• il y a 4 jours
Plusieurs maires, ce mardi, ne répondent pas à l'appel de la réunion annuelle de l'Association des maires de France, et pour cause : ils ont démissionné, ces derniers mois, épuisés par la dureté de leur fonction. "Un certain nombre de maires expliquent le poids de leurs responsabilités, lié évidemment aux sujets financiers, mais aussi à l'attitude de certains de nos concitoyens : les menaces, le ton avec lequel on leur parle, les agressions", répond Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation.

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Transcription
00:00Bonjour Catherine Vautrin, bonjour Anne de Villers, la maire de Pibrac près de Toulouse,
00:05le maire de la Graie-Saint-Laurent dans le Morbihan, la maire de Cabanac et Villagrin
00:10en Gironde, le maire de Villereal à côté de Bergerac, celle de Châtenoile et Forge
00:16en territoire de Belfort ne sont pas venus ce matin à Paris, ils manquent à l'appel
00:21du 106ème congrès de l'Association des maires de France, est-ce que vous savez pourquoi
00:25non ? Et bien parce qu'ils ont démissionné ces
00:29derniers mois et même ces dernières semaines, décision déchirante, j'ai lu chacune de
00:33leurs lettres, ils parlent de santé mentale qui dévisse, d'alerte cardiaque, de prise
00:37de poids excessive, de sommeil qui fout le camp, ces femmes et ces hommes se sont littéralement
00:42écroulés, qu'allez-vous faire pour eux ?
00:44C'est un sujet extrêmement important, le premier c'est évidemment de les accompagner,
00:49moi j'étais pas plus tard que samedi matin au congrès des maires de la Marne et j'échangeais
00:53avec les maires et effectivement un certain nombre de maires expliquaient le poids de
00:58leurs responsabilités et ce poids des responsabilités il est lié bien évidemment au sujet financier
01:04mais il est aussi lié à l'attitude d'un certain nombre de nos concitoyens qui viennent
01:09à dire les menaces, les agressions, le ton sur lequel on parle, voire les agressions,
01:14c'est-à-dire qu'en fait il y a une agressivité extrêmement importante vis-à-vis des maires
01:19qui sont en prise directe dans un village, le premier représentant de la république
01:23c'est le maire, la première personne que l'on va voir c'est le maire, donc le premier
01:26sujet c'est un et on a là-dessus un accompagnement des maires avec le Beauvau des maires qui
01:32redémarre pas plus tard que jeudi pour les accompagner dans leur sécurité, le deuxième
01:36sujet c'est les accompagner dans leur mission, c'est-à-dire les aider en les formant, en
01:41les accompagnant, ça c'est le sujet des statuts de l'élu et c'est la raison pour
01:44laquelle la demande...
01:45Mais les statuts de l'élu justement, c'est-à-dire que la dissolution a privé les maires comme
01:49les allocuteurs d'une loi qu'ils attendaient fermement ?
01:51Je vous réponds très concrètement sur le sujet, à la demande de Michel Barnier ce
01:55texte sera inscrit à l'Assemblée Nationale au mois de janvier, nous partirons d'une proposition
01:59de loi qui a été discutée, votée par le Sénat, qui est la proposition de loi de Françoise
02:05Gattel, qui aujourd'hui est ministre déléguée à mes côtés, et c'est ce texte qui sera
02:08discuté au mois de janvier sur le statut des élus.
02:10Vous pensez que toutes les communes de France en 2026 auront un candidat à leur mairie ?
02:15C'est clairement un des sujets, parce que quand vous discutez avec les maires vous voyez
02:19que la première chose qui les rassemble, c'est leur passion du territoire, c'est leur
02:23passion de l'action.
02:24Et ce qu'il faut c'est préserver ça et les accompagner pour que la passion le prenne
02:28sur les difficultés du quotidien.
02:30Le 106ème congrès des maires sera-t-il le congrès de la colère ? Ce sont les mots
02:34très forts de David Lysnard qu'on vous martèle madame la ministre depuis une semaine.
02:39La France a plongé dans le rouge, c'est l'heure des comptes, Bruno Le Maire, ancien
02:43ministre de l'économie, avait dit que les collectivités territoriales avaient lourdement
02:47pesé dans le dérapage budgétaire français.
02:50Vous avez dit le contraire hier dans Le Figaro, alors les collectivités territoriales elles
02:56sont responsables ou pas responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons ?
03:00C'est là où je n'ai pas forcément la même lecture que Patrick Cohen, parce qu'effectivement
03:04moi je considère que les maires ne sont pas, dans leur immense majorité, les responsables
03:09de l'augmentation de la dépense publique.
03:11Les chiffres qui ont été cités n'étaient pas justes, pourquoi ? Parce qu'ils étaient
03:14fondés sur une étude à partir de la consommation qui était faite par les maires, c'est-à-dire
03:18l'utilisation de la dépense jusqu'au 30 juillet.
03:21Tous les experts vous démontreront que cette estimation en milieu d'année est toujours
03:26fausse et qu'il faut partir des comptes exécutés pour regarder exactement quelle est la dépense
03:33des maires.
03:34Premier élément, et c'est la raison pour laquelle j'ai été effectivement en opposition
03:37avec le chiffre de 16 milliards qui était une projection à partir de la dépense au
03:4130 juillet.
03:42Deuxième élément, moi je suis une élue locale depuis très longtemps et je connais
03:48bien le fonctionnement de Reims pour être précise et je connais bien depuis longtemps
03:53le fonctionnement.
03:54En fait la spécialité des maires c'est leur capacité à économiser sur leur fonctionnement
03:59pour générer ce qu'on appelle la capacité d'autofinancement, c'est-à-dire simplement
04:03la capacité à pouvoir payer leurs investissements et c'est ce que font l'immense majorité
04:08des maires.
04:09Vous avez vu le rapport de la Cour des Comptes, les magistrats ont quand même été extrêmement
04:13sévères en préconisant de supprimer jusqu'à 100 000 emplois dans les effectifs des collectivités
04:19territoriales.
04:20Ça veut dire revenir aux effectifs d'il y a environ 15 ans en disant que la masse salariale
04:26a augmenté de manière injustifiée.
04:27Deux réponses à ça.
04:28La première c'est que les compétences ont évolué et donc il faut regarder à compétence
04:32premier élément.
04:33Mais surtout, regardez le rapport de la Cour des Comptes de septembre 2023 qui démontre
04:38que sur l'exercice 23, 5 milliards d'euros de dépenses liées notamment aux personnels
04:44sont liées à des injonctions de l'État.
04:46Premier élément, l'augmentation de l'indice, deuxième élément, les catégories C qui
04:51ont été augmentées.
04:52Ce qui est bien évidemment, individuellement chacun des membres du personnel en avait besoin.
04:56Mais il n'en reste pas moins vrai que la question qui se pose c'est comment la collectivité
05:00employeure a capacité à gérer elle-même sa masse salariale ?
05:03Bon ben alors Michel Barnier a commencé par annoncer 5 milliards d'économies aux collectivités
05:08territoriales en 2025, certains n'y ont vu pas 5 milliards, ils y ont vu 11 milliards.
05:14Vous confirmez que c'est 11 milliards en réalité ? C'est un mensonge d'État et une manipulation
05:18des chiffres ?
05:19Je confirme que là il y a une sacrée inflation et heureusement qu'elle n'est pas comme ça,
05:21parce que nos chiffres c'est bien 5.
05:23Alors effectivement on peut aller chercher des dotations non revalorisées et ajouter
05:27et ajouter.
05:28La réalité c'est que l'effort qui est demandé c'est 5 milliards.
05:30Alors vous Catherine Vautrin, élue en Champagne, vous auriez hurlé si on vous avait annoncé
05:365 milliards d'économies ?
05:37J'aurais réagi à la fois comme élue mais aussi comme citoyenne, on joue la souveraineté
05:41du pays.
05:423228 milliards de dettes, un remboursement de la dette à 55 milliards d'euros au moment
05:47où nous nous parlons.
05:48Donc les collectivités territoriales vont mettre la main à la poche ?
05:50On a un enjeu de souveraineté, l'idée c'est de le faire avec mesure, c'est tout l'objet
05:54du 7ème congrès que nous allons faire depuis que je suis arrivée au gouvernement.
05:57Parce que Gérard Larcher, président du Sénat, se dit que non, 5 milliards c'est trop, 2
06:02milliards ce serait mieux.
06:03Il manquera 3 milliards, on ne sait pas où les trouver, mais c'est pas grave.
06:07Vous comprenez ?
06:08Non, non, c'est pas ça le sujet.
06:09Et pour avoir rencontré les sénateurs, Jean-François Husson, rapporteur général du Bullet, et
06:14Stéphane Sautarel, c'est de regarder si on ne prend pas 5 milliards sur les collectivités,
06:19où vont-ils les prendre ? Parce que la vraie question c'est le bas de page.
06:22Et le bas de page c'est clairement de revenir sur le sujet de la dette française qui, je
06:28le redis, est un énorme enjeu de souveraineté.
06:30Donc 1.
06:31Oui les maires sont indispensables, 2.
06:32Oui ils sont engagés, 3.
06:33On les respecte, 4.
06:34On les reconnaît, 5.
06:35Ensemble on s'engage pour le pays.
06:37Très bien.
06:38Donc on va mettre la main à la poche.
06:39Est-ce que vous êtes pour le retour de la taxe d'habitation, ou quelque chose d'équivalent,
06:43madame la ministre ?
06:44Non, nous sommes dans un des pays dans lesquels, évidemment, la pression fiscale est la plus
06:49importante.
06:50Donc je ne pense pas que ce soit le sujet.
06:51En revanche, il faut que chacun soit conscient que rien n'est gratuit.
06:54Pas plus dans une commune que partout ailleurs.
06:57Ce qui veut dire que quelque part, j'habite dans une commune, je participe, ça ne me
07:02paraît pas une idée qui doit être écartée.
07:05Donc ça ne s'appellera pas la taxe d'habitation, mais ça s'appellera un nouvel impôt local ?
07:08Pas forcément un nouvel impôt local.
07:09Il faut lier l'usage à une responsabilité d'utilisation.
07:12C'est le sujet que nous allons mettre sur la table avec les élus, si nous sommes encore
07:16là en début d'année.
07:18Oui, c'est ça.
07:19Parce que vous avez vu que Jordane Bardella martèle hier soir sur…
07:22J'ai entendu.
07:23Je viens d'entendre Patrick Cohen avec intérêt.
07:24Voilà.
07:25Justement, vous allez vous adresser aux maires, vous pensez qu'ils peuvent avoir confiance
07:30dans l'avenir avec Jean-Luc Mélenchon qui donne carrément une date de destitution
07:34du gouvernement, avec Jordane Bardella qui martèle de manière assez menaçante ?
07:37Vous savez, je crois qu'il y a une chose qui est importante, c'est que nos concitoyens
07:40ne veulent pas le chaos.
07:41Et l'important, c'est qu'on continue à avancer.
07:44Moi, mon objectif, tant que je suis au gouvernement, c'est tous les jours de travailler sur les
07:48sujets.
07:49Michel Barnier, vous l'avez vu, est très engagé, était encore la semaine dernière
07:53auprès des départements, sera jeudi à l'association des maires.
07:57Et ce qui est important, c'est qu'il reçoit la semaine prochaine l'ensemble des oppositions.
08:00C'est le respect de tout le monde.
08:02C'est quelque part le compromis.
08:04C'est écouter les idées des uns et des autres et choisir le meilleur pour le pays.
08:07Je reviens, parce que nous avons digressé, donc un nouvel impôt local où en tout cas
08:11il faut faire participer les habitants au coût de la vie et de l'aménagement urbain.
08:15Il faut réfléchir à la manière dont chacun peut s'associer.
08:17Et les frais de notaire alors, madame la ministre ? Vous êtes pour l'augmentation des frais
08:20de notaire ?
08:21Les frais de notaire, ça s'appelle effectivement les droits de mutation à titre onéreux.
08:24C'est une possibilité qui est donnée au département.
08:26Chacun des présidents du département fera le choix ou pas de les augmenter de 0,5%.
08:31Parce que le marché de l'immobilier est déjà complètement KO pour des jeunes qui
08:34achètent pour la première fois 0,5% sur les frais de notaire.
08:37Ce n'est pas la banque qui prête les frais de notaire, on les sort de notre poche.
08:40Je répète que c'est au choix de chacun des présidents du département.
08:43Merci Catherine Leclerc.
08:44Merci à vous.

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