanges plus vertueux.
09:53Et ce qui se passe quand on signe un accord de libre-échange,
09:57c'est qu'on fait le constat qu'on est en panne sur des discussions multilatérales.
10:04C'est-à-dire que je ne suis pas en train de vous dire qu'il faut arrêter de commercer à l'échelon planétaire.
10:07Mais les accords de libre-échange ne doivent pas être l'alpha et l'oméga de ces échanges à l'échelon planétaire.
10:13Donc qu'est-ce que vous voulez dire ?
10:16Prenons l'exemple de la Nouvelle-Zélande, par exemple, qui est un des derniers accords.
10:23Il y en a eu d'autres depuis, malheureusement, le Kenya, par exemple.
10:25Mais en Nouvelle-Zélande, on a signé un accord de libre-échange qui va nous permettre d'importer presque 100 000 tonnes de bœuf,
10:30l'équivalent de la moitié de la production aux vines françaises qui va venir de Nouvelle-Zélande.
10:3510 000 kilomètres, on ne sait pas faire plus loin.
10:37Du lait, du vin, donc des productions qu'on sait produire en Europe.
10:42Tout ça pour, effectivement, vendre de l'informatique des avions, des bagnoles, comme disent certains.
10:47Sauf que si on avait relancé des discussions multilatérales et qu'on avait fait le constat
10:52qu'en Europe, on n'a pas besoin de cette viande bovine, on n'a pas besoin de cette viande ovine,
10:56on n'a pas besoin de ce lait, on n'a pas besoin de ce vin qui vient de Nouvelle-Zélande,
10:59et que dans une discussion multilatérale, on s'était dit pourquoi envoyer ces productions-là en Europe
11:05qui va exiger que les producteurs européens cherchent un autre débouché pour les productions européennes,
11:09vers la Chine par exemple, puisque vous avez évoqué la Chine.
11:12Si on discutait de façon multilatérale, on envoyerait directement les agneaux de Nouvelle-Zélande vers la Chine
11:17sans passer par l'Europe pour ensuite...
11:19Et donc c'est ça la difficulté, c'est qu'on ne sait plus discuter de façon multilatérale,
11:23et donc on ne sait plus échanger des productions qui sont d'un territoire vers un autre territoire,
11:29et que les productions des activités primaires, et je mets les activités de la mer dedans,
11:33deviennent la monnaie d'échange pour vendre des Mercedes, pour vendre des Audi,
11:37et ça, ça ne tient plus.
11:39Et pour autant, c'est pas parce qu'on signe des...
11:41Enfin, on peut commercer avec le reste du monde sans avoir ces accords de libre-échange...
11:46– C'est la méthode en fait, que vous critiquez.
11:48– Au-delà des taxes douanières favorables, nous imposent, et c'est ça qui me gêne,
11:52des contingences de volumes, c'est-à-dire qu'on s'engage à importer des volumes
11:56dont on n'a absolument pas besoin et qui viennent concurrencer les productions européennes et donc françaises.
12:01– Aurélie Catalot, le surnom de cet accord, c'est viande contre voiture.
12:07Est-ce qu'il est trop favorable aux Allemands, cet accord ?
12:10Est-ce qu'Ursula von der Leyen est vraiment impartiale dans cette négociation ?
12:14Je rappelle qu'elle était l'ancienne ministre d'Angela Merkel, elle est allemande.
12:19Est-ce que le rapport de force est perdu ?
12:22Il y a l'Italie, il y a l'Espagne qui pousse aussi pour cet accord ?
12:26– Je pense qu'on a un peu tendance à simplifier les positions
12:29que les uns et les autres dans l'Union européenne ont sur cet accord.
12:32On parle beaucoup du secteur automobile allemand,
12:34il y est effectivement favorable pour ses exportations.
12:36Et on parle beaucoup du secteur agroalimentaire français comme s'il y était d'un bloc opposé.
12:41Je pense qu'il y a un peu de nuances à avoir, y compris chez nous.
12:44Notre secteur viticole est traditionnellement favorable
12:48à la libéralisation des échanges pour favoriser ses exports.
12:52Et à l'intermédiaire même de filières comme par exemple la filière du poulet,
12:56on a certes des producteurs français,
12:58donc le maillon des exploitations agricoles qui va être assez réticente
13:02à la signature de l'accord du Mercosur.
13:04En revanche, le maillon des industries agroalimentaires,
13:07c'est-à-dire ceux qui fournissent, qui transforment du poulet
13:10pour répondre à une demande croissante du consommateur français
13:13avec du poulet élaboré, du poulet transformé,
13:16eux ils sont plutôt satisfaits de pouvoir s'approvisionner à bas coût
13:19avec du poulet qui nous provient notamment du Brésil.
13:21Donc en fait, on ne peut pas satisfaire tous les acteurs
13:24dans un accord commercial, secteur par secteur.
13:26Il y aura toujours des gagnants et des perdants.
13:28Il y aura toujours des gagnants et des perdants.
13:30Et donc ce que j'essayais de dire, c'est que même à l'intérieur
13:33des acteurs du système alimentaire français,
13:35la position est un petit peu plus nuancée que ce qu'on a tendance à dire.
13:38Et donc ce qu'on entend beaucoup, et c'est parfaitement légitime,
13:41ce sont les agriculteurs qui, dans leur grande majorité,
13:44s'opposent à l'accord du Libré.
13:46Juste pour noter les spectateurs,
13:48normalement c'est une décision qui doit se prendre à 27.
13:51La commission ne peut pas décider toute seule,
13:53elle va soumettre aux 27.
13:55Normalement c'est l'unanimité, donc il y a un veto français.
13:58Mais là, on sent bien que ce n'est pas exactement ce qui va se passer.
14:02La dissociation de l'accord d'association et l'accord commercial.
14:05Le fait de dissocier les accords permet quoi précisément,
14:07pour être très précis ?
14:08De tendre le bras aux Etats membres.
14:10C'est-à-dire qu'il n'y aura pas de discussion,
14:12de ratification de l'accord dans les parlements nationaux ?
14:14Mais ça, c'est démocratique ou pas ?
14:16En fait, ce qu'il y a, c'est que cet accord,
14:18ce qui est en train d'être sur la table,
14:20c'est de séparer la partie accord d'association et accord commercial.
14:24C'est tout à fait légal.
14:26Est-ce que pour autant c'est légitime
14:28et est-ce que c'est souhaitable sur un plan politique ?
14:30Moi, je pense que non.
14:31Je pense que lorsqu'un accord suscite autant d'interrogations,
14:34il faut justement avoir la capacité d'avoir un dialogue.
14:37Et ce que l'on reproche beaucoup aux négociateurs de cet accord,
14:40à juste titre, c'est un manque de transparence
14:43ou un degré d'opacité, après on va le mettre comme vous voulez,
14:45mais beaucoup de citoyens européens ne comprennent pas
14:49pourquoi on insiste, pourquoi on veut faire cet accord,
14:51dans sa dimension, dans sa multiplicité,
14:54dans cette nature-là.
14:56On va s'arrêter avec vous, Patrick Legras,
14:58sur l'agriculture.
15:00Très clairement, pour les éleveurs,
15:02que ce soit de la viande de bœuf en particulier,
15:05mais tous les éleveurs, ça sera une catastrophe.
15:07On nous dit, quand on regarde de loin ce dossier,
15:11qu'on va accepter des arrivages,
15:14mais alors en tonnes, de viande élevée aux hormones,
15:18avec ces hormones de croissance,
15:20où il y a un enjeu de santé publique, c'est important,
15:23avec des produits phytosanitaires,
15:26avec des normes environnementales qui ne sont pas les nôtres
15:29et parfois même interdites depuis 20 ans.
15:31Vous, qu'est-ce que vous redoutez le plus ?
15:33Je pense que le dossier, on ne le prend pas par la bonne lorgnette.
15:37Je pense que la démarche aujourd'hui,
15:40on a une zone européenne,
15:42avec une politique européenne qui est malhonnête.
15:45Je pèse mes mots, malhonnête. Pourquoi ?
15:47Parce qu'on nous fait de la transition écologique,
15:49on nous fait du bilan carbone, c'est-à-dire peu de transport,
15:52on nous fait de la traçabilité,
15:55on a, comme je dis, 200 000 normes,
15:57et là, c'est open bar sur un produit non tracé
16:01qui vient à des milliers de kilomètres
16:03pour satisfaire les grandes surfaces,
16:05l'agro-industrie dont M. Biteau comme moi ne faisons pas partie.
16:09Il y a d'autres syndicats qui sont moins bien placés que nous pour en parler.
16:11Ils font déjà des échanges avec ces pays-là
16:14sur des protéines qui sont OGM, mais qu'il ne faut pas trop parler.
16:17Il y a déjà un flux qui existe, comme vous disiez,
16:20mais aujourd'hui, on veut que ça fasse propre,
16:24c'est-à-dire qu'on veut signer des accords
16:26où le SMIC est à 300 euros,
16:28où les agriculteurs...
16:30Une concurrence par les prix sur l'élevage
16:33et aussi par des standards qui ne sont pas les nôtres.
16:36Mais de toute façon, cette mondialisation,
16:38elle évolue par des responsables à col blanc,
16:42parisiens, bruxellois, strasbourgeois,
16:44mais qui, eux, sont milliardaires, millionnaires.
16:47Donc, eux, qu'est-ce que c'est un petit paysan de base
16:49qui va nourrir ses bêtes pour faire un bon produit,
16:52un bon steak, vendre en direct ?
16:53Ça pèse quoi sur l'agro-industrie ?
16:55Quand Aurélie Ketalo vous dit quand même que pour le vin,
16:57pour l'alcool, il y a des secteurs pour les céréales français,
17:01ça peut être gagnant.
17:02Mais ça existe !
17:03Quel est le problème aujourd'hui d'exporter ?
17:05On le voit, Trump vient d'être élu.
17:06Qu'est-ce qu'il va faire ? Il va mettre des taxes.
17:08Pour les voitures, c'est bizarre.
17:10Là, on sait se protéger à mettre des taxes de 35 %.
17:12Et pour le monde agricole, les agriculteurs peuvent crever.
17:15C'est honteux. Je vous dis franchement...
17:17Vous voulez quoi, alors ?
17:18Vous voulez des taxes en Europe et on reste sur le marché européen ?
17:22On a une ligne de conduite européenne.
17:24On nous la rabâche par des contrôles, par du suivi,
17:28par des normes qui sont de plus en plus draconiennes.
17:31Je sors de ce matin d'une réunion céréale,
17:33on a durci la norme sur l'ergot,
17:35on durcit en 2025, 2027, 2028 encore les normes de céréales,
17:39que pour prendre cet exemple-là,
17:41et en face, c'est open bar pour des gens
17:43qui nous fournissent n'importe quoi sans aucun contrôle.
17:45C'est à vous de juger.
17:46C'est même pas la peine d'en discuter.
17:48Là, il y a une colère.
17:49On voit bien que Mercosur, c'est le ferment d'une colère.
17:51Il y a une forme de... Comment dire ?
17:53De rejet, vraiment, c'est ça.
17:55Global.
17:56Malhonnête.
17:57Voilà.
17:58De marchandises malhonnêtes pour les consommateurs français.
18:00On nous asphyxie dans une concurrence déloyale.
18:02C'est injuste.
18:05Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
18:06Parce qu'il y a une manifestation, on va parler dès lundi,
18:09où ce genre de discours, vous allez l'entendre
18:11de façon amplifiée dans tout le pays.
18:13Bien sûr, et on l'a entendu, rappelons-le, en début d'année,
18:15et cette colère, elle est légitime.
18:17Maintenant, moi, j'aimerais qu'on arrête de stigmatiser
18:19les pays du Mercosur et les pays, justement,
18:22qui en font partie, le Brésil.
18:23Vous savez, c'est un des pays qui a le meilleur mix énergétique du monde.
18:26Il faut qu'on arrête de donner des leçons.
18:28Moi, je suis pour qu'on applique le principe de précaution.
18:31Dites-nous la vérité sur les pesticides et les normes au Brésil.
18:34Quand on regarde l'audit de la Commission européenne,
18:37ça, c'est très précis, il établit que le Brésil
18:39ne peut pas garantir que la viande de bœuf
18:41n'a pas été traitée par, je cite,
18:43le stradiol 17-bêta,
18:45une hormone de croissance interdite en France
18:48depuis des décennies.
18:50Pour les produits qui viennent des femelles,
18:52et pas des mâles, etc.
18:53Tout à fait, et d'ailleurs, la vente a été arrêtée
18:55par Lula au Brésil.
18:56Mais simplement, ça ne sont pas des garanties suffisantes.
18:59Mais ce que je veux vous dire, c'est que...
19:01Moi, je représente des Français qui vivent au Brésil,
19:04qui mangent de la viande au Brésil,
19:06et qui se portent bien.
19:08Je ne dis pas qu'il faut, évidemment,
19:10que nous nivelons par le bas notre consommation.
19:12C'est Pascal Confort dans votre camp Renaissance
19:14qui dit qu'il n'y a pas de traçabilité
19:16sur la viande brésilienne.
19:18Il a tout à fait raison, et moi, je vous entends,
19:20et j'entends ce que vous dites sur le fait
19:22qu'il ne faut pas imposer des quotas ou n'importe quoi.
19:24Mais arrêtons de stigmatiser un pays.
19:26Si on regarde comment sont élevés, par exemple,
19:28les bovins au Brésil, ils sont élevés
19:30beaucoup plus en liberté qu'ils ne le sont en Europe.
19:32Et il y a d'autres normes qui sont plus vertueuses.
19:34Maintenant, moi, je comprends très bien.
19:36Nous nous sommes mis d'accord, à 27,
19:38sur des normes que nous appliquons ici.
19:40Il est tout à fait normal de ne pas vouloir
19:42que des produits qui dérogent à cette norme
19:44viennent sur notre marché.
19:46Alors, il y avait des conditions qui ont été posées.
19:48Bien sûr. Et ces conditions, elles ne sont pas remplies.
19:50Sur la déforestation, sur l'accord climat,
19:52et sur les clauses miroirs.
19:54Parlons un tout petit peu de clauses miroirs
19:56et normes miroirs.
19:58Les clauses, c'est ce qu'on a dans un traité,
20:00dans un accord.
20:02Et comme le disait à très juste titre mon collègue,
20:04lorsqu'on parle d'un accord, on est en train de parler
20:06de la régulation d'un certain nombre,
20:08d'une certaine quantité de produits
20:10avec des quotas, avec des droits de douane
20:12qui sont baissés, d'ailleurs,
20:14en termes purement économiques.
20:16Nous serions avantagés, notamment,
20:18de certaines industries comme
20:20les industries laitières, les fromages, les vins, etc.
20:22Mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit.
20:24Quand on parle d'agriculture, on ne peut pas tout simplement
20:26regarder des chiffres.
20:28Vous avez des agriculteurs qui vous disent que dans l'élevage,
20:30ce sera une catastrophe.
20:32On est en train de parler de 99 000 tonnes
20:34qui seraient couvertes par cet accord,
20:36alors qu'on en a
20:38200 000 qui viennent déjà aujourd'hui.
20:40Ce n'est pas qu'aujourd'hui, on n'achète pas de viande brésilienne.
20:42Donc, quelque part, il faut juste relativiser.
20:44Et là, je pense que dire
20:46que l'accord UE-Mercosur
20:48serait la source de tous les maux
20:50ou le début du commerce avec le brésil...
20:52Est-ce que vous considérez qu'il aggraverait
20:54la crise agriculteure ?
20:56Ça serait finalement à la marge.
20:58On est en train de parler de 0,5 %
21:00de la consommation bovine en Europe.
21:04Ce point, je pense que c'est très important.
21:06On peut être d'accord, on peut s'opposer.
21:08On peut s'opposer avec la plus grande fermeté
21:10et s'opposer à la façon dont ce traité a été négocié.
21:12Mais ne stigmatisons pas les pays d'Amérique latine.
21:14Je pense qu'il faut le rappeler parce que je suis peut-être
21:16la seule à le dire.
21:18Il ne s'agit pas de stigmatiser les agriculteurs
21:20d'Amérique latine.
21:22Moi, je plaide justement pour sortir de logique
21:24commerciale à l'échelon planétaire
21:26qui met en concurrence les paysans du monde entier entre eux.
21:28C'est l'exact inverse de la souveraineté alimentaire.
21:30C'est-à-dire que revenons aux fondamentaux
21:32de ce qu'est la définition intrinsèque
21:34de la souveraineté alimentaire.
21:36Produire ici pour nourrir ici,
21:38produire là-bas pour nourrir là-bas.
21:40Quand on reviendra à ces fondamentaux-là,
21:42on n'aura plus de difficulté de tonnage,
21:44de surtonnage produit sur des zones
21:46qu'il va falloir exporter ailleurs
21:48et de besoin d'importation
21:50parce qu'on n'aura plus produit.
21:52Et donc, c'est toute la difficulté...
21:54Ça, c'est une remise en cause des échanges et de la mondialisation
21:56parce que vous avez quand même des secteurs
21:58qui permettent de nourrir largement
22:00les Français, voire l'Europe.
22:02Il y a une souveraineté agricole en Europe.
22:04Et ça dépend des secteurs.
22:06Ça part bien avant ça.
22:08C'est la logique de spécialisation de zones
22:10de la planète dont on voit la vulnérabilité.
22:12Quand on a un accident climatique,
22:14un accident géopolitique,
22:16on parle d'un petit sujet en Ukraine.
22:18Quand on a ces accidents climatiques
22:20ou géopolitiques sur des zones
22:22où on a spécialisé des zones de la planète,
22:24le bloc russo-ukrainien
22:26pour produire des céréales et du tournesol,
22:28le bloc américain
22:30pour produire du soja,
22:32on voit bien à quel point on se rend vulnérable.
22:34Et donc, la souveraineté alimentaire,
22:36c'est tout l'inverse de ça.
22:38C'est produire ici pour nourrir ici,
22:40produire là-bas pour nourrir là-bas.
22:42Et donc, diversifions nos productions.
22:44C'est-à-dire que si on diversifie nos productions,
22:46on entre dans ce qu'on appelle des rotations de culture
22:48et donc on utilise moins de pesticides,
22:50on entretient la fertilité des sols
22:52et on n'a plus besoin
22:54de ces échanges planétaires pour satisfaire
22:56la souveraineté alimentaire.
22:58Et les grandes victimes de ça, c'est les agriculteurs
23:00parce que ceux qui sont,
23:02et Aurélie l'a très bien décrit,
23:04ceux qui ont intérêt à ces échanges commerciaux,
23:06c'est ceux qui veulent transformer du poulet pas cher
23:08qui va venir du Brésil dans des plats cuisinés
23:10dont on ne sait pas s'ils ne sont pas mauvais
23:12pour notre santé, dont on sait qu'ils vont être
23:14néfastes pour le climat et la biodiversité.
23:16La question maintenant, c'est la faisabilité
23:18de ce que vous souhaitez.
23:20Je finis sur une phrase. Ce qui menace la souveraineté alimentaire,
23:22c'est le dérèglement climatique,
23:24c'est l'effondrement de la biodiversité.
23:26Et tant qu'on restera sur des zones spécialisées de la planète,
23:28on aura besoin de ces accords de libre-échange
23:30et donc on participera à accentuer
23:32le dérèglement climatique, à effondrer la biodiversité
23:34et donc à menacer la souveraineté alimentaire.
23:36Aurélie Cattalo.
23:38Le débat auquel on est en train d'assister,
23:40c'est que l'actualité du Mercosur
23:42est en train de révéler un état de fait
23:44qui est un état de dépendance, d'importation
23:46déjà existante de l'Union Européenne
23:48vis-à-vis de certaines productions
23:50qui nous proviennent du Mercosur,
23:52en particulier le soja, le poulet.
23:54Ce n'est pas les seules productions
23:56pour lesquelles on peut avoir des inquiétudes.
23:58La filière bovine était également concernée,
24:00la filière du maïs, la filière du sucre.
24:02Mais aujourd'hui, la France importe déjà
24:044 millions de tonnes de soja par an,
24:06l'Union Européenne importe déjà
24:08mais qu'est-ce que vous répondez
24:10à Patrick Legras qui vous dit
24:12mais c'est toujours 100 000 tonnes de moins.
24:14Je ne suis absolument pas en train de dire
24:16qu'il faut se réjouir ou se satisfaire
24:18de cette situation. Je dis juste
24:20qu'on est en train de découvrir
24:22que oui, nous importons des denrées
24:24en provenance de ces pays-là.
24:26On est en train de découvrir que le cheptel
24:28de volaille français, que le cheptel de bovin
24:30lait français se nourrit au soja OGM
24:32qui nous provient des Allemagnes.
24:34On est en train de découvrir qu'on fabrique du camembert
24:36C'est important ce que vient de dire Aurélie
24:38parce que ça veut dire que parce que nous, en Europe
24:40on a voulu aussi jouer sur
24:42ce marché mondial et devenir exportateur
24:44c'est un principe de vase communiquant
24:46on a consacré des surfaces
24:48pour exporter certaines productions
24:50et donc on est devenu dépendant
24:52d'autres productions.
24:54Mais sortir de ces dépendances, c'est possible ?
24:56Sortir de ces dépendances, ça suppose
24:58une reconfiguration de nos systèmes
25:00de production en France et dans l'Union Européenne
25:02et c'est non seulement possible
25:04mais c'est absolument nécessaire
25:06non seulement pour atteindre nos objectifs environnementaux
25:08climatiques et de biodiversité
25:10mais aussi pour assurer une meilleure résilience
25:12face aux aléas climatiques, sanitaires
25:14pas de réclograt puis ensuite on va
25:16arriver sur la colère plus globale
25:18nos politiques depuis des années n'ont pas voulu d'inflation
25:20sur l'alimentaire. Donc la solution
25:22c'est d'avoir une traçabilité française
25:24ou européenne pour 20 ou 30%
25:26pour les agro-industries
25:28et de faire venir 20, 30, jusqu'à 70%
25:30de ces pays
25:32très pauvres. Mais ça existe pourquoi ?
25:34On va prendre un exemple très très simple
25:36l'étiquette des boîtes
25:38lorsqu'on dit produit français
25:40si le produit est transformé en France, il est français
25:42s'il vient d'ailleurs, c'est pas marqué
25:44qu'il vient d'ailleurs, c'est un produit français
25:46aujourd'hui, tous ces bidouillages
25:48parce que ce n'est que du bidouillage
25:50ça me dérangerait pas si, comme j'ai encore
25:52quelqu'un qui m'a appelé tout à l'heure avant de rentrer
25:54quand le producteur français il est contrôlé
25:56on le prévient la veille, on lui dit
25:58t'as intérêt à venir ça, pour 2
26:003, 5 bêtes qui vont par an
26:02et là pour des centaines de milliers de tonnes
26:04c'est que des milliers de tonnes, donc ces 2 poids
26:06de mesure, c'est à dire qu'on tape
26:08sur le producteur français
26:10il doit fermer sa gueule
26:12sans ça, c'est la sanction, il n'est pas payé
26:14il doit avoir des normes environnementales
26:16et tout va bien dans le meilleur de monde pour l'industriel
26:18En tout cas, voilà, la colère
26:20vous l'avez sur ce plateau et
26:22évidemment ce Mercosur, on l'a nourri
26:24davantage, lundi
26:26à l'appel de tous les syndicats, ils manifesteront
26:28à nouveau, on est un an
26:30après la grande crise
26:32et les tracteurs, on s'en souvient tous
26:34dans Paris l'hiver dernier
26:36les revenus n'ont toujours pas augmenté
26:38et les annonces concrètes, et il y en a eu beaucoup
26:40ne sont pas toutes mises en oeuvre
26:42les raisons de la colère avec Hélène Monduel
26:48Salut les filles
26:50ça va ?
26:52Depuis ses montagnes d'Ariège
26:54où elle élève des lamas et cultive des plantes médicinales
26:56jusqu'au pavé parisien
26:58où elle est venue manifester
27:00Laurence Marandola, porte-parole
27:02de la Confédération Paysanne
27:04ne décolère pas
27:06Les paysans qu'on perd, qu'on va perdre demain
27:08si on signe cet accord, on les retrouvera pas
27:10Le Mercosur
27:12l'accord de libre-échange
27:14prévoit une suppression des droits de douane
27:16avec ses 5 pays d'Amérique latine
27:18pour des dizaines de milliers
27:20de tonnes de sucre, de volaille
27:22de riz, de miel
27:24et encore de viande bovine importée
27:26avec des normes de production et d'élevage
27:28moins drastiques qu'en Europe
27:30Les animaux sont traités
27:32avec des antibiotiques, des hormones
27:34qui ne sont pas autorisées ici
27:36et ils arriveront avec des conditions sanitaires
27:38qui ne sont pas les mêmes
27:40ça nous semble inimaginable, inconcevable
27:42inacceptable pour les consommateurs
27:44cette viande-là, c'est pas vous et moi qui allons la manger
27:46c'est celle qui va beaucoup être servie en restauration collective
27:48à nos enfants
27:50Le Mercosur, une bombe à retardement
27:52qui selon ses deux autres syndicats agricoles
27:54mettrait en péril
27:56l'agriculture française
27:58L'Europe impose un cadre et des contraintes
28:00de production, il n'est pas question pour nous
28:02que les contraintes soient pour nous
28:04et les importations pour les autres
28:06soit on dit ce modèle, pas de problème
28:08et on l'applique partout
28:10mais on ne peut pas nous mettre en distorsion
28:12de concurrence permanente, ça n'est pas tenable
28:14et ça a une conséquence très simple
28:16c'est que ça fait disparaître l'agriculture française
28:18Une ligne rouge pour la FNSEA
28:20et les jeunes agriculteurs
28:22qui appellent à de fortes mobilisations
28:24à partir de lundi prochain
28:26dans toute la France
28:28Alors Patrick Legras,
28:30dites-nous un tout petit peu à quoi
28:32on peut s'attendre lundi prochain, on se souvient
28:34de ce qui s'était passé l'hiver dernier
28:36le marché de Rungis avait été bloqué
28:38les autoroutes aussi, les tracteurs
28:40il y avait eu pas mal de casse et il y avait eu des pénuries
28:42est-ce que vous êtes dans le même état d'esprit
28:44ou pas ?
28:46On sait très bien que lorsqu'on fait des mouvements
28:48c'est jamais deux fois les mêmes
28:50ça c'est le premier point
28:52cette fois-ci on a décidé de la date
28:54la dernière fois c'était un concours de circonstances
28:56là on a décidé de la date
28:58c'est-à-dire qu'on va être à peu près à jour dans les travaux
29:00et on est sur le terrain
29:02pour rester des semaines
29:04et s'il faut rester des semaines on y restera
29:06ou des mois on y restera
29:08Cette fois-ci vous êtes le seul pour l'instant en France
29:10c'est-à-dire qu'avant c'est parti des Pays-Bas
29:12et il y a eu une colère
29:14dans toute l'Europe
29:16Est-ce que vous le comprenez ou pas ?
29:18C'est pas parti des Pays-Bas
29:20moi-même l'année dernière
29:22on a démarré dans les Hauts-de-France
29:24le 4 janvier
29:26c'était plus ou moins médiatisé
29:28par exemple en Allemagne
29:30Von der Leyen ne voulait surtout pas que ce soit médiatisé
29:32ça a démarré même au mois de décembre
29:34on n'en a pas parlé
29:36Est-ce que la situation en un an s'est améliorée ?
29:38Non elle s'est empirée
29:40pour l'année 2024
29:42déjà en 2023
29:44je ne peux pas entendre ce discours
29:46de ce président de syndicat
29:48qui est président du groupe Avril
29:50et que vous savez très bien d'où viennent les graines d'Avril
29:52c'est de la politique
29:54nous ne sommes pas des politiques
29:56nous sommes des gens de terrain
29:58on vient là pour se défendre
30:00on ne vient pas là pour refaire le système
30:02ce système du double langage
30:04a vécu
30:06aujourd'hui on vient pour avoir des revenus pour les agriculteurs
30:08l'année dernière on avait 20 à 25% des agriculteurs
30:10qui étaient vulgairement dans la merde
30:12cette année on a doublé
30:14pourquoi on a doublé ?
30:16à cause d'une année céréalière catastrophique
30:18à cause des épisodies
30:20pour les ovins, pour les volailles
30:22pour tout
30:24et alors un système céréal
30:26incroyable parce que d'habitude quand on n'a pas les volumes
30:28on a la qualité, là on n'a ni les volumes
30:30ni la qualité, ni les prix
30:32Je voulais savoir où en sont les différentes mesures
30:34parce qu'il y a eu quand même des petites retraites
30:36revalorisées
30:38Celui qui travaille ça ne le touche pas vraiment tout de suite
30:40Le gasoil non routier aussi
30:42il devait augmenter, ça n'a pas été le cas
30:44Le pacte vert quand même, il a été largement réformé
30:46sur les pesticides, sur les achats
30:48Le gasoil routier c'est une
30:50organisation mise en place
30:52par la FNSEO et M. Rousseau
30:54à Bercy qui n'a pas été mise en place
30:56c'est pas du gain, c'est un manque à gagner
30:58nous aujourd'hui c'est pas un manque à gagner, c'est des pertes qu'on a
31:00les gens qui sont dans la merde avec leur
31:02banque ou leur coopérative, ils ne peuvent pas payer
31:04c'est totalement différent
31:06c'est-à-dire qu'on joue, on peut toujours se plaindre
31:08il y a d'autres professions qui peuvent se plaindre
31:10mais si les gens sont dans la rue avec leur tracteur pour dire
31:12ça ne peut pas continuer parce que sans ça on va nous prendre nos
31:14fermes, là c'est grave
31:16Je vais vous donner le mot de la fin
31:18Qu'est-ce que vous répondez à cette colère très rapidement
31:20parce que notre temps nous est compté
31:22Encore une fois, il faut se rappeler de pourquoi les agriculteurs
31:24étaient dehors au début de l'année. La crise du début de l'année
31:26c'était une crise du revenu
31:28Une crise du revenu qui n'a pas été réglée puisque l'année 2024
31:30a été absolument désastreuse
31:32dans à peu près tous les domaines
31:34Mais si on n'en est pas sortis aussi
31:36les réponses qui ont été apportées par ce gouvernement
31:38ne sont pas les bonnes. A aucun moment
31:40le GNR, avant on était remboursé quand on avait fait
31:42un dossier administratif et maintenant
31:44on ne paye plus la taxe
31:46Il y a une loi agricole, je me suis dit que vous alliez répondre
31:48aux lois agricoles qui arrivent, il y aura des réponses
31:50Par exemple sur les pesticides
31:52c'était une mesure économique
31:54c'est-à-dire qu'on sait aujourd'hui qu'en utilisant
31:5650% de pesticides en moins
31:58on ne baisse pas la productivité
32:00et ça coûte 200 euros par hectare et par an
32:02en moins. Sur une ferme céréalière moyenne
32:04d'une centaine d'hectares
32:06accompagner les agriculteurs sur la réduction des pesticides
32:08donc les accompagner vraiment
32:10et bien c'est 20 000 euros de plus
32:12c'est 20 000 euros de plus par an
32:14et pourtant on a tapé comme des sourds
32:16sur la réduction des pesticides
32:18On va vous réinviter au moment de la loi agricole
32:20elle arrive au Sénat en janvier
32:22Sur l'aspect pesticide, j'étais ce matin à La Réunion
32:24on ne peut pas dire qu'on a le même rendement parce qu'on a les résultats
32:26qui sortent de France Agrimaire de ce matin
32:28On ne peut pas dire ça
32:30Merci, vous continuerez ce débat
32:32avec évidemment ce mouvement des agriculteurs
32:34qui démarre ce lundi
32:36Merci à vous d'avoir participé
32:38à ce débat
32:40Tout de suite, c'est l'invité Fran Parley
32:52Et ce soir dans Fran Parley, on part à Nouméa
32:54où Yael Brune-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale
32:56achève une visite de quatre jours
32:58dans l'archipel avec, vous le voyez,
33:00son homologue du Sénat, Gérard Larcher
33:02L'objectif de cette mission
33:04de conciliation
33:06c'était de parvenir à renouer
33:08le dialogue entre tous les acteurs
33:10indépendantistes, loyalistes
33:12les élus locaux
33:14après, vous vous en souvenez, les émeutes de
33:16mai dernier qui ont fait 13 morts
33:18et des dégâts économiques, humanitaires
33:20et sociaux considérables
33:22Alors, à l'heure du bilan
33:24notre envoyé spécial Clément Perrault
33:26a pu la rencontrer
33:28pour un entretien exclusif, regardez, écoutez
33:30Yael Brune-Pivet, bonsoir
33:32Bonsoir
33:34Nous sommes ici à Nouméa, au Congrès
33:36c'est l'Assemblée de Nouvelle-Calédonie
33:38un lieu symbolique de la démocratie ici
33:40Vous venez d'effectuer une visite de trois jours
33:42dans l'archipel avec Gérard Larcher
33:44le président du Sénat
33:46Vous allez bientôt rentrer à Paris
33:48En premier lieu, qu'est-ce que vous retenez de cette visite ?
33:50Tellement de choses
33:52Tellement de choses
33:54Je retiens des visages, des paroles
33:56des paroles de citoyens
33:58On a voulu placer cette visite
34:00sous le signe de la considération
34:02Considération pour ce qui s'était passé
34:04pour ce que ressentent
34:06les habitants de Nouvelle-Calédonie
34:08qu'ils soient élus, entrepreneurs
34:10engagés, associatifs
34:12etc.
34:14On va repartir avec beaucoup de visages
34:16beaucoup d'images, beaucoup de témoignages
34:18de leurs souffrances
34:20de leurs inquiétudes, de leurs rêves aussi
34:22et donc ça fait
34:24beaucoup de sentiments très mêlés
34:26Vous avez tous les deux
34:28beaucoup insisté sur le caractère indépendant
34:30de cette visite, que vous n'étiez pas ici
34:32en mission, ni pour Matignon
34:34ni pour l'Elysée, ça c'était important
34:36pour gagner la confiance
34:38de vos interlocuteurs, pour peut-être aussi
34:40leur proposer quelque chose de nouveau
34:42Alors c'est important pour nous déjà en tant que président de chambre
34:44de réaffirmer cette indépendance
34:46elle est consubstantielle aux fonctions
34:48qui sont les nôtres, il y a un principe
34:50de séparation des pouvoirs
34:52nous ne pouvons pas agir au nom
34:54du Président de la République ou du Premier ministre
34:56nous sommes libres et indépendants
34:58parce que nous sommes présidents
35:00d'Assemblée. Nous avions exprimé
35:02au Président de la République
35:04notre disponibilité il y a plusieurs mois
35:06de cela, compte tenu des événements
35:08successifs, de la dissolution
35:10cela a pris
35:12un peu de temps, mais en tout cas
35:14nous étions et nous sommes toujours
35:16disponibles et aux côtés de la Nouvelle-Calédonie
35:18Je vous ai entendu plusieurs fois
35:20vous et Gérard Marchais pendant cette visite
35:22dire que l'avenir des Calédoniens
35:24devait s'écrire en Nouvelle-Calédonie
35:26et non plus à Paris
35:28c'est quelque chose qui vous semble important
35:30il faut changer de méthode, peut-être
35:32gagner en humilité
35:34Alors l'humilité, le respect
35:36ce sont deux termes qu'on utilise
35:38lorsque l'on fait la coutume
35:40avant de commencer à dialoguer
35:42sur le fond avec
35:44les personnes que l'on a rencontrées
35:46successivement, ce sont des termes
35:48effectivement qui doivent guider
35:50la façon d'appréhender
35:52tous les sujets finalement
35:54respect de l'autre, respect
35:56de ce qu'il peut penser quand il pense
35:58différemment de soi
36:00et puis humilité, se dire qu'effectivement
36:02on ne détient pas à soi seul
36:04toutes les solutions, qu'on n'a pas
36:06raison sur tout et qu'il faut
36:08écouter
36:10savoir dialoguer
36:12pour construire ensemble
36:14et donc c'est ce que nous avons souhaité exprimer
36:16aussi ici aux élus
36:18leur exprimer un mot de
36:20confiance, nous avons confiance
36:22en vous et en votre capacité
36:24à vous mettre autour d'une table
36:26pour discuter, échanger
36:28et nous ne voulons rien vous imposer
36:30nous sommes là en revanche, nous sommes là
36:32pour vous accompagner, nous sommes là pour
36:34vous aider, nous sommes là peut-être
36:36de temps en temps pour un peu
36:38vous titiller, mais en aucun
36:40cas, nous sommes là pour vous imposer
36:42quoi que ce soit et pour faire à votre place
36:44c'est ici que
36:46tous doivent se réfléchir
36:48et se construire
36:50en liaison bien sûr avec
36:52l'Etat, mais
36:54l'Etat et le Parlement ne peuvent pas
36:56faire la place des Calédoniens
36:58La Nouvelle-Calédonie a été cette année
37:00le théâtre d'affrontement très violent
37:02c'est quand même un territoire aujourd'hui qui est traumatisé
37:04il y a eu 13 morts dont
37:06deux gendarmes, vous sur place vous avez pu voir
37:08quand on se rend sur place comme vous l'avez fait
37:10est-ce que ça vous a permis quand même de
37:12percevoir la gravité de ce qui s'est passé ici
37:14ça change tout
37:16de voir sur place
37:18de discuter avec des gens
37:20qui ont tout perdu
37:22et c'était l'objet aussi
37:24de cette visite, avoir
37:26une prise de conscience
37:28vraiment totale
37:30et complète
37:32de la réalité de ce qui s'est passé
37:34parce que effectivement
37:36les chiffres sont effrayants
37:38le nombre de morts, le nombre de victimes
37:40le nombre d'entreprises
37:42le nombre de maisons, de personnes
37:44de voitures brûlées, de personnes qui ont été
37:46cardiaquées
37:48c'est affolant
37:50et donc cette réalité nous en avons
37:52particulièrement pris conscience
37:54aujourd'hui notamment
37:56en voyant ce centre commercial
37:58à Dombéa qui avait complètement
38:00brûlé, ces maisons
38:02sur la vallée du Tire qui
38:04ont été incendiées également
38:06et c'est vrai que
38:08on voit que ça va être difficile
38:10de reconstruire
38:12ça va être difficile de retrouver la confiance
38:14et pour certains ça va être difficile
38:16de pardonner
38:18et on voit qu'on a fait un grand
38:20pas en arrière
38:22mais ce grand pas en arrière, la gravité
38:24des événements du 13 mai
38:26ne doivent pas nous faire
38:28renoncer
38:30Alors la situation s'est quelque peu
38:32apaisée dans l'archipel, néanmoins
38:34la tension reste latente, c'est vraiment palpable
38:36quand on se rend, ici il y a toujours
38:38ces deux camps qui se font face
38:40d'un côté les indépendantistes
38:42de l'autre les loyalistes partisans
38:44de la nouvelle Calédonie française
38:46on a l'impression que ces deux camps ont encore
38:48beaucoup de mal à dialoguer, comment faire
38:50pour qu'ils puissent s'asseoir à nouveau
38:52autour d'une table
38:54Alors justement ce qu'on voit
38:56et ce qu'on entend
38:58lorsqu'on écoute les calédoniens
39:00c'est qu'il n'y a pas deux camps
39:02c'est qu'il y a beaucoup de calédoniens
39:04qui ne se reconnaissent pas
39:06dans cette vision binaire
39:08de la société calédonienne
39:10et qui ne se reconnaissent pas dans cette vision
39:12binaire parfois des politiques
39:14et justement ce sont les jeunes
39:16parce qu'il y a des jeunes qui sont
39:18métisses, qui sont en mixité
39:20parce que leur mère est
39:22canaque, leur père
39:24est venu
39:26beaucoup plus tard
39:28et ces jeunes là disent
39:30je ne me reconnais pas dans cette société
39:32binaire, ça n'est pas le pays
39:34dans lequel je veux grandir et je veux
39:36me développer et donc je crois
39:38qu'il faut sortir de ce côté
39:40binaire, c'est le rêve
39:42du destin commun, c'est justement ça
39:44et donc ce rêve il est encore
39:46prégnant en Calédonie
39:48il ne faut pas croire qu'aujourd'hui
39:50il y aurait un camp contre l'autre
39:52ça n'est pas ça
39:54la Calédonie, évidemment il ne faut
39:56pas nier les antagonismes qui existent
39:58c'est que de part et d'autre il y a
40:00de la radicalité
40:02mais il y a aussi beaucoup
40:04de personnes qui veulent construire
40:06encore aujourd'hui une Calédonie
40:08avec un vivre ensemble
40:10qui n'est pas qu'un rêve
40:12Cette vision binaire dont vous parlez
40:14a peut-être aussi été exacerbée par la tenue
40:16de plusieurs référendums, trois
40:18ces dernières années, cette logique référendaire
40:20on le voit peut-être participer à fracturer
40:22à diviser la société, est-ce qu'elle doit
40:24pour autant être écartée ?
40:26Que vous ont dit vos interlocuteurs ici à ce sujet ?
40:28Je crois beaucoup au référendum
40:30parce que je pense qu'il faut consulter
40:32la population et ce d'autant plus
40:34quand il s'agit vraiment
40:36de déterminer son avenir
40:38et donc les trois référendums
40:40étaient en plus contenus dans les accords
40:42de Nouméa et donc
40:44il s'agit, lorsque l'on est responsable
40:46politique, de respecter la parole
40:48donnée et ce qui a été
40:50signé et donc il était important
40:52d'organiser ces référendums
40:54et la réponse
40:56des Calédoniens a été claire
40:58ils ont souhaité rester dans la République
41:00maintenant, la
41:02prochaine étape c'est quoi ?
41:04Essayer de trouver un accord
41:06un nouveau
41:08statut qui permettrait
41:10à la Calédonie d'assurer
41:12un avenir apaisé
41:14et un avenir radieux
41:16parce que la Calédonie a beaucoup d'atouts
41:18pour pouvoir s'assurer
41:20de sa prospérité et cela
41:22le jour où nous aurons réussi
41:24à adopter
41:26à mettre tout le monde d'accord
41:28autour de la table, il faudra
41:30évidemment que cet accord soit
41:32validé par la population de
41:34Nouvelle-Calédonie mais ce qui signifie
41:36que là on ne leur demandera pas
41:38de se prononcer sur quelque chose
41:40de binaire mais ce sera vraiment un référendum
41:42de projet
41:44quelle est la construction que l'on
41:46veut donner à la Nouvelle-Calédonie, ce qui est très différent
41:48Il y a aussi la question
41:50économique ici qui est bien sûr
41:52très importante, elle est
41:54dramatique pour les Calédoniens
41:56il y a eu d'énormes pertes suite
41:58aux émeutes, 20 à 30% du PIB
42:00le chômage est en train d'exploser
42:02ça je pense que tous les élus
42:04tous les habitants que vous avez rencontrés
42:06vous l'ont dit, ils veulent une réponse
42:08une aide économique forte
42:10et rapide. Ils ont besoin d'une aide économique
42:12parce qu'ils sont
42:14au bord du gouffre, ils nous l'ont dit
42:16les élus, les habitants, les commerçants
42:18les entrepreneurs et les salariés
42:20bien sûr avec les syndicats
42:22que nous avons rencontrés
42:24ils ont besoin d'une aide d'urgence
42:26et donc c'est le sens du soutien
42:28que nous apportons avec le Président
42:30du Sénat aux différents amendements
42:32qui ont été travaillés et qui sont
42:34portés par toutes les formations
42:36politiques réunies, c'est important
42:38que l'État puisse être là
42:40maintenant pour la Nouvelle-Calédonie
42:42en matière de soutien économique
42:44mais ce qu'on nous a dit
42:46aussi, c'est que
42:48l'avenir économique de la Nouvelle-Calédonie
42:50la reconstruction de ce
42:52tissu essentiel, que ce soit
42:54une grande entreprise ou qu'on soit artisan
42:56auto-entrepreneur, etc
42:58ça passe par un retour de la confiance
43:00ça passe par des perspectives
43:02de stabilité
43:04les entrepreneurs nous ont dit
43:06nous on est prêt à reconstruire, on est prêt
43:08à nous retrousser les manches, à rebâtir
43:10à recréer de l'emploi, de l'activité
43:12mais il faut qu'on ait
43:14une vision de l'avenir qui nous
43:16permette de le faire en toute sérénité
43:18et donc c'est là où la question économique
43:20et sociale
43:22est intimement liée à la question
43:24politique et institutionnelle
43:26l'un ne va pas sans l'autre, mais il faut
43:28une aide d'urgence et après il faut
43:30réussir à faire converger tous les chemins
43:32Il y a un autre point très important
43:34qui est celui qui a mis le feu
43:36aux poudres dans l'archipel, c'est la question
43:38du corps électoral, je rappelle que
43:40le corps électoral ici est gelé
43:42c'est-à-dire que certaines
43:44personnes qui sont en Nouvelle-Calédonie depuis
43:46parfois plusieurs années, voire certains qui sont nés
43:48ne peuvent pas voter ce gel électoral
43:50en tout cas aux élections provinciales
43:52les élections locales, c'est quand même une anomalie
43:54dans notre république d'avoir des citoyens
43:56qui n'ont pas le droit de voter à des élections locales
43:58alors même qu'ils sont nés sur un territoire
44:00est-ce que l'idée d'ouvrir
44:02davantage ce corps électoral
44:04elle est abandonnée ou est-ce qu'il faut
44:06poursuivre, est-ce que c'est une question de droit
44:08et que vous ne transigerez pas là-dessus ?
44:10C'est une question avant tout de justice
44:12c'est une question d'équité
44:14c'est une question démocratique
44:16vous ne pouvez pas priver éternellement
44:18des citoyens de leur droit de vote
44:20ça n'a aucun sens
44:22et aucune légitimité
44:24donc il va falloir dégeler le corps électoral
44:26évidemment
44:28mais il va falloir le faire
44:30de façon concertée
44:32et globale
44:34c'est toute la difficulté
44:36c'est-à-dire que
44:38il a été proposé par le gouvernement
44:40de faire un dégel
44:42du corps électoral seul
44:44et ça, ça n'était pas une bonne idée
44:46on voit bien qu'il faut
44:48que ça fasse partie d'un accord
44:50plus global que cela
44:52et on nous l'a dit
44:54lors de la réunion publique
44:56hier à la mairie de Nouméa
44:58comment vous voulez construire une société
45:00unie
45:02où il y a ce fameux vivre ensemble
45:04si
45:06les personnes qui composent cette société
45:08n'ont pas les mêmes droits
45:10c'est difficile
45:12donc je pense que cette question du corps électoral
45:14mais tout le monde est capable de l'aborder
45:16toutes les formations politiques
45:18nous l'on dit
45:20maintenant il faut faire un dégel
45:22qui soit concerté
45:24et qui puisse s'inclure dans une solution
45:26plus globale
45:28il faudra sans doute un accord politique global
45:30et justement, il y a quelques heures
45:32vous avez conclu votre visite
45:34par une réunion de travail
45:36avec toutes les parties prenantes
45:38qui étaient réunies
45:40vous avez évoqué avant d'arriver ici
45:42d'essayer d'arriver à une feuille de route
45:44grâce à ce déplacement
45:46qu'en est-il, qu'est-ce qui est ressorti
45:48de cette réunion qui a conclu votre visite
45:50déjà nous avons avec le Président du Sénat
45:52pour reprendre une expression consacrée
45:54nous avons dressé la table
45:56c'est à dire que nous avons pu
45:58mettre tout le monde autour de la table
46:00et nous avons pu constater
46:02cette volonté partagée
46:04d'essayer de trouver un accord
46:06de revenir dans le dialogue
46:08et donc ça pour nous
46:10c'est essentiel
46:12nous en rediscuterons dans les semaines qui viennent
46:14c'est à eux, vous savez
46:16de trouver
46:18la méthode
46:20mais en tout cas, nous avons vraiment
46:22responsabilité rencontrer des élus
46:24qui, conscients de la situation
46:26sont conscients aussi
46:28de la responsabilité
46:30qui leur incombe
46:32d'être autour de cette table
46:34que nous avons dressée pour échanger et dialoguer
46:36donc moi je suis
46:38confiante, pas naïve
46:40mais confiante
46:42parce que j'ai vu
46:44des élus
46:46très responsables et très conscients
46:48de la gravité de la situation
46:50et donc de l'enjeu
46:52et c'est important, vous savez
46:54quand vous êtes élu, vous n'agissez pas
46:56pour vous-même, vous agissez
46:58pour les personnes
47:00qui vous ont donné
47:02leur confiance
47:04et cette confiance, elle doit se mériter au quotidien
47:06Merci beaucoup Yael Brune-Pivet
47:08d'avoir répondu à nos questions
47:10Merci à vous
47:12Voilà, entretien à retrouver
47:14sur le site internet
47:16de LCP, lcpan.fr
47:18Tout de suite pour terminer
47:20La question qui fâche
47:30Tirs croisés
47:32Tirs croisés ce soir
47:34avec David Robodallone de la revue L'Hémicycle
47:36bonsoir, ravi de vous retrouver
47:38et Maître Bertrand Perrier
47:40avocat auprès
47:42la Cour de Cassation et spécialiste
47:44de l'art oratoire, préparez-vous
47:46les réquisitions
47:48dans l'affaire de Marine Le Pen
47:50des assistants parlementaires
47:52à Bruxelles viennent de tomber
47:54c'est notre sujet ce soir
47:56et les réquisitions du parquet sont lourdes
47:58très lourdes
48:00pour la présidente du groupe RN
48:02à l'Assemblée, 5 ans de prison
48:04dont 3 avec sursis
48:06300 000 euros d'amende
48:08et surtout ce qui va nous intéresser ce soir
48:105 ans d'inéligibilité
48:12avec exécution provisoire
48:14ce qui nous a inspiré
48:16cette question qui fâche
48:18signé Baptiste Gargi-Chartier
48:20Regardez
48:22C'est un moment décisif
48:24aujourd'hui
48:26Marine Le Pen l'a bien compris
48:28Depuis le début du procès
48:30l'ex-candidate à la présidentielle donne le ton
48:32Nous n'avons violé
48:34aucune règle
48:36Quand on est honnête, on souffre d'être traîné
48:38devant un tribunal
48:40Mais aujourd'hui le parquet a bien requis l'inéligibilité
48:42et ça
48:44c'est bien ce que redoutait le RN
48:46car si le juge confirme
48:48Marine Le Pen pourrait être empêchée
48:50de déposer sa candidature
48:52pour 2027
48:54Car il y a 11 millions de personnes qui ont voté
48:56pour le mouvement que je représente, dit-elle
48:58Des millions et des millions de français
49:00se verraient privés de leur candidat
49:02En coulisses, les spéculations florissent
49:04Faut-il prévoir un plan B pour remplacer Marine Le Pen ?
49:06La piste Jordane Bardella ?
49:08Ces derniers jours
49:10l'intéressé multiplie les interventions médiatiques
49:12au sujet de son dernier livre
49:14dans lequel il confie d'ailleurs
49:16faire émerger un successeur
49:18et l'un des premiers devoirs d'un chef
49:20Marine Laffey
49:22Mais lorsque l'hypothèse
49:24d'une candidature pour 2027
49:26est évoquée pour remplacer la patronne
49:28le président du parti vote en touche
49:30Marine Le Pen est innocente
49:32c'est ma conviction
49:34donc je ne ferai pas de politique-fiction
49:36Mais la candidate le sait
49:38une condamnation pourrait donner
49:40des sueurs froides au parti
49:42Si pour l'heure nulle le sait encore
49:44quel jugement sera rendu
49:46par le tribunal ?
49:48C'est la question
49:50La question qui fâche
49:52la voici
49:54Marine Le Pen
49:56est-elle devenue un problème
49:58pour le Rassemblement National ?
50:00Je commence avec vous
50:02elle risquait gros
50:04c'est les réquisitions
50:06ça ne veut pas dire que c'est le jugement définitif
50:08mais déjà
50:10est-ce que Marine Le Pen sait
50:12qu'elle va être condamnée ?
50:14En tout cas elle le redoute
50:16elle le subodore évidemment
50:18elle a dit je crois hier
50:20ou ce matin qu'il s'agissait d'une décision
50:22de justice qui était destinée à l'empêcher
50:24de candidater à la présidentielle
50:26elle l'a formulé en ces termes
50:28jusqu'ici la défense de Marine Le Pen depuis le début du procès
50:30c'était de laisser penser implicitement
50:32qu'on avait affaire à un procès politique
50:34même si le mot n'a jamais été prononcé
50:36Elle parle de réquisition politique
50:38Là on est en plein dedans
50:40on a franchi un cap
50:42donc effectivement
50:44elle a tout à fait intégré cette dimension-là
50:46vous l'avez dit, le réquisitoire
50:48il est lourd mais il est aussi fondé et très argumenté
50:50quand vous écoutez les réquisitions du procureur
50:52sur l'intégralité du dossier puisqu'ils sont allés
50:54rechercher des détails très précis
50:56dans le réquisitoire
50:58donc c'était extrêmement compliqué
51:00et ils ont mis en pièce la ligne de défense
51:02du Rassemblement National
51:04donc pour répondre à la question
51:06est-ce que c'est un problème pour le RN
51:08j'ai envie de dire oui et non
51:10parce que pour Marine Le Pen bien sûr
51:12le procureur l'a dit lui-même en ces termes
51:14ça empêchera les prévenus de se présenter
51:16aux futures élections nationales
51:18évidemment en première d'entre elles
51:20Marine Le Pen pour 2027
51:22donc problème pour elle
51:24en revanche, on en parlera peut-être tout à l'heure
51:26on a vu dans le sujet que Jordan Berdala
51:28montait en puissance hier
51:30il organisait un grand rout à Paris
51:32autour de la sortie de son livre
51:34évidemment ça a été dit par le sociologue Erwann Lequeur
51:36ça apparaît de plus en plus comme une candidature
51:38alternative à Marine Le Pen
51:40donc problème, oui et non
51:42revenons au droit avec vous Bertrand Perrier
51:44ce sont des réquisitions
51:46ce qui nous intéresse
51:48c'est les 5 ans d'inéligibilité
51:50avec exécution provisoire
51:52ça veut dire quoi précisément déjà ?
51:54il y a deux choses
51:56il y a l'inéligibilité et l'exécution provisoire
51:58l'inéligibilité cela signifie
52:00qu'on ne peut plus se présenter
52:02et on est même déchu de ses mandats
52:04en réalité cette peine
52:06elle est automatique
52:08si l'on est reconnu coupable de détournement de fonds publics
52:10c'est la loi Sapin
52:12c'est la loi Sapin 2
52:14le juge néanmoins peut l'écarter
52:16mais il faut qu'il motive spécialement sa décision
52:18pour ne pas prononcer l'inéligibilité
52:20même s'il condamne pour détournement de fonds publics
52:22ça veut dire que le juge
52:24on est bien aux réquisitions du procureur
52:26le juge
52:28va sans doute suivre
52:30le parquet sur la question de l'inéligibilité
52:32mais il est assez probable
52:34que l'inéligibilité
52:36si déclaration de culpabilité il y a
52:38soit suivi sauf
52:40motivation spéciale
52:42après il y a une deuxième chose
52:44c'est l'exécution provisoire
52:46on a dans notre droit pénal un grand principe
52:48qui est que l'on est présumé innocent
52:50jusqu'à ce que l'on soit définitivement
52:52déclaré coupable
52:54et donc les voies de recours sont suspensives
52:56imaginons que quelqu'un est condamné à de la prison
52:58en première instance
53:00finalement il est innocenté en appel
53:02s'il a fait de la prison entre les deux
53:04c'est inacceptable
53:06il y a un effet suspensif
53:08des voies de recours vous faites appel
53:10tant que l'appel n'est pas jugé
53:12tant que la cassation n'est pas passée
53:14la peine n'est pas exécutée
53:16sans décision exécutoire elle peut se présenter
53:18mais là encore le juge
53:20peut par exception à ce principe
53:22par dérogation à ce principe
53:24ordonner l'exécution provisoire
53:26quand est-ce qu'il le fait
53:28et bien il le fait lorsqu'il estime que
53:30si la peine ne passe pas tout de suite
53:32il y a un risque qu'elle ne passe en réalité
53:34jamais
53:36parce que les prévenus sont âgés
53:38parce qu'en réalité ils ne sont déjà plus
53:40dans la vie politique et donc la peine
53:42perdrait de son sens
53:44des inéligibilités avec exécution provisoire
53:46il y en a déjà eu par exemple
53:48contre les époux Balkany
53:50mais là pour des personnes qui sont en fonction
53:52ça conduirait à ce qu'elles
53:54perdent immédiatement son mandat
53:56même ayant fait appel
53:58sans préjugé de la décision de justice
54:00avec un rendez-vous démocratique
54:02et de cette ampleur là les présidentielles
54:04vous pensez qu'un juge irait jusque là ?
54:06La responsabilité est évidemment
54:08écrasante pour trois magistrats
54:10face effectivement
54:12au suffrage universel
54:14Il y a un juge et deux assesseurs c'est ça ?
54:16Donc ils sont trois, trois personnes
54:18trois magistrats qui vont avoir à décider
54:20l'ampleur de la responsabilité
54:22de la justice c'est quelque chose
54:24effectivement elle est présumée
54:26innocente mais
54:28c'est très très lourd ces réquisitions ce soir
54:30comment ça se passe en coulisses ?
54:32Est-ce que ça peut avoir des conséquences
54:34politiques notamment sur le calendrier
54:36de la motion de censure
54:38à venir, sur la volonté peut-être de précipiter
54:40des gouvernements qui tombent
54:42pourquoi pas la dimission d'Emmanuel Macron
54:44pour avancer peut-être
54:46et là je fais de la politique un peu fiction
54:48mais l'élection présidentielle
54:50C'est une équation très complexe à plusieurs inconnues
54:52avec beaucoup de paramètres
54:54d'abord il faut dire que les procureurs l'ont dit
54:56ils ont enquêté
54:58ils ont conduit leurs réquisitoires sur les investigations
55:00et donc sur les faits et donc ils ont fait
55:02fi finalement de la dimension politique
55:04ils ont bien expliqué
55:06les procureurs que cette décision
55:08empêcherait Madame Le Pen de se présenter
55:10et donc je crois que les juges procéderont de la même manière
55:12ils ne jugent pas en fonction d'un calendrier
55:14politique, on l'a vu dans de nombreuses affaires
55:16Est-ce qu'on échafaude des scénarios en coulisses ?
55:18On l'a vu dans de nombreuses affaires politico-financières
55:20je pense bien sûr à l'affaire Fillon qui était éclatée à quelques semaines
55:22ou à quelques mois de l'élection présidentielle de 2017
55:24alors oui bien sûr les scénarios
55:26sont échafaudés dans tous les sens
55:28d'abord exécution
55:30permanente et d'échéance du mandat de député
55:32c'est quand même Madame Le Pen qui tient
55:34entièrement à sa main le groupe parlementaire
55:36à quelques pas d'ici
55:38c'est elle qui décide de tout
55:40qui prend les décisions tactiques, stratégiques
55:42l'ordre du jour du groupe, les votes
55:44c'est elle qui décide absolument de tout
55:46donc imaginez qu'elle soit déchue de son mandat
55:48là on tombe dans un espèce de vide qui va prendre le relais
55:50c'est une vraie question
55:52deuxième question vous l'avez suggérée
55:54c'est celle de la motion de censure
55:56jusqu'ici Madame Le Pen pour plusieurs raisons
55:58n'avait pas considéré que c'était le moment de la motion de censure
56:00d'abord parce que le gouvernement Barnier
56:02restait encore relativement
56:04avec des pincettes populaires
56:06et qu'il ne s'agissait pas de précipiter
56:08le chaos dans la stratégie de respectabilité
56:10est-ce que cette nouvelle donne judiciaire
56:12va accélérer le mouvement
56:14je ne suis pas du tout certain qu'elle se dise
56:16qu'il faut faire tomber le gouvernement Barnier
56:18et voter la motion de censure
56:20parce qu'elle va être condamnée
56:22on va attendre le verdict
56:24du tribunal
56:26et puis enfin on en revient au point de tout à l'heure
56:28il y a quand même une solution de remplacement
56:30qui se profile de plus en plus
56:32Jordan Bardella il poussait depuis quelques semaines
56:34et puis quelques mois il a quand même fait
56:36quelques déclarations ou quelques réponses
56:38ou plutôt non-réponses à des interviews
56:40qui montrent que maintenant ce qui était totalement exclu
56:42et la fidélité et la loyauté absolue
56:44qu'il avait envers Marine Le Pen
56:46n'est peut-être plus de mise et que voilà
56:48les événements vont jouer en sa faveur politique
56:50Alors c'est pas fait hein
56:52nous aussi ce soir en direct
56:54des scénaris, elle reste très populaire
56:56c'est la personnalité la plus populaire
56:58en politique
57:00elle s'est heurtée trois fois au scrutin présidentiel
57:02sans succès avec un front républicain
57:04est-ce qu'on peut dire, et c'est très rapide
57:06la réponse que je vous demande
57:08qu'elle n'est pas forcément la meilleure candidate de son camp
57:10Je ne me prononcerai pas, je ne suis pas du tout un expert politique
57:12ce que je veux dire c'est que s'il prononce
57:14l'exécution Provisoire, c'est vraiment cataclysmique
57:16non pas seulement politiquement
57:18juridiquement, c'est vraiment très dérogatoire
57:20au grand principe qui gouverne notre droit pénal
57:22il faut qu'ils aient vraiment une motivation
57:24très solide pour déroger
57:26à ce principe et dire que la justice
57:28va passer tout de suite avant les voies de recours
57:30Merci messieurs
57:32merci pour cette question qui fâche, très belle soirée
57:34on est en retard, à demain, même nuit même heure