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"Ce que les clients demandent pour transporter leurs marchandises, c'est de la fiabilité", réagit, mercredi 20 novembre, Solène Garcin-Berson, directrice générale de l'Association française du rail, alors que des grèves sont attendues à la SNCF.

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00:00Bonsoir à toutes et à tous, l'activité frette de la SNCF, c'est-à-dire le transport
00:08de marchandises, est sur le point d'être scindée en deux, c'est le compromis trouvé
00:13entre la Commission européenne et l'entreprise ferroviaire, un des motifs du débrayage
00:17de 24 heures qui commence ce soir avec des perturbations limitées sur les grandes lignes
00:22et surtout de la grève illimitée à laquelle appellent 4 syndicats de cheminots à partir
00:26du 11 décembre, les syndicats demandent un moratoire, ce à quoi se refuse le gouvernement.
00:32Bonsoir Solène Garcin-Berson, vous êtes la directrice générale de l'AFRA, l'association
00:37française du rail qui regroupe donc les opérateurs du rail, du français Transdev à l'italien
00:42Trenitalia en passant par DB Cargo, filiale de l'allemand Deutsche Bahn, le gouvernement
00:48a-t-il raison ? La SNCF n'a pas d'autre choix aujourd'hui que de démanteler le fret.
00:53Alors ce que les auditeurs doivent déjà bien comprendre, c'est que le plan de discontinuité
01:00qui peut être qualifié par certains de démantèlement ou de casse de fret SNCF, en réalité c'est
01:06un plan qui vise à préserver, à sauver fret SNCF de la faillite si elle devait être
01:13condamnée à rembourser les 5,3 milliards d'euros d'aides illégales qu'elle a perçues.
01:18Donc de toute façon la SNCF n'a pas d'autre choix ?
01:21Pas le choix.
01:22Et si la Commission Européenne justement risque de la condamner à ce remboursement
01:28qui la mettra en faillite, c'est parce qu'elle poursuit un objectif de développer le rail.
01:34Un objectif qui est celui de doubler la part des marchandises qui sont transportées par
01:39le rail.
01:40Et ça c'est un impératif écologique, c'est nos objectifs climatiques environnementaux
01:45qui l'imposent.
01:46Donc il faut doubler cette part modale du ferroviaire, du transport de marchandises
01:52par train.
01:53La question aujourd'hui c'est comment y parvenir ?
01:55En démantèlement, fret SNCF ?
01:59Alors en démantèlement, ça c'est la solution qui a été envisagée pour justement donner
02:05de la rentabilité à un opérateur.
02:07Ce que je veux rappeler et ce que je veux bien préciser ce soir, c'est que l'ouverture
02:14du marché du fret ferroviaire en France, elle s'est opérée à partir du milieu des
02:20années 2000.
02:21Et ça, ça a déjà commencé à permettre d'enrayer le déclin du fret ferroviaire qui
02:26lui avait débuté dès le milieu des années 70.
02:28Donc en gros, c'est le sens de l'histoire et c'est ce qui va permettre aux frets de
02:33se développer et de devenir rentables.
02:35Donc ce que vous dites aujourd'hui au syndicat et de la SNCF, c'est que ce n'est pas le
02:39moment de se mettre en grève sur ce sujet.
02:41Alors sur le sujet des grèves, justement, il ne m'appartient pas de commenter des mouvements
02:46qui sont des mouvements internes au groupe SNCF, dont les opérateurs que je représente
02:50ne font pas partie.
02:51Enfin en tout cas pour fret SNCF.
02:54Mais ça donne un mauvais signal.
02:57Alors ça donne un très mauvais signal.
02:59En fait, il y a deux choses sur le sujet des grèves.
03:01Parce que je vous dis que les opérateurs alternatifs, eux, ils sont mobilisés pour
03:04assurer le service qui est dû à leurs clients.
03:06On va revenir sur l'ouverture de la concurrence.
03:08Ils ne sont pas en grève.
03:09Ils sont quand même susceptibles d'en subir les conséquences et ça arrive très régulièrement
03:14puisqu'en fait, ils dépendent du gestionnaire d'infrastructures SNCF Réseau.
03:18C'est l'aiguilleur du ciel du rail, si vous voulez, qui assure la gestion opérationnelle
03:24des circulations.
03:25Donc si SNCF Réseau, les agents de SNCF Réseau sont en grève, ça empêche les opérateurs
03:30alternatifs, qui ne le sont pas, de circuler.
03:32Donc ce n'est pas bon pour l'ouverture à la concurrence.
03:36Ça, c'est la première chose.
03:37Mais la deuxième et qui est d'autant plus importante et qui a finalement un contre-sens,
03:44c'est que les clients, les entreprises qui ont des marchandises qu'elles souhaitent
03:48faire transporter, si les agents, si les trains ne peuvent pas circuler, elles vont se reporter
03:55sur d'autres modes de transport et pas sur le rail et pas sur la route.
03:58Dans l'accord qui a été conclu avec la Commission, il y a déjà eu l'abandon par la SNCF d'une
04:02vingtaine de flux de marchandises, 20% de son chiffre d'affaires à des concurrents,
04:07des opérateurs belges, allemands et français, vos adhérents.
04:10Donc est-ce que vous pouvez nous dire aujourd'hui que c'est une opération rentable pour les
04:14acheteurs ?
04:15Alors si vous voulez, avec ces flux qui ont été remis sur le marché, ce qu'il faut
04:21bien avoir en tête aussi, c'est qu'aucun de ces flux ne va repasser à la route.
04:25Et pourquoi ? Parce que justement, les opérateurs alternatifs, ils se sont mobilisés pour les
04:31reprendre.
04:32Ils ont consacré des ressources, ils auraient pu consacrer à du développement et donc
04:35ils vont reprendre l'ensemble de ces trafics et aucune marchandise ne va repasser à la
04:40route.
04:41Et pour l'instant, ça se passe bien ? Alors ça vient de commencer, c'est depuis le début
04:44de l'année 2024, donc que ces flux ont été cédés à des concurrents de la SNCF.
04:49Pour l'instant, vous pouvez nous dire que ça se passe bien ?
04:52Les flux sont repris effectivement.
04:55Les opérateurs alternatifs ont pris leurs responsabilités justement.
05:01C'est un sens justement de l'intérêt général de ne surtout pas abandonner des
05:07flux qui sont abandonnés par Fred SNCF dans cette opération.
05:11Sachant que le fret ferroviaire a diminué de 17% sur un an en 2023 selon l'autorité
05:17de régulation des transports, vous pensez qu'avec la reprise de ces flux par des concurrents
05:22de la SNCF, la tendance va s'inverser à l'avenir ?
05:26Vous évoquez l'année 2023, c'est une année, et tout le monde s'en souvient, marquée
05:30par des grèves.
05:31Des grèves autour de la réforme des retraites, une année noire pour le ferroviaire, alors
05:39que justement le ferroviaire commençait à regagner des parts de marché.
05:42Et c'est pour ça que j'insistais tout à l'heure sur le fait que véritablement, ce
05:46que les clients demandent pour faire transporter leurs marchandises, c'est de la fiabilité.
05:51Et des grèves, c'est leur envoyer un très mauvais signal.
05:54Et si ceux qui aujourd'hui ont recours au ferroviaire, s'ils subissent une grève
05:59qui les empêche de réaliser justement, de livrer, de faire livrer les marchandises,
06:04le lendemain, ils passent à la route.
06:07Ils ne peuvent pas supporter de manque de fiabilité.
06:10Et en dépit de tous les efforts qu'on peut faire pour offrir un bon service.
06:13Et des efforts, y compris financiers, 4 milliards d'euros d'investissement public étaient
06:18dans les tuyaux à l'horizon 2032 pour le fret.
06:20Est-ce qu'ils sont toujours d'actualité, Solène Garcin-Bersaud, et est-ce que vous
06:24en avez besoin ?
06:25Est-ce qu'on en a besoin ? On en a un énorme besoin.
06:29Parce que comme je l'indiquais, il ne suffit pas d'avoir des entreprises compétitives
06:34qui sont mobilisées pour assurer un bon service.
06:36Elles dépendent du réseau sur lequel elles circulent.
06:40Est-ce que vous avez l'assurance que ces 4 milliards d'euros d'investissement seront maintenus ?
06:44On est mobilisés pour travailler sur le plan d'investissement, parce qu'il s'agit
06:48d'investissements pour justement les obtenir.
06:52Le gouvernement a confirmé que ça restait la feuille de route.
06:56Sur ces 4 milliards d'euros d'investissement, il y en a 2 milliards qui sont financés et
07:01on recherche 2 milliards complémentaires pour clore ces financements.
07:07On a parlé du fret, parlons maintenant des voyageurs.
07:11Beaucoup de nouveaux opérateurs traînent l'Italie sur l'axe Paris-Lyon, la Reine-Faie
07:17entre Barcelone et Lyon, entre Madrid et Marseille, le train qui compte ouvrir des
07:22liaisons dans l'ouest de la France en 2027.
07:25Est-ce qu'il y aura d'autres opérateurs ?
07:27Le marché français qui commence à s'ouvrir à la concurrence, il y a déjà des acteurs
07:34connus parce que le train Italia-France circule déjà sur le Paris-Lyon.
07:40Il a déjà su séduire de nombreux voyageurs et faire augmenter le nombre de voyageurs
07:48sur cette ligne, d'attirer de nouveaux clients.
07:50Avec des baisses de prix ?
07:51Avec des baisses de prix, effectivement, c'est un des effets dont on parle beaucoup,
07:56un des effets de la concurrence.
07:58Ce n'est pas le seul, si un des effets de la concurrence, c'est la baisse des prix,
08:03je crois que l'effet principal et l'effet qui est particulièrement important, qui permet
08:07justement de continuer à attirer de nouveaux voyageurs, c'est l'amélioration de la qualité
08:12de service d'une part et puis c'est surtout l'offre.
08:14C'est surtout l'offre.
08:16Et donc, de nouveaux opérateurs à venir ?
08:17Tout à fait, de nouveaux opérateurs à venir, on n'en est qu'au début de l'ouverture
08:21à la concurrence avec déjà des beaux succès sur le terrain.
08:23Mais les ferroviaires, vous savez, c'est des temps longs, ça met du temps à se mettre
08:28en place, c'est bien normal d'ailleurs, on a déjà des premiers exemples et ça a
08:31effectivement vocation à continuer à grandir, à faire grossir l'ensemble du marché ferroviaire
08:40pour justement continuer à attirer de nouveaux voyageurs.
08:44C'est que le début de l'ouverture à la concurrence pour le fret et pour les voyageurs.
08:51Merci beaucoup Solène Garcin-Berson, directrice générale de l'AFRA, l'association française
08:55du rail.
08:56Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
08:58Merci à vous.

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