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"On a une grande question parce qu'on voit qu'en fait, les questions de patrimoine passent avant l'égalité de droit."

Sebastien Peytavie a été le premier député en fauteuil roulant de la 5e République. Lors de l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale, il a dû insister pour pouvoir voter lui-même car l’urne n’était pas accessible. Hémicycle non adapté, protocole non adapté… Son quotidien, ça ressemble à ça.

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Transcription
00:00Enfin, quel est le message envoyé ?
00:02Moi, du fait de ma situation, je n'ai pas le droit de voter comme tout le monde,
00:06en sachant que c'est inscrit dans le code électoral.
00:09Ce n'est pas un très bon signal quand la maison du peuple,
00:13l'endroit où on écrit la loi, n'est pas capable de le respecter.
00:16Monsieur Paye-Tavie ?
00:18Il peut voter lui-même, vous descendez l'urne.
00:24C'est incroyable ça !
00:25Ah, quand même !
00:28C'était complètement absurde.
00:30Les huissiers étaient présents ici et appelaient les députés
00:33pour aller voter en haut de la tribune.
00:36Il y avait des urnes qui étaient installées juste là.
00:39Et donc, il fallait monter les marches pour aller voter.
00:42Nous, on avait écrit au service pour s'assurer qu'ils avaient prévu
00:46une solution pour que je puisse voter.
00:48Donc, un huissier allait voter pour moi.
00:51Je leur ai demandé s'ils pouvaient descendre l'urne pour que je puisse voter.
00:55Donc, il m'a dit que ce n'était pas prévu au niveau du protocole.
00:59Pour le troisième tour, je me suis planté là devant les marches
01:02et puis plus personne ne pouvait monter.
01:05Ce sont des toutes petites urnes de les installer juste en bas
01:09et que tout le monde vote au même endroit.
01:11Je crois que c'est les principes même de l'égalité de droit.
01:14De l'autre côté, pour entrer dans l'hémicycle,
01:16il y a 4-5 marches.
01:19Et donc là, en passant derrière, c'est l'endroit.
01:24Alors, avec des portes qui sont fermées,
01:27donc à chaque fois, je suis obligé de demander à un huissier
01:29d'ouvrir la porte de l'intérieur pour que je puisse rentrer dans l'hémicycle.
01:38Et nous voilà dans l'hémicycle.
01:40On est dans un très vieux bâtiment.
01:42Il y a des choses qui n'étaient pas conçues de manière accessible,
01:46ça s'entend.
01:47Mais là, en fait, on a une grande question
01:49parce qu'on voit qu'en fait, les questions de patrimoine
01:51passent avant l'égalité de droit.
01:53Parce qu'on se retrouve avec tous les bâtiments neufs
01:56qui sont rendus accessibles et tous les bâtiments qui sont placés
01:59qui se retrouvent très vite avec des dérogations.
02:01J'ai été le premier député en fauteuil roulant de la Vème République.
02:05La situation ne s'était pas présentée jusqu'à présent.
02:07Alors moi, je suis au seul emplacement, donc le 491,
02:10qui est le seul qui est accessible.
02:11Ce qui est une rampe qui a été faite il y a deux ans,
02:14enfin un an et demi maintenant.
02:15Quand vous regardez sur les autres endroits,
02:17donc il y a des marches.
02:18Après voilà, moi, ce n'était pas les sujets que je voulais porter.
02:21Mais sauf que si on ne les porte pas, si je ne les porte pas,
02:25en fait, ces sujets ne sont pas abordés.
02:27Une fois élu, j'ai reçu énormément de messages
02:30de personnes en situation de handicap.
02:31J'étais content d'avoir enfin une personne au sein de l'Assemblée
02:36qui puisse les représenter.
02:37En fait, il y a d'autres députés en situation de handicap.
02:41Une personne qui est aveugle.
02:43Il y en a deux ou trois qui sont malentendants.
02:45On a 12 millions de personnes en situation de handicap en France.
02:48Et d'avoir trois, quatre personnes en situation de handicap dans l'hémicycle,
02:52on est très loin du compte.
02:53Je pense que la démocratie aujourd'hui
02:56et puis l'Assemblée nationale peuvent totalement se moderniser.
03:03Et passage chocolat.
03:04Quand on continue là-bas, on arrive à la puvette.
03:07Quand on est en fauteuil roulant et quand on veut se déplacer dans Paris,
03:11c'est compliqué.
03:11Sur les questions de mobilité, on se retrouve avec juste la ligne 14
03:15qui est accessible et quelques bouts de RER.
03:19Je vous rappelle, on a plein de pavés à plein d'endroits
03:21et puis des pavés qui ne sont pas en bon état.
03:22Donc, pour rouler, c'est un enfer.
03:24Et puis, il y a beaucoup de travaux.
03:25Et donc, ça fait qu'on commence à rouler sur un trottoir
03:27et puis on ne peut plus continuer sur ce trottoir.
03:29Il faut descendre sur la voie.
03:30On ne peut pas remonter sur le trottoir
03:32parce que rien n'a été prévu pour remonter sur le trottoir.
03:34Je reste sur la route.
03:35Donc, potentiellement, oui, il y a une prise de danger
03:38et que tout ce qui peut être rendu accessible doit l'être.
03:43Au-delà de la question de l'accessibilité,
03:45il y a, et là, pour le coup, ce qui s'est passé dans l'hémicycle,
03:47on est un symbole fort quand on regarde les vieilles salles de théâtre,
03:53par exemple, ou de spectacles.
03:54Il y en a certaines qui n'ont pas été rendues accessibles.
03:56Il y en a d'autres, dans l'obligation de recevoir du public,
03:59donc l'ont rendue accessible.
04:01Mais combien de scènes, d'accès à la scène, de loges sont accessibles ?
04:05En fait, c'est très rare.
04:06Donc, on voit que dans l'imaginaire,
04:08la personne handicapée, en situation de handicap,
04:11peut venir se divertir, mais ne peut pas être un acteur.
04:13Et si on ne le modifie pas, on ne permet pas à des personnes,
04:17et notamment des enfants, et pas que des enfants, de pouvoir se projeter.
04:19Vous avez le sport.
04:21Le handisport est le seul moyen par lequel vous pouvez vous valoriser
04:24ou trouver une place dans la société.
04:26Mais après, le monde culturel, le monde politique,
04:30et puis plein d'autres choses.
04:31En fait, il y a un imaginaire qui est vite bloqué.
04:35Et puis, tant qu'on ne va pas casser ce plafond de verre,
04:38ce sera compliqué.
04:39Ce qui s'est passé avec ce vote,
04:41de ne pas pouvoir monter, a emmené une colère très importante.
04:45Alors là, dans l'hémicycle, mais pour beaucoup de personnes en France.

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