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C'était le 7 avril 1994. Au matin, des soldats de la garde présidentielle rwandaise entraient chez lui et fusillaient sa famille. Le génocide des Tutsis avait commencé, et il fera un million de morts. Rescapé, Dorcy Rugamba raconte.

Le témoignage bouleversant de Dorcy Rugamba face à Charles Villa est à voir en intégralité sur notre chaîne YouTube : https://youtu.be/eJx-vNnTDnk

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Transcription
00:00Le lendemain, au matin, une vingtaine de soldats de la garde présidentielle
00:04se sont présentés chez nous et ont tiré.
00:06C'était un meurtre massif sur une échelle inconnue depuis la seconde guerre mondiale.
00:10Les gens se sont identifiés à des bestiaux, à des animaux nuisibles.
00:14Un seul mot pour qualifier la situation au Rwanda, l'apocalypse.
00:19Il y a 30 ans, le génocide au Rwanda fait 1 million de victimes en seulement 3 mois,
00:22soit environ 10 000 morts par jour.
00:24Un crime orchestré par les extrémistes Hutus, qui étaient au pouvoir à l'époque,
00:28contre la population et les minorités Tutsi.
00:30À cette échelle, il ne convient plus de parler de guerre tribale,
00:34mais bien d'extermination de masse.
00:37Et voilà l'endroit où on va faire l'interview.
00:40À l'époque, Dorsi Rwamba n'avait que 25 ans,
00:42et sa famille s'est faite tuer par des militaires Hutus de la garde présidentielle.
00:46C'est plus un livre pour la vie d'avant, la vie d'après,
00:51pour redonner vraiment de la vie aux victimes,
00:53et qu'ils ne soient plus identifiés uniquement par les conditions atroces de leur départ.
00:58Aujourd'hui, Dorsi Rwamba est comédien, auteur et metteur en scène.
01:02Il vient de sortir un livre magnifique et très émouvant qui s'appelle
01:05« Awa Rwanda, lettres aux absents »,
01:07et il a accepté de revenir avec moi sur le traumatisme qu'il a vécu le matin du 7 avril 1994,
01:12le jour où il a perdu 8 membres de sa famille en quelques minutes.
01:16Le 6 avril, moi j'étais dans la seconde ville du pays, à Butaré.
01:21Et j'aurais dû rentrer à Kigali, parce que nous habitions à Kigali,
01:25sauf que mon père m'a décommandé de voyager la nuit,
01:29en me disant « Non, c'est mieux que tu restes à Butaré,
01:33que tu dormes là-bas et que tu reviendras demain, le lendemain. »
01:36Et le lendemain, au matin, un bataillon,
01:40je ne sais pas comment on décrit une vingtaine de soldats de la garde présidentielle
01:46se sont présentés chez nous,
01:48et ont tiré, vraiment fusillé l'essentiel de notre famille.
01:54Nous étions une famille de dix enfants,
01:57et sur les dix, nous avons survécu à quatre.
02:02– Vous, donc, vous n'êtes pas là. – Non.
02:05– Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là pour vous,
02:06quand vous apprenez qu'une partie de votre famille a été massacrée ?
02:10– Je me trouvais à Butaré, comme je l'ai dit,
02:12et donc Butaré se trouve pas très loin de la frontière bourgondaise.
02:16Et donc la première chose qu'on a cherchée, c'est comment quitter le pays,
02:21se mettre à l'abri.
02:24J'ai un frère qui était dans la maison de mes parents, qui était blessé.
02:30La première chose qu'on a cherchée, vraiment, c'est comment le sortir de là.
02:34Une fois qu'il est sorti, nous-mêmes, on a essayé de sortir du pays et d'échapper.
02:40– Et comment, justement, vous avez réussi à récupérer votre frère ?
02:43– Il y a un ami de la famille qui a réussi à aller et le prendre,
02:47et qui, lui-même, quittera le pays avec lui.
02:50Et donc on se retrouvera au Burundi plus tard.
02:52– Elle ressemblait à quoi la route jusqu'au Burundi ?
02:54Il y avait beaucoup de gens, ou c'était encore le début,
02:57donc tout le monde ne prenait pas la mesure de ce qu'il était en train de se passer ?
03:01– Non, en fait, c'était une situation au tout début,
03:04où beaucoup de gens pensaient que ça n'arrivera pas à Butaré.
03:08Parce que c'était pas un bastion de l'opposition,
03:11et le génocide y est arrivé beaucoup plus tard.
03:14Et par contre, quand les gens de Butaré ont commencé à vouloir sortir,
03:19ça sera trop tard, tout simplement, la machine s'était refermée sur eux.

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