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Élus par les territoires, les sénatrices et les sénateurs connaissent le terrain et côtoient les acteurs de notre patrimoine agricole et nourricier, tout ce qui fait de la France un pays où le contenu de l'assiette relève d'un engagement quotidien.
Vincent Ferniot rencontre ces hommes et ces femmes, en compagnie d'un sénateur ou d'une sénatrice, sur son territoire. Année de Production :

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00:00Retrouvez Mangez C'est Voté avec le Concours Général Agricole.
00:11Bonjour à tous. Le beffroi de Béthune, c'est un peu le clocher laïc et républicain de ces villes des Hauts-de-France.
00:20Vous l'avez compris, aujourd'hui Mangez C'est Voté se promène dans le Pas-de-Calais en compagnie de Cathy Apoursopoli,
00:27la sénatrice communiste, républicain, citoyen, écologiste, kanaki. J'ai préféré le noter.
00:35On va découvrir le Pas-de-Calais sous un angle un peu méconnu.
00:38On connaît plutôt la mine, les terris, on connaît moins l'agriculture. Allez, on y va ensemble.
00:57Musique
01:12Bonjour madame la sénatrice. Bonjour Vincent. Merci de m'accueillir. De rien.
01:16C'est votre maison d'enfance ici ? Oui, c'est la maison de mes grands-parents paternels, celle de mon enfance.
01:22Ici, c'est un village de mineurs, en fait, à l'origine. On ne dit pas un village de mineurs, on dit un corot.
01:28Un corot. Une cité minière. Une cité minière. Voilà.
01:31Et ce qui est extraordinaire, c'est que tout était bâti un peu sur le même modèle, de manière à ce que tout le monde ait à peu près le même petit nid.
01:40Chacun, évidemment, a le même logement, une petite parcelle de terrain derrière, un petit jardin.
01:45Et puis, évidemment, il y avait une vie de corot très importante, une vie de cité, mais il y avait beaucoup de solidarité et tout le monde se connaissait et tout le monde se fréquentait.
01:56Profitons du temps qu'il fait pour aller se promener un petit peu dans vos corots et pour parler un peu de vous, madame la sénatrice.
02:03Musique
02:07Le nom de votre groupe au Sénat, ça a déjà bouffé la moitié de l'émission, pratiquement.
02:12Qu'est-ce qu'il est long ? D'abord, Kanaki, qu'est-ce que ça veut dire ?
02:15Dans le groupe, nous avons un représentant de la Nouvelle-Calédonie qui est kanak. Et donc, nous avons ajouté au groupe Kanaki.
02:26Pour rendre hommage, en fait, au kanak ?
02:29Voilà. Et puis par respect de Robert Gzowi, qui est maintenant et qui siège dans notre groupe.
02:35Alors, du coup, ça fait un grand nom.
02:37Ah, ça fait un grand nom. Oui, oui, oui. Mais bon, nous, on dit C-R-C-E-K. Ça nous va bien.
02:43Vous êtes dans une famille où être communiste faisait partie de la vie de tous les jours. Enfin, c'est dans votre ADN.
02:50Ah, j'ai trempé dans le chaudron tout petite.
02:53On peut dire qu'ici, c'est plutôt un rouge-brique qu'un rouge-sang.
02:57Oui, c'est encore un rouge-brique, comme vous le dites, et une ville à direction avec un maire communiste.
03:05Aujourd'hui, pour moi, le parti communiste, c'est le partage des richesses.
03:11C'est l'humain, d'abord, de redonner aux hommes, aux femmes de ce pays de la dignité.
03:17Moi, c'est le travail des hommes qui a forgé mon engagement.
03:20J'ai un grand-père, le père de ma mère, en l'occurrence, qui est mort à 39 ans de 100% de silicose.
03:26La silicose, c'est cette maladie terrible qui atteint les poumons des mineurs.
03:30Oui, c'est ça. Et donc, quand on meurt à 39 ans de silicose, eh bien, forcément, ça forge un engagement.
03:40Alors, Katia Poursopoli, comment est-ce qu'on passe des jeunesses communistes à 18 ans à devenir sénatrice ?
03:47C'est pas un choix personnel. C'est le choix des militants et des élus communistes du Pas-de-Calais.
03:54C'est eux qui vous ont porté ?
03:55Oui, bien sûr. J'ai été conseillère régionale lorsqu'il y avait encore la gauche à la région,
04:01puisqu'aujourd'hui, eh bien, cette région a été gagnée par la droite.
04:06Au fur et à mesure, j'ai évolué dans mon parcours politique. Je suis conseillère municipale, ici, à Avion.
04:12Ce sont les militants et les élus communistes qui m'ont demandé, il y a 6 ans, eh bien, d'être sur la liste de Dominique Vatrain pour prendre sa succession.
04:23J'ai envie que vous me racontiez la première fois où vous êtes entrée au Sénat, sous les ordres de la République.
04:29Ça a dû vous faire drôle.
04:30J'avais un peu peur. Je me posais la question parce que je pense que quand on est une femme politique, plus que les hommes, on a des doutes.
04:38Mais votre métier, c'est quoi ?
04:40Je suis directrice générale de service. Eh bien, c'est le service public et c'est pour ça que je défends autant le service public
04:48qui permet une égalité pour les citoyens, une équité devant, eh bien, l'école, la poste, l'hôpital public qui va très mal.
04:57Et donc, je suis très attachée, effectivement, à la défense des services publics.
05:01Alors, j'imagine qu'on a un programme chargé, aujourd'hui.
05:04Oui, on a un programme chargé. On va faire beaucoup de routes puisqu'on va faire l'Alralité et le littoral. Voilà.
05:11Et que nous sommes dans le bassin minier. Donc, un peu de route.
05:13Alors, en voiture, Cathy, c'est pas moi qui conduis.
05:16Allez, on y va.
05:18Nous allons faire une bonne étape dans le restaurant scolaire de Méricourt qui prend grand soin de ses élèves et de la nature.
05:24Puis, on ira rendre visite à Benoît, un maraîcher de Lodomar-Roy qui, après les terribles inondations, a presque tout perdu, mais pas la foi en son métier.
05:32Et puisqu'on parle de foi, direction l'abbaye de Belleval et son fameux fromage.
05:37Ça nous mènera naturellement chez Christophe et Magali dans une microbrasserie au centre-ville d'Arras,
05:43avant de terminer en dégustant les meilleures frites du monde au championnat du monde de la frite.
05:48Mais pour l'instant, direction Boulogne-sur-Mer pour rencontrer Laurent Lepêcheur qui nous annonce un gros grain.
05:55Sortez les cirées et en route.
05:58Dis donc, madame la sénatrice, mon parapluie, il en a même pris un coup ici.
06:02Oui, ici, vous êtes à Boulogne. La pluie, ce n'est pas un mythe, mais on a chaud dans le cœur.
06:08Bonjour. Pour nous, c'est un peu de la chance quand même, ce temps, parce qu'autrement vous seriez en mer.
06:14C'est ça. On ne vous aurait pas vu, Laurent. C'est bien ça. Vous avez vu ma soeur, mais pas moi.
06:19Alors ici, on est à Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français.
06:23Oui, et surtout le plus grand marché.
06:25Marché aux poissons. Marché aux poissons et certainement le meilleur.
06:28Je vous laisse le dire, effectivement, on est sur la manche avec encore des variétés de poissons.
06:34Mais j'imagine, Laurent, que c'est de plus en plus difficile. Je vois qu'il n'y a que des sols et des roussettes.
06:39C'est ça. Avant, il y aurait eu du turbot, barbu, carrelé, limande, rai, tout ça.
06:44Là, on pêche encore un petit peu de sol, mais plus d'hiver du tout.
06:48Et encore la sol, trois heures de route pour aller faire entre 50 et 100 kilos de sol, à trois heures de Boulogne.
06:54Avant, on faisait 30 minutes de route pour deux, trois cents kilos.
06:58Ah ouais, c'est fou. Pourquoi les poissons ont déserté les côtes françaises ?
07:02Après, nous, le poisson plein, il y a eu une grosse diminution, c'est qu'on a subi la pêche électrique.
07:08C'était les pêcheurs belges et hollandais, c'était avec des systèmes électriques qu'ils envoyaient des pulsions dans la mer.
07:16Ils électrocutent peut-être les poissons ?
07:18Oui, les poissons, pour qu'ils s'éliminent, pour qu'ils ne ramassent que leur chalut.
07:21Et ça, ça a tué tous les juvéniles, tout, parce que c'est arrivé à casser les arêtes de poissons, tout, tellement que c'était fort.
07:27Vous faites de la pêche extensive par rapport à des bateaux industriels qui font de la pêche intensive ?
07:32C'est ça, c'est ça, c'est ça.
07:33C'est exactement ça.
07:34Et c'est pour ça qu'on perd des collègues d'année en année, quoi.
07:37Là, je veux dire, nous, on est à trois heures de route, c'est le maximum pour des petits bateaux comme nous.
07:41Et c'est même trop, des fois.
07:43Comme avant hier, je suis sorti, j'ai parti pendant 16 heures, et il faisait 50, 60 kilomètres par devant.
07:48On est rentrés, on était escattés, franchement.
07:50Rincés, quoi.
07:51Rincés, on n'en pouvait plus.
07:53Alors que normalement, je devrais sortir à une demi-heure de chez moi, quoi.
07:56Mais aujourd'hui, est-ce que vous êtes mieux protégé qu'il y a 5, 10 ans ?
08:00Par qui ?
08:02C'est ce que je vous demande.
08:04Vous me posez ça, je rigole, parce que franchement, moi, ça fait 30 ans que je suis dans le métier.
08:07Et être dit, j'ai un maire, je ne l'ai jamais rencontré.
08:11On a eu plein de soucis, on a eu le Brexit, on a eu plein de trucs.
08:14Je l'ai vu il y a 15 jours, puisque malheureusement, il y a eu 12 migrants qui sont au mois.
08:18Et on s'est fait la réflexion, on a dit, ah, il faut vraiment qu'il y ait des migrants qui soient au mois,
08:21pour avoir le maire de notre ville sur le port.
08:24Vous, vous êtes d'une famille de pêcheurs ?
08:26Oui.
08:27Vous avez des enfants ?
08:28Oui.
08:29Garçon ?
08:30Oui, interdit.
08:31Il va être pêcheur ?
08:32Non. Terminé, ça s'arrête à moi.
08:33Et pourtant, il adore ça.
08:34Oui. Bah alors ?
08:35Non, non, non. J'ai dit non, stop.
08:37Attendez, Laurent, si je comprends bien, c'est pas lui qui ne veut pas ?
08:41Ah non, lui, si je lui dis, va à l'école d'apprentissage maritime l'année prochaine, il court.
08:46Il adore ça.
08:48Donc, on en est arrivé à un point, parce qu'il y a tellement de professions autour de l'alimentation,
08:53où la transmission est difficile, parce que les gosses ne veulent pas reprendre le métier du père.
08:58Vous, c'est le contraire. Vous ne voulez pas que votre fils reprenne votre métier ?
09:01Oui, c'est ça. Pour ne pas être stressé.
09:03Lui, quand je serai arrêté, il sera à ma place.
09:06Parce que je sais ce qu'il va subir.
09:08Et si c'est encore pire que ce que je subis là, il ne va pas vivre.
09:11Où va ce métier ?
09:12Je ne sais pas, il va peut-être disparaître, mais des fois, il faudrait venir à notre place, à ce qu'on subit.
09:17Le métier est devenu tellement difficile.
09:20Moi, je comprends légitimement que monsieur ne veut pas faire vivre à son fils ce qu'il vit lui-même.
09:27La pêche artisanale risque de s'éteindre.
09:30Vous, votre métier, c'est de faire des lois ?
09:32Oui.
09:33Alors, j'ai envie de dire, faites votre métier, quoi. Simplifiez les choses.
09:36Alors, on fait notre métier. On essaye de simplifier les choses.
09:40Mais il y a ce que le gouvernement français peut décider.
09:44Et il y a aussi, vous savez que nous sommes aujourd'hui dans des contraintes européennes.
09:48Il faut que la France agisse plus sur l'Europe pour, évidemment, faire en sorte qu'il y ait une simplification de tout ce système.
09:58Moi, j'ai vu jeter des 400, 500, 600 kilos de cabillauds par-dessus mon bateau.
10:04Parce que je n'avais pas de quotas.
10:06Il y a une ressource globale, et dans cette ressource globale, ce qu'on retire à vous, en baissant vos quotas,
10:11en disant qu'ils pêchent de moins en moins à Boulogne, on va le donner à d'autres.
10:14C'est échanger avec du bois noir, avec du merlant, tout ça.
10:17Là, t'en as là, on va l'échanger avec ça.
10:19C'est les gros bateaux qui n'ont rien à voir avec l'artisanat qui bénéficient, finalement.
10:23Du coup, c'est toujours à nous qu'on est puni.
10:25C'est toujours les petits qui sont punis.
10:28C'est pour ça que je vous dis, moi, mon fils, il ne fera pas ça.
10:42Nous sommes à Méricourt, à la cantine.
10:45Nous allons rencontrer le premier adjoint, Olivier, et le directeur de la restauration scolaire.
10:52Oh, mais c'est pizza aujourd'hui !
10:53Ils ont de la chance, ces élèves, ça, ça doit plaire, par rapport à la salade de chou rouge.
10:58C'est une cuisine qui est entièrement faite sur place, d'après ce que je vois.
11:02Serge, c'est la cuisine de la ville.
11:04Ici, on ne sert que Méricourt, que le scolaire de Méricourt.
11:08La volonté, ça a été de mettre au centre géographique de la ville cet établissement
11:11pour permettre aux enfants de venir à pied.
11:13Parce qu'autant de bien manger, il y a aussi une question de bien-être et d'activité.
11:18Pour les enfants au moins, ils marchent 20 minutes au maximum pour venir, 20 minutes pour repartir.
11:22Ça permet de se calmer après l'école, de manger dans de meilleures conditions.
11:26Mathieu, il y a autre chose, c'est que le Pas-de-Calais, en particulier, c'est une terre de maraîchage.
11:32Vous allez chercher autour de la commune, chez les maraîchers du coin ?
11:35Effectivement, on a plein d'exploitations maraîchères, du bœuf, de la volaille, du poisson sur la côte globale.
11:42L'idée, c'est de s'approvisionner en local au maximum.
11:45Nous, ce qu'on a décidé de faire depuis 2019, avec les élus et la population,
11:52c'est de maîtriser à 100% ce qui est servi dans les assiettes des enfants.
11:56Ici, on a un camion réfrigéré, un camion de transport alimentaire pour livrer deux satellites.
12:01Vous voulez dire que c'est vous qui faites la tournée de vos producteurs ?
12:04Exactement. On a aussi ouvert deux hectares de terrain en maraîchage municipal qu'on démarre cette année.
12:11Olivier, vous êtes adjoint au maire. Municipalité communiste ?
12:15Tout à fait.
12:16Le social est super important. J'imagine que la municipalité met la main à la poche
12:20pour que le menu vendu aux familles des enfants ne soit pas à son prix réel. Il y a une aide.
12:26On est sur des tarifs uniques de 3,10 euros par enfant.
12:31Ça permettra à tous les enfants de bien cours de pouvoir accéder à la restauration scolaire.
12:37Il y a un choix municipal qui est fait, un choix de la collectivité territoriale d'offrir un repas à 3,10 alors qu'il vaut 7,50.
12:46Et je peux vous dire qu'il y a des familles chez nous qui sont en grosse difficulté.
12:50Vous voulez dire qu'ici, si je comprends bien, ça veut dire que ce repas est souvent le vrai repas équilibré de la journée ?
12:59En tous les cas, c'est assurer un repas de qualité pour l'ensemble des enfants qui sont à la cantine.
13:05Merci beaucoup.
13:06Merci.
13:07Mais on a encore de la route.
13:08On a encore de la route.
13:09Je vous laisse passer.
13:15Alors nous sommes à Clermaret, à quelques kilomètres de Saint-Omer.
13:19C'est une terre de marais ici ?
13:21Oui, c'est une terre de marais.
13:22Et d'ailleurs, l'agriculteur bio que nous allons voir, le maraîcher, a été victime à deux reprises d'inondation.
13:31Bonjour.
13:32Bonjour.
13:33Bonjour.
13:35Vous avez les mains dans la mécanique, Benoît ?
13:37Ben oui.
13:38Il ne marche pas votre tracteur ?
13:39Ben non, il a pris l'eau cet hiver.
13:40On n'a pas eu le temps de le sortir.
13:42Il a pris l'eau, mais c'est monté à quelle hauteur ?
13:44Ah ben, on voit encore la marque là, ici, vous voyez.
13:46Ah oui ?
13:47Ah oui, d'accord.
13:48Donc, on n'a pas eu le temps de sortir le matériel.
13:51On a sorti vraiment l'essentiel et puis on a eu le temps de se sauver, pour ainsi dire.
13:56Parce que nous sommes dans un casier en diguet, plus bas que le niveau extérieur.
14:00Et quand l'eau passe au-dessus de la digue, pour nous, c'est la catastrophe tout de suite.
14:04On prend un mètre en douze heures.
14:07Donc, c'est une vraie cuvette ?
14:08Ici, on est dans une cuve.
14:10On est en dessous.
14:11Donc, le seul moyen de sortir l'eau qui tombe du ciel, c'est pompage.
14:16Il y a énormément de dégâts.
14:18Il y a le privé, donc maison d'habitation.
14:21Il y a du matériel roulant.
14:23Il y a du foncier.
14:25Il y a du matériel fixe.
14:26Énormément de volets à gérer.
14:28En tout, cet hiver, on a été huit semaines dans l'eau.
14:31Vous, vous sentez l'impact du dérèglement climatique ?
14:34Ou est-ce que ce sont des épisodes qui sont fréquents ?
14:37Personne n'a jamais vu des niveaux d'eau pareils.
14:40Par contre, c'est la gestion de l'eau, l'évacuation à la mer,
14:46qui est de pire en pire.
14:48Il n'y a plus rien d'entretenu.
14:50Tout est laissé plus ou moins à l'abandon,
14:54soi-disant parce que ça coûte cher.
14:56Il y a toujours une excuse bidon.
14:59Que ce soit professionnel ou même riverain,
15:0280% de la population s'attend à reprendre la même chose cet hiver.
15:11On a laissé fermer pour ne pas inonder Dunkerque et tout le reste,
15:16parce qu'on fait des gigafactories à batterie,
15:19on fait plein de choses.
15:21Ça veut dire qu'on préfère inonder les agriculteurs pour sauver l'industrie ?
15:26En gros, c'est ça.
15:28Il y a des industries qui ont été fortement impactées aussi.
15:31Alors, au résultat, qu'est-ce que ça a fait sur votre exploitation ?
15:37Aujourd'hui, on a perdu au global pour quasiment 2 millions d'euros.
15:46Vous nous dites que rien n'a été fait.
15:48Je suis parlementaire, j'ai vu défiler ici sur le territoire les ministres,
15:52tour à tour.
15:54J'ai vu la région venir, le département, les élus.
15:59Mais on avait quand même eu des engagements d'État,
16:02ils n'ont pas été respectés ?
16:04De ce que j'ai vu, non, pas vraiment.
16:07On a fait beaucoup de cache-misère, je pense.
16:10Par exemple, au canal qui passe dans la ville, l'ancien bras de canal,
16:15il était envasé.
16:17De toute façon, on voyait l'herbe qui poussait au-dessus de l'eau,
16:20il restait ça.
16:21Le manque d'entretien.
16:22Ils ont enlevé ça pour dire qu'on ne voit plus ce qui dépasse,
16:26mais ce qui est en dessous, il reste là.
16:28Donc ça n'a pas été curé ?
16:30Non, ils sont restés là 15 jours, 3 semaines,
16:33alors que là, il y a du boulot pour 6 mois.
16:35Qu'est-ce qu'il vous faut aujourd'hui ?
16:37Ce qu'il nous faut ?
16:38De l'aide.
16:39De l'État.
16:40De qui ? De l'État ?
16:41De l'État, parce qu'on n'a pas eu un centime.
16:43Pas un centime.
16:45Les comptes sont à zéro, le comptable a tiré la sonnette d'alarme,
16:50le banquier pareil.
16:52Vous allez vous en sortir ?
16:55Pour l'instant, on survit, mais combien de temps ?
17:00S'il y en a qui s'énervent, on a des pots de bilan qui nous pendronnent.
17:09C'est la croix et la bannière.
17:10C'est reparti.
17:23Nous sommes à l'abbaye de Belleval,
17:26au nom d'un célèbre fromage du Pas-de-Calais,
17:29et donc je vois Caroline, la directrice, qui nous attend.
17:33Bonjour Caroline.
17:34Bonjour Vincent.
17:35Bonjour Caroline, merci pour l'accueil.
17:36Je m'attendais à trouver Sœur Caroline, une bonne sœur,
17:39mais on est d'accord, vous n'êtes pas bonne sœur.
17:41Je ne suis pas bonne sœur.
17:42Il y en a ici ?
17:43Non, c'est terminé.
17:44Ils sont arrivés en 1893 et partis en 2012.
17:46Et comment vous avez récupéré ces lieux ? Dans quelle structure ?
17:50C'est une association sous l'impulsion de l'abbaye du secteur de Saint-Paul-sur-Ternoise,
17:56Pierre-Marie Leroy, qui a décidé de poursuivre ce qu'elles avaient entrepris ici.
17:59Et donc l'association s'est créée pour pouvoir continuer, sauvegarder
18:03et pouvoir transmettre tout ce qui s'y passait et ce qui s'y passe aujourd'hui.
18:13C'est important de retirer la moisissure Yannick ?
18:15Oui, parce qu'elles vont être retrempées d'ici une semaine ou deux.
18:18Là on voit qu'on a une face qui n'est pas encore tout à fait sèche.
18:20Nous on les reçoit et justement on leur fait un bain à la bière
18:24avec notre petite soupe de béloin.
18:26Mais quand vous dites un bain, vous les trempez dedans ou vous les lavez ?
18:29On les trempe dedans.
18:30Alors il y a un truc à l'instant, il a dit qu'on les reçoit.
18:33Ça veut dire que ce n'est pas vous qui produisez les fromages à l'abbaye ?
18:36Ça a été arrêté pour des raisons d'hygiène du temps des serfs.
18:39Et donc aujourd'hui on travaille avec des producteurs qui nous fournissent des caillebottes,
18:44à la fois trapistes, locaux et puis un peu hors région.
18:47C'est du lait qui est déjà formé, c'est du lait caillé.
18:49Le lait caillé, vous appelez ça une caillebotte ?
18:51C'est ça.
18:52Combien de temps d'affinage Yannick ?
18:53Minimum 4 semaines, vu qu'on est dans une atmosphère humide
18:57et ça met un petit peu de temps à sécher quand même.
19:00Financièrement, ça se passe comment ?
19:02Alors on a des bâtiments à entretenir, c'est vrai qu'on l'a tous vécu.
19:06Les coûts énergétiques et les coûts d'entretien sont constamment à la hausse.
19:10Donc ça impacte forcément nos budgets de fonctionnement.
19:13Ici à la fromagerie, c'est notre plus gros chiffre d'affaires.
19:16Et on est quand même dans une situation très fragile avec tous ces coûts qui augmentent.
19:21Et puis des prix de vente qui ne peuvent pas constamment évoluer
19:24pour aussi répondre aux attentes de nos clients.
19:27Donc on est quand même assez fragilisés actuellement.
19:29Ça veut dire qu'il vous faudrait quoi pour que ça continue ce beau projet ?
19:33Déjà à gagner en visibilité et en lisibilité.
19:37Parce que c'est vrai qu'on se rend compte aussi qu'on est encore méconnu sur le territoire.
19:41Donc à la fois très localement mais aussi de manière plus large sur le département du Pas-de-Calais.
19:47Alors vous faites de l'insertion aussi ici ?
19:49Oui, aujourd'hui on a trois personnes en contrat d'insertion par l'activité économique.
19:53Et le but c'est vraiment de travailler sur les freins périphériques
19:56et de les amener à avoir un emploi durable.
19:58Donc aujourd'hui il y a trois postes qui sont concernés.
20:01Un à la fromagerie, un à la boutique et un sur le pôle d'hôtellerie.
20:07Allez-y madame la sénatrice, faites-vous plaisir.
20:09Je vais prendre celui à la pierre.
20:11J'en étais sûr, comme moi.
20:17C'est bon.
20:18C'est bon cette petite amertume qu'apporte la bière.
20:21Mais ça mériterait peut-être un verre de bière avec.
20:24Vous laissez ça dans vos réserves ?
20:26Oui, je vous emmène à Arras dans une microbrasserie.
20:29On y va. Au revoir Caroline.
20:32Merci, au revoir.
20:45On pénètre dans le laboratoire du magicien.
20:49Bonjour.
20:50Bonjour.
20:51Bonjour Christophe, on vous dérange un petit peu, désolé.
20:54Ça va.
20:55Alors là, c'est là que se fait toute votre bière ?
20:59Toute la brasserie tient dans cette pièce.
21:01C'est formidable.
21:02Vraiment microbrasserie.
21:04Micro, pico presque.
21:06Oui, pico brasserie.
21:08Madame la sénatrice, alors on peut dire que vraiment la bière,
21:11elle est née entre les Hauts-de-France et le Benelux.
21:15C'est vraiment le terroir idéal.
21:18Cette bière, elle s'était un petit peu perdue.
21:21C'est l'industrie brassicole qui avait récupéré tout.
21:24Et puis, il y a 10, 15 ans,
21:27les jeunes ont voulu récupérer ce patrimoine.
21:30D'où ces microbrasseries qui sèment partout dans la région.
21:33Oui, un peu partout et puis avec des goûts différents.
21:36C'est ça.
21:37Il n'y a pas d'idée folle.
21:38On teste, on goûte et on voit.
21:40Et vous aviez imaginé un jour faire ce métier ?
21:43Non.
21:44C'est parti comme ça.
21:45Et ma femme m'a acheté un kit 5 litres pour Noël.
21:47Et c'est parti d'un kit 5 litres qu'on a acheté en 2016.
21:51Je voulais tester tous les paramètres.
21:53J'ai modifié l'eau, j'ai brassé avec de l'eau en bouteille.
21:55J'ai modifié le céréal.
21:57Et en fait, je me suis fait un petit cahier d'expérience.
21:59A votre goût.
22:00Et après, au bout d'un an, on a créé notre première bière,
22:03qui est la blonde qu'on voit encore.
22:04Qui nous a pris 25 essais pour la caler.
22:07Vous êtes tous bras dessus, bras dessous avec vos confrères
22:11contre l'industrie brassicole.
22:13Contre les grands brasseurs industriels qui sont plus français.
22:16Heureusement qu'ils sont là aussi pour amener les gens à boire de la bière.
22:20Après, c'est notre boulot de faire changer la consommation
22:24et pour qu'ils viennent déguster les bières artisanales.
22:27Le but, c'est de leur prendre 1, 2, 3% par an sur la production.
22:32Énorme production.
22:33Et ça nous suffirait.
22:35Et moi, j'ai une petite question indiscrète peut-être.
22:38Est-ce que financièrement, vous vous en sortez ?
22:42Pas encore.
22:43Il faut qu'on déménage.
22:44Pas encore.
22:45On arrive à se verser de l'argent.
22:46On est gérants tous les deux.
22:47On se verse de l'argent, mais ce n'est pas suffisant.
22:50On apprend à vivre vite avec moins de moyens.
22:54Quand on aime.
22:55C'est ça.
22:56Christophe, vous parlez bien de votre produit.
22:58Ça nous a donné soif.
23:00Cathy, il faut qu'on goûte.
23:02Il faut qu'on goûte une petite bière.
23:06Et vous, Christophe, qu'est-ce que vous avez dans votre bière ?
23:08C'est une bière noire, un stout, infusée avec du piment Ghost Pepper.
23:12Tant que ça chauffe un peu, c'est bien.
23:13D'ailleurs, vous avez un peu rougi depuis que vous avez pu ringorger.
23:15C'est la lumière.
23:21Elle est très bonne.
23:22Excellent.
23:23Moi aussi.
23:24La bière appelle la frite.
23:25La bière appelle la frite.
23:27Alors, figurez-vous qu'aujourd'hui, miracle, c'est le championnat du monde de la frite.
23:33Allons à le baraka frite.
23:35Merci, Christophe.
23:36Merci.
23:45Championné du monde de la frite à Arras.
23:47Et donc, je vous emmène voir Jean-Paul Dambril, la célèbre friterie Momo.
23:51Oui.
23:52Mais aujourd'hui, ce n'est pas lui qui fait les frites, c'est vous.
23:55Oui, c'est moi.
23:56D'habitude, je les mange et là, je vais les faire.
23:58Oui, il faut mettre un petit peu la main à la frite.
24:00Évidemment.
24:01Oh, Jean-Paul.
24:02Oui.
24:03Bonjour.
24:04Ça va, Cathy ?
24:05Ça va, Jean-Paul.
24:06Et toi ?
24:07Formidable.
24:08Je t'ai trouvé de la main d'œuf pas chère pour les frites.
24:09C'est ce qu'il nous faut.
24:10Entrez par ici.
24:11J'arrive, Jean-Paul.
24:12Pas de problème.
24:13Là, ça va ?
24:14Oui, impeccable.
24:15Monsieur Dambril.
24:16Impeccable.
24:17Oui.
24:18T'es sûr, Jean-Paul ?
24:19C'est sûr.
24:22Ça y est, elle est partie, là.
24:26Et est-ce qu'on peut avoir un petit renseignement sur la graisse de cuisson ?
24:30Parce que moi, j'essaie toujours de connaître les secrets de fabrication.
24:32Alors là, moi, je cuis les frites à la graisse de bœuf.
24:35À la graisse de bœuf.
24:36Parce que ça dégage un certain parfum.
24:38À 500 mètres, on sait que ça va arriver.
24:40Oui, il a fait très bon goût.
24:41Et quand tu rentres chez toi, on sait aussi quand t'arrives.
24:43Mais quand je rentre chez moi, je dois prendre un bain tout de suite.
24:47Bon, Jean-Paul, on te laisse terminer le bain de friture.
24:50Et nous, on va aller se parler un petit peu dehors.
24:52Mes camarades, ils vont quand même anguiller, là.
24:55Alors, on fait de chine-chine avec les cornets de frites ?
24:57Alors, on fait de chine-chine avec les cornets de frites.
24:59Oh, elles sont très bonnes, vos frites.
25:00Ah, elles sont délicieuses.
25:01C'est parce que c'est moi qui les ai faites.
25:03J'imagine bien.
25:04Alors ici, on est sur la Grande Place d'Arras,
25:06qui est un des symboles architecturaux de ces Hauts-de-France.
25:10On va dire que c'est la face solaire.
25:11Mais on voit que, pas loin d'ici, c'est dur, la vie.
25:16Oui, lorsque le pêcheur nous explique
25:19qu'il ne veut pas que son fils fasse ce métier parce qu'il est difficile,
25:23moi, ça m'a marquée.
25:25On a vu ce maraîcher qui a tout perdu,
25:29qui n'a plus son outil de travail,
25:31puisque tout a été noyé avec les deux inondations qu'il a subies.
25:36Nous devons rapidement agir, je pense,
25:39pour que ce maraîcher puisse continuer à produire.
25:44Et donc, c'est ce que je vais m'employer à faire.
25:47On peut dire qu'il est au bord du désespoir.
25:50Et pourtant, il montre bonne figure.
25:52Ce n'est pas misérabiliste.
25:54La résilience des gens me marque à chaque fois,
25:57parce que je me dis qu'ils éprouvent parfois des difficultés énormes,
26:01qu'ils gardent ce sourire, cette envie de faire,
26:04l'amour de leur travail, la dignité.
26:07Parce que le travail, pour ces gens, c'est aussi la dignité.
26:11Merci beaucoup, Cathy Aposopoli.
26:13Je suis certain que ces meilleures frites du monde vous donnent sacrément envie.
26:17Alors, vous pourrez les revoir sur publicsena.fr
26:20ou d'autres remèdes de région dans une prochaine émission.
26:23A bientôt.
26:25Et je rappelle que dans 5 fruits et légumes par jour,
26:29la patate en fait partie.
26:38C'était Manger, c'est voter, avec le concours général agricole.
26:42Sous-titrage Société Radio-Canada

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