Le Monde n’attend pas le remaniement

Europe 1

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Transcript

00:00 D'abord l'édito international sur Europe 1. Bonjour Vincent Herouet.

00:03 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour Adeline.

00:06 Bonjour Vincent.

00:07 Vincent, comme dans tous les ministères ce matin, on fait les cartons au quai d'Orsay en ce moment.

00:13 Personne ne croit vraiment à la reconduction de Catherine Colonna à la tête des affaires étrangères.

00:18 Ah, sait-on jamais ? Restons prudents. Mais en vrai dire, tout le monde s'en fiche et c'est ça le plus frappant.

00:23 Gabriel Dalton, nous dit-on, a tiré la fève et gagné la couronne.

00:26 Et puis hier soir on s'interroge donc sur les chantiers économiques, la filière nucléaire, patati patata,

00:31 les défis politiques, quelle majorité introuvable, etc. Tout ça à relever.

00:36 Et si on jette un coup d'œil au-delà des frontières, c'est pour évoquer les sondages qui donnent 12 points de retard

00:42 au parti présidentiel sur Jordan Bardella aux européennes.

00:46 Tous ces commentaires comme s'il n'y avait pas deux guerres à nos portes, l'Ukraine et Gaza,

00:53 où dans les deux cas la France a beaucoup à perdre, comme s'il n'y avait pas des élections en cascade en 2024

00:59 et certaines lourdes conséquences, pas seulement le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en fin d'année,

01:05 mais la présidentielle par exemple à Taïwan en fin de semaine.

01:09 On parle du gouvernement français comme s'il était seul au monde, comme si désormais la France se fichait du monde.

01:16 - Bon, vous exagérez un peu Vincent. Le ou la ministre des affaires étrangères n'a pas vraiment de prise sur tous ces événements.

01:22 S'il n'y a plus de politique étrangère, à quoi bon un ministère ?

01:25 Si la France n'a plus rien à dire, si elle ne pèse plus rien dans la marge du monde alors qu'elle se contente de discours

01:31 que personne n'écoute, délivrer des visas aux touristes et un peu d'argent aux bonnes œuvres du développement,

01:36 de faire de la lifiguration dans les organisations internationales, leur offrir le gîte et le couvert à l'occasion.

01:43 Eh bien, c'est précisément ce qui se passe depuis des années et c'est bien là le problème.

01:49 Il serait facile d'accabler Catherine Colonna.

01:52 Elle a été nommée alors qu'elle était la plus ancienne dans le grade le plus élevé des ambassadeurs,

01:57 neuf ans à l'Elysée, ensuite ministre des affaires étrangères, européenne pardon,

02:01 puis en poste à l'UNESCO, à l'OCDE, à Rome, à Londres.

02:05 Elle a débarqué en connaissant par cœur les rouages du pouvoir et sans être dupe de rien de la dignité, du caractère.

02:11 Elle a rassuré les diplomates en grève, leur première grève, alors qu'en 20 ans, 20% de leur budget s'est évanoui.

02:17 Mais avec elle, ce ne sont plus seulement les consulats qui ferment, c'est le corps diplomatique qui a été liquidé.

02:24 Le président a nommé un diplomate à la tête du quai d'Orsay parce qu'il ne voulait plus de ministre des affaires étrangères.

02:30 - Catherine Colonna est juste sa porte-parole finalement, Vincent ?

02:33 - Même pas ! Elle a été de Jacques Chirac pendant neuf ans.

02:36 Avec Emmanuel Macron, Catherine Colonna a été porte-silence.

02:40 Jean-Yves Le Drian était taiseux comme un ménire.

02:43 Catherine Colonna, elle, est hors-jeu.

02:46 De temps en temps, elle fait un voyage au loin, un communiqué technique pour donner une preuve de vie,

02:51 en général pour conspuer un représentant du mal, par exemple,

02:55 dénoncer la défaite stratégique, politique et morale de Vladimir Poutine,

02:58 ou bien lancer un appel dans le désert, par exemple exiger une nouvelle trêve à Gaza, bien sûr immédiate et durable.

03:05 Tout ça, si vain.

03:07 Comme la diplomatie féministe, je vais y arriver, la diplomatie féministe,

03:12 c'est un grand panneau, un slogan qui est accroché depuis des années au gris du ministère,

03:17 ou alors la création d'un ambassadeur au droit LGBT.

03:20 - Alors c'est à l'Elysée, Vincent, que se pense, se décide et se fait la politique étrangère.

03:25 - Et le président ne demande rien aux professionnels,

03:28 c'est donc à lui qu'il faut reprocher les déceptions, les déboires, les débâcles de la France,

03:32 du Mali au Niger, de la Libye au Liban, de l'Iran à l'Australie,

03:36 de Kiev au Kremlin, avec le Maroc comme avec l'Algérie, avec l'Allemagne comme en Europe,

03:43 il n'y a plus de politique étrangère, juste des coups politiques étranges.

03:47 - Signature Europe, Vincent Herbouet, merci beaucoup Vincent.

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