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"Juste de voir que ça touche autant de gens, c'est incroyable. On fait ça pour ça, quoi !"
Samuel a 10 ans et c'est le personnage principal de la série sobrement appelée "Samuel" sur Arte.
Un succès qui cumule déjà plus de 35 millions de vues où on y découvre le quotidien d'un élève de CM2. Une série phénomène qui "touche les gens" et que l'on doit à Émilie Tronche, réalisatrice, scénariste, animatrice. On est allé la rencontrer chez elle à Angoulême.

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Transcription
00:00Salut journal, aujourd'hui un journal qui s'appelle Brut m'a interviewé, c'était très bien.
00:04Lui, c'est Samuel.
00:06Et elle, c'est Émilie Tronche, la créatrice de Samuel, la série Phénomènes d'Arte,
00:11qui cumule plus de 35 millions de vues,
00:13dans laquelle le petit garçon de 10 ans raconte son quotidien dans son journal intime,
00:16et surtout, son amour pour la grande Julie.
00:19On est allé rencontrer Émilie chez elle, à Angoulême, pour découvrir les coulisses de ce succès.
00:23En fait, au tout tout départ de Samuel, j'avais en fait juste envie de raconter une histoire d'amour.
00:27Je me suis peut-être posé la question de l'âge,
00:29et j'étais tout de suite allée vers les enfants, parce que c'était plus simple de raconter ça, en fait.
00:35Parce qu'ils allaient à l'essentiel, quoi.
00:36Ils se le disent, genre, ok, j'aime cette personne, j'ai les décidés.
00:38Elle est venue me voir à la récré pour me dire, Samuel, je t'aime.
00:41Sauf que moi, je l'aime pas, donc je lui ai dit merci, mais pas moi.
00:46J'avais trop peur qu'elle se mette à pleurer, mais à la place, elle m'a donné un coup de poing dans le ventre.
00:51C'est comme si j'allais mourir tellement ça faisait mal.
00:53Disons, je trouve que c'est un bel âge, c'est tout rond, c'est bien.
00:56Et moi, c'est un âge qui m'a énormément marquée.
01:00C'est très court dans une vie, mais c'est celui où on n'est plus un enfant,
01:03et on n'est pas encore un adolescent.
01:05C'est un entre-deux où on essaye de faire un peu le mec mature et tout,
01:09mais en fait, ça fonctionne pas parce qu'on est tout petit.
01:12Et puis, de temps en temps, quand on a envie d'être consolé et de revenir dans l'enfance,
01:16eh ben, on se rend compte que ça change, quoi, et qu'on peut plus faire le bébé.
01:21Donc, en fait, scénaristiquement, c'est trop intéressant, quoi, d'écrire là-dessus.
01:24C'est des problèmes qui peuvent paraître insignifiants avec le recul d'adultes,
01:27mais en fait, qui, à l'époque, nous, ça nous bouleversait tellement, quoi.
01:30C'était, je sais pas, les premières histoires d'amour, les coups que tu peux te prendre,
01:35les frustrations, quand tu te trouves tout d'un coup un peu nulle et moche,
01:38et que tu réalises que t'es pas si ouf que ça.
01:40C'est des trucs trop importants, et donc, j'avais envie d'en parler.
01:43En fait, j'aime pas grandir parce que depuis que je suis née, je me trouve géniale.
01:46Et maintenant, je suis pas sûre si c'est vrai.
01:51Voilà, c'est la première fois que je dessine Samuel.
01:53Il ressemble à ça.
01:54Il est venu comme ça.
01:55Le but, c'était de pas retoucher mes dessins, de garder même les moches,
01:58de pas me juger sur, ah, pas ouf, l'anatomie.
02:01C'était vraiment de juste continuer et de te faire plaisir, quoi.
02:04Mais j'aimais bien retrouver ce truc de, comme les enfants, tu dessines et tu t'en fous, quoi, tu vois.
02:09L'imperfection, après, dans le dessin, c'est un truc que j'aime aussi.
02:12J'aime voir le croquis derrière, les traits, les ratures et tout.
02:15C'est toujours hyper intéressant.
02:17Ouais, tu vois, genre, regarde, le bus, il monte, mais bon, voilà, quoi, ça suffisait, en fait, de montrer un bus.
02:23Je dessine un bus, pas besoin d'en faire un très beau.
02:25En fait, moi, pour faire Samuel, je faisais des vidéos où je me filmais pour trouver des mouvements et tout.
02:30Et donc, ce que je faisais, c'est que je posais mon téléphone ici et je me filmais là, là.
02:34Et je poussais tous mes meubles et tout.
02:36Et c'était la cour de récré, quoi.
02:37Et c'est là que je faisais toutes mes actions dans ce petit salon, quoi.
02:40C'est quoi les trucs que tu préfères dessiner ?
02:44C'est les yeux, les yeux, le regard.
02:47J'adore dessiner ça parce que ça change tellement.
02:50Je sais pas, par exemple, on va faire Julie.
02:53Là, je vais la faire, bon, c'est la première expression qui vient, mais un peu toisante.
02:57Les yeux, tu vois, ils vont être un peu cropés en haut pour avoir une sensation de...
03:02Un peu, OK, si tu me veux.
03:04Tu vois, là, on n'a rien, donc là, ça fait blasé.
03:06Mais si, par exemple, les sourcils, je les mets là, elle va être un peu intriguée.
03:10Ou alors, si je les mets là, elle ne sera pas contente.
03:15Tout de suite, ça veut dire autre chose, quoi, à un millimètre près.
03:18Et ça, cette recherche d'expression, j'y passais franchement à chaque fois mille ans.
03:21Donc, ouais, les yeux, c'est vraiment ce que j'aimais trop faire.
03:24Samuel est quand même... On se ressemble un peu sur pas mal de points.
03:29Même si je pense quand même qu'il est différent.
03:32Je me dis plus que Samuel, l'ensemble, la série, c'est une sorte de capsule un peu temporelle de mon enfance.
03:37Ça a été un jeu de retrouver des anecdotes, de se replonger dans l'enfance
03:42et de la montrer la plus juste possible, ou en tout cas, j'essayais.
03:45C'est ça qui m'a énormément plu à écrire.
03:48C'est ça.
03:53La série est sortie il y a plus de deux mois, je crois,
03:55et j'ai l'impression que je réalise toujours pas...
03:58J'arrive toujours pas trop à atterrir de ça, justement.
04:01C'est tout simple, quoi, mais juste de voir que ça touche...
04:05Que ça touche les gens, en fait, c'est incroyable, quoi.
04:10Mais autant de gens, en fait.
04:12Enfin, on fait ça pour ça, quoi.
04:13Enfin, moi, je fais des dessins et des films pour que ça touche des personnes.
04:21Du coup, quand ça arrive, je sais pas, on est toujours genre « ah, waouh, c'est fou ».

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