Elue députée depuis 2022, Ersilia Soudais s'est fait remarquer dans l'hémicycle par ses prises de position clivantes, que ce soit pour défendre la cause palestinienne ou combattre l'extrême droite. Celle qui a grandi dans une famille où la politique occupait une grande place, a d'abord été professeure de français dans la banlieue parisienne avant de s'engager, à corps perdu, en politique. Députée de la 7 ème circonscription de Seine-et-Marne, elle siège au sein du groupe La France insoumise à l'Assemblée.
Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
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NewsTranscription
00:00C'est une députée qui ne laisse pas indifférent.
00:03Ses prises de position ont tendance à cliver,
00:05pour défendre la cause palestinienne
00:08ou pour combattre l'extrême droite.
00:10Elle siège au sein du groupe La France insoumise à l'Assemblée.
00:13Musique intrigante
00:16...
00:26Bonjour, Ercilia Soudé.
00:28Le débat sur la réforme des retraites a un peu enflammé l'hémicycle.
00:32Il y a eu des échanges très tendus.
00:34Voici un extrait d'une de vos prises de parole à cette occasion.
00:39Chers collègues, êtes-vous orgueilleux
00:41ou êtes-vous des monstres ?
00:43Votre modèle du travailleur idéal, c'est Stakhanov,
00:46cette allégorie du sacrifice personnel
00:49et de l'émulation entre travailleurs.
00:51Relisez la ferme des animaux.
00:52Stakhanov est mort comme un chien.
00:54Bref, la vie ne se résume pas au travail
00:57sous prétexte qu'il faut travailler pour vivre,
00:59alors que le plus important dans la vie, c'est de vivre.
01:02Dans cet hémicycle, des parlementaires
01:05ont été élus par les Français.
01:06Il n'y a pas de monstres.
01:08Acclamations
01:10...
01:13Ce qui m'a marqué dans cet extrait,
01:15c'est d'abord la dernière image de vous, hors micro.
01:18On vous sent presque submergés par vos émotions.
01:21Est-ce qu'on peut faire de la politique
01:23en se laissant porter
01:24ou en se laissant emporter par ces émotions ?
01:27Je pense qu'il est important de garder ces émotions,
01:30en fait, quand on fait de la politique.
01:33Sinon, on ne peut pas faire de la politique
01:35de façon sincère.
01:36Après, bien entendu, il faut faire quelque chose
01:39de ses émotions.
01:40On ne peut pas être porté par la colère,
01:43il faut transformer cette colère.
01:45Je pense que c'est ce que j'ai appris à faire,
01:47progressivement, transformer cette colère.
01:50Ce jour-là, est-ce que ça allait trop loin pour vous ?
01:53Qu'est-ce qui s'est passé, exactement ?
01:55Il y avait, certes, la violence du débat en lui-même, déjà,
02:00et il y avait la violence aussi
02:02des députés qui m'entouraient
02:05pendant ma prise de parole.
02:08Pendant que je parlais,
02:09je ne sais pas si vous avez remarqué,
02:11ma voix, progressivement, je suis obligée de changer de ton.
02:14Je descends d'un coup d'un d'octave.
02:17Ma voix était complètement couverte
02:19par le brouhaha des députés de droite et d'extrême-droite.
02:23Sur le fond, vous employez des mots...
02:25Vous vous placez dans le camp de la justice et de la vertu,
02:28face à ce que vous qualifiez de société immonde
02:31de vos adversaires, et vous vous interrogez
02:33sur leur monstruosité.
02:35Quand on entend ces mots que vous employez,
02:37ça donne l'impression qu'il y a le camp du bien et le camp du mal,
02:41celui de vos adversaires.
02:43Est-ce qu'on peut débattre dans ces conditions-là ?
02:45Je pense qu'on peut débattre, mais cela dit que l'hémicycle
02:49n'est pas le lieu le plus propice au débat.
02:51Cette violence, je l'ai ressentie dès ma première prise de parole.
02:55Vous en montrez une, mais dès ma première prise de parole,
02:58j'ai ressenti beaucoup de violence.
03:01J'ai senti qu'on m'estimait, que je n'étais pas là à ma place.
03:04Du fait que j'étais une femme, que j'étais de gauche,
03:09que j'avais une voix aiguë, etc.,
03:11j'étais perçue comme quelqu'un qui n'avait pas à être là,
03:15qui n'avait pas à prendre la parole.
03:17Je tiens vraiment à souligner ça.
03:19C'est vraiment une extrême violence
03:22que de prendre la parole dans l'hémicycle
03:24quand on est une femme comme moi.
03:27On va remonter un peu le fil de vos engagements.
03:29Votre premier engagement était syndical.
03:32A l'époque, vous étiez enseignante dans un collège HL,
03:35je crois, prof de français,
03:37et vous êtes mobilisée contre la réforme
03:39des zones d'éducation prioritaires.
03:41Vous avez été prise en photo
03:43par une journaliste de Franceinfo.fr à l'époque.
03:46C'est votre rejet du bilan de François Hollande,
03:48qui vous a politisé, qui vous a amenée à vous engager.
03:51-"Politisé", je ne dirais pas cela,
03:53car je suis politisée depuis mon plus jeune âge,
03:56mais c'est ce qui m'a fait franchir le pas de l'engagement.
04:00C'est-à-dire... Quoique, à l'origine,
04:03mon métier de professeur, je l'ai choisi aussi par engagement,
04:06mais je me suis rendue compte que ça ne suffisait pas.
04:10Et en fait, voilà, il y a pas mal de lois
04:13sous le quinquennat Hollande qui m'ont choquée,
04:16qui m'ont mise en colère.
04:18Il y a eu la réforme des collèges,
04:20la déchéance de nationalité, la loi travail...
04:24Et en fait, je me suis dit que...
04:26Certes, je n'attendais pas grand-chose
04:28de François Hollande, mais je ne pensais pas
04:31que ce serait aussi terrible.
04:32Je me suis dit que la gauche, il faut qu'elle retrouve des couleurs.
04:36C'est pour ça que je me suis engagée.
04:38Vous êtes tournée vers Jean-Luc Mélenchon,
04:41vers la France insoumise.
04:42Vous avez dit que vous êtes politisée avant.
04:45Vous avez grandi dans un environnement politisé
04:47avec votre père, qui est journaliste,
04:49mais journaliste engagé à gauche, Michel Soudé.
04:52Votre première rencontre avec la politique,
04:55c'est un mauvais souvenir, c'est même un traumatisme,
04:58puisque votre père a été agressé par des militants d'extrême droite
05:01alors qu'il couvrait ce qu'on appelait à l'époque
05:04la fête bleu-blanc-rouge, la fête du Front national.
05:07C'est quelque chose qui a joué dans votre construction politique ?
05:10Complètement. C'est vrai que comme j'étais très jeune...
05:13On voit votre père sur un plateau télé.
05:16Comme j'étais très jeune, j'avais un souvenir un peu flou,
05:19mais je me souvenais très bien que c'était l'extrême droite
05:22qui s'en était pris à mon père, qu'il avait fini à l'hôpital.
05:25J'avais vraiment une peur bleue de cette extrême droite
05:28et je pense que c'est ce qui a vraiment cimenté mon engagement.
05:32Ce qui est resté au coeur de mon engagement,
05:34c'est la lutte contre l'extrême droite.
05:36Je voulais pas que mon engagement se limite
05:39à être contre quelque chose, bien entendu.
05:41C'est pour ça qu'il m'a semblé indispensable,
05:44au fur et à mesure de ma construction,
05:46de défendre un contre-projet.
05:48Et c'est pour ça, en fait, finalement,
05:50que pour pouvoir lutter contre l'extrême droite,
05:53il m'a semblé indispensable de lutter contre le racisme.
05:56C'était assez net.
05:57D'ailleurs, mon engagement en tant que professeure,
06:00c'était un engagement, entre autres, contre le racisme
06:03et le déterminisme social.
06:05Je me suis rendue compte qu'il fallait que l'antiracisme
06:09et que ce ne soit pas juste une réaction à l'extrême droite.
06:12Il y a un autre combat qui compte beaucoup pour vous,
06:15c'est la défense de la cause palestinienne,
06:17pour la création d'un Etat palestinien.
06:20Le 7 octobre 2023, vous avez réagi à l'attaque terroriste
06:23du Hamas contre Israël en postant un message sur Twitter.
06:26Une phrase de ce message a choqué beaucoup de gens.
06:29Vous avez écrit
06:30la haine attire la haine.
06:321 200 Israéliens venaient d'être assassinés,
06:34des civils, pour l'essentiel, des femmes, des enfants,
06:37et vous avez reçu cette attaque. Pourquoi ?
06:39Alors, dans mon message,
06:42ce n'est pas que je condamne ou que je ne condamne pas.
06:45En fait, là, ce que j'ai voulu surtout condamner,
06:48c'était l'aveuglement, en fait,
06:50l'aveuglement des gens et notamment de mon propre pays.
06:54Mais alors que tout le monde était dans l'émotion du moment,
06:57vous étiez avec cette phrase,
06:59vous avez pu donner le sentiment de comprendre cette attaque,
07:02voire de la justifier, quand vous dites
07:05que la haine attire la haine.
07:06Ce n'est pas une justification, mais ce que je voulais,
07:09c'est que les gens comprennent. J'étais moi-même dans l'émotion,
07:13c'est que j'étais dans la colère, parce que moi,
07:16ça faisait longtemps que j'étais engagée
07:18sur la cause israélo-palestinienne,
07:20que j'alertais, et d'un coup, j'ai eu le sentiment
07:23que les gens découvraient brusquement
07:25que quelque chose n'allait pas.
07:27Quand ça fait longtemps...
07:29Est-ce que c'était le temps pour dire cela ?
07:31Est-ce que c'était le moment pour le dire ?
07:33Là, il n'y a pas de mot de compassion
07:36pour les victimes dans votre message,
07:38donc ça choque.
07:39Quand tu dis que les victimes...
07:41Les gens semblent découvrir que les civils
07:43sont toujours les premières victimes de la guerre,
07:46peut-être que les gens n'ont pas compris
07:48qu'il y avait de la compassion pour les victimes,
07:51mais dans cette phrase, pour moi, il y a de la compassion.
07:54Mais il y a de la compassion, non pas seulement,
07:57comment dire, vis-à-vis de ce que leur en fait subir le Hamas,
08:00mais vis-à-vis, en fait, de...
08:03Comment dire ?
08:04De ce qu'ils ont subi du fait de l'aveuglement, en fait,
08:07de l'ensemble de la scène internationale.
08:10Votre défense de la cause palestinienne
08:12vous a amené à soutenir la militante palestinienne
08:15Ahed Tamini, après son arrestation en Israël,
08:18arrêtée pour incitation au terrorisme,
08:20arrêtée pour avoir expliqué qu'elle comptait massacrer
08:23les colons israéliens, boire leur sang et manger leur crâne.
08:26Là aussi, ça a choqué de votre part
08:28que vous souteniez quelqu'un qui tient de tels propos,
08:31alors que vous êtes aussi vice-présidente
08:34du groupe d'études sur l'antisémitisme à l'Assemblée.
08:37Alors, en fait, il y a...
08:38Moi, des connaissances que j'ai d'Ahed Tamini,
08:41rien ne prouve qu'elle ait réellement tenu ses propos.
08:44C'est ce que défend sa famille.
08:45Après, moi, ce que j'observe,
08:47quand je défends Ahed Tamini,
08:49c'est pas Ahed Tamini en soi que je défends,
08:51c'est simplement, en fait,
08:53tous ceux qui subissent l'autoritarisme israélien,
08:56qui, en fait, met en prison
08:58un nombre considérable de prisonniers politiques,
09:01et c'était dans ce sens-là que je défendais Ahed Tamini.
09:04Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui vous accusent
09:07de dissimuler une forme d'antisémitisme
09:09derrière votre combat contre la politique de l'Etat israélien,
09:13la politique du gouvernement Netanyahou ?
09:15Je pense que c'est extrêmement dangereux.
09:18Je pense que c'est extrêmement dangereux
09:20parce qu'en fait, je pense qu'il y a confusion
09:23entre le fait de rejeter
09:26une politique colonialiste et l'antisémitisme.
09:31Et en fait, je pense qu'à force de mettre des anathèmes,
09:35d'accuser tout le monde d'antisémitisme,
09:37on finit par affaiblir la lutte contre l'antisémitisme
09:40parce qu'on transforme une forme de racisme...
09:43Enfin, comment dire...
09:44L'antisémitisme, à ce moment-là, n'est plus une forme de racisme,
09:48mais une sorte d'opinion politique.
09:50On perd le sens de ce qu'est l'antisémitisme initialement.
09:53Dans ces conditions-là,
09:55la lutte contre l'antisémitisme perd de son sens,
09:58alors que c'est un combat extrêmement important.
10:00Et c'est d'ailleurs ce que...
10:02Comment dire ?
10:03Ce que défendent des organisations
10:05comme l'Union juive française pour la paix,
10:07qui sont vent debout contre cette instrumentalisation
10:10de l'antisémitisme, parce qu'ils font partie de...
10:13Ils disent que les Juifs sont les premiers à pâtir
10:16de cette confusion.
10:17On arrive au terme de cette émission.
10:19On va la conclure avec notre quiz traditionnel.
10:22L'idée, c'est que vous allez devoir compléter
10:25des phrases que je vais vous proposer.
10:27Chaque menace ou chaque insulte que je reçois,
10:30me rend plus forte.
10:31Vous en recevez beaucoup ?
10:33Oui, beaucoup.
10:34Beaucoup.
10:35Depuis le début de mon mandat, mais c'est parti crescendo.
10:38Et...
10:40Ca arrivait jusqu'au point où j'ai des menaces de mort.
10:43Mais...
10:45Mais voilà, j'ai décidé d'en faire ma force.
10:47Quand j'étais petite,
10:48Jean-Luc Mélenchon, c'était pour moi...
10:52Petite, ça dépend à quel âge on en entend.
10:54Quand j'étais vraiment petite, pour moi, c'était personne.
10:57Je ne le connaissais pas.
10:59Après, votre père a écrit un livre avec lui.
11:01Oui, c'est vrai.
11:02Mais j'étais plus si petite que ça.
11:04J'étais...
11:05A ce moment-là, je faisais mes études.
11:08Et à ce moment-là, c'était celui qui m'empêchait
11:10de passer des vacances avec mon père.
11:13Enfin, entre la K-pop et la J-pop,
11:15c'est comme ça qu'on dit ?
11:16J-pop.
11:17J-pop, je choisis...
11:20Ah, c'est difficile.
11:21K-pop, c'est la pop coréenne,
11:23et J-pop, c'est japonaise.
11:25Vous êtes passionnée des deux ?
11:26Oui.
11:27J'aime beaucoup les musiques joyeuses,
11:30parce que ça permet de contrecarrer
11:32l'atmosphère un peu étouffante de notre quotidien,
11:35et ça permet d'être plus fort pour mener des combats.
11:38Vous ne choisissez pas.
11:39Merci, Hercilia Soudé, d'être venue dans La Politique et moi.
11:42Merci.