Et s'il était possible de créer une meilleure version de soi-même, plus jeune, avec une seule injection ?
C'est le début du film de Coralie Fargeat, "The Substance", qui a fait sensation à #Cannes2024. Elle raconte comment l'idée lui est venue, passée la quarantaine.
C'est le début du film de Coralie Fargeat, "The Substance", qui a fait sensation à #Cannes2024. Elle raconte comment l'idée lui est venue, passée la quarantaine.
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00:00Est-ce que vous pouvez m'expliquer la genèse, le point de départ de l'envie de faire ce film The Substance ?
00:26C'est venu de deux rencontres entre mon amour pour le cinéma de genre que j'avais envie de continuer à explorer après Revenge
00:36et un moment de ma vie que je traversais sur comment je pouvais me sentir, passer la quarantaine,
00:43à me dire ça y est je vais ne plus exister, je ne vais plus avoir de place, je vais disparaître, ma vie est finie.
00:51Je me suis dit ça et m'est venue la violence de ça et surtout de me dire comment est-ce que ces idées-là peuvent prendre une telle place dans ta vie ?
01:04Tu n'es même pas à la moitié de ta vie et donc j'ai eu envie de réfléchir pourquoi ça c'était quelque chose qui prenait autant de place
01:12et qui était si violent et qui pouvait avoir un vrai impact très réel.
01:17Ça a été l'envie de me libérer de ça mais surtout de dire que c'était presque impossible de s'en libérer seule
01:29s'il n'y avait pas des choses qui changeaient un petit peu autour parce que je pense qu'en tant que femme ce qu'on peut se faire à soi-même
01:38pour essayer de se conformer aux attentes c'est une manière de survivre en fait,
01:43c'est une manière de pouvoir avoir une place malgré tout, c'est une manière de pouvoir exister.
01:48Le changement à un niveau individuel il est presque impossible parce qu'il y a trop de violence, il y a trop de choses à faire
01:57donc faire ce film un peu c'était pour moi ma manière de dire l'état des lieux c'est ça.
02:06C'était une manière très libératoire pour moi d'essayer à mon humble niveau de sortir de cette tyrannie-là qui est réelle.
02:17Je pense qu'elle disparaîtra jamais une fois qu'elle a commencé, elle peut s'adoucir un petit peu mais dans le fond je pense qu'elle reste
02:26et surtout essayer de montrer, parce que c'est vraiment ça que je pense, à quel point tout est lié à un niveau global
02:35sur la place qu'on occupe dans la société, la manière dont on est vu, les enjeux de pouvoir, de comment on existe dans les passes publiques
02:47selon le corps qu'on a ou qu'on n'a pas, c'est partout en fait, c'est encore partout, c'est tout le temps, c'est à tous les niveaux
02:53et le travail à faire est encore immense donc c'était mon pavé dans la mare de sang on va dire.
03:00C'est très fort ce que vous dites parce que certaines actrices comme Elisabeth, comme Jane Fonda ont parlé de cette difficulté de l'âge qui avance pour les actrices
03:07mais finalement en fait ce que vous dites et ce qui est hyper important c'est que ça nous concerne toutes finalement.
03:12Ça nous concerne toutes, pour moi vraiment le fait de situer cette histoire à Hollywood on va dire ce n'est qu'un symbole
03:20c'est-à-dire pour moi c'était le meilleur symbole parce que le plus hyperbolique de ce que je pense on est toutes amenées à vivre
03:27c'est vraiment pour moi l'incarnation de cette violence-là qui est extrême.
03:33La violence du film est vraiment le miroir de ça, j'ai envie vraiment de l'incarner de cette manière.
03:40Et en fait la violence que vous représentez finalement est-ce que ce n'est pas une façon de se réapproprier cette violence que vous avez subie et de reprendre le pouvoir dessus ?
03:47Exactement, moi c'était vraiment, c'est pour ça que je me suis battue pour avoir ce jusqu'au boutisme
03:53parce que moi mon ressenti de ces thématiques c'est qu'elles sont d'une violence phénoménale mais vraiment extrême internalisée énormément
04:05et le fait de pouvoir l'externaliser, de pouvoir la sur-externaliser dans une sorte de débauche de chair, de sang, d'explosion, de tripes c'était voilà ce qu'on a à l'intérieur de nous.
04:19Pour moi je savais que le film devait avoir cette sincérité-là de ce que moi je ressentais par rapport à ça et ma manière de le transcender
04:26cette violence elle est tout sauf réaliste dans le film et c'était ma manière de la transcender pour en faire un symbole aussi
04:33que j'espère les gens pourront s'approprier, se réapproprier, discuter et voilà et commencer la petite pierre du mur.