• la semaine dernière

Category

🗞
News
Transcription
00:00Zéro émission, bonjour François Jemmene !
00:02Bonjour Adrien !
00:03Et alors que la COP29 en Azerbaïdjan se referme, vous nous parlez d'un sondage mondial, François, sur la perception du changement climatique.
00:12Et oui Adrien, parce que la COP29, elle rassemble le monde entier, sauf que le monde, il est représenté à la COP par ses gouvernements.
00:19Et que si on veut comprendre les positions des gouvernements, il est quand même utile de se pencher sur l'état de l'opinion publique dans les différents pays.
00:26Même si évidemment, tous les gouvernements représentés à la COP ne sont pas des gouvernements démocratiques, loin de là.
00:31Et donc, c'est tout l'intérêt du sondage annuel de l'Observatoire International Climat et Opinion Publique, qui est commandé par EDF à Ipsos chaque année.
00:40Parce que c'est un sondage réalisé dans 30 pays, sur un échantillon de 23 500 personnes, qui sont interrogées en ligne, sélectionnées sur la méthode des quotas.
00:48Et donc, ce qui est vraiment intéressant, c'est que cet échantillon, il couvre les deux tiers de la population mondiale.
00:54Et donc, il permet de comparer l'opinion des Français à celle des autres pays, et aussi leur évolution dans le temps.
00:59Et alors, qu'est-ce qu'il nous dit ce sondage, François ?
01:01Eh bien, Adrien, le premier renseignement de ce sondage, c'est que les gens sont de moins en moins inquiets du changement climatique.
01:06Ils étaient 35% à se dire très préoccupés en 2022, ils ne sont plus que 29% en 2024.
01:13Et donc, pour la première fois, il y a en France davantage de gens qui s'en fichent, 30%, que de gens qui sont très préoccupés.
01:20Alors, dans le reste du monde, ils sont 40% par contre à se dire très préoccupés, c'est 11 points de plus qu'en France.
01:27Et de façon intéressante, en France, c'est surtout parmi les électeurs de gauche qu'on voit la chute de la préoccupation.
01:33Curieusement, chez les électeurs des Républicains, contre-intuitivement, à l'inverse, elle va augmenter.
01:38Ah oui, effectivement.
01:39Et logiquement, en France comme dans le monde, la priorité environnementale recule.
01:44Et donc, évidemment, c'est compliqué de demander ensuite au gouvernement d'agir davantage.
01:50Alors que pourtant, 7 personnes sur 10, en France comme dans le monde, estiment que c'est au gouvernement d'agir en premier.
01:56Et donc, on n'est pas sortis de l'auberge.
01:57Alors, est-ce que ça veut dire, François, qu'il faut faire un lien avec la montée d'une forme de déni climatique,
02:02du climato-scepticisme qu'on voit, par ailleurs, monter dans d'autres sondages ?
02:06Alors, pas seulement. Ce sondage le montre également.
02:09Également, le déni climatique reste important en France, mais pas forcément davantage que dans le reste du monde.
02:14Dans le monde comme en France, on a 10% d'irréductibles qui pensent que le changement climatique n'existe tout simplement pas.
02:21C'est un chiffre qui est légèrement supérieur au nombre de gens qui pensent que la Terre est plate.
02:25Mais on a surtout un gros quart de la population mondiale qui pense que le changement climatique n'est pas lié aux activités humaines.
02:31Or, Adrien, il faut le rappeler, encore et encore, au risque d'être un peu répétitif, le dernier rapport du GIEC est formel.
02:38Le changement climatique actuel, il est intégralement dû aux activités humaines à 100%.
02:44Et ça n'empêchera évidemment pas certains politiques, en France comme ailleurs, de prétendre le contraire sur des plateaux de télévision.
02:50Mais il est bien connu que ces politiques ont fait des études très poussées en climatologie
02:54qui leur permettent de contredire avec aplomb le travail de l'ensemble de la communauté scientifique mondiale.
02:58Alors, j'entends votre sarcasme, François. Est-ce qu'il y a néanmoins des pays où c'est plus marqué que d'autres ?
03:03Alors oui, il y a des différences notables entre pays. Aux États-Unis, par exemple, ce sont 44% de la population qui sont dans le déni.
03:10Et à l'inverse, ils ne sont qu'un quart au Brésil, au Mexique, en Turquie ou en Corée du Sud.
03:15Mais, curieusement, c'est sur la voiture électrique que le contraste est encore le plus stupéfiant.
03:20Seuls 18% des Français, Adrien, pensent que la voiture électrique est meilleure pour le climat que la voiture à essence,
03:26contre 34%, c'est-à-dire à peu près le double de la population mondiale.
03:31Et donc, qu'importe que toutes les études sur le sujet montrent que le bilan carbone du cycle de vie d'une voiture électrique
03:37soit 2 à 6 fois meilleur que celui d'une voiture thermique, ça ne vaut pas une bonne vidéo sur Youtube d'un chercheur indépendant qui dira le contraire.
03:44Décidément, vous êtes plus que taquin ce matin, François. Maintenant qu'on a posé le constat, que faire ?
03:49Et bien d'abord, Adrien, 40% des Français, figurez-vous, considèrent que c'est déjà trop tard, que quoi qu'on fasse, il n'y a plus rien à faire.
03:56Et 22% estiment d'ailleurs qu'ils vont devoir changer de lieu d'habitation dans les 10 prochaines années à cause du changement climatique.
04:03Et on s'en poindre ici, il faut le dire, une certaine forme de résignation, même si ça reste majoritaire,
04:09les Français sont de moins en moins prêts à changer leur mode de vie et ils comptent de plus en plus sur le progrès technologique.
04:15Et l'acceptabilité des politiques publiques, elle reste variable, avec non moins une constante, un rejet très fort des politiques fiscales.
04:22Donc tout ça n'est pas très engageant, parce qu'on va avoir besoin de tout ça,
04:27mais je crois que ça doit surtout nous donner à réfléchir sur les stratégies de communication et d'engagement sur le climat,
04:32parce que là aussi, il y a encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire.
04:35Merci à vous François Jemen, zéro émission.

Recommandations