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00:007h46, vous avez la parole, on vous pose cette question. Est-ce que vous constatez autour de vous une hausse de la pauvreté ?
00:07Comment vous la constatez ? Est-ce que c'est quotidien ? Est-ce que c'est récent ?
00:1004 76 46 45 45. Appelez-nous dès maintenant pour qu'on puisse échanger et avec notre invité également.
00:15Exactement, notre invité Audrey Minghi, bonjour.
00:19Bonjour.
00:20Merci d'être en ligne avec nous. Vous êtes déléguée du secours catholique en Isère. On vous avait reçu déjà l'an dernier lors du précédent rapport.
00:26Vous nous aviez dit alors que tous les jours à Grenoble, des enfants de trois ans passent la nuit dehors.
00:32Aujourd'hui, est-ce que ce constat est toujours valable, madame Minghi ?
00:37Malheureusement, oui, le constat est toujours valable. Tous les matins, dans notre accueil de jour, nous accueillons
00:42des mamans avec des enfants très jeunes qui ont en effet moins de trois ans. Donc, la situation ne s'est absolument pas
00:52améliorée malgré nos alertes, notamment vers les pouvoirs publics.
00:55On va y venir aux pouvoirs publics, effectivement, mais
00:58c'est un témoignage que vous n'êtes pas la seule à faire. Effectivement, le président des Restos du Coeur en Isère
01:03alertait aussi chez nous. Il parlait d'une centaine d'enfants. Rien qu'à Ischirol, une centaine d'enfants de moins d'un an qu'ils accueillaient.
01:09On a l'impression que ça s'est particulièrement dégradé pour ces familles avec des très jeunes enfants.
01:14Est-ce que c'est le cas ? Est-ce qu'eux sont particulièrement touchés ?
01:18Oui, en tout cas, c'est ce qu'on constate parmi les ménages qu'on reçoit en Isère et notamment sur l'agglomération
01:25grenobloise. C'est que, notamment, les femmes sont les premières victimes de la pauvreté et les femmes avec enfants sont encore plus vulnérables que les autres.
01:34Donc, nous, ce qu'on observe, c'est une baisse du niveau de vie médian des personnes qu'on accueille. Encore moins
01:4220 euros par rapport à l'année dernière. Donc, la moitié des personnes qu'on reçoit ont moins de 555
01:49euros par mois pour survivre.
01:51Ce que je pense que chacun peut s'imaginer et voir que c'est absolument pas suffisant.
01:56Très grande précarité, effectivement.
01:59On a aussi des témoignages au standard de France Bleue Isère.
02:01Exactement. Est-ce que vous constatez autour de vous une hausse de la pauvreté en Isère ? Est-ce que vous la vivez également ?
02:05On a Alexandre avec nous de Saint-Martin-le-Vinou. Bonjour Alexandre.
02:08Oui, bonjour tout l'équipe, bonjour à votre invité. Oui, alors moi, j'ai une petite retraite.
02:17Donc, j'ai bossé 172 trimestres, j'ai un peu plus de 1000 euros.
02:21Donc, je n'arrive pas à m'en sortir.
02:24Je me suis soigné d'abord et là, j'ai repris un peu le travail, j'ai fait des ménages.
02:28Mais, j'ai été aidé par des associations caractéristiques au tout début de ma retraite, donc j'ai voulu sortir de ce milieu.
02:36Donc, j'ai la chance d'avoir la santé et de pouvoir travailler. Je ne sais pas appeler à tout le monde.
02:41Donc, vous travaillez en plus de votre retraite, c'est ça Alexandre ?
02:44Oui, il y a aussi des étudiants qui sont touchés.
02:46Ils n'arrivent même pas à se nourrir. On les voit dans les associations caritatives, de plus en plus de jeunes vont pour...
02:52Vous constatez cette pauvreté plus présente, Alexandre ?
02:56Ah oui, oui, de plus en plus.
02:58Et puis, les associations, ils font de leur mieux.
03:02Ils ont, ils reçoivent, mais c'est vraiment...
03:08Alexandre, merci de votre passage.
03:10Du courage pour tout le monde.
03:12C'est vrai que quand on n'a pas la santé, quand on a une petite retraite, je plains les personnes.
03:18Bon courage Alexandre, merci d'être passé. Comme Alexandre d'ailleurs, n'hésitez pas à nous appeler.
03:22Pour nous raconter si vous avez des difficultés ou si vous en voyez au quotidien, il y a encore quelques témoignages sur notre page Facebook.
03:29Oui, puis on va préciser qu'Alexandre, qui vient de nous livrer son témoignage avec 1000 euros par mois,
03:33il est en dessous de ce qu'on considère comme étant le seuil de pauvreté.
03:36Il y a un peu plus de 1200 euros le seuil de pauvreté en France.
03:39Il dit bon courage à tout le monde, mais en fait, on va lui dire aussi bon courage à lui pour sa journée et pour la suite.
03:43Alors effectivement, comme Alexandre vous constatez l'augmentation de cette pauvreté,
03:47il y a Éliane Christian qui souligne en plus que c'est un vaste sujet.
03:52Et effectivement, s'il y avait des solutions miracles, ça se saurait peut-être.
03:56On a Olga qui veut rester optimiste malgré tout.
03:59Et puis on a Mal, qui est moins optimiste, qui constate qu'il n'y a pas que la pauvreté qui augmente,
04:03mais aussi l'écart entre les très riches et les très pauvres et que ça ne rend pas optimiste pour notre société.
04:09On parle de la lutte contre la pauvreté ce matin avec Audrey Minguy, déléguée du Secours catholique en Isère.
04:15Audrey Minguy, comment on explique cette situation, sachant qu'il y a quand même des aides en France
04:19pour venir soutenir les personnes avec peu de revenus ? Comment on en arrive là ?
04:25Comme vous le dites, il y a la protection sociale en France, et je crois que les Français y sont très favorables et sont très fiers.
04:32Mais on voit que de plus en plus, la protection sociale ne permet pas de faire face aux accidents de la vie.
04:39L'exemple d'Alexandre est très parlant. Nous rencontrons des personnes comme lui très souvent dans nos accueils.
04:44Il est à la retraite, il tombe malade, un accident de la vie, et il ne s'en sort plus, et il doit travailler pour s'en sortir.
04:51Ce que notre rapport montre aussi, c'est qu'aujourd'hui, il est très difficile d'accéder à la protection sociale,
04:59notamment à cause de la dématérialisation des démarches administratives.
05:03C'est un obstacle pour beaucoup de gens qui ne demandent pas les aides ?
05:06C'est ça. C'est-à-dire que le tout numérique, ça peut simplifier la vie de certaines personnes,
05:10mais ça rajoute surtout une difficulté importante pour environ un quart de la population française qui ne maîtrise pas l'outil numérique.
05:18En tout cas, c'est les chiffres du Crédoc. Et pour ces personnes-là, elles n'arrivent plus à accéder à leurs droits
05:24parce qu'elles se retrouvent face à un ordinateur, qu'elles ne savent pas comment l'utiliser, et ça accentue encore le non-recours.
05:31On observe qu'aujourd'hui, il y a plus de 36% des personnes, alors que ce soit au niveau national ou en ISER,
05:37qui sont éligibles au RSA, mais n'y ont pas recours. Et c'est un chiffre très alarmant et en constante augmentation.
05:45Effectivement, des chiffres très importants de non-retour. Plus d'un quart des personnes que vous accueillez se retrouvent, par conséquent, sans ressources.
05:51Effectivement, sans aucune ressource. Ça, c'est effectivement très important. On va en écouter une, d'ailleurs.
05:57Elle s'appelle Marie, elle a 25 ans, elle est originaire du Congo, et elle est accueillie au Secours catholique de l'ISER. Écoutez.
06:05Mon quotidien, pour l'instant, je suis chez quelqu'un, j'habite chez quelqu'un, et je cherche à travailler aussi.
06:11Tellement que je n'ai pas encore de papiers, il n'y a pas moyen de travailler, c'est pour ça que je fais des bénévoles.
06:15Le témoignage de Marie, effectivement, accueillie au Secours catholique de l'ISER, les besoins sont multiples.
06:21On l'entend, logement, travail, on commence par quoi, Audrey Minguy ?
06:25Alors, les personnes qui viennent dans nos accueils demandent avant tout qu'on les écoute.
06:29Et je crois que ça, c'est aussi significatif du fait que maintenant, la plupart des guichets physiques ont fermé,
06:35et qu'on ne peut difficilement accéder à une personne qui nous écoute, on est face à un ordinateur.
06:39Donc les personnes qui viennent, elles veulent rencontrer quelqu'un, expliquer leur situation,
06:43et après chercher ensemble des solutions.
06:45Donc ça passe beaucoup par aider dans les démarches administratives, dans l'aide à accéder à leurs droits.
06:51Ensuite, en ISER, on constate aussi beaucoup d'impayés, beaucoup de personnes viennent nous voir
06:55parce qu'elles n'arrivent plus à payer toutes leurs factures, que ce soit les charges, les loyers, l'énergie, les frais de transport,
07:03notamment les familles monoparentales, on en parlait tout à l'heure,
07:07les mamans avec des enfants en bas âge sont particulièrement touchées.
07:11Donc nous essayons, les bénévoles qui sont présents dans nos accueils,
07:16de les faire accéder aux aides auxquelles ils ont droit,
07:22et puis s'il y a eu un accident de la vie, quelque chose de particulier,
07:25et qu'ils ont besoin d'un coup de pouce financier pour rétablir leur budget, et qu'on peut le faire,
07:31on est très heureux de pouvoir leur donner ce petit coup de pouce.
07:34Vous écoutez les personnes, est-ce que vous, on vous écoute, Audrey Mainguy,
07:38vous parliez en tout début de notre entretien des alertes que vous lanciez aux pouvoirs publics,
07:42est-ce que ces alertes, elles sont entendues aujourd'hui ?
07:46Je pense que ces alertes sont entendues par une partie de notre classe politique.
07:52Localement, nationalement ?
07:54Alors déjà, au niveau local, nous sommes assez régulièrement reçus par les pouvoirs publics,
08:00et au niveau national également.
08:03Je vais prendre l'exemple du fait qu'on souhaite absolument réhumaniser le système de protection sociale,
08:09c'est-à-dire remettre des accès physiques avec des personnes, des humains, à la place des ordinateurs,
08:14et c'est une proposition de loi qui a été déjà votée à l'Assemblée,
08:20c'est une proposition de loi transpartisane, et on attend qu'elle soit mise à l'ordre du jour du Sénat,
08:24pour que toute personne qui est dans une situation complexe,
08:28ou qui n'arrive pas à utiliser l'outil numérique, puisse rencontrer une personne qui va l'aider dans ses démarches.
08:34Il faut absolument remettre de l'humain au cœur de notre système de protection sociale.
08:39Je pense effectivement que cette question de la dématérialisation touche pas mal d'auditeurs de France Bleu qui nous écoutent.
08:45On a aussi une discussion budgétaire en ce moment à l'Assemblée Audrey Amenghi,
08:49avec une baisse notamment des dotations au département.
08:53Or ce sont eux qui ont en charge l'aide sociale, notamment le RSA dont vous parliez tout à l'heure.
08:58Est-ce que ce climat vous inquiète aujourd'hui ?
09:02Le climat, oui. Tous les discours politiques qu'on entend,
09:06qui ont tendance à stigmatiser les personnes les plus vulnérables, les personnes les plus pauvres, nous inquiètent.
09:12C'est extrêmement violent pour les personnes qui se retrouvent en galère,
09:16et qui nous disent non seulement je n'arrive pas à m'en sortir,
09:19et en plus j'ai l'impression que c'est de ma faute.
09:22C'est extrêmement violent et ça nous inquiète beaucoup.
09:26Ce qu'on souhaite c'est que chacun puisse écouter les autres, se rendre service,
09:30et c'est ce qu'on voit dans nos accueils.
09:32Quand les personnes s'entraident et que la solidarité se développe, on trouve des solutions.
09:37On terminera sur cette note d'optimisme.
09:39Merci beaucoup Audrey Amenghi d'avoir été avec nous ce matin déléguée du secours catholique en Isère.
09:45On peut retrouver votre rapport sur francebleu.fr et notre application ici ICI.
09:50Merci Madame Amenghi, belle journée.

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