Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • il y a 3 jours
60 % des entreprises confient la responsabilité de la durabilité à leur direction générale, mais seules 24 % intègrent des objectifs RSE dans les primes des dirigeants. C’est l’un des principaux résultats d’une étude sur le niveau de maturité des entreprises internationales concernant les sujets de RSE. Elle a été menée par le cabinet Kéa. Quels sont les leviers pour faire progresser ce sujet ? C’est le sujet de ce débat.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:00Le débat de ce Smart Impact, on parle de la maturité des entreprises internationales en matière de RSE avec Stéphanie Najarian, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Bienvenue, vous êtes associée principale chez KEA et présidente de TTA Institute et Franck Amalric, bonjour.
00:21Bonjour.
00:22Sponsor domaine d'excellence chez Square Management.
00:25Pourquoi cette étude sur la maturité des entreprises internationales en matière de RSE ? C'est quoi votre démarche en fait ?
00:32KEA, on a un cabinet de stratégie entreprise à mission, donc déjà le sujet nous intéresse et je pense qu'on partage avec nos bureaux européens l'idée qu'on peut être optimiste par rapport à cette transformation qui est en cours,
00:49mais qu'il faut trouver les bons leviers. Donc on a fait cette étude pour interroger les entreprises sur à la fois l'ambition qu'elles mettaient et comment elles arrivaient ou pas à faire aboutir leur transformation.
01:04Oui, à l'intégrer à leur stratégie. C'est quoi la méthodologie ? Vous avez interrogé un certain nombre de chefs d'entreprise, de cadres ?
01:11On a fait d'abord une partie quanti, donc un questionnaire envoyé à différentes entreprises et ensuite on a pris le temps de faire 50 interviews de dirigeants pour creuser en profondeur et les faire réagir par rapport aux résultats de l'étude.
01:27Franck Amalric, une étude comme celle-là, pourquoi elle peut vous intéresser ? En quoi elle peut être éclairante ?
01:32Je pense qu'il y a eu toute une période où la RSE, c'était quelque chose qu'on mettait à côté du modèle d'affaires pour essayer d'améliorer un peu à la marche.
01:42Et le défi depuis maintenant quelques années, c'est en effet d'intégrer ça dans le modèle d'affaires de l'entreprise et dans sa stratégie.
01:49C'est aussi l'ambition de la CSRD, la Réglementation Européenne, qui était de dire est-ce que votre stratégie, est-ce que votre modèle d'affaires est aligné avec les enjeux qui sont les nôtres,
01:59que ce soit sur le climat, biodiversité, etc. Et une étude comme ça vient renseigner ce qui peut être fait pour arriver à ce graal
02:08qui est véritablement d'intégrer la stratégie de l'entreprise avec ses enjeux environnementaux.
02:11Vous, chez Square Management, vous l'avez senti quand même l'évolution, c'est vrai que ça a été souvent des directeurs ou directrices de la communication et de la RSE,
02:19et maintenant j'en reçois beaucoup moins, et c'est souvent intégré à la stratégie. Vous, vous le ressentez aussi ?
02:24Alors, on ressent beaucoup la volonté d'essayer d'y arriver.
02:29Ce n'est pas toujours la même chose, mais si vous voyez l'évolution dans les entreprises, il y a un indicateur qui est très marquant,
02:38c'est les personnes qui sont responsables de la durabilité. Pendant longtemps, c'était des gens qui avaient fait de la durabilité toute leur vie
02:45et qui étaient très motivés par ça. Aujourd'hui, on trouve beaucoup de directeurs ou de directrices de la RSE ou de la durabilité
02:52qui viennent en fait de la partie business, avec cette idée justement qu'ils apportent une compréhension, disons, plus fine
02:59et une perspective plus importante sur la manière d'intégrer justement la durabilité et le business.
03:04Donc, il y a cette ambition-là. Il y a quand même beaucoup d'entreprises qui cherchent encore leur voie,
03:09et donc une étude comme ça va être très intéressante pour dire justement quels sont les leviers, comment est-ce qu'on y arrive ou non.
03:13Stéphanie ?
03:14On a regardé d'ailleurs où est-ce qu'était positionnée la fonction RSE dans les entreprises.
03:20Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit à 60%, c'est un N-1 du DG ou un N-2.
03:26Par contre, est-ce qu'en termes de localisation, est-ce qu'il y a des schémas qui commencent à émerger ?
03:32Honnêtement, non. En fait, on voit une fonction RSE qui peut être soit stand-alone, soit intégrée à une fonction innovation,
03:39une fonction RH, une fonction financière. Il y a un peu tous les cas de figure encore.
03:42Il y a un peu tous les cas de figure. On ne voit pas encore, même quand on essaye de croiser avec des secteurs,
03:47on ne voit pas encore de schéma vraiment se dessiner, en tout cas de tendance se dessiner.
03:53Oui. Alors, on va donner pas mal de chiffres de résultats.
03:56Je vais essayer.
03:57Vous et moi, on va essayer de s'y mettre, s'y coller à deux.
04:00Par exemple, j'ai trouvé ça, 24% seulement des entreprises intègrent des objectifs RSE dans les primes des dirigeants.
04:07Alors, on parle d'argent tout de suite, mais est-ce que c'est un levier de modification et puis d'intégration de la durabilité à la stratégie ?
04:15Moi, je crois, et je le vis avec nos clients, c'est certainement un des leviers les plus forts et les plus puissants.
04:21Donc, ce chiffre, il y a deux manières de le voir. On peut un peu quelque part se la monter de ce mouvement.
04:28Au contraire, pour moi, alors chez Kea, vous le savez, on est très optimiste, on est des optimistes de qu'on va.
04:33Pour moi, c'est plutôt une raison d'aspérer, en fait.
04:37Parce qu'il y a de la marge ?
04:38Parce qu'il y a de la marge, exactement. C'est certainement, on le sait, un des leviers les plus puissants.
04:43Donc, 24%, ça nous montre qu'il y a encore 75% des entreprises sur lesquelles on peut progresser.
04:49Est-ce que déjà, on aurait pu commencer par là, Franck Amalric, est-ce qu'on peut définir la RSE ?
04:55Est-ce que tout le monde la définit de la même façon ?
04:57Si vous voulez, il y a la RSE...
05:02Est-ce que je veux dire responsabilité sociale, sociétale ?
05:04Oui, oui, oui. Non, il y a eu beaucoup de définitions différentes.
05:07Et puis, il y a eu un moment au début des années 90, c'est le début de la mondialisation économique.
05:13Les chaînes de valeur s'allongent, d'approvisionnement.
05:17Il y a le déplacement, tout le processus d'installation d'usines, d'endrévilles.
05:21Et donc, à ce moment-là, la grande question qui se pose, c'est de savoir, est-ce que je peux m'assurer que la manière dont les produits sont produits dans un pays lointain...
05:31Je maîtrise ma chaîne de valeur.
05:32Voilà. Est-ce que ça va respecter un certain nombre de minimums de critères dans le droit du travail, dans l'environnement, etc.
05:39Et donc, il y a une sorte de volonté, dans ces années-là de mondialisation économique, de civiliser, si je puis dire, le capitalisme,
05:46et de s'assurer qu'il y a un minimum de respect des parties prenantes.
05:50On parle beaucoup de parties prenantes, toujours.
05:51Et puis, il y a un autre processus, qui est ce processus de la durabilité et de ces enjeux de transformation de nos économies pour les rendre plus durables.
06:02Et là, on parle plus d'impact positif.
06:04Et là, on parle plus d'impact positif.
06:05On peut appeler notre émission Smart Impact avec un plus à côté.
06:07Et de contribution à la transition.
06:09Et alors, quelquefois, on dit, si on respecte les parties prenantes, on va aussi contribuer à la transition.
06:13C'est quand même deux sujets assez distincts qu'il faut traiter de manière distincte.
06:19Et qui, aujourd'hui, c'est encore un peu tout ça, un peu mélangé.
06:22Sur la réglementation, Stéphanie Nadjarian, quel rôle elles jouent ?
06:30Est-ce que les entreprises, finalement, font de la RSE parce que la réglementation les y oblige ?
06:36Ou est-ce que ça va plus loin ?
06:37Deux manières de répondre à votre question.
06:40La première, quand on demande aux entreprises pourquoi elles se mettent en mouvement, dans les facteurs exogènes, le premier point qui ressort à date, c'est la réputation.
06:51Et pas la réglementation.
06:52Je trouve que c'est intéressant.
06:53Et d'ailleurs, on le voit dans l'étude, les secteurs qui semblent, en tout cas qui déclarent se mettre le plus en mouvement, c'est plutôt les secteurs qui sont directement face aux clients.
07:03Donc la réputation, c'est le premier moteur.
07:08Le deuxième, c'est la partie réglementation.
07:10Après, deuxième manière de répondre à votre question, c'est finalement, au travers de l'étude, on arrive à caractériser trois archétypes d'entreprises.
07:18Avec trois niveaux d'ambition.
07:21Les premières, c'est celles qui sont purpose driven.
07:26Les secondes, celles qui le font en se disant, je vais en faire un atout compétitif.
07:31Et puis les troisièmes, c'est celles qui le font pour les raisons de compliance.
07:34Et ça reste quand même la majorité des entreprises qui le font pour la partie compliance.
07:39Avec quand même, puisqu'on parle de réglementation, vous évoquiez la directive CSRD, le bilan extra-financier.
07:47On est plutôt dans un moment de, on va dire, de frein ou de recul d'ambition.
07:54Voilà, la réglementation omnibus qu'on attend, on va voir à quel niveau de recul d'ambition on sera.
07:59Mais est-ce que ça veut dire que le mouvement, parce qu'une entreprise, en général, quand elle prend un virage stratégique, elle ne le prend pas pour six mois.
08:07Donc est-ce que vous craignez qu'il y ait moins d'entreprises qui s'y mettent, puisqu'il y a un climat général, on va dire, de vent contraire ?
08:16Je ne pense pas que la CSRD, en tant que telle, soit la chose la plus importante.
08:21La CSRD, c'est une obligation de reporting, ce n'est pas une obligation de faire.
08:25Les entreprises disent, bon, voilà, je pense que là où ça va se jouer, c'est autour du Green Deal, enfin, si on parle de l'Europe.
08:32Et en fait, est-ce que la volonté européenne de transformer nos économies pour les rendre durables, et qui supposait des transformations colossales ?
08:41Colossale, c'est le mot de la Commission européenne quand elle présente le pacte vert.
08:44Elle dit, ça va, voilà.
08:46Et ça, si cette volonté de transformer les économies reste là...
08:50Avec le fléchage de l'argent...
08:53Avec le fléchage de l'argent, avec des réglementations secteur par secteur, sur les transports, etc.
09:00Si ça, ça reste là, et bien, pour des raisons d'adaptation et de compétitivité, les entreprises vont être obligées de se positionner par rapport à ça.
09:07Et donc, c'est en fait, la question clé, c'est le projet politique d'ensemble.
09:11Est-ce que l'Europe maintient son projet politique de se décarboner, de découpler son activité économique de l'utilisation des ressources,
09:19de s'assurer que tout le monde va rester inclus dans le processus ?
09:23Si ça, ça maintient les entreprises...
09:25Je pense que ça, c'est plus important qu'à la CSRD, en tant que telle.
09:27Et oui, allez-y.
09:30Hier est sortie une étude de la Fondation Jean Jaurès,
09:34qui montre que, en fait, les Français, à l'heure actuelle,
09:38considèrent l'entreprise comme un des remparts par rapport à toute l'adversité qui est en train de se jouer.
09:46On a eu le Covid, la guerre de l'Ukraine, maintenant les contextes géopolitiques.
09:50Donc, je trouve que cette question, à nouveau, on sait très bien qu'en France,
09:53on a la chance d'avoir la loi Pacte qui pose le statut de l'entreprise à mission.
09:59Mais je pense qu'en ce moment, l'entreprise n'a jamais été aussi politique
10:04et que c'est une attente, en fait, des Français.
10:08Je suis d'accord avec vous, mais votre étude, elle parle de la maturité des entreprises internationales,
10:12donc qui font du business aux États-Unis, avec un...
10:15Ça durera peut-être que 4 ans, peut-être même que 2 ans,
10:18on verra ce que donnent les élections de mi-mandat.
10:19Mais j'imagine que quand on fait beaucoup de business aux États-Unis,
10:22peut-être que les enjeux RSE passent un peu à la trappe.
10:25Voir, il faut respecter les injonctions d'un président qui dit
10:29moins de diversité dans votre entreprise.
10:31Ah mais c'est le moment où il ne faut pas lâcher.
10:33On le sait très bien.
10:35Enfin, l'étude, on l'a faite avant.
10:39Avant.
10:40Donc, je n'ai pas de capacité à vous donner des chiffres qui illustrent ça.
10:44Après, je pense que ce qui se joue en ce moment, c'est notre capacité,
10:48nous, patrons d'entreprise, à défendre un modèle économique
10:53et un modèle de capitalisme européen.
10:54Donc, oui, la dimension politique, elle est omniprésente.
10:59Ce qui est intéressant à nouveau, c'est que...
11:01Dernier mot sur l'étude.
11:02Au travers de l'étude, mine de rien,
11:05ceux qui déclarent se mettre le plus en mouvement,
11:07c'est bien ceux qui ont affiché l'ambition la plus forte.
11:09Alors, ça semble logique, facile à dire,
11:12mais c'est quand même rassurant de montrer qu'il y a corrélation.
11:16Merci beaucoup.
11:17Merci à tous les deux et à bientôt sur Be Smart for Change.
11:20On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

Recommandations