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Chaque matin, Vincent Hervouët nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mardi 26 novembre, il revient sur l'arrestation de Boualem Sansal.
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Transcription
00:00L'édito internationale d'Europe 1, bonjour Vincent Hervouët.
00:02Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Vincent, vous revenez ce matin sur le sort de Boilem Sansalle
00:07et vous vous demandez si la France l'a laissé tomber.
00:09Les français ne l'ont pas laissé tomber.
00:11Il y a même un concours de pétition pour appeler à sa libération.
00:14Tous ceux qui ont travaillé ou qui l'ont côtoyé ont adopté l'écrivain
00:19et pour cause, sa simplicité des armes, son courage vous rend meilleur.
00:23Je ne vais pas lui tresser des couronnes, c'est pas l'enterrement d'un ami.
00:26J'observe seulement la mobilisation du monde intellectuel.
00:29Il y a de quoi espérer dans la francophonie.
00:31Le journal Le Point a dégainé le premier, emmené par Kamel Daoud.
00:35Des philosophes ont suivi.
00:37La revue politique et parlementaire a embrayé.
00:39Les lauréats du Grand Prix de l'Académie française ont entraîné les immortels.
00:43Et après l'Académie française, l'Académie des sciences d'outre-mer s'y est mise à son tour.
00:48C'est un établissement public.
00:50Boilem Sansalle y a été élu il y a quatre ans.
00:53Et au milieu des politiques, des diplomates, militaires, universitaires,
00:57il n'est pas le seul franco-algérien.
00:59Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Shem Sedin, avise en est membre aussi.
01:05Et son prédécesseur bien connu, Dalil Boubecker.
01:08Deux confrères restés aussi silencieux que Benjamin Stora.
01:13C'est dommage car les deux recteurs sont écoutés à Alger,
01:16dont ils sont les ambassadeurs auprès des musulmans français.
01:19Et c'est d'ailleurs ça qui choque.
01:21À côté du tintamarre des intellectuels, le silence des officiels.
01:26Le silence incompréhensible de la France officielle.
01:30Le président de la République, Emmanuel Macron, serait, je le cite d'un site de l'Elysée,
01:33très préoccupé et suivrait l'affaire de près.
01:36Oui, j'ai ce qu'a dit son entourage cinq jours après la disparition.
01:40Il fallait bien dire quelque chose, mais il n'y a pas eu de communiqué officiel.
01:44On n'a pas fait état non plus d'un coup de fil au président Tebboune.
01:47Cinq jours de plus se sont passés, c'est long.
01:50Dix jours aux oubliettes quand on a 75 ans.
01:54On se dit que le dossier ne doit pas occuper tant que ça le président Macron,
01:57qui est très préoccupé, puisqu'on ignore toujours
02:00ce que la police et la justice algériennes reprochent à Boulogne-Sensalle.
02:04On ne sait même pas s'il a été présenté à un juge,
02:07s'il est incarcéré à la prison de Coléa ou s'il est hospitalisé.
02:10Les Algériens s'emploient à brouiller les pistes.
02:13L'Elysée se tait, le gouvernement se tait,
02:17le Quai d'Orsay se tait, le ministre de la Culture se tait.
02:20Quand on demande pourquoi on vous glisse avec des airs de conspirateurs,
02:24qu'il faut laisser la diplomatie agir, être patient, prudent, espéré,
02:28il faut traiter l'Etat algérien comme les preneurs d'otages du Liban
02:33ou les coupeurs de routes au Sahel.
02:35Évidemment, c'est absurde.
02:36La réalité est gênante.
02:38Prise en otage, la France officielle a peur.
02:41Vincent, elle essaie sûrement d'agir au mieux des intérêts de Boilem-Sensalle,
02:45on l'espère en tout cas.
02:46L'an dernier, après la mort du jeune Nahel,
02:48l'Algérie s'est permise de rappeler publiquement à Paris
02:50son devoir d'assurer la sécurité de ses ressortissants.
02:53Alors que Nahel Merzouk était Algérien,
02:56mais Français, né à Nanterre, élevé à Surennes.
02:59Au bout de dix jours, il serait temps de rappeler à l'Algérie
03:02son devoir d'assurer la sécurité de Boilem-Sensalle,
03:05auquel le président Macron a donné la nationalité française au mois de juin.
03:09A défaut, peut-être que la France pourrait envisager au moins
03:13de bloquer les transferts financiers,
03:15suspendre les 300 000 vies annuelles,
03:18ou même, pourquoi pas, demander des comptes aux généraux
03:21sur les biens mal acquis ici,
03:25avec l'argent de la corruption là-bas.
03:27Il faut traiter l'Algérie comme les autres régimes opaques,
03:31qui ne respectent que le rapport de force.
03:33Il est urgent que l'État français
03:36se mette enfin au service de ses ressortissants
03:38et les protège vraiment.
03:40Ainsi va le monde, l'éditor international d'Europe.
03:43Merci beaucoup, Vincent Herouette.

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