Le journaliste Judikael Hirel raconte l’agression qu’il a vécu dans un métro : «Quand on devient victime d’une agression on passe de l’autre côté du miroir. Les agents RATP ne peuvent pas faire grand chose. (…) Les caméras c’est bien mais ça ne décourage pas.»
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00:00C'est un peu compliqué, mais quand on est un victime d'agression,
00:02on passe de l'autre côté du miroir, c'est un peu comme dans
00:04Lice au Pays des Merveilles, mais au moins joyeux.
00:06Et il faut reconnaître que les agents de la RATP
00:09ne peuvent pas faire grand-chose, ils n'ont pas beaucoup le droit
00:11de faire grand-chose, ce sont des agents, ce ne sont pas des policiers,
00:13ce ne sont pas des gendarmes, et c'est assez limité
00:15l'intervention qu'ils peuvent faire, et je crois qu'ils peuvent juste
00:17conserver peut-être des agresseurs jusqu'à ce que la police arrive.
00:21Donc c'est vraiment complexe, parce que là j'entendais
00:23que le plan proposait de mettre plus de caméras,
00:25mais c'est bien, mais les caméras ça ne décourage personne en fait,
00:28j'ai pu le constater, et en plus généralement les images
00:31ne sont pas conservées très longtemps, donc si on n'est pas en état
00:33de les réclamer en portant plainte, les images de toute façon sont détruites.
00:37Non, l'espèce, le type, il n'apparaissait pas sur les caméras,
00:39j'imagine, puisque vous n'avez pas réussi à le rencontrer.
00:41Il apparaissait sur les caméras, et moi aussi, journaliste et juriste,
00:45j'ai porté plainte assez tôt pour demander la réquisition des images,
00:48mais en soi ça n'a servi à rien, mais bien souvent les images
00:52sont supprimées au bout de deux ou trois jours à la RATP.
00:54Donc si vous n'avez pas la capacité, si vous n'êtes pas en état
00:56d'aller les réclamer, ces images finissent détruites.
00:59Ce n'est pas toujours une perte de chance, on va dire,
01:00pour les personnes qui se sont faites agresser,
01:02mais c'est dommage de ne pas les garder systématiquement
01:04quand un agent de la RATP constate une agression,
01:07parce que dans mon cas l'agression a été constatée,
01:09la police, les gens, les pompiers, la RATP étaient là,
01:12mais on prend vos coordonnées et puis après vous n'avez plus aucune nouvelle.
01:15C'est un peu le souci de la RATP en aval,
01:17que j'avais voulu souligner sous cet ouvrage,
01:18c'est qu'une fois que vous avez été agressé,
01:20vous n'avez plus jamais aucune nouvelle de la RATP
01:22pour savoir si vous allez bien, si vous vous en portez plainte,
01:24besoin d'un psy, quelque chose.
01:25Mais en amont, c'est plus compliqué,
01:27parce que ce qui découragerait vraiment,
01:28et on l'a bien vu pendant les Jeux Olympiques,
01:30c'est la présence, c'est les uniformes, c'est des policiers,
01:33dont des budgets que nous n'avons pas, a priori.
01:37J'ai une dernière question.
01:38Est-ce que vous avez été choqué d'imaginer que personne
01:42n'a volé à votre secours ?
01:43Alors je ne sais pas, peut-être que l'heure était tardive,
01:45qu'il n'y avait pas grand monde, mais vous avez eu,
01:47j'ai l'impression, quand même 15 fractures dans le crâne.
01:49Ça veut dire qu'il y avait d'autres hommes dans cette rame,
01:52ou sur ce quai de métro, je ne sais pas où s'est intervenue l'agression,
01:55mais personne n'est venu en soutien.
01:59Vous avez entièrement raison.
02:00C'est exactement ce qui m'a énervé, ce qui m'a incité à écrire un livre,
02:02c'est que quand je suis intervenu pour l'épreuve de cette jeune femme,
02:04personne n'est intervenu.
02:06Tout le monde est parti rentrer chez lui, finir sa journée de travail.
02:09Et quand j'ai été agressé, mis à part cette jeune femme,
02:11personne n'est intervenu.
02:12Alors évidemment, intervenir, on peut avoir peur.
02:14De plus en plus, ces gens, maintenant, sont armés.
02:16Donc la crainte d'un coup de couteau se rajoute à la crainte d'un mauvais coup.
02:20Simplement, si personne n'intervient ou si une seule personne intervient,
02:22cette personne se met effectivement en danger.
02:24Alors que si plusieurs personnes interviennent, ça décourage,
02:27même sans avoir à se battre, puisque le but n'est pas de se battre,
02:30mais simplement de montrer que des gens réagissent
02:32et décourager ces agresseurs qui, bien souvent, ne sont pas très courageux
02:35et vont préférer partir si on leur a gâché leur amusement du moment.