"Je suis KO, ce sont les pleurs de notre fille qui me réveillent."
Pour la première fois, Cécile Giornelli raconte les violences qu'elle a subies de la part de son ex-compagnon, Fernand Lopez.
Cédric Doumbè avait évoqué le sujet à l'issue de son dernier combat de MMA.
Pour la première fois, Cécile Giornelli raconte les violences qu'elle a subies de la part de son ex-compagnon, Fernand Lopez.
Cédric Doumbè avait évoqué le sujet à l'issue de son dernier combat de MMA.
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00:00Nous sommes en 2018, le vendredi 13 juillet.
00:03Fernand Lopez me tabasse.
00:06Ça gifle, je vais vous la mimer, c'est un parpaing de forain.
00:10C'est ce qu'on appelle un parpaing dans notre jargon.
00:12Ça part bien d'en bas là, et il me la met, et il frappe avec cette partie.
00:17Première touche, je suis KO.
00:20Ce sont les pleurs de notre fille qui me réveillent.
00:23Moi, il y a une petite fille, pendant des années,
00:26elle disait « Maman, elle fait dodo, papa, il fait bobo-tête à maman ».
00:30Ces mots-là, ils sont ancrés ici.
00:33Bien sûr que j'avais honte.
00:35Ça m'a pris beaucoup de temps avant d'en parler.
00:40Pour la première fois, Cécile Giornelli sort du silence
00:42et raconte devant la caméra de Brut
00:44les violences qu'elle a subies de la part de Fernand Lopez.
00:48J'ai mis 5 ans à me reconstruire.
00:50Fernand Lopez est un coach de MMA.
00:53Il entraîne entre autres Jordan Zebo.
00:55Cécile Giornelli est nutritionniste du sport.
00:58Elle travaille entre autres avec Cédric Doumbé.
01:01Et c'est à l'occasion du combat entre Cédric Doumbé et Jordan Zebo,
01:05le 30 septembre, que l'affaire a fait la une suite à 7 déclarations.
01:09Comme je l'ai dit, moi, ce n'est pas Jordan que je combats.
01:11J'ai dit qu'il faut changer l'affiche.
01:13C'est Fernand Lopez que je combats.
01:14Et voilà pourquoi j'ai tenu à ce que les gens sachent.
01:16À ce moment-là, c'est ça que je mets KO.
01:19Ce sont les violences faites aux femmes, c'est ça que je mets KO.
01:21C'est celui qui frappait sa femme quand j'étais dans sa salle.
01:24Et voilà la raison pour laquelle j'ai quitté, c'est ça.
01:26Cécile Giornelli raconte ce qu'elle a vécu quelques années auparavant.
01:30Nous sommes en 2018, le vendredi 13 juillet.
01:33Fernand Lopez me tabasse.
01:38Il y avait une petite embrouille, une petite tension familiale.
01:43Et pour la première fois en 50 couples, j'ose lui dire un gros mot.
01:47Et là que sa propre femme lui dit « je t'emmerde », il n'a pas supporté.
01:51Et moi, ça gifle.
01:53Je vais vous la mimer, c'est un parpaing de forain.
01:56C'est ce qu'on appelle un parpaing dans notre jargon.
01:58Ça part bien d'en bas, là, et il me la met, et il frappe avec cette partie.
02:02Au karaté, du karaté 4 aussi de base, on appelle ça « tencho ».
02:05C'est une partie très, très, très forte, très puissante.
02:11Première touche, je suis KO.
02:14Ce sont les pleurs de notre fille qui me réveillent.
02:17Ma petite fille de un an et demi, elle est là.
02:22Je me réveille parce que j'entends une voix,
02:24je ne sais pas si c'est l'instinct maternel ou quoi,
02:27et j'en prends plein la tête.
02:29Hélas, malgré mes années de pratiquante en arts martiaux,
02:34je fais partie des gens qui ont un réflexe qui est de figer.
02:37Je n'ai mis aucune, aucune...
02:40Je ne me suis pas défendue, je me suis laissée faire.
02:42La seule chose que je disais, c'était « non, arrête s'il te plaît,
02:47il y a Gabrielle, notre petite ».
02:50Ça ne l'a pas arrêtée.
02:51Est-ce que sur l'instant, est-ce que vous avez eu peur de mourir ?
02:53Vous vous êtes dit « voilà, avec tous les coups que je sois en train de prendre,
02:56est-ce que là, je ne vais pas en sortir vivante ? »
02:59Pas ce jour-là.
03:00Je vais vous parler d'autres faits de violence,
03:02ceux dont Cédric a été témoin.
03:04Ce jour-là, non.
03:06Je ne réalise pas.
03:06En fait, je n'ai même pas le temps de penser à ça.
03:08La seule chose à laquelle je pense, c'est ma fille que j'entends pleurer.
03:13Il y a une petite fille...
03:17C'est ça qui est terrible pour moi,
03:18parce qu'à chaque fois, on dit que c'est moi la victime.
03:21Moi, il y a une petite fille, pendant des années,
03:24elle disait « maman, elle fait dodo, papa, il fait bobo-tête à maman ».
03:28Ces mots-là, ils sont ancrés ici.
03:31Vous dites être revenue dans cette relation après les premiers coups du 13 juillet 2018.
03:37Qu'est-ce qu'on se dit, en tant que femme qui a vécu des violences ?
03:40Est-ce qu'on ose dire à ses proches, qui sont au courant des violences,
03:43« je me suis remise avec cet homme violent ».
03:49Elle m'émeut, cette question.
03:52Parce que j'ai eu... Bien sûr que j'avais honte.
03:56J'ai pris... Ça m'a pris beaucoup de temps avant d'en parler.
03:59Je me rappelle...
04:02C'est vrai que moi, on a pu parler pendant longtemps.
04:05Et je n'osais pas lui dire, je savais ce qu'il allait me dire.
04:08Et quand il l'a appris, il m'a dit « Cécile, non, mais c'est ton choix ».
04:12Pour ces faits de violence, à l'encontre de Cécile Giorgnelli,
04:15Fernand Lopez a été condamné en septembre 2019
04:18par le tribunal correctionnel de Bobigny à quatre mois de prison avec sursis.
04:22Dans un article du Parisien daté du 1er octobre,
04:25Fernand Lopez a réagi aux déclarations de Cédric Doumbé
04:28et est revenu sur ses violences.
04:30« Mon geste est inexcusable.
04:32Un être humain, un homme, ne lève pas sa main sur une femme.
04:35C'est injustifiable de dire quoi que ce soit.
04:37Je suis allé au commissariat et j'ai reconnu avoir giflé ma femme.
04:41Il n'y a pas plus lourde condamnation que celle que je me suis infligée à moi-même,
04:45celle d'avoir été un homme qui a été violent avec sa femme.
04:48On se sent comme une merde. »
04:50C'est pour ces propos que Cécile Giorgnelli réagit aujourd'hui,
04:53après avoir répondu dans un premier temps sur Instagram le lendemain de cette interview.
04:57« On ne prend pas quatre mois pour une gifle.
04:59Moi, ce qui m'importe, c'est qu'hier,
05:01ce sont les violences faites contre les femmes qui ont pris un chaos. »
05:04La question aujourd'hui, c'est de se dire,
05:06qu'est-ce que vous attendez de cette prise de parole, justement ?
05:08Pourquoi prendre la parole aujourd'hui ?
05:12Lavez mon nom.
05:14C'est important.
05:17Lavez le nom de mon père.
05:20Mon ex-conjoint parle d'un fait de violence, une gifle.
05:22C'est ce qui m'a mis hors de moi, une gifle.
05:26Il y a eu des faits de violence reportés à la police,
05:30avant ce vendredi 13 juillet.
05:34Donc c'est pour ça, je souris avec beaucoup d'amertume
05:37quand je lis cet article du Parisien qui parle d'une gifle,
05:41qu'il regrette ça toute sa vie.
05:43Il y en a eu avant, il y en a eu après.
05:46– Parce que ce que vous dit votre ex-conjoint dans cet article,
05:49c'est que vous aussi avez asséné des coups à lui et à sa grande-fille
05:53qui est sous une précédente union.
05:55– Exactement.
05:56Alors une fois, effectivement, je lui ai mis…
05:58Parce que moi, j'ai découvert beaucoup de liaisons, de tromperies.
06:03J'ai des cornes tellement hautes que…
06:05Je ne me suis pas respectée pendant des années,
06:07vraiment, à accepter toutes ces tromperies.
06:09C'est mon choix, je ne reviens pas sur ça.
06:15Mais donc, une fois, je découvre une énième tromperie.
06:20Et sur son tort, je lui dis, mais pourquoi, pourquoi ?
06:23Mais de façon pathétique, je lui tape ici.
06:25Voilà la violence que j'ai eue avec lui.
06:28Et vis-à-vis de sa fille, une fois, c'est vrai,
06:29je lui ai mis une fessée quand elle était toute petite.
06:31Je n'aurais pas eu à le faire.
06:33Ce n'était pas mon enfant.
06:34Je ne me trouve pas d'excuses, mais elle mettait en danger
06:40l'enfant que j'ai eu avec lui, qui avait trois mois.
06:43Bon, je n'avais pas à faire ça.
06:45L'histoire entre Cécile Giornelli et Fernand Lopez
06:47prend fin en 2019.
06:49Ce jour-là, Cécile Giornelli est au téléphone
06:52avec son amie Cédric Doumbé.
06:54Cette amitié, je la cache au père de ma fille.
06:58Ça reste au stade de l'amitié.
07:00Et en gros, on arrive en février 2019.
07:06Février 2019, où le père de ma fille me dit qu'il me quitte.
07:10Et moi, il faut savoir que, encore une fois,
07:13je ne me suis pas respectée.
07:15Moi, je le suppliais tout le temps de rester.
07:16Et là, pour la première fois, je lui ai dit « j'acquiesce ».
07:19Je n'ai rien dit d'autre à part « j'acquiesce ».
07:22Comment on s'organise pour la petite ?
07:24Et là, il devient fou.
07:26Je ne sais même pas ce qu'il a dit.
07:27Il a parlé pendant 25-30 minutes,
07:29a gesticulé dans tous les sens.
07:32Mais je sens sa violence qui monte.
07:34Moi, il faut savoir que quelques mois avant,
07:35je me fais taper sur la gueule.
07:37Donc, je n'écoute pas ce qu'il dit.
07:40J'écoute juste une voix dans ma tête qui dit
07:41« Cécile, dis rien, Cécile, dis rien, dis rien, dis rien. »
07:45Donc, je ne fais rien d'autre.
07:49Et je ne sais pas si c'est ça qui le rend fou.
07:52Je ne sais pas, parce que d'habitude,
07:54j'avais toujours tendance à être dans le dialogue,
07:56à essayer de le convaincre.
07:57Et là, rien du tout.
07:59Et il devient ouf, en fait.
08:00Donc, il n'y a pas eu d'attaque à ce moment-là de la soirée,
08:03si ce n'est une tentative de m'impressionner,
08:06à venir coller son front sur le mien,
08:09comme on fait dans les combats de boxe, en fait.
08:11Et moi, c'est impressionnant.
08:14Enfin, j'ai peur.
08:16Je ne le montre pas, mais j'ai peur.
08:19Il sort de la pièce.
08:21Et là, c'est là où on parle des 1h du matin.
08:24Et tout le monde dit « Mais qu'est-ce qu'elle faisait à 1h du matin avec Cédric ? »
08:27Parce que le père de ma fille nous a prêté une relation.
08:31Il nous a prêté une relation
08:33pour que si un jour l'effet de violence sorte,
08:36qu'il se dise « Oui, mais en même temps, c'est pour laver son honneur.
08:39Elle ne l'a fait qu'au cul, comprenez ? »
08:42Et donc, auprès d'un certain public, ça peut justifier.
08:46Ce n'est pas ça qui s'est passé.
08:48Ce qui se passe, c'est qu'à 1h du matin, j'ai peur.
08:51J'ai besoin d'une voix qui me réconforte
08:53parce que je sais qu'il va être avec moi dans la maison.
08:55Il va dormir à côté dans le lit.
08:57J'ai peur. J'ai besoin d'une voix qui me rassure.
09:00Je vais sur le balcon pour téléphoner.
09:03Endroit où il ne venait jamais.
09:05Jamais. Jamais.
09:07Et là, je téléphone avec Cédric.
09:09Je lui explique ce qui vient de se passer.
09:12Et il est en train de me dire « Cécile, pars de la maison.
09:15Pars ! »
09:17Je n'ai pas eu le temps.
09:19Le père de ma fille est venu sur la terrasse.
09:20Il commence à me dire « À qui tu parles ? »
09:23Je lui dis « Je n'ai pas à te le dire.
09:25Je n'ai pas à te le dire. Tu viens de me dire que nous ne sommes plus ensemble.
09:28OK. Donc, je n'ai plus à te dire quoi que ce soit. »
09:31Il insiste. Il insiste.
09:32Là, je revis la scène.
09:36C'est ouf.
09:38Je mets mon bras en distance.
09:40Physiquement.
09:41En disant « S'il te plaît, arrête. »
09:42Parce qu'il se rapprochait.
09:44Je lui disais « Arrête. Tu me fais peur. »
09:47Mais Cédric, il entend tout au téléphone.
09:50Et à un moment donné, il entend mon cri. Pourquoi ?
09:52Parce que ce bras, il me le prend justement.
09:54Il me fait une clé de bras et il m'arrache le téléphone.
09:57Donc, qu'est-ce que je fais ?
09:58Je cours dans le salon où il y a un fixe pour appeler les flics.
10:03Il me poursuit.
10:05Il démonte l'étagère.
10:06Enfin, parce que, bon bref, là où il y avait le téléphone.
10:08Il explose le fixe par terre.
10:10Je n'ai pas de téléphone portable.
10:12Je n'ai pas de fixe.
10:14Je n'ai aucun moyen.
10:17Là, j'ai eu peur pour ma vie.
10:19Cédric ne connaissait pas mon adresse.
10:20Mais il savait que sa sœur était venue souvent chez moi.
10:23Donc, il appelle sa sœur.
10:24Elle lui donne mon adresse et il envoie les flics chez moi.
10:27C'est comme ça qu'il me sauve la vie.
10:30Fernand Lopez n'a pas été condamné pour ses faits de violence de 2019
10:34et n'a à ce jour effectué aucune déclaration à ce sujet.
10:37Sur les réseaux sociaux, depuis quelques jours,
10:39une vidéo circule montrant Cécile Giornelli
10:41avouer avoir trahi l'homme qu'elle aimait.
10:44Elle a tenu à réagir à cette vidéo.
10:46L'apogée de mon emprise,
10:48c'est que j'étais capable de tourner des vidéos
10:50dans lesquelles j'ai un schéma corporel.
10:53Je suis comme ça.
10:53Enfin, je vois que je suis toute...
10:55Quelle femme va tourner une vidéo en disant
10:57« j'ai trahi mon conjoint ».
10:59Et en fait, là, cette vidéo, elle ressort.
11:02Parce qu'il sait que j'ai parlé.
11:03De quoi il s'agit ?
11:04C'est une vidéo dans laquelle je dis
11:06« j'ai trahi l'homme que j'aime ».
11:08J'ai trahi l'homme que j'aimais
11:11avec un de ses amis.
11:14Trahison dans le sens loyauté en tant que femme.
11:18En tant que femme, je n'avais pas à être amie
11:20avec quelqu'un qu'il n'appréciait pas.
11:23Voilà.
11:24Donc, vous le pensez encore aujourd'hui ?
11:27Oui, un peu.
11:29Vous trouvez qu'il y a une omerta, Cécile,
11:31dans le monde des sports de combat ?
11:33Une sorte de silence.
11:34Tout le monde sait des choses,
11:35mais personne ne parle dans cet univers.
11:37Je ne trouve pas qu'il y ait une omerta.
11:38Il y a une omerta.
11:40Il y a une omerta
11:42après qu'ils se soient tous sentis tenus en otage.
11:47Parce qu'ils savent que s'ils parlent,
11:49c'est la fin de leur carrière aussi.
11:51On est encore une fois face à quelqu'un de puissant
11:53sur les médias, sur les relations sportives, politiques,
11:59qui se vante de ça.
12:02Donc oui, il y a une omerta.
12:04Et je suis venue la briser.