🇧🇯 "Je me sers du corps comme medium pour pouvoir faire passer des messages, pour pouvoir communiquer."
C'est en regardant le film Black Panther que Lionel Attere s'est mis à la peinture corporelle. Depuis, l'artiste réalise des créations uniques, et éphémères.
Brut est allé à sa rencontre.
C'est en regardant le film Black Panther que Lionel Attere s'est mis à la peinture corporelle. Depuis, l'artiste réalise des créations uniques, et éphémères.
Brut est allé à sa rencontre.
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00:00C'est généralement ici que je travaille et je suis avec un de mes membres d'alcalde et vous aurez l'occasion de voir comment ça se passe les peintures corporelles.
00:10Bonjour Brut, on y va ou quoi ?
00:12On y va !
00:14Hello Brut, je suis Lionel Ogujo-Biatere, bienvenue chez moi à la maison et en même temps dans mon atelier.
00:20Et je suis Lionel Ogujo-Biatere, c'est mon atelier.
00:29Depuis combien de temps que vous travaillez ici ?
00:33Depuis 4 à 5 ans. Ce qui est intéressant dans ça, c'est que je ne connaissais même pas ce style de peinture corporelle à la base.
00:41C'est après avoir regardé le film Black Panther de Raikanda que j'ai découvert la peinture corporelle dedans, la peinture ethnique.
00:48Ça m'a inspiré, j'ai voulu réaliser justement une peinture du genre pour faire un shooting
00:52avec Eric Caronneau, qui est un photographe qu'on ne présente plus au Bénin, et donc
00:56c'est après ça que j'ai découvert justement les peintures corporelles qui étaient réalisées
01:00par nos ancêtres et j'ai eu envie de développer justement ces peintures corporelles et de
01:05les révéler au grand jour.
01:06La peinture corporelle pour moi c'est une forme d'expression, c'est à travers, c'est
01:12un peu comme un médium, je me sers du corps comme médium pour pouvoir faire passer des
01:16messages, pour pouvoir communiquer.
01:18Parfois quand je travaille avec des modèles, parfois c'est des modèles qui n'assument
01:23peut-être pas leur corps à la base, ou même, s'ils assument leur corps à la base, ils
01:28se disent est-ce qu'on va pas être jugé, est-ce qu'on va pas peut-être trouver un
01:31défaut sur le corps, alors que normalement non, parce qu'il y a un travail à faire
01:36sur le corps, il y a une idée derrière, une démarche derrière, mais en même temps,
01:40au final il y a ce côté esthétique qui ressort du travail, et donc ça fait que, après
01:45quand on finit, puisque je fais également les photos des peintures corporelles moi-même,
01:49donc quand on finit, et que je shoot une fois, deux fois les photos, et que les modèles
01:54commencent par regarder, ils se rendent compte qu'il y a quelque chose de beau qui ressort
02:00du travail, de tout le travail qui a été fait, donc il y a en même temps une fierté,
02:05une prise de conscience de la beauté de leur corps, et même dans la manière de poser
02:11après, ça se ressent, tu vois, qu'elles sont beaucoup plus confiantes, elles se lâchent
02:15beaucoup plus, et ça je pense que c'est assez thérapeutique même pour le modèle,
02:21parce qu'il y a une reprise de confiance.
02:23Et l'expérience a prouvé que pas trop je suis quand je suis là, en même temps les
02:26gens voient, ils disent « ah, on a envie de faire de la peinture corporelle », parce
02:30que c'est devenu un peu comme une référence, quand je suis quelque part, tout le monde
02:34a envie de faire de la peinture corporelle, on se dit « ah ça c'est le gars de la peinture
02:39corporelle, ça ».
02:40Quand je peins sur les modèles, on discute, parfois il arrive que des modèles se confient
02:43à moi, que les modèles qu'elles ouillent, qu'ils aient des soucis, des difficultés,
02:49qu'ils en parlent, et pendant que je peins sur eux, je pense que ça les apaise un peu,
02:54et ça leur permet de se libérer, donc il y a aussi ce côté qui est très intéressant
02:57dans le travail, que beaucoup ne connaissent pas, et que ce serait intéressant.
03:02En même temps, le psychologue c'est assez ébarrant, mais c'est le cas, et même moi
03:08des fois j'échange avec les modèles, et parfois en échangeant on apprend quelque
03:12chose de nouveau, et c'est aussi ça qui est intéressant.
03:15En même temps, je pense que ce médium est très intéressant parce que ça attire l'attention,
03:20plus j'attire l'attention, plus le message est passé.
03:23Et aussi ça me permet de garder une certaine connexion avec mes ancêtres, avec mes origines,
03:30et de mettre la lumière justement sur la culture Yoruba dont je suis originaire.
03:36C'est quoi le rapport entre la culture Yoruba et la peinture dans ton cas ?
03:41Il y a déjà le côté du style de la technique qui vient d'une pratique Yoruba, des femmes Yoruba.
03:49Et moi je trouve un lien entre cette technique et mon travail sur le corps aujourd'hui,
03:55parce que moi je laisse le corps faire apparaître les différentes représentations et les différents
04:02messages que je veux passer.
04:03Donc il y a un contraste entre le corps et la peinture et qui crée un lien entre ces
04:06différentes techniques, ces deux techniques.
04:09Souvent dans mes travaux, j'utilise de la peinture blanche.
04:11C'est assez symbolique pour moi, cela vient de la divinité de la création, ou de ne pas
04:15dire la divinité de la créativité, Obatala, dont la couleur est blanche.
04:21Et donc j'utilise souvent cette couleur pour pouvoir créer un lien avec la divinité de
04:27la créativité et mon travail, puisque mon travail est un travail créatif aussi.
04:33L'idée ici c'est de parler de l'héritage, parce que dans les archives, il y a beaucoup
04:38de documents, il y a un héritage qui nous a été laissé, un héritage aussi bien culturel
04:44que culturel.
04:45Et donc l'idée c'est de montrer justement comment l'héritage se transmet.