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La végétalisation des toits lutte contre les catastrophes climatiques telles que les vagues de chaleur et les inondations. Isolation, rideau de fraîcheur, rétention d’eau, autant de raisons qui poussent à la végétalisation des toits, explique Brice Sandra, président de Demet’Air.

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Transcription
00:00Le zoom de ce Smart Impact depuis le forum des projets urbains avec Brice Sandra, bonjour.
00:13Bonjour Thomas.
00:14Bienvenue, vous êtes le fondateur de Déméter, on va parler de végétalisation de la ville.
00:19Vous l'avez créé en 2019 cette entreprise, avec quelle ambition ?
00:23L'ambition c'est d'arriver à atteindre un objectif.
00:26Avec notre système on peut atteindre 80% des toitures végétalisables et existantes.
00:32C'est quoi ce système ? Il y a eu quelques années de recherche et de développement pour mettre au point cette innovation.
00:38Absolument, on est basé sur un système totalement différent de nos confrères,
00:42puisque eux vont travailler sur un substrat à 90% issu du minéral fragmentaire qui va s'écouler,
00:49et nous on va être à 98% matière organique, ce qui nous permet d'obtenir des résultats totalement différents.
00:55Je vais vous avouer, le substrat sur le toit, je ne sais pas ce que c'est, je ne sais pas à quoi ça sert.
01:00Un substrat c'est tout simplement quelque chose qui va être fabriqué par l'homme et qui va avoir les mêmes fonctions que la terre.
01:06D'accord, donc là vous nous proposez de végétaliser les toits, pas seulement les toits, les murs aussi ?
01:12Effectivement, les toits, les murs ou toute zone en transition,
01:16c'est-à-dire quand on n'a pas un budget défini pour réaliser une opération de désimperméabilisation,
01:22et bien on peut mettre en oeuvre des solutions qui vont temporairement atténuer les problématiques liées à l'imperméabilisation.
01:28Alors en quoi ça, je le disais en préparant l'émission, 10 ans de recherche, pourquoi ça a été si compliqué ?
01:33Parce que déjà c'est de la biotechnologie, donc on est sur une efficacité qui est différente et une durabilité.
01:40En fait, le plus gros problème d'une végétalisation quelle qu'elle soit, c'est la pérennité du végétal.
01:45Bien souvent, on observe des gens qui sont déçus, des clients déçus, parce que ça ne marche pas.
01:51Les plantes ne tiennent pas.
01:53C'est ça, tout à fait. Des problématiques aussi liées à l'eau.
01:56Et donc ça a exigé un travail, pas seulement sur le substrat, mais sur l'écosystème présent à l'intérieur.
02:02Quel avantage a votre substrat par rapport à un substrat classique ?
02:07Un substrat conventionnel, classique, va peser entre une tonne et une tonne deux au mètre cube.
02:13Nous allons peser 40 kg au mètre cube.
02:16C'est vertigineux comme écart.
02:18Oui.
02:19Sauf que les structures des bâtiments sont prévues pour supporter la tonne au mètre cube, j'imagine.
02:24Même pas.
02:25En fait, c'est pour ça qu'on a très peu de végétalisation en France, parce que les bâtiments sont généralement anciens
02:30et ne sont pas conçus pour recevoir des charges aussi lourdes.
02:34C'est la principale contrainte.
02:36Le fait d'avoir un substrat qui pèse 40 kg au mètre cube sec permet de végétaliser 80% des toitures existantes.
02:45D'accord.
02:46Il y a certainement des hommes et des femmes qui nous écoutent, qui nous regardent,
02:50qui avaient renoncé à un projet de végétalisation du toit et qui peuvent le faire maintenant, c'est ça ?
02:54Absolument.
02:55D'accord.
02:56Avec quels autres avantages ?
02:58Avoir un toit végétal, de la végétalisation sur son toit, quels avantages ?
03:06Je ne sais pas.
03:07Moi, je vais penser par exemple à un niveau de fraîcheur.
03:09Ça fonctionne, ça ?
03:10Oui, absolument.
03:11Il y a des études qui permettent d'attester entre 1 et 8 degrés à 1,50 m de distance.
03:17C'est un élément.
03:18Mais ce n'est pas seulement ça.
03:19On a aussi un effet sur l'accumulation d'énergie thermique dans la toiture.
03:24C'est-à-dire que le soleil va irradier.
03:26On ne peut pas parler d'isolation puisqu'on ne peut pas faire de tests normés pour donner un résultat à un coefficient R, si vous voyez de quoi je parle.
03:34Donc, on arrive tout de même à avoir une efficacité puisqu'on ne permet pas au soleil d'accumuler son énergie dans la toiture.
03:41Donc, il y a un effet d'isolation, même si on ne peut pas le mesurer.
03:44Il y a un effet de rafraîchissement.
03:46Il y en a d'autres ?
03:47Absolument.
03:48Rétention d'eau.
03:49C'est-à-dire qu'on observe actuellement énormément de problématiques d'inondation liées à l'imperméabilisation.
03:54Chaque mètre carré va permettre, avec notre système, de retenir 36 litres d'eau.
03:59Donc, 36 litres d'eau par mètre carré multiplié par la totalité de la surface des toitures.
04:04Vous imaginez bien que les inondations, il y en aurait beaucoup moins.
04:08Quel végétaux on peut faire pousser sur ces toits ou ces murs végétalisés avec votre substrat ?
04:14Comme on ne travaille pas en dessous de 20 cm, on a un panel qui est assez conséquent.
04:20On peut travailler sur l'ensemble du végétal local puisqu'on ne travaille qu'en végétal local.
04:25Et même, moi, mon rêve, mon utopie, ce serait d'arriver à faire un maximum de toitures maraîchères.
04:31Où on pourrait produire directement son alimentation sur le toit.
04:35Alors, vous en êtes où aujourd'hui ? On l'a dit, l'entreprise a été créée en 2019.
04:39Je crois que la commercialisation, c'est un peu plus récent.
04:42Janvier 2023.
04:43Vous en êtes où ? Vous avez installé vos premiers toits végétaux ?
04:47Absolument, on a installé des toitures.
04:49On est en phase de croissance avec, comme clientèle, principalement des corporate, des grands groupes.
04:55Pourquoi ? Parce qu'ils ont des obligations légales, eux.
04:58La loi climat et résilience leur oblige à végétaliser une grosse partie de leurs toitures.
05:03Étant donné que ce sont des bâtiments industriels, ils n'ont pas été conçus pour recevoir classiquement des toitures conventionnelles.
05:11On parle souvent dans cette émission, depuis quelques semaines, de la directive CSRD de l'Union Européenne, le bilan extra-financier.
05:20Ça peut s'intégrer à un bilan extra-financier ?
05:24Ça va rentrer dans les différentes actions en matière d'environnement ?
05:29On est dans le E de ESG ?
05:31Absolument, et encore plus.
05:33Puisque dans chacune de nos installations, on va intégrer des capteurs
05:37qui vont nous donner des éléments d'efficacité thermique, d'efficacité en matière de captation d'eau, de régulation des eaux de pluie.
05:45On peut aussi, dans certains cas, sur des process industriels, arroser avec des eaux de process, des eaux de résiduels.
05:52Plutôt que de les renvoyer directement à la station d'épuration, on peut réduire ces volumes en profitant à la fois des plantes qui vont dépolluer, la phytorémédiation,
06:01mais également l'évaporation et l'évapotranspiration qui va réduire les volumes d'eau qui seront rejetés au final.
06:06Donc ça, ce n'est pas vous qui le faites ?
06:08Ça suppose d'avoir un travail avec une entreprise qui va proposer un recyclage des eaux usées ?
06:14Alors non, pas du tout.
06:15En fait, on travaille avec la station d'épuration, mais avant d'envoyer à la station d'épuration,
06:19on va monter les eaux dans les toitures, dans les systèmes de végétalisation qui vont agir directement sur ces eaux.
06:25Vous avez des exemples de premières installations ? Où est-ce qu'on peut trouver vos toits végétaux aujourd'hui ?
06:31On en a une qui va s'installer bientôt chez L'Oréal à Paris, Banque Populaire.
06:37On a des négociations avec la BNP aussi, toujours sur Paris.
06:41On a une installation en cours au Luxembourg, des installations également en Belgique.
06:47J'ai vu qu'il y avait aussi une école du côté de Toulouse, c'est ça ?
06:52Absolument, on a réalisé une expérimentation dans le cadre de l'opération Toulouse plus fraîche,
06:57où l'objectif était d'abaisser la température de l'école, d'une salle principale,
07:03parce que l'architecture voulait à cette période d'avoir des murs empavés de verre qui font l'effet de serre
07:11et on se retrouvait avec des températures de 50 degrés l'été à l'intérieur, invivables.
07:16Et alors ça a marché ?
07:17On a réussi, ce n'est pas le seul facteur, mais on a entre 15 et 20 degrés de température de moins derrière le mur végétalisé.
07:26Donc on a toujours une séparation entre le mur végétalisé et le mur de structure,
07:29ce qui sous-entend qu'on n'a pas eu l'adjonction de la chaleur liée au mur de verre.
07:35Ce qui est intéressant dans ce que vous nous expliquez, c'est qu'il y a votre solution et si on l'associe à d'autres,
07:40on peut être encore plus efficace, c'est ça ?
07:42En fait, Déméter, c'est un petit peu un écosystème, c'est-à-dire qu'on n'est pas une solution, on est une solution parmi de nombreuses.
07:48On s'adjoint énormément d'activités, d'entreprises, d'autres startups qui vont elles-mêmes proposer leurs éléments
07:56et on va essayer de trouver un package de solutions qui vont répondre à la problématique.
08:01Ça coûte cher ? C'est quoi le prix au mètre carré ?
08:03Alors ça va dépendre de beaucoup de choses, mais pour une végétalisation, on va compter entre 180 et 120 euros du mètre carré en fonction des végétaux.
08:11À savoir qu'on a la possibilité avec notre système de végétaliser avec un simple gazon,
08:16ce qui permet d'avoir les mêmes efficacités mais un coût réduit.
08:19Et c'est compliqué à installer ? Ça prend du temps ?
08:22Alors ça prend moins de temps qu'une solution conventionnelle. Un ouvrier peut faire 100 mètres carrés par jour.
08:29Ok, merci beaucoup d'être venu nous présenter.
08:33Déméter, voilà notre Smart Impact spécial forum des projets urbains. On continue.

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