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00:00Comme chaque matin, vous avez la parole pour venir vous exprimer ici, ici ISER qui vous propose de débattre sur le nucléaire, Théo.
00:07Oui, alors que deux nouveaux réacteurs nucléaires vont voir le jour aux portes de l'ISER, à la centrale du Bugey,
00:12dans l'un, centrale qui accueille déjà quatre réacteurs, alors ces deux futurs nouveaux réacteurs, là ce sont des EPR,
00:19des réacteurs nouvelle génération. Le débat public sur le projet vient de débuter depuis avant-hier,
00:25les réacteurs, eux, pourraient voir le jour d'ici 2037. Bonjour Stéphanie Rossia.
00:30Bonjour.
00:30Merci d'être en studio avec nous ce matin, vous êtes physicienne des particules, vous êtes responsable de la première année
00:36du master d'ingénierie du nucléaire à l'université Grenoble Alpes. D'abord, ces réacteurs EPR, on dit que c'est des réacteurs
00:43nouvelle génération, en quoi ils sont différents des quatre réacteurs déjà installés au Bugey ?
00:49En fait, ils vont être très peu différents des réacteurs de la génération actuelle. Nous, on parle plutôt de demi-génération
00:54pour parler du passage des anciens réacteurs, de ceux qu'on a actuellement sur le parc, et des EPR. En fait, fondamentalement,
01:01c'est le même type de production, c'est des réacteurs à eau pressurisée, de la même façon qu'étaient les anciens.
01:07L'évolution principale des EPR, c'est d'être aux dernières normes en termes de sûreté, donc les anciens réacteurs ont dû monter
01:14en normes de sûreté au fur et à mesure des années, et les EPR sont, dès le début, conçus pour être aux dernières normes,
01:21et en particulier pour être plus facilement démantelables par la suite.
01:24Ce qui peut expliquer aussi les retards de production, notamment à Flamanville, on en a beaucoup parlé, c'est cette technologie-là ?
01:30Ce sera la technologie de Flamanville, exactement, oui.
01:32Qu'est-ce que vous pensez, vous, de l'implantation de ces deux futurs EPR au Bugey ? On parle de la nécessité d'augmenter la production
01:41d'électricité, notamment du fait des nouveaux usages, de la voiture électrique par exemple. C'est vraiment nécessaire, ces deux nouveaux réacteurs, selon vous ?
01:49Je pense qu'on n'a pas le choix, déjà parce que le parc est vieillissant, donc il y a des réacteurs qui, nécessairement, vont être arrêtés,
01:55parce qu'il y a des pièces qui ne sont pas remplacables dans un réacteur, et on sait qu'à terme, ces réacteurs devront être arrêtés,
02:00et donc il faut préparer l'avenir, et comme on sait que la production, la mise en œuvre de ces réacteurs prennent du temps,
02:05il faut vraiment anticiper, et se poser la question dès maintenant de comment produira l'électricité dans 10 à 15 ans.
02:10Et on a des centrales, effectivement, qui viennent de fermer, notamment en Alsace, on en a une qui vient de fermer,
02:15qui est, elle, la plus ancienne, effectivement, du réseau. On a tout de même des inquiétudes sur ce nucléaire, des questionnements,
02:22en tout cas, on en a aussi au standard d'ici, c'est ça Mathieu ?
02:25Tout à fait. Paul nous appelle de Fontaine. Bonjour Paul.
02:27Oui, bonjour.
02:29Alors, je ne sais pas si c'est une inquiétude, mais vous aviez une question, en l'occurrence.
02:32Oui, tout à fait. Voici ma question. Combien d'années vont demander la création et la mise en service de ces deux nouveaux réacteurs ?
02:41N'y aurait-il pas, à hasard, 12 ans de retard ?
02:46Ah oui, vous dites, est-ce que ça va arriver beaucoup moins vite que prévu ?
02:50Bah écoutez Paul, on va poser la question à notre invité. Merci beaucoup de nous avoir appelé pour la poser.
02:54Sachant que ça dépend un petit peu aussi de la façon dont va se passer le débat public, c'est des questionnements qui sont longs.
03:00Pour l'instant, la date déposée de mise en service, on parle de 2037, donc dans 12 ans.
03:07Effectivement, c'est à peu près le temps qu'il faut, Stéphanie Rossia ?
03:11C'est le temps qu'il va falloir, très probablement, oui.
03:14Si on se lance dans une production de plusieurs réacteurs, il faut savoir que ce sera naturellement plus rapide que le premier, le prototype, qui était Flamanville.
03:22Donc il y a eu énormément de leçons apprises de Flamanville, et donc on peut espérer que les prochains seront construits à temps.
03:29On l'espère en tout cas, parce que Flamanville, effectivement, il y a eu beaucoup de rebondissements, il y a eu des soudures à refaire, etc.
03:36Toutes ces choses-là, c'est réglé aujourd'hui, selon vous ?
03:40Je pense que les questions sont réglées, oui.
03:42Il y a eu une petite perte de technicité sur la fabrication des réacteurs, parce que ça faisait vraiment longtemps qu'on n'en avait pas fabriqué.
03:48Et je crois que la technique est revenue à son niveau.
03:52On va en parler effectivement dans un instant du savoir-faire, puisque je rappelle que vous êtes responsable de la première année du Master d'ingénierie du nucléaire.
03:58Donc c'est vous qui êtes chargé aussi de perpétuer ce savoir-faire français en matière de nucléaire.
04:04On rappelle, Mathieu, que vous pouvez nous appeler au standard d'ici hiver.
04:07Tout à fait, 0476 46 45 45.
04:09Si, comme Paul, vous avez une question, ou si vous voulez aussi nous parler peut-être de votre opposition à ce genre de projet, ou à l'inverse,
04:16du fait que vous soyez rassuré, peut-être, pour la production d'énergie, on a déjà des avis sur notre page Facebook.
04:21Le débat est lancé sur la page Facebook.
04:23On a par exemple d'un côté Marie, qui nous dit que le nucléaire, c'est assez inquiétant pour elle.
04:28Et puis d'un autre côté, on a Guy, qui nous dit que les réacteurs nucléaires sont moins dangereux que la route.
04:33Par exemple, plus nuancés au milieu, on va dire.
04:36On a Éliane, par exemple, qui nous dit, effectivement, il faut plus d'électricité aujourd'hui.
04:42Alors, il faut de nouveaux réacteurs, mais avec de la surveillance, évidemment.
04:47Et puis Jean-Louis, qui n'habite pas très loin, qui habite à Bourgoin-Jalieu,
04:50qui nous dit, effectivement, on est juste à côté, dans le Nord-Isère, mais pas d'inquiétude de son côté.
04:55Appelez-nous, effectivement, pour donner également vos avis.
05:00Notre invité ce matin, Stéphanie Rossia, donc physicienne des particules,
05:03responsable de la première année du Master d'ingénierie du nucléaire à l'Université Grenoble-Alpes.
05:08Et je vous propose, Stéphanie Rossia, d'écouter l'un des opposants, il s'appelle Jean-Pierre Collet.
05:13Il fait partie du collectif Sortir du nucléaire, Bujet.
05:16Il est inquiet, lui, sur le fond, mais aussi sur la forme, sur le débat qui vient de débuter depuis avant-hier.
05:22Il estime que le débat n'est pas forcément serein à écouter.
05:25Nous, pour l'instant, SDN-Bujet, on part du principe qu'on joue le jeu du débat.
05:29Le problème, c'est qu'on fait ce débat, mais en amont, les décisions sont déjà prises,
05:33puisque tout a été décidé en amont, puisque M. Macron a déjà fait des annonces.
05:36Donc, on fait ce débat. Pourquoi, finalement ? On fait ce débat pour le plaisir de débattre.
05:40Mais imaginons, imaginons un instant que les conclusions de ce débat,
05:44c'est qu'il y a une majorité de gens qui seraient contre.
05:46Qu'est-ce qui se passerait, alors ? Ça veut dire qu'on arrêterait tout.
05:49En fait, on voit bien que, clairement, on est sur un exercice de démocratie.
05:52Bon, ok, ça se fait, mais derrière, on n'attendra pas compte.
05:55Est-ce que vous comprenez les inquiétudes, sur le fond et sur la forme,
05:59des opposants au nucléaire, Stéphanie Rossia ?
06:01Je comprends les arguments qu'il annonce.
06:04Évidemment, c'est une vraie question.
06:07Qu'est-ce qui se passerait si l'essentiel de la population rejetait le projet,
06:10sachant que, de toute façon, on en a besoin ?
06:13Donc, il y a une contradiction entre l'idée qu'on...
06:16Non, il y a vraiment une contradiction.
06:18La question, c'est qu'il faut les mettre quelque part.
06:21Et donc, pourquoi pas là ?
06:23C'est quand même un site qui est intéressant,
06:25parce qu'il y a déjà toute l'infrastructure autour.
06:27Donc, il y a une certaine logique à vouloir mettre les EPR à cet endroit.
06:31Il y a aussi l'eau du Rhône pour refroidir les réacteurs.
06:34Il en faut toujours, c'est ça.
06:36On a l'impression que l'opposition au nucléaire est plutôt plus faible
06:40qu'il y a quelques années.
06:42Est-ce que c'est aussi le sentiment que vous avez ?
06:45Je crois, oui, que l'opposition n'est pas si forte en France.
06:48Aussi parce qu'on a quand même démontré depuis pas mal de décennies
06:52que le nucléaire arrivait à fonctionner de manière sereine, de manière sûre.
06:56Et donc, j'espère qu'il y a une certaine confiance
06:59qui s'est créée quand même entre l'industrie et les habitants.
07:02L'autre inquiétude, parmi les critiques en tout cas,
07:04on dit que la France a perdu son expertise
07:07ou son savoir-faire en matière de nucléaire.
07:09Parce que la dernière fois qu'on a construit des centrales,
07:12c'était il y a très longtemps, en dehors de Flamanville effectivement.
07:15Est-ce que c'est vrai, cette perte d'expertise ?
07:18Moi, je serais plus mesurée quand même.
07:20On a perdu un peu de l'expertise sur la construction,
07:22mais au niveau de l'exploitation, on est quand même sur une expertise
07:26qui est très très pointue en France, peut-être la plus pointue du monde.
07:29Donc, il faut faire la part des choses entre les difficultés de construction
07:33et ensuite l'exploitation qui, à mon avis, sera irréprochable.
07:36Et vous êtes particulièrement concernée,
07:38puisque vous êtes chargée de transmettre ce savoir-faire,
07:41notamment puisque vous dirigez la première année du Master d'ingénierie du nucléaire
07:45à l'Université Grenoble-Alpes.
07:47Je crois d'ailleurs que le Master a plutôt le vent en poupe,
07:50qui recrute plutôt bien, ça marche bien.
07:53Le nucléaire attire ?
07:54Le nucléaire attire les jeunes scientifiques, oui.
07:56Donc ça, on est très contents à l'Université de Grenoble
07:59de pouvoir proposer des formations professionnalisantes à nos étudiants.
08:03Vous accueillez combien d'étudiants aujourd'hui ?
08:05Aujourd'hui, on diplôme entre 40 et 50 étudiants.
08:08La immense majorité qui viennent des parcours de la licence,
08:11et puis certains qui sont en reprise d'études,
08:13qui sont techniciens supérieurs de l'industrie,
08:16qui font une remise à niveau cadre avec nous.
08:18Donc ça, c'est aussi des profils très intéressants.
08:21Et l'objectif, à terme, c'est de doubler le nombre de diplômés
08:24pour accompagner la montée en puissance du nucléaire.
08:27Les désinterrogations sur le nucléaire,
08:29on en a aussi au standard d'ici, Isère Mathieu.
08:31Oui, tout à fait, on accueille Ingeborg Quétavoiron.
08:34Bonjour, Ingeborg.
08:35Bonjour.
08:36Alors, quelle est votre interrogation ?
08:38Je pense que vous pensez au futur, finalement,
08:41et l'intérêt de cette énergie à long terme, c'est ça ?
08:45Voilà, je pose la question à l'invité.
08:50Quand l'humanité aura disparu,
08:53qui s'occupera de gérer les déchets nucléaires
08:57et de refroidir les combustibles nucléaires
09:01pour éviter, au moins, aux autres espèces de disparaître aussi ?
09:07C'est une question plutôt philosophique,
09:09si je puis me permettre de la réinterpréter.
09:12C'est les conséquences, finalement, de tout ça.
09:14Je ne sais pas si notre invité veut se lancer sur ce terrain-là,
09:17mais en tout cas, vous posez cette idée-là.
09:20Quel héritage on va laisser en exploitant l'énergie nucléaire ?
09:23Voilà, exactement.
09:25Stéphanie Rossia, physicienne des particules,
09:28nous répond ce matin peut-être sur la gestion des déchets.
09:31C'est l'interrogation notamment d'Ingeborg,
09:34des déchets qui vont rester des centaines d'années.
09:36Beaucoup plus que ça.
09:38Oui, beaucoup plus.
09:39Donc effectivement, elle a tout à fait raison
09:41qu'on va léguer des déchets nucléaires,
09:44parce qu'une partie des déchets vont vivre des dizaines de millions d'années,
09:47et donc probablement au-delà de la vie humaine sur Terre.
09:52En tout cas, on ne peut pas l'exclure.
09:54Il y a un projet d'enfouissement de déchets aujourd'hui
09:56qui fait lui aussi polémique en Lorraine, il me semble.
10:00C'est ça le projet ? C'est d'enfouir les déchets ?
10:02C'est ça le projet, c'est de les enfouir.
10:04Donc déjà, il faut savoir qu'en France, on a cette politique
10:06qui consiste à le combustible, quand il est déchargé,
10:09on recycle 96% de la matière,
10:12et on a 4% de déchets ultimes,
10:14et cela, effectivement, il faut s'en prémunir.
10:18Et c'est ces déchets-là dont il est question, je pense, finalement.
10:22Et la question, elle est très intéressante.
10:25Elle pose énormément de questions.
10:27Moi, ma vision des choses, c'est que je ne suis pas sûre
10:29que ces déchets-là vont avoir plus d'impact,
10:31je pense qu'ils vont avoir beaucoup moins d'impact
10:33que tous les autres marques de l'humanité,
10:35le réchauffement climatique,
10:37énormément d'effets de la présence humaine.
10:39Les particules plastiques.
10:41Exactement, que toutes ces choses-là auront plus d'impact,
10:43finalement, que les déchets nucléaires.
10:45Merci beaucoup Stéphanie Rossia d'être venue nous en parler ce matin,
10:48physicienne des particules, responsable de la première année
10:50du Master d'ingénierie du nucléaire à l'Université Grenoble-Alpes.
10:54Merci et belle journée.
10:55Merci beaucoup.
10:56Merci de vos messages, de vos questionnements.
10:58On aura l'occasion, je pense, de se reposer sur ce sujet.
11:002037, on aura l'occasion d'en reparler, je pense.
11:02Ça marche, on prend rendez-vous.

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