C’est quoi le cinéma Queer ? On a posé la question au réalisateur Lukas Dhont, président du jury de la Queer Palm à #Cannes2024, 6 ans après l'avoir reçue pour son premier long-métrage “Girl”.
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Court métrageTranscription
00:00Avec notre classe, nous sommes allés voir Brokeback Mountain en salle.
00:03Je me rappelle très bien ce sentiment que j'avais enfant.
00:07J'étais là dans la salle, je voyais sur l'écran un désir que je ne pouvais pas
00:11encore communiquer à cet âge-là.
00:15Et c'était dur parce que le moment que la lumière allumait,
00:20je savais que je ne pouvais pas en parler et en même temps ça m'a aidé
00:23parce que je m'ai senti vu.
00:27J'étais en résonance avec ce cow-boy-là sur l'écran
00:31et je me suis dit que c'était possible.
00:33Cette notion de cinéma queer, de film queer,
00:36est-ce que tu pourrais nous donner une définition ou ta définition ?
00:39C'est un film qui interroge, c'est un film qui transgresse,
00:45c'est quelque chose qui subvertit.
00:47C'est pour moi un film qui change la côte,
00:51qui propose quelque chose de différent.
00:53Alors là, on est très large dans la définition.
00:56Bien sûr, c'est aussi un film qui parle de la sexualité,
01:00l'expérience du genre, mais ni seulement pour moi.
01:05Par exemple, on a vu dans cette compétition queer aussi beaucoup de films
01:09qui parlent de la famille choisie, qui est sûrement une thématique queer.
01:14C'est politique, c'est des choix, c'est des désirs,
01:17c'est quelque chose qu'on montre sur un écran, c'est une représentation.
01:20Donc la manière dont on choisit de représenter le monde,
01:24on sait déjà qu'il y a la politique.
01:28Est-ce qu'une personne hétérosexuelle peut réaliser un film au queer ?
01:31Bien sûr.
01:32Ce n'est pas nécessairement parce qu'on a cette expérience nous-mêmes
01:35qu'on est mieux à raconter ces histoires.
01:39Oui, ça aide, mais ni seulement.
01:43Je pense pour moi, on doit regarder le film même pour voir si le thème de danse,
01:49si les personnages sont traités avec nuance, avec respect.
01:52Et ça n'a rien à voir avec notre propre identité.
01:56Moi, ça me perturbait si je pouvais seulement faire des films sur ma identité à moi.
02:02Je ne pense pas qu'on doit penser dans cette idée d'exclusion,
02:05mais plutôt vraiment comment on peut inclure tout, tout le monde.
02:12Et qu'on peut aussi, pour moi, traverser, essayer de comprendre un autre,
02:20essayer de voir la perspective d'un autre.
02:23Ça, c'est l'une des grandes forces pour moi du cinéma.
02:26Queer pour moi, c'est aussi cette idée de ne pas te mettre dans un box.
02:33C'est pour moi important qu'on ouvre les frontières de ce que ça veut dire,
02:37le cinéma queer, que ce n'est pas seulement sur l'homosexualité,
02:42que ce n'est pas sûrement sur des personnages trans,
02:45qu'en fait, on peut en imaginer aussi quelque chose qui est plus large.
02:48Est-ce que cette queer palme, il n'y a pas peut-être,
02:53il n'y a pas un risque de quelque part, pas stigmatiser,
02:56mais cantonner un film à une étiquette qui peut parfois être compliquée à comprendre
03:01pour le grand public ?
03:04Bien sûr, bien sûr, il y a ce danger.
03:08Après, je pense, pour moi, tu vois, quand j'étais jeune et je me cherchais
03:14et je voulais voir si beaucoup de représentations queers que je pouvais
03:20dans des photos, dans des livres, dans des films,
03:23c'était important pour moi de savoir où les trouver.
03:27Et moi, je pense plutôt comme ça, qu'il y a une importance dans ça.
03:33Après, c'est vrai que de la même manière, ça peut être stigmatisant.
03:39Je n'ai pas une réponse très concrète sur ça.
03:41Pour moi, en créant des films, en écrivant des films,
03:46je m'ai toujours dit qu'il faut que le film,
03:49les films qu'on écrit soient aussi queer.
03:53Je ne sais pas s'ils donnaient un queer palme,
03:55ça veut dire que le film est seulement pour un public queer.
03:58Donc j'espère aussi que ça ne le traduit pas comme ça.
04:07Ça, je ne sais pas, en fait.