Avocat, homme politique, Gilbert Collard est aussi écrivain et éditorialiste, sur TVL, dans un format court intitulé "Les colères de Collard". Après un demi-siècle d’une carrière hors norme, Gilbert Collard nous révèle les coulisses de plusieurs affaires retentissantes et dans lesquelles il a joué un rôle crucial. Cela donne un ouvrage passionnant, souvent cocasse, parfois dramatique : "Indéfendables mémoires".
L’avocat a vécu les plus grands procès de l’histoire judiciaire des cinquante dernières années. Grâce à ses notes et une mémoire précise, il décortique l’affaire Ranucci, la tuerie d’Auriol, le procès du général Aussaresses ou encore celle de Laïd Moussa, l’assassin assassiné, celle des "bébés échangés" et enfin celle du Grand-Bornand où il va défendre la complice du meurtrier de la famille Flactif.
Collectionneur de vies infréquentables, le livre de mémoires de Gilbert Collard est un aperçu d’une carrière incroyable qui l’amène aussi (et il s’en explique) à plaider contre un Le Pen (Jean-Marie) mais aussi à plaider pour un Le Pen (Marine). Qui est Gilbert Collard ? Réponse dans l’entretien accordé à TVL.
L’avocat a vécu les plus grands procès de l’histoire judiciaire des cinquante dernières années. Grâce à ses notes et une mémoire précise, il décortique l’affaire Ranucci, la tuerie d’Auriol, le procès du général Aussaresses ou encore celle de Laïd Moussa, l’assassin assassiné, celle des "bébés échangés" et enfin celle du Grand-Bornand où il va défendre la complice du meurtrier de la famille Flactif.
Collectionneur de vies infréquentables, le livre de mémoires de Gilbert Collard est un aperçu d’une carrière incroyable qui l’amène aussi (et il s’en explique) à plaider contre un Le Pen (Jean-Marie) mais aussi à plaider pour un Le Pen (Marine). Qui est Gilbert Collard ? Réponse dans l’entretien accordé à TVL.
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00:00En France, TVL a démontré que l'on pouvait contourner les médias officiels
00:04de la propagande et du mensonge engraissés avec l'argent de vos impôts.
00:08En 2025, TVL va innover, s'adresser à de nouveaux publics.
00:12On se prépare à surprendre, à renouveler, à avoir de l'ambition,
00:16à faire toujours preuve d'audace.
00:18TVL prépare la chute de l'ancien monde médiatique.
00:21Alors aidez-nous à le faire vite et fort.
00:24Rejoignez par un simple don la communauté des amis de TVL,
00:27les amis de la liberté à tout prix.
00:57Avocat, homme politique, Gilbert Collard est aussi écrivain, aussi éditorialiste.
01:12Chaque semaine, vous le retrouvez sur TVL pour la rubrique Les colères de Collard.
01:16Et après un demi-siècle d'une carrière hors normes, il publie et nous révèle
01:21les coulisses de plusieurs affaires retentissantes dans un ouvrage intitulé
01:25Indéfendable mémoire.
01:27Cette édition mareuille et c'est en vente sur le site TVL.fr.
01:31Vous allez dans la rubrique du site TVL. Gilbert Collard, bonjour.
01:34– Bonjour.
01:35– Maître, vous relatez avec verve et la faconde qu'on vous connaît
01:38les procès pour l'histoire.
01:40Mais pourquoi ce titre Indéfendable mémoire ? En quoi ils sont indéfendables ?
01:44– Parce que c'est la mémoire du crime.
01:47C'est la mémoire du crime, c'est la mémoire des horreurs,
01:50c'est la mémoire des pleurs, c'est la mémoire des deuils,
01:54c'est la mémoire des prisons, c'est la mémoire des coups fourrés.
01:58Donc c'est forcément une mémoire indéfendable, même si elle doit exister
02:04parce que tout doit être dit de ce qui est.
02:07Et on peut l'écrire de différentes manières.
02:09– Vous savez qu'on reproche souvent aux avocats de choisir tel ou tel client,
02:13de choisir un client assassin, il ne faut pas…
02:16Est-ce que vous, vous avez mis les pieds ?
02:18Vous le dites d'ailleurs, vous en faites l'aveu dans de nombreuses galères.
02:21Est-ce que l'heure est aussi au regret dans cet ouvrage ?
02:24– Oh non, pas du tout.
02:25Ce que je trouve magnifique dans l'histoire,
02:28c'est la sortie de la légende étrangère en Algérie,
02:31quand elle chante Képi Blanc, non, rien de rien, non, je ne regrette rien.
02:36Non, je peux avoir des regrets, mais inopérants,
02:41des regrets poétiques, des regrets esthétiques,
02:44mais pas de regrets existentiels, non, je ne regrette rien, non.
02:48– Vous êtes un peu comme quand on regarde votre palmarès,
02:51si vous permettez l'expression,
02:53vous êtes un collectionneur de vies infréquentables.
02:55– Voilà, c'est ça, il reste comme ça que je me définis.
02:58Alors on n'imagine pas à quel point c'est extraordinaire
03:02d'entrer dans toutes ces vies,
03:05que ce soit du côté des criminels ou du côté des victimes,
03:09parce que c'est un partage.
03:11Quand on défend un assassin, on entre dans son histoire,
03:17quand on accompagne une victime, on entre dans sa plaie.
03:20Bon, alors ce sont des métamorphoses kafkaïennes,
03:23objectivement, qui vous transforment quand vous êtes authentique,
03:28quand vous êtes authentique,
03:30c'est-à-dire que vous ne faites pas joujou avec la défense,
03:34je pense notamment à tous ces avocats
03:36qui aujourd'hui sont beaucoup plus dans la technique
03:39que dans l'authentique.
03:41Quand vous travaillez dans l'authentique, vous le payez cher.
03:44– Vous avez vécu les plus grands procès de l'histoire judiciaire
03:47des cinquante dernières années, vous dites,
03:49j'ai aucun mérite, le hasard me les a amenés,
03:51et pourtant, vous avez commencé votre carrière dans un bureau,
03:54plutôt même dans un bistrot douteux,
03:56avre de pubs, prostituées, et en défendant un clochard.
03:59Et je me dis, tout ça, c'est vraiment pas digne du flamboyant,
04:02du baroque collard.
04:04– Au contraire, c'est magnifique d'avoir commencé
04:07dans un bistrot faute de bureau,
04:10parce que je n'avais pas de bureau, je n'avais pas de stage.
04:13– Vous étiez laissé d'une famille pour choix.
04:15– Oui, mais j'étais fâché avec mon père à cause de mai 68.
04:18J'avais choisi le mauvais camp, au regard de mon père,
04:21donc j'étais, pour un temps, banni.
04:25Et puis après, il m'est venu en aide, il m'a trouvé un stage, après.
04:29Mais j'ai connu une petite période pendant laquelle j'ai erré
04:32et j'étais très heureux dans mon bistrot du reste, très heureux.
04:35C'est extraordinaire, quoi, de commencer.
04:38Gilles Perrault le raconte et il atteste.
04:40Il a, dans le livre, le pullot vert-rouge, il s'est renseigné,
04:43il a vérifié et il confirme effectivement,
04:45je le dis pour les éventuels détracteurs,
04:47il confirme éventuellement que j'ai bien commencé
04:50dans un bureau de la rue Gustave Ricard.
04:52Ça ne s'invente pas.
04:54– Et votre père, il avait raison, finalement.
04:56– Mon père, comme dirait Sacha Gaitry, mon père avait raison.
05:00– D'autres actes.
05:01Les choix des histoires que vous racontez sont, vous le dites, arbitraires.
05:04Alors, comment s'est effectué votre choix ?
05:06Est-ce que vous avez tenu compte de votre propre évolution ?
05:09En 50 ans, permettez-moi de vous le dire sans vous contrarier,
05:12vous êtes passé du socialisme à la droite centriste,
05:17puis de la droite centriste à la droite patriote,
05:19à ce que certains pourraient qualifier d'extrême droite.
05:22– Oui, oui, je m'en fous de ce qu'on… – D'accord.
05:24– Moi, ce qui compte, c'est ce que je pense de moi,
05:26ce n'est pas ce que vous pensez de moi.
05:28J'ai suivi une évolution historique, je crois que j'ai été authentique
05:31parce que je n'ai pas triché avec le circonstanciel.
05:35Vous savez, être de gauche aujourd'hui, il faut l'oser quand même.
05:39Quand on voit ce qu'a fait la gauche, quand on voit la France insoumise,
05:43quand on voit le nouveau front populaire,
05:48ne serait-ce que ça plaît comme ça.
05:50Moi, j'ai vu la gauche dégringoler, vous comprenez ?
05:52Je l'ai vue se détériorer.
05:54Du reste, je l'ai dit, je quitte la secte.
05:57Et très heureux de l'avoir quittée, regrettant de ne pas l'avoir quittée plus tôt.
06:01– Et vous en êtes où, d'ailleurs ?
06:03– Moi, je suis devenu complètement anarchiste de droite.
06:08Complètement, bon.
06:10Je reste un observateur engagé, comme disait Raymond Aron.
06:15Lui parlait du spectateur engagé, moi, je dirais que je suis un râleur engagé.
06:20– Votre première grande affaire est l'affaire Christian Ranucci,
06:23l'assassin de la petite Maria Dolores Rambla.
06:25Vous allez devenir, par un incroyable concours de circonstances,
06:28l'avocat du père de la victime.
06:30Les circonstances, rappelez-les-moi.
06:32– Les circonstances, elles sont incroyables.
06:34Encore, tout le monde s'est demandé par quelle combine innommable
06:37j'avais pu récupérer, au tout début de ma carrière, cette affaire.
06:41Éclate, l'affaire Patrick Henry.
06:43Je ne sais pas si on s'en souvient, mais Patrick Henry,
06:45c'est l'assassin d'un petit garçon.
06:49Il va même aller jusqu'à réclamer la peine de mort contre l'assassin.
06:53Finalement, on l'arrête.
06:55Mais aucun avocat de Troyes ne veut le défendre.
06:58Aucun avocat ne veut le défendre.
07:00Pas même le bâtonnier, qui par la suite, du reste, se commettra.
07:04Et Polak, l'avocat marseillais très connu à l'époque,
07:08qui était l'avocat des Ramblas, dans une interview,
07:11dit que lui, il est prêt à défendre Patrick Henry.
07:14Et M. Ramblas, le papa de Maria Dolores, entend ça à la radio.
07:20Et ça l'insupporte.
07:22Il ne peut pas tolérer que son avocat se propose
07:26pour défendre l'assassin d'un petit garçon.
07:29Et il décide de changer d'avocat.
07:31Et j'ai la chance d'avoir un client,
07:34mais un client pour un petit problème de loyer,
07:37qui est son ami.
07:39Et quand le père Ramblas lui dit je veux changer d'avocat,
07:42comme mon bureau est en face de celui de Polak,
07:47il traverse la rue.
07:49Et cette traversée devient, pour moi,
07:52la traversée de l'affaire Ranucci.
07:54– Vous évoquiez Gilles Perrault, à l'instant,
07:57à travers le livre qui s'appelle le Pullover Rouge,
08:00où il remet en cause la culpabilité de Ranucci,
08:03de Christian Ranucci.
08:04Ce livre a énormément eu d'impact, bien évidemment,
08:07a été repris par l'ensemble de la gauche et l'extrême-gauche.
08:09Vous avez connu Perrault.
08:10Mais vous, vous avez toujours pensé que Ranucci était coupable.
08:14Même si vous étiez le défenseur de la petite victime,
08:18de la famille de la petite victime,
08:19vous, votre intime conviction, c'est qu'il était coupable.
08:21– Ah oui, oui, non mais je n'ai jamais eu le moindre doute là-dessus.
08:23Du reste, je l'ai dit plusieurs fois à Gilles Perrault.
08:27Nous avons eu des discussions serrées.
08:29Et chaque fois, il a trébuché sur l'argument final,
08:33qui a été l'argument sur lequel Giscard a refusé la grâce,
08:37qui a été l'argument sur lequel s'est fondé l'avocat général,
08:41dans son rapport de grâce, dont je parle dans le livre,
08:44qui est un document exceptionnel, qu'on n'a jamais cité.
08:47C'est le fait que Christian Ranucci, étant dans les locaux de la police,
08:53désigne aux enquêteurs l'endroit où il a caché le couteau.
08:59Bon, donc on ne peut même pas dire qu'on l'a amené en le tirant vers…
09:05Et encore que, là, il n'y a que lui qui peut indiquer où est le couteau.
09:09– Couteau du meurtre.
09:10– Le couteau du meurtre, voilà, le couteau du meurtre, bien sûr.
09:13Donc cette preuve, elle est irréfutable à mes yeux,
09:17à moins que la police ait décidé de cacher un couteau quelque part
09:21pour faire condamner un individu qu'elle ne connaît pas et qui va être Ranucci.
09:26On est là dans la folie, même au-delà de la folie, on est dans l'irréel.
09:31– Alors pourquoi Perrault défendait cette cause ?
09:34– Combat contre la peine de mort.
09:36– Combat contre la peine de mort.
09:37– Je veux dire, il a réussi, et hommage littéraire lui en soit rendu,
09:42il a réussi à faire de cette histoire de pullovers rouges un extraordinaire argument
09:49contre la peine de mort.
09:50Il y a encore des gens qui n'ont pas vu le dossier,
09:52qui ne connaissent pas le dossier, qui ignorent tout de l'affaire,
09:56qui croient à Ranucci innocent.
09:58– Alors Ranucci a été condamné à la peine de mort,
10:00vous aussi, vous êtes un opposant à la peine de mort.
10:02– Oui, tout à fait, oui, oui.
10:03– Dénonçant les partisans de la peine de capitale, je cite,
10:06les passants primaires qui appellent la peine de mort.
10:08– Oui.
10:09– Vous êtes contre la peine de mort ?
10:10– Oui, oui.
10:11– Vous demandez pourtant.
10:12– Non, non, non, quand j'ai plaidé pour la famille Romblin,
10:17j'ai terminé ma plaidoirie, on la retrouve en partie dans le livre,
10:21j'ai terminé ma plaidoirie en disant,
10:23dans peu de temps tout le monde l'aura oubliée,
10:26Maria Dolores, il faut au moins qu'un seul s'en souvienne, c'est vous.
10:32– Mais elle n'était pas la peine de mort.
10:34– Aujourd'hui, écoutez, il y aurait combien de peines de mort par session d'assises ?
10:38Il y en aurait 200, 300.
10:40Ranuncier et condamner un mort pour des faits
10:42qui aujourd'hui lui vaudraient 20 ans de prison.
10:46– Est-ce que vous pensez que la peine de mort, ça doit quand même exister
10:48comme le nucléaire existe, pour que ça soit indiqué
10:51et pour qu'on ne l'utilise pas dans la réalité ?
10:53– Non, il faut une peine de réclusion criminelle à perpétuité réelle.
10:57L'escroquerie de l'abolition de la peine de mort,
11:00c'est qu'on nous avait promis une peine efficace de remplacement
11:05et qu'elle n'a pas eu lieu.
11:07C'est ça l'escroquerie.
11:08Quand un jury condamne à 20 ans, la peine n'ira pas jusqu'au bout.
11:12Quand il condamne à perpète, il y a un risque énorme
11:14qu'au bout de 30 ans, l'individu soit dehors.
11:17Donc l'escroquerie, elle est là.
11:19Il aurait fallu qu'une fois la peine de mort abolie,
11:22je l'explique longuement dans le livre,
11:25on entre à ce moment-là dans une perpétuité réelle.
11:28Et c'est ce que j'appelle de mes voeux.
11:30– Vous évoquez une hypothèse dans l'ouvrage sur cette affaire Ranuncier.
11:33Vous dites Ranuncier est revenu sur ses aveux.
11:35Il était revenu sur ses aveux pour nier, obstinément même.
11:39Et vous dites mais c'était…
11:41Elle veut donner une raison qui est incroyable encore.
11:43Je vous laisse la donner.
11:44– La raison c'est que…
11:45– Même si c'est votre intime conviction.
11:47– Oui mais il faut avoir vécu l'affaire
11:51pour comprendre ce que je décris dans le livre.
11:54Il faut avoir ressenti les choses.
11:57Le plus beau des commentaires sur l'eau ne peut pas désaltérer, on le sait.
12:01Donc il faut vraiment avoir été dans la cour d'assises.
12:08C'est sa mère.
12:10C'est sa mère.
12:11Il ne veut pas commettre de fautes devant maman.
12:15Quand il entre dans la cour d'assises, Christian Ranuncier…
12:18– Ça, vous le racontez.
12:19– Oui, je le raconte.
12:21On est surpris de le voir avec une immense croix pectorale,
12:27quasiment une croix d'évêque.
12:30Je le regarde, je le vois, je vois cette croix.
12:34Je me retourne au fond de la salle et je vois une femme
12:38toute habillée de noir qui porte une croix répandante en quelque sorte.
12:44C'est madame Ranuncier.
12:46Ils ont tous les deux la même croix.
12:49Et je comprends à ce moment-là qu'il y a entre la mère et le fils
12:55un quelque chose qu'on n'expliquera jamais.
12:58Et tout au long de l'affaire, tout au long du procès,
13:02même au moment que je décris, je ne sais pas si vous l'avez en mémoire,
13:05où il est sur le point d'avouer ce qui lui aurait sauvé la vie.
13:11Il ne peut pas le faire parce que sa mère est là.
13:16– On va passer de l'affaire Ranuncier.
13:18Il y a plein d'autres choses sur la famille Rambla,
13:20sur les suites malheureuses de la famille Rambla.
13:23– Le petit Rambla qui va devenir lui-même un assassin.
13:26– C'est une histoire incroyable.
13:28Autre histoire incroyable, celle qui a défrayé énormément la chronique à l'époque,
13:32c'est l'affaire de la tuerie d'Auriole.
13:34Un massacre quoi.
13:35Alors un massacre dû à l'amateurisme de tueurs sans pitié
13:37ou alors vraiment une affaire politique avec la mise en cause
13:40des barbousgolistes du sac.
13:42Votre sentiment là encore ?
13:43– Tout, tout quoi.
13:44– Les deux ?
13:45– Les deux.
13:46D'abord, écoutez, l'affaire du sac c'est une histoire
13:51qu'aucun scénariste ne peut inventer.
13:53Parce que s'il présentait le scénario, on lui dirait
13:57ça manque quand même de crédibilité.
14:00D'où cette action que je développe dans mon livre,
14:03la réalité est plus forte que la fiction.
14:06Attention, la réalité dépasse la fiction.
14:11C'est un commando qui, quand la gauche arrive au pouvoir,
14:16commando du sac, alors on verra dans le livre ce que c'est le sac,
14:20d'où il vient, etc.
14:21On ne va pas le développer ici.
14:25À l'arrivée du pouvoir de la gauche, le sac,
14:28le service d'action civique, a peur.
14:31Il y a des querelles au sein du mouvement dans les bouges du Rhône
14:34et deux individus s'affrontent, Maciez et un dénommé Maria.
14:39Ça va aboutir à l'assassinat collectif.
14:43Mais qui est Maria ?
14:45C'est ça qui est fascinant, qui va organiser l'assassinat
14:49d'un enfant, d'une vieille dame, d'un vieux monsieur,
14:52d'une jeune femme, de son époux, de toute la famille.
14:55Bon, qui est-ce ?
14:57C'est un individu qui se présente comme un héros de la guerre d'Indochine,
15:01comme un ancien légionnaire, un parachutiste, un vétéran,
15:06un ancien des services secrets.
15:09Et qu'est-ce qu'on apprend à l'audience ?
15:12Qu'est-ce qu'on apprend ?
15:14Qu'il a été réformé.
15:17Et pourquoi ?
15:19Parce qu'il a les pieds plats.
15:21Alors là, comment un pareil mythomane a-t-il pu entraîner
15:27dans une tuerie aussi sanglante, aussi lugubre,
15:31des hommes comme Finocchietti, instituteur,
15:36qui va tuer d'un coup de barre de fer le petit Maciez,
15:40qui a été son élève, mon homonyme Collard,
15:45Poletti et d'autres.
15:47Comment un mythomane...
15:49Alors d'où un axiome que je développe et auquel je crois beaucoup,
15:52attention aux mythomanes.
15:54Attention aux mythomanes.
15:56– C'est valable en politique, ça.
15:58– Ah, c'est valable dans tous les domaines.
16:00Non mais vraiment, moi, si je fais une criminogenèse,
16:04tant dans la vie politique que dans la vie ordinaire,
16:07que dans la vie criminelle, je dirais, faites gaffe aux mythomanes.
16:12C'est un élément du crime.
16:16– Alors dans l'affaire d'Auriol, vous défendez Marina Maciez
16:20qui est la sœur de la principale victime, Jacques Maciez,
16:23qui va perdre, bien évidemment, toute sa famille.
16:26Et très vite, dans cette affaire-là, on a trouvé les meurtriers très très vite.
16:30Alors par contre, ce qu'on n'avait pas, c'était le mobile
16:32ou le déchiffrement du carnage.
16:34C'est quand même assez troublant.
16:35– Alors c'est extraordinaire ça, vous comprenez là.
16:37C'est là où je révèle des choses qui n'ont pas été dites,
16:39notamment au sujet d'une empreinte sur une bouteille de soda.
16:42On saisit une bouteille de soda qui va permettre de mettre en cause Finocchietti,
16:47lequel va faire des aveux rocambolesques, des aveux cryptés.
16:52Il n'avouera jamais vraiment, mais il fera des cauchemars,
16:55il fera des dessins, il fera un lapsus unique que je raconte
16:59et qui permet de mettre en cause mon nomonyme.
17:03Il n'y a que moi qui pouvait m'en rendre compte
17:05parce qu'il a le même nom que moi.
17:07Et donc, on a bien l'impression qu'il y a un deal, comme on dit maintenant,
17:12qui est passé entre Finocchietti, l'instituteur assassin,
17:16et les enquêteurs, pour le bien de la cause.
17:19Parce que l'affaire va être dénouée en très peu de temps.
17:23Ils vont tous avouer.
17:27Sauf l'ancien légionnaire, l'homme à l'oreille coupée, Collard, et Maria.
17:33Dans cette affaire, on a le chauve, Maria,
17:36l'homme à l'oreille coupée, Collard,
17:40et l'instituteur, Finocchietti.
17:42On a quasiment une bande dessinée.
17:44Une bande dessinée sanglante.
17:46– C'est ça, si on n'avait pas le massacre,
17:47on se dirait que c'est une bande de petits nickelets.
17:49– C'est ce qu'on a dit, c'est comme ça qu'on a présenté…
17:51– Sauf que vous expliquez quand même que vous êtes sous protection policière.
17:54Les branquignoles ne sont pas des branquignoles.
17:56C'est quand même une officine qui a encore beaucoup de pouvoir.
18:00Disons que l'arme nucléaire peut être entre les mains d'un gateux.
18:06On est d'accord ? – Oui, ça se voit.
18:09– Ou d'un abruti, ou d'un imbécile.
18:12Des pouvoirs dévastateurs peuvent se retrouver entre les mains de branquignoles.
18:17Ce n'est pas parce que les exécutants sont des branquignoles
18:21que les donneurs d'ordre le sont, ou que les motifs de l'ordre le sont.
18:27– Dans cette affaire, il va y avoir une mise en cause du patron du sac.
18:30– De Bizet. – Et le Parlement va dissoudre cette officine.
18:36– Oui, le sac va être dissous.
18:39– Et ça, vous pensez que c'était aussi nécessaire, ou ce n'était pas votre propos ?
18:44– Ça ne sert à rien de dissoudre. Ce qui est dissous se reconstruit.
18:48Moi, j'ai eu à un moment donné le fichier du sac.
18:52J'ai été effaré de voir les noms.
18:54Ça m'a fait marrer toute ma vie.
18:56Des procureurs, des présidents de chambre, des commissaires divisionnaires, des préfets.
19:02Bon, c'est extraordinaire.
19:05Alors, on m'a dit, oui, mais tu as expurgé ce fichier
19:08pour rendre service à des amis, mais jamais de la vie.
19:12En tout cas, ça m'a simplifié l'existence pendant quelques temps, je peux vous le dire.
19:15Parce qu'il y en a quelques-uns qui filaient doux.
19:18– Vous avez eu peur, dans cette période-là, de mise de protection policière.
19:21C'est le procureur général qui vient vous voir en vous disant
19:23Maître Collard, on va vous mettre sous protection policière,
19:25est-ce que vous pouvez vous tuer ?
19:26– Alors, ça ne dira peut-être rien à nos amis,
19:28mais j'ai été sous la protection de Nguyen Van Locke, dit le chinois,
19:34le fondateur du GIPN, à l'époque ça s'appelait la brigade anticommando,
19:40je crois, un truc comme ça.
19:42Et donc, il a assuré ma protection pendant deux mois.
19:45Non, il y avait une véritable tentative d'enlèvement,
19:47ce qui montre que c'était très sérieux.
19:51– Alors, vous évoquez beaucoup d'autres affaires,
19:53malheureusement on ne va pas avoir le temps,
19:54toutes aussi passionnantes, et je laisse le soin au lecteur
19:56de les découvrir, flactifs, les bébés échanger, tant d'autres.
19:59Finalement, vous savez, et ça je me suis aperçu,
20:02que dans cet ouvrage, vous n'avez pas décidé de montrer
20:05le fait que vous avez assez peu défendu les hommes politiques
20:07au cours de ce demi-siècle de carrière.
20:09J'ai trouvé Laurent Gbagbo, j'ai trouvé aussi quand même Charles Pasqua,
20:12et vous avez réussi aussi, alors là c'est un tour de force,
20:14de plaider contre le Front National de Le Pen,
20:17et de plaider pour le Front National de Le Pen,
20:19même si ce ne sont pas les mêmes Le Pen.
20:20– Oui, oui, oui, oui.
20:22– Pas de problème à cela ?
20:23– Non, mais c'est, on défend une cause, on ne défend pas une étiquette.
20:26– Vous avez quand même bien persécuté Jean-Marie Le Pen, non ?
20:30– Oui, mais j'ai… – C'était un adversaire.
20:32– Je n'ai pas persécuté Jean-Marie Le Pen,
20:34j'ai été partie civile dans l'affaire du meurtre des petits Comoriens,
20:40qui ont été tués… – Soirée de collège à Marseille.
20:43– Voilà, bon, ça se reproduirait, je serai de leur côté, je ne vous cache pas,
20:46bon voilà, non, ce sont les circonstances qui font…
20:49– Ce sont des personnes qui ont été tuées par des collègues…
20:53– Par des collègues d'affiches du Front National de l'époque.
20:55– Dans des circonstances qui restent encore…
20:57– Dans des circonstances qui restent encore à développer, bon.
21:00Mais c'est, moi j'ai toujours été du côté des circonstances, c'est…
21:06Je veux dire, si vous êtes communiste et qu'on vous attaque injustement,
21:11je vais me ranger de votre côté.
21:13Si vous êtes du Rassemblement National et que vous vous comportez mal,
21:17je n'irai pas de votre côté.
21:18Je veux dire, je ne me suis jamais laissé impressionner
21:20ou dicter ma loi par une étiquette quelconque.
21:23– Je voyais, je croyais, moi, à couteau tiré avec Jean-Marie Le Pen,
21:27et en février dernier, vous avez eu des mots aimables à son endroit sur un tweet,
21:31je me suis dit, il ne l'a jamais épargné, bon, il ne vous a jamais épargné…
21:34– Ah non, si, c'est un match, c'est un ping-pong, oui, oui, ping-pong.
21:37– Mais c'est un jeu, c'est tout, c'est pour ça ?
21:39– Ben un peu, oui, c'est un jeu de littérateur d'autrefois, quoi.
21:43Oui, qui aura le bon mot en dernier ?
21:46Oui, c'est un jeu oratoire, mais avec un fond de réalité aussi, quand même,
21:52parce qu'on a eu des échanges difficiles.
21:54Moi, j'admire l'orateur, je l'ai toujours dit, et je salue le prophète,
22:00parce que quand même, qu'on le veuille ou non,
22:02Jean-Marie Le Pen a beaucoup prophétisé,
22:04même le fils de Bernard Tapie l'a reconnu, alors…
22:08– En deux mots, le procès contre Marine Le Pen, le réquisitoire…
22:11– Ce qui est scandaleux, plus que le réquisitoire,
22:14ce qui est scandaleux, c'est la déclaration du procureur,
22:17je n'ai aucun élément contre Jalkin,
22:20mais je ne peux pas demander la relax, ça me ferait mal.
22:26Le procureur a dit ça à l'audience, quoi.
22:28Je ne peux pas demander la relax, alors que je devrais la demander,
22:32ça me ferait mal.
22:34D'abord, on se demande pourquoi ils disent de pareilles conneries,
22:36excusez-moi l'expression, et ensuite, quel aveu de partialité,
22:41quel aveu de parti pris.
22:43– Il y a des recours pour ça ?
22:44– Non, non, parce que le procureur est irrécusable, irresponsable,
22:50alors bon, moi j'ai bien ma petite idée,
22:52parce que j'avais tenté un coup qui avait marché,
22:54une fois sur ce terrain-là, à La Réunion,
22:57où un procureur avait montré sa partialité,
23:02mais est-ce que les avocats de Marine Le Pen
23:05auront le culot d'aller jusque-là ?
23:08Je ne pense pas, mais là, il y a quelque chose,
23:11dans le comportement du procureur,
23:13il y a quelque chose qui pourrait être exploité.
23:16– On revient au livre,
23:17ce n'est qu'un aperçu de votre carrière incroyable,
23:19en fait, je me suis dit, à la fin, qui est Gilbert Collard ?
23:22– Si vous le savez, dites-le-moi.
23:23– Non, mais je vous pose la question quand même,
23:25et puis on va réfléchir deux secondes ensemble,
23:27un écrivain, un polémiste, un homme politique,
23:29qui a cherché à être maire, qui a été député, député européen,
23:32un socialiste, un centriste, un patriote, ou tout simplement,
23:34et seulement un avocat.
23:36– Non, mais moi, vous savez, je me suis promené toute ma vie
23:41dans une atmosphère politique
23:43à laquelle je pouvais intrinsèquement adhérer.
23:48Les atmosphères politiques changent,
23:51et puis il y a aussi cette espèce de romantisme
23:58qu'on perd avec le temps.
24:00Moi, quand j'étais socialiste, je l'étais parce qu'il y avait eu Jaurès,
24:05vous voyez, parce qu'il y avait la chanson de Brel,
24:08c'est un socialisme littéraire,
24:11et quand j'ai vu ce que c'était réellement,
24:13je me suis cassé, et je l'ai dit, et je l'ai dit.
24:16Aujourd'hui, je considère que si on n'est pas patriote,
24:19on sert à étrangler le coup de notre pays,
24:22parce qu'il est en strangulation.
24:25Voilà, ce sont vraiment les circonstances qui nous guident.
24:29Quand on n'est pas authentique, finalement,
24:33on décide un jour qu'on est communiste,
24:37et puis passe Staline, passe Lénine, passe les camps,
24:41passe le goulag, passe le pacte germano-soviétique,
24:46on reste communiste.
24:48– J'ai ma réponse, la politique.
24:50Vous n'avez pas parlé de vos livres, vous n'avez pas parlé de votre famille,
24:53vous n'avez pas parlé de votre métier d'avocat,
24:55vous m'avez dit la politique.
24:57– Non, non, la politique comme matière à écrire.
24:59– Alors, votre rôle d'avocat dans ce cas-là,
25:01votre métier ou votre mission,
25:03on en a une définition en creux dans l'ouvrage, très rapide.
25:06L'avocat, à l'époque, c'était le réfractaire,
25:08le résistant, l'irréductible,
25:10il ne passait ni à la télé, c'est fichu,
25:12ni sous les fourches codines,
25:14il ne faisait pas la leçon, il défendait.
25:16– Eh oui.
25:17– Ça, c'est une belle attaque contre la profession.
25:19– Mais attendez, maintenant, ils sont tous là,
25:21avocat de droite, avocat de gauche,
25:23ils ne défendent plus, ils font la morale,
25:25ils font la morale, ils font la leçon.
25:27Regardez-les quand ils passent à la télé,
25:29pour le quart d'heure de gloire usuelle,
25:32c'est une leçon de morale.
25:34Il faut se comporter comme ça,
25:36il faut se tenir comme ça,
25:39défendez, fermez-la, en dehors.
25:43Je ne vais pas leur reprocher de passer à la télé.
25:45– Non, non, j'ai remarqué.
25:46– Bon, moi, on m'a surnommé l'avocat todique à l'époque,
25:49mais passez à la télé pour défendre,
25:52ne passez pas à la télé pour donner des leçons de morale.
25:56– Quand on parle de mémoire,
25:59on se dit qu'on va raccrocher les gants,
26:03on prend sa retraite.
26:04– Indéfendable.
26:06– Donc il y en a des défendables.
26:10– Je n'ai pas dit défendable mémoire,
26:12j'ai dit indéfendable mémoire.
26:14– Donc là, c'est juste un au revoir.
26:16– Non, non, c'est à demain.
26:18– À demain, d'accord.
26:20Et à demain sur TVL, on continue les colères d'avocat.
26:22– Ah, on continue, oui, oui.
26:23– C'est l'essentiel.
26:24Merci Gilbert Collard.
26:25– Merci à vous.
26:26– Merci à vous.
26:27– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org