Daniel Riolo tire un bilan plutôt négatif de l'année 2024 de l'équipe de France, malgré la belle victoire 1-3 dimanche en Italie. Le journaliste pointe "un football fatigant" et il en a la preuve chiffrée.
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00:00On a parlé du match hier soir, j'ai senti après la rencontre,
00:04probablement aussi à cause de ce qui s'était passé trois jours avant
00:09et de la catastrophe, peut-être un surplus d'enthousiasme
00:13suite à la victoire en Italie.
00:15Et ce matin, je me lève, je lis comme tous les matins l'équipe
00:18et je vois la Renaissance.
00:20Peut-être que c'était également la volonté de faire un jeu de mots
00:22par rapport à l'Italie, c'est un fameux cliché.
00:25Original, on peut le faire spectaculaire.
00:27Donc Italie, évidemment Renaissance.
00:28Donc la Renaissance. Renaissance de quoi ?
00:31Au fond, je n'ai pas vraiment compris.
00:33Et hier, je voyais bien pour ce que ça vaut, les réseaux, le chat,
00:39une espèce de joie un peu démesurée.
00:41Je n'ai pas réellement compris, comme si tout était effacé
00:45parce qu'on avait gagné 3-1 à San Siro avec une équipe de remplaçants,
00:49ce qui fait qu'on ne savait plus réellement qui étaient les titulaires,
00:51qui étaient les remplaçants.
00:52Et donc, j'ai un peu voulu me pencher.
00:53D'abord, je n'ai pas du tout été convaincu hier soir,
00:56mais on peut encore dire que je fais le rabat-joie, l'extincteur
01:00ou tout ce que vous voulez.
01:01Donc, j'ai voulu me pencher un petit peu sur tout ce qui s'est passé cette année,
01:05en commençant d'abord, juste factuellement, sur hier soir.
01:08Donc hier soir, j'ai dit 2-3 fois et je vais le répéter.
01:14Je pense que tu peux refaire le match un bon nombre de fois,
01:18même si l'Italie est loin d'avoir livré une grosse prestation.
01:22Je pense que 9 fois sur 10, ça fera match nul.
01:25Et que la réussite incroyable des Bleus hier a fait qu'ils ont gagné cette rencontre.
01:31Au final, il suffit de regarder les chiffres.
01:34La France a mis 3 buts avec 0,39 xg.
01:38C'est ce qu'on appelle une anomalie statistique,
01:40pour reprendre une expression célèbre de Polo,
01:42parce que ça arrive dans le football.
01:44Le football peut proposer ce genre d'anomalie,
01:46mais il faut être juste capable de le dire.
01:48C'est un terme contestable, philosophiquement.
01:50Une anomalie statistique, par définition, ne peut pas être énorme.
01:53Il faut être juste capable de dire qu'effectivement,
01:55c'est une réussite insolente et que 0,39 pour 3 buts,
01:58c'est un truc qui n'arrive jamais.
02:01Voilà.
02:02L'Italie n'a pas fait beaucoup mieux, ils étaient à 0,70.
02:04C'est pour ça que je dis qu'un match nul aurait,
02:06au vu de la physionomie du match, plutôt dû sanctionner cette rencontre.
02:13J'ai regardé un petit peu ce qui s'est passé cette année.
02:14Tu l'as dit Gilbert, ils ont commencé par se faire trimballer par l'Allemagne,
02:18par gagner contre l'Italie.
02:19Et entre les deux, il y a eu 7 euros.
02:22Et surtout, cette espèce de ras-le-bol.
02:25Euro, rappelons-le, on a vu le débat, 0-0 contre les Pays-Bas,
02:280-0 contre la Pologne, un seul but marqué contre la Belgique,
02:320-0 contre le Portugal.
02:33En fait, deux buts marqués dans tout l'euro quand même.
02:35Il faut s'en souvenir de ça.
02:36Alors, c'est pour ça que je voulais faire le bilan et je voulais regarder.
02:38J'ai effectivement, à la fin de cette saison,
02:42on ne va pas tout effacer de ce qui s'est passé,
02:45et essuyer le sentiment de ras-le-bol que déclenche souvent cette équipe de France,
02:52entraînée par des chances.
02:53C'est pour ça qu'on appelle depuis très longtemps à un changement.
02:56D'abord, dans le débat qui va venir juste après,
02:59il faudra également dire que ça joue beaucoup dans le désamour.
03:02C'est qu'à un moment, il faut, je ne sais pas, c'est comme dans tout,
03:04c'est comme en politique, dans une entreprise, il faut du sans frais.
03:08Il faut rendre à nouveau les choses attractives.
03:11Il faut changer un petit peu la tête pensante.
03:15Et rien de ce qui s'est passé hier soir ne peut effacer ce qu'on a vu cette année
03:18et les prestations piètres de l'équipe de France.
03:22Le jeu, toujours le même, Deschamps ne va pas être réhabilité
03:24parce qu'il y a eu trois buts un peu venus d'ailleurs hier à San Siro.
03:29J'ai regardé les chiffres cette année.
03:31Bon alors, on va juste commencer par les buts marqués.
03:35J'ai pris simplement les grosses sélections.
03:38Je vais aller prendre les petites sélections.
03:39La France est sixième avec une moyenne de 1,42.
03:43Pour continuer avec le parallèle avec l'Italie qui était l'adversaire d'hier,
03:45l'Italie qui a vécu une année catastrophique jusqu'à l'euro.
03:48Eux, ils sont à 1,40.
03:50Évidemment, devant, on trouve le Portugal, l'Allemagne, l'Espagne,
03:54les Pays-Bas en but marqué.
03:56Tout ça, ça met plus.
03:58Expected goal, c'est donc ta capacité à créer du jeu,
04:01à te retrouver en position de marqué.
04:03Là, la France est encore plus loin.
04:04Tu es devant l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas.
04:09En gros, il faut savoir qu'à 1,50 d'XG, tu fais un bon match.
04:14On peut dire que tu es une équipe qui a un protagoniste.
04:17Mais la France est à 1,38.
04:20Donc, c'est souvent une équipe passive qui ne crée pas beaucoup d'occasion.
04:24Encore une fois, même l'Italie sur l'année, c'est au-dessus.
04:27Je ne te parle même pas de l'Allemagne, de l'Espagne, des Pays-Bas, du Portugal.
04:31Et là, j'ai même envie d'aller prendre des sélections en dessous.
04:37Parce qu'après, il faut voir contre qui tu joues.
04:39En gros, c'est partagé entre tu joues des forts et tu joues des faibles.
04:44Mais si tu prends des équipes faibles qui jouent contre des faibles,
04:47même l'Irlande du Nord, la Slovaquie, l'Azerbaïdjan,
04:53certes, ils font leur match, mais toute proportion gardée,
04:55ils ne jouent pas contre des costauds.
04:57Ça fait plus de XG que la France, par exemple.
04:59Donc, cette espèce de sentiment qu'il ne se passe pas grand-chose et qu'on s'ennuie,
05:03les chiffres l'attestent, ça.
05:04Ce n'est pas une invention que ce football-là est devenu fatigant,
05:09difficile à regarder, alors que les Espagnols s'amusent avec leur sélection,
05:12que les Allemands s'amusent, que les Portugais également.
05:15Nous, on serait plutôt dans un chapeau avec les Belges.
05:18Ils sont pires que nous parce qu'ils sont en mode vraiment kata total.
05:22Mais on est plus dans un chapeau, le chapeau des chiants,
05:25que dans le chapeau de ceux qui te rendent heureux.
05:28Et ça, c'est 2024.
05:30Je ne suis pas remonté avant, mais ce sentiment, il nous habite depuis un petit moment maintenant.
05:34Le côté « on est très costaud », parce que finalement, qu'est-ce qu'on a vu hier soir ?
05:37Comme d'hab', quand tous les commentaires, tous les joueurs,
05:40dans leurs commentaires d'après-match, ont dit
05:42« quand on est ensemble, qu'on se bat ensemble, qu'on est déterminé ensemble,
05:45on peut faire de grandes choses ».
05:46Oui, on ne parle pas de jeu, on parle de détermination,
05:49on parle d'être costaud, d'être cohérent physiquement, tous ensemble.
05:53Et physiquement, ah oui, physiquement,
05:57la France a quasiment un peu écrasé l'Italie.
06:00On avait l'impression que c'était le grand frère avec le petit frère.
06:02Et c'est souvent ça, il dégage une telle puissance physique.
06:06Et après, on arrive à la fameuse Coupe du Monde où tu avais ça,
06:09sauf que tu avais un mec qui était en pleine bourre,
06:11qui marchait sur l'eau, qui était capable de sublimer
06:14le fait que les autres se battent tous entre eux.
06:16En plus, tu avais Griezmann qui était capable d'une touche technique.
06:19On n'est pas du tout dans cette équipe de France-là.
06:22Là, on a tourné une page, on est dans une équipe beaucoup plus faible.
06:26Sans Griezmann, sans Mbappé qui t'a emmené quasiment en finale et lui tout seul.
06:32Bon, voilà.
06:33Donc, je n'ai pas tellement compris l'histoire de la Renaissance évoquée hier.
06:38Et cette année, il va y avoir les Ligues des Nations.
06:41Après, on va rentrer dans une année où je ne sais plus ce qui va être match de qualif ou pas.
06:45La Coupe du Monde, elle est encore un peu loin.
06:46Et la Coupe du Monde de 2026, l'envisager...
06:50De toute façon, on est bien obligés d'envisager avec Deschamps.
06:54Honnêtement, je ne vois pas comment les choses pourraient évoluer.
06:56Sur Deschamps, il y a quand même un truc.
06:58Dès que là, qu'il a fait hier soir, que je voulais quand même vous relayer.
07:05Il sait très bien, Deschamps, et il a souvent pris des décisions étonnantes dans sa carrière de coach.
07:11Il a souvent démissionné.
07:11On l'a rappelé plusieurs fois.
07:13Il a dit je suis réaliste.
07:15Je reprends ses propos.
07:17Il a dit je suis sélectionné depuis 12 ans.
07:19Peut-être qu'il y a des gens qui en ont marre de me voir ou de m'écouter, dit-il.
07:24Qui en ont marre de voir ma tronche.
07:25Mais c'est naturel.
07:26Il n'y a pas de mal à ça, en fait.
07:27Ce qui est bizarre, en fait, dans les réactions sur le match d'hier, c'est que déjà, entre...
07:32Sincèrement, moi, je fais toujours les matchs un peu à froid après.
07:36Entre le France-Israël et l'Italie-France, autant je n'ai pas été aussi alarmé que les observateurs peuvent l'être sur le France-Israël.
07:46D'ailleurs, les XG me donnent raison, parce qu'ils sont à 2,22, j'ai regardé.
07:50Et autant, je ne suis pas si joyeux non plus après ce l'Italie-France.
07:54Je ne le trouve pas forcément très encourageant non plus.
07:56Et un des problèmes qu'on a pour cette sélection-là, tu l'as dit là, en utilisant les XG,
08:01c'est que, comme Deschamps, il n'y a que le résultat qui l'intéresse,
08:04toutes les analyses sont biaisées par ce seul critère d'évaluation de la performance qui est le résultat final.
08:10Il n'y a aucun autre critère, en fait.
08:12Je ne pense pas qu'on en ait marre d'avoir la tronche de Deschamps.
08:14On en a plus marre de ce que Deschamps fait, en fait.
08:17Ce n'est pas le problème, ce n'est pas à lui, pas le personnage.
08:21C'est le discours, c'est le manque d'explications claires.