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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 20 novembre 2024 : la comédienne et productrice Camille Razat. Elle est à l'affiche du film "Prodigieuses" de Frédéric et Valentin Potier qui sort mercredi 20 novembre.
Transcription
00:00C'est par le mannequinat que vous avez été propulsée sur le devant de la scène avant de faire vos premiers pas en tant qu'actrice à la télé.
00:08C'était dans la série Disparue de France 2, vous vous en rappelez ou pas ?
00:11Oui.
00:12Vous vous êtes passée par le théâtre avant d'être révélée dans le monde entier à travers la série Netflix Emeline Paris dans laquelle vous incarnez Camille,
00:19ce qui vous a valu de devenir l'ambassadrice d'une grande marque, d'un groupe leader dans le domaine de la beauté dont je ne citerai pas le nom.
00:25Depuis deux ans, vous avez créé votre maison de production dans un élan d'indépendance.
00:29C'est très important pour vous.
00:30Aujourd'hui, vous êtes à l'affiche du film Prodigieuse avec un S de Frédéric et Valentin Potier,
00:35inspiré de l'histoire vraie des jumelles Audrey et Diane Pleynet, rebaptisées les Sœurs Valois dans le film.
00:41Vous jouez le rôle de Claire Valois.
00:42Des deux, c'est la plus rebelle, on ne va pas se mentir.
00:45Je vais vous laisser d'ailleurs raconter le parcours de ces sœurs puisque vous l'avez incarnée parce que vous avez dû habiter les personnages.
00:52Elles ont eu un parcours extraordinaire.
00:54Tout à fait. Audrey et Diane Pleynet étaient en passe de devenir des immenses pianistes dans le monde entier.
01:02Finalement, la vie les a rattrapées.
01:04Elles ont eu cette maladie qui est encore aujourd'hui incurable, qui est une maladie orpheline.
01:09Dans l'idée, à 20 ans, elles ont les os de quelqu'un de 75 ans.
01:14Évidemment, c'est extrêmement limitant pour leur carrière.
01:17Malgré tout, elles persistent.
01:19Elles se disent qu'on ne sera peut-être pas les meilleures, mais en tout cas, c'est notre passion.
01:23Elles vivent sans, c'est la seule chose qu'on sait faire.
01:25Elles vont persévérer et développer une technique à quatre mains où elles se partagent des partitions et dont elles seules ont le secret.
01:33Ce qui est fou, d'ailleurs, c'est que les deux sœurs Pleynet, quand elles jouaient, c'est parce que leur père les poussait vraiment à un point où par un moment,
01:41elles en avaient une sorte d'écurement.
01:43C'est-à-dire que quand on travaille trop des gammes, des gammes, des gammes, on finit par en oublier l'essentiel, c'est-à-dire le plaisir qu'on peut prendre.
01:51C'est d'ailleurs ce qui est vraiment au cœur du film.
01:53Et en même temps, cette transmission-là, cette abnégation donnée et obligée par le biais du père va leur permettre de devenir aussi forte et de développer cette technique plus tard.
02:06Oui, tout à fait, c'est très juste.
02:08C'est-à-dire qu'effectivement, le père, il est très, très poussif.
02:10Il fait comme une espèce de jeu miroir, c'est-à-dire qu'il s'accomplit à travers elle parce que lui-même était un grand apnéiste.
02:17Et en fait, il s'est blessé, il n'a pas pu aller au bout de sa passion en étant le meilleur dans sa discipline.
02:23Et donc, il répercute un peu ça sur ses filles.
02:25Bon, finalement, ça reste dans un côté bienveillant, bien qu'effectivement très poussif.
02:30Mais c'est ce qui, je suis d'accord avec vous, à mon sens, les a aussi forgés à être aussi fortes mentalement et finalement à dépasser la maladie et pouvoir tout de même être de grandes pianistes.
02:40Vous, Camille Razin, ils vous ont transmis quoi, vos parents ?
02:44C'est marrant parce que mon père n'était pas tyrannique à ce point non plus, mais il était assez poussif aussi dans le domaine du sport parce que j'étais assez douée.
02:53Et donc, il me poussait, il me poussait. Ma mère m'emmenait partout.
02:57Donc, j'ai beaucoup de miroirs dans ce film et le dépassement de soi, c'est quelque chose qui me parle.
03:03La passion aussi, je suis quelqu'un de très passionné quand j'entreprends quelque chose.
03:06Mon moteur, c'est la passion et la peur.
03:09Je vais là où j'ai peur parce que je me dis que c'est là où il faut aller.
03:13Est-ce que vous n'êtes pas un peu trop perfectionniste par moment ?
03:16Si, complètement. Si, si, complètement. Je suis très perfectionniste.
03:20Ce que je veux dire, c'est que quand on est perfectionniste, on oublie parfois de se faire du bien à soi-même.
03:24C'est-à-dire qu'on veut absolument que ce soit parfait pour que les autres puissent se dire voilà et qu'on ne puisse rien nous reprocher.
03:29Mais en même temps, nous-mêmes, on se met de côté. Est-ce que vous arrivez à profiter des instants ?
03:34C'est aussi pour ça que j'ai monté ma maison de production parce que j'avais besoin d'entretenir la flamme, si je puis dire, la passion,
03:40dans un truc sain et dans un truc collectif. Le métier que je fais, être comédienne, c'est quand même attendre que son téléphone sonne, etc.
03:46Donc tout ça est assez solitaire, finalement. Et moi, j'aime tellement la dimension du collectif.
03:51Et c'est pour ça que j'ai monté Tazard et ça alimente la passion.
03:54Et là, on se met à raconter des histoires qu'on a vraiment envie de raconter et avec des gens qu'on aime.
03:58Est-ce que ce n'est pas aussi une question de choix ?
04:00Si, c'est une question de choix. En fait, les non sont plus importants que les oui. Et je dis souvent non.
04:07Est-ce que justement, sur Émilie in Paris, ça a été une évidence qu'il fallait dire oui ?
04:13Oui, ça a été une évidence.
04:14Parce que là, aujourd'hui, évidemment, c'est quelque chose qui a pris une ampleur incroyable, vous obligeant d'ailleurs à ne plus du tout être inconnu, anonyme dans la rue.
04:26Mais au moment où on vous a proposé les choses, ce n'était pas aussi évident que ça ?
04:31Émilie, il y avait quand même quelque chose où, dès le départ, j'ai su que c'était Darren Star, le créateur de Sex and the City, Beverly Hills.
04:37Donc, je me suis dit, quoi qu'il arrive, mais effectivement, ça devait être sur une plateforme qu'aux États-Unis.
04:41Donc, on n'en était pas du tout avec Netflix là où on en était.
04:44Et donc, effectivement, c'était très impressionnant parce que moi, j'avais adoré ces séries-là.
04:50Et je m'étais dit, ça aura forcément un impact à un endroit, mais je n'imaginais pas du tout ce truc-là.
04:56Maintenant, moi, je crois beaucoup au destin et au karma.
04:59Et c'est vrai que le personnage s'appelait Camille et mon deuxième prénom, c'est Émilie.
05:02Donc là, quand même, je me suis dit, bon, il y a des petits signes qui font que, potentiellement, je devrais l'accepter et puis être prise.
05:08Surtout, il y avait beaucoup de tours d'auditions.
05:10Il n'y a pas de hasard dans votre parcours, quand on regarde bien, parce que la première fois que vous êtes apparue, c'était dans Les Disparus.
05:16Donc, sur France 2, vous jouiez le rôle de la disparue.
05:19Et quand on regarde bien, vous avez été obligée de disparaître pour naître.
05:24C'est fou, en fait, cette histoire.
05:26Mais quand on regarde bien ce parcours, il y a quelque chose qui interpelle de toute manière.
05:30Est-ce que vous l'avez toujours ressenti, ça, Camille ?
05:34Je ne sais pas.
05:35J'ai toujours ressenti, en tout cas, que c'est peut-être bête, mais quand j'étais plus jeune, que quelque chose m'attendait.
05:41Je ne savais pas quoi.
05:42J'ai toujours eu beaucoup d'ambition.
05:44Au début, je pensais que ce serait dans le mannequinat.
05:46Puis très vite, j'ai compris que je n'allais pas être heureuse.
05:48Enfin, pas 100 % heureuse.
05:50Il manquait des choses intellectuelles, quand même, à un moment.
05:53Et donc, je savais qu'il fallait que je m'ouvre vers des choses.
05:56Au début, c'était le journalisme.
05:57Enfin, ça a été plein de choses.
05:58J'ai toujours été passionnée par plein de choses, par la photo, par la mode, par les jeux vidéo.
06:02J'ai toujours senti que, oui, je ferais peut-être un métier d'image, mais c'était inconscient, je pense.
06:08« Prodigeuse », c'est actuellement au cinéma.
06:10Il faut y aller parce que c'est tourné vers l'espoir et le fait qu'il ne faut jamais lâcher.
06:16Oui, et puis c'est aussi un film grand public.
06:19On a eu, à travers les multiples avant-premières qu'on a pu faire, vraiment entre 7 ans et 75, voire plus.
06:25Donc, c'était très chouette.
06:27Je pense que c'est vraiment un film familial aussi.
06:29Et effectivement, comme vous le dites, c'est un beau message.
06:31Dans une société où on nous demande toujours d'être en compétition et les meilleurs,
06:34ça fait du bien de faire les choses par passion seulement.

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