• il y a 3 mois
"Les parents africains, pour la plupart, détournent les enfants de leurs rêves.”

🇧🇯 Emmanuel Tonetin, aujourd'hui photographe de spectacle, a surmonté un parcours scolaire difficile dû à sa modeste origine. Il incarne la preuve qu'échouer aux études n'empêche pas de réussir sa passion. Pour Brut, il raconte son histoire.
Transcription
00:00Les parents africains, pour la plupart, détournent les enfants de leur rêve.
00:04Pour eux, il faut que les enfants aillent dans le domaine où ils n'ont pas pu aller ou essayer.
00:11Mais mon père me l'a dit, il voulait que j'aille apprendre le rebobinage.
00:16Genre, je vais réparer les ventilateurs, des trucs comme ça, quoi, tu vois.
00:21Hello Brut, bonjour, bienvenue dans mon univers.
00:30J'ai commencé ce métier depuis 2013, où je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de photos professionnelles.
00:37Non seulement pour les créateurs, encore moins de photos professionnelles,
00:41des spectacles qui sont diffusés dans nos espaces.
00:46Alors je m'étais dit, pourquoi ne pas m'investir dans la photographie du spectacle.
00:51L'idée est venue comme ça et puis voilà, je me suis lancé dans cette aventure.
00:56Heureusement que je ne suis pas allé à l'école.
00:58Bon, je suis allé à l'école.
01:00Je suis allé à l'école, j'ai fait de CI au CM2.
01:03J'ai eu la chance d'échouer brillamment à mon CEP, je ne m'en veux pas, je ne regrette pas
01:09d'avoir échoué.
01:11La raison de cet échec est liée vraiment au fait que je viens d'une famille vraiment pauvre.
01:18Quand je dis vraiment pauvre, c'est une famille où aujourd'hui on se demande si demain on va manger.
01:25Et moi, entre les cours, je devais aller faire des petits commerces et j'ai demandé d'aller en apprentissage.
01:32Alors je me rappelle très, très bien mon père qui me dit, tu veux apprendre quel métier?
01:36J'ai dit à mon père, je veux faire de la photographie.
01:38Mon père m'a dit, ah non, pas question, ça c'est pour aller manger de l'acacia et du poisson sur les enterrements.
01:44Ça ne sera pas de mon vivant.
01:45Tu ne feras pas la photographie.
01:47À l'époque où je faisais des petits jobs, je tenais une cabine téléphonique.
01:52Alors il y a un monsieur qui s'appelle Claude Azonci pour qui je travaillais dans une cabine.
01:58Et j'allais faire ce job pour lui et il me payait au quotidien et tout.
02:02Et comme lui, il est électricien bâtiment, je me suis dit, tiens, tiens, grand frère, je vais bien apprendre ce métier-là.
02:08C'est comme ça que je me suis retrouvé en apprentissage à l'électricité, dans l'électricité bâtiment.
02:14Je n'encourage pas les gens à ne pas étudier, absolument pas, non, du tout pas.
02:19Mais moi, je dis que c'est une chance pour moi.
02:21Au lieu de me culpabiliser, au lieu d'être triste, au lieu de trouver des raisons pour ne pas atteindre mes objectifs.
02:29Je prends ça comme une opportunité que la vie m'a donnée et je fonce, je fonce.
02:35Aujourd'hui, c'est vrai qu'avec mon niveau d'études qui ne s'est pas soldé avec de grands diplômes,
02:43j'ai eu la chance de faire des choses extraordinaires, d'être associé à de grands projets.
02:47J'ai la chance de participer à plein de choses.
02:51Et je le dis toujours avec une grande fierté que c'est avec ce niveau que j'ai eu la chance d'avoir été consultant
03:00en communication et relations presse à l'Institut français du Bénin pendant deux ans.
03:05Ça, c'est le plus dur.
03:06Une chose est de faire les photos, l'autre chose est de passer du temps à faire le tri.
03:12Je ne retouche pas beaucoup mes photos, je ne les retouche pas beaucoup.
03:16J'ajuste la lumière parce que parfois, sur les spectacles, quand tu as fini de faire ton réglage,
03:23tu es en train de filmer puisque tu ne connaissais pas le spectacle, tu ne connais pas la régie, la lumière.
03:28Je ne travaille pas, je ne travaille pas, je ne fais pas ce métier
03:32comme les personnes qui ont un job qui les stressent, non.
03:36Moi, ce métier, c'est du jeu pour moi, je m'amuse.
03:41Et c'est stressant, c'est stressant surtout quand vous allez sur des spectacles
03:47et qu'il y a très, très, très, très, très, très peu de lumière.
03:51Là, on se rend compte que ce qu'on appelle jeu, ce qu'on appelle amusement,
03:56est devenu toute autre chose.
03:58Le challenge, c'est de ne pas donner un rendu que tout le monde peut avoir,
04:04mais plutôt de sortir quelque chose qui peut amener,
04:07même l'artiste qui était sur la scène, de se poser la question « C'était quand ? »

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