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Actes de cruauté, mauvais traitements, malnutrition... Des milliers d'animaux sont victimes de maltraitance chaque année.
En France, ces actes peuvent être sanctionnés de 3 ans de prison et de 45 000€ d'amende. Pourtant peu d'auteurs de violences sont condamnés. Anne-Claire Chauvancy, présidente de l'association Action Protection Animale, déplore ce manque d'application de la loi. Elle raconte.

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Animaux
Transcription
00:00Un jour, tu m'accrochais très court à une poignée de la cuisine
00:02avec une cordée de scotch très serrée autour de la gueule.
00:05Tu devais enfin être fière de moi, car je n'ai plus jamais fait un bruit.
00:08Ce sont des animaux qui sont morts
00:11des suites des maltraitances qu'ils ont subis.
00:13Et à l'aide du morphing,
00:15on est parvenu à leur redonner à la parole le temps de quelques secondes.
00:18Alors le premier chien, c'est un stade qui a été violemment battu par son propriétaire
00:22et qui a fini attaché à une poignée de porte muselée avec une chaussette.
00:27Si bien que lorsqu'on l'a retrouvé,
00:28la chaussette s'était littéralement incrustée en fait dans ses chairs.
00:31Et l'image rend vraiment malheureusement réelle ce qui lui est arrivé.
00:36Le deuxième chien, c'est King, qui a été utilisé pour la sécurité.
00:39C'est un animal qui ne servait qu'à travailler,
00:41qui était traité comme un objet, comme un outil,
00:43qui était remisé à la cave en permanence,
00:45qui n'était pas nourri, qui n'avait pas d'eau.
00:48Il a agonisé un long moment.
00:49Malheureusement, quand on l'a retrouvé, il était trop tard.
00:52Et ensuite, on a Maya.
00:53Les enfants brutalisaient l'animal.
00:54Elle a fini par mourir sous les coups.
00:56Le premier objectif, c'était de sensibiliser un maximum de personnes
01:00à la maltraitance animale qui est un véritable fléau
01:02et faire savoir aux personnes aussi qu'il faut la signaler.
01:05Parce que ces animaux-là, en l'occurrence, ne seraient peut-être pas morts
01:07si au final, les faits avaient été signalés avant.
01:09On aurait peut-être pu éviter le pire.
01:11Tu t'es sûrement dit que j'avancerais plus vite si tu m'accrochais à ton scooter
01:15et que tu démarrais à fond.
01:17Tu auras été mon meilleur ami, à la vie, à la mort.
01:22Il faut savoir que la maltraitance est véritablement partout.
01:25Ça peut paraître un peu cliché de dire ça,
01:27mais en y étant confronté au quotidien,
01:28on se rend compte que ça peut être le voisin,
01:30ça peut être la famille, ça peut être n'importe qui.
01:32Et pour vous donner une illustration,
01:33si vous marchez dans une rue de votre ville,
01:35dites-vous qu'il y a au moins deux ou trois animaux
01:37qui, dans cette rue, sont en situation de maltraitance,
01:40que ce soit volontaire ou pas.
01:41Parce qu'au final, on ne peut jamais réellement savoir
01:43ce qui se passe dans le huis clos des habitations.
01:45L'année dernière, le gouvernement a sorti des chiffres
01:48pour estimer le nombre de maltraitances.
01:50Ils ont recensé une dizaine de milliers de dossiers
01:52enregistrés sur procédure par les gendarmeries
01:55et les commissariats.
01:56Ce sont des chiffres qui peuvent paraître importants,
01:58mais qui pourtant sont complètement en deçà de la réalité.
02:00Parce qu'en réalité, il y a énormément de dossiers
02:03qui ne font pas l'objet de procédures
02:04et qui, du coup, n'entrent pas en considération
02:06dans ces statistiques-là.
02:07Le chien que j'ai avec moi, elle s'appelle Echo.
02:10Là, elle est toute mignonne, elle est bien portante.
02:12On ne pourrait pas croire d'où elle vient.
02:14Mais c'est un chien qu'on a récupéré il y a quelques mois,
02:17qui avait été laissé à l'abandon dans un appartement
02:19pendant au moins trois semaines.
02:21En fait, la famille, le couple, avait eu un enfant.
02:23Ils étaient partis vivre chez les beaux-parents.
02:25Et pendant trois semaines, ils ont laissé les chiens
02:26enfermés dans le domicile, sans eau et sans nourriture.
02:28Donc, quand on est arrivé, on a récupéré des chiens
02:30qui étaient squelettiques.
02:31Elles, par exemple, ne pesaient plus que deux kilos.
02:33Voilà, ils ont dû être hospitalisés.
02:34Ça a été extrêmement compliqué de les rétablir.
02:37Et aujourd'hui, on a toujours une procédure
02:38qui est en cours contre les auteurs de ces faits-là.
02:41L'année dernière, le gouvernement a semblé entendre
02:44le cri de détresse, clairement,
02:45des associations de protection animale,
02:47en mettant en œuvre différentes mesures et notamment
02:50en aggravant les sanctions encourues
02:52en cas de mauvais traitement, d'actes de cruauté, etc.
02:54Et également, en mettant en place des référents animaux
02:58dans les commissariats et les gendarmeries.
03:00Sur le papier, c'est super, mais il y a deux problématiques.
03:03La première problématique, c'est que les peines,
03:05c'est très bien de les aggraver,
03:07mais il faudrait déjà appliquer les sanctions.
03:10En l'occurrence, avant, c'était deux ans de prison,
03:1130 000 euros d'amende.
03:12Aujourd'hui, on est passé à trois ans de prison,
03:1445 000 euros d'amende.
03:15Mais la première peine, déjà, des deux ans de prison,
03:17à ma connaissance, a été appliquée une seule fois,
03:19en une décennie.
03:20Il manque peut-être une sensibilisation des magistrats
03:23à cette problématique-là, à ce fléau-là, même, je dirais,
03:26pour qu'ils soient en mesure d'appliquer
03:28des sanctions peut-être plus dissuasives,
03:30surtout lorsqu'on sait que la loi nous offre
03:31un arsenal juridique quand même extrêmement important
03:34pour pouvoir sanctionner de tels faits.
03:35Et la deuxième problématique,
03:37on travaille tous les jours avec les forces de l'ordre,
03:38et on a beaucoup de personnes qui sont très motivées,
03:40qui ont envie d'agir.
03:41Malheureusement, comme c'est le cas partout,
03:43on en a d'autres qui sont beaucoup moins investies.
03:45Aujourd'hui, les référents ne sont pas suffisamment formés,
03:47sont mal formés, ne connaissent pas les procédures
03:50et ne savent pas forcément comment les appliquer.
03:53Le souci qu'on rencontre aussi, c'est que même si les personnes
03:55peuvent avoir envie de mener à bien un dossier correctement,
03:58derrière, il y a un manque de moyens évident des forces de l'ordre
04:00pour pouvoir mener à bien ces procédures correctement.
04:03Déjà, ils ne sont pas toujours écoutés.
04:04Lorsqu'on va commencer à parler d'animaux
04:06dans les commissariats, les gendarmeries,
04:07ça reste encore des dossiers qui peuvent faire rire,
04:09qui peuvent être moqués.
04:11Et ensuite, financièrement et en termes d'effectifs,
04:13c'est toujours très compliqué d'assigner des personnes à ces missions-là.
04:17Après, évidemment, pour pouvoir secourir un animal,
04:20pour pouvoir entamer une procédure, etc.,
04:22encore faut-il que la souffrance de cet animal-là soit signalée.
04:25C'était aussi ça l'objectif de la campagne,
04:28inciter les personnes à ne pas fermer les yeux
04:30sur les faits qu'elles peuvent rencontrer.
04:32Je pense qu'aujourd'hui, on a tous, de près ou de loin,
04:35été confrontés à la maltraitance animale
04:37et on s'est peut-être tous sentis un peu perdus,
04:39sans trop savoir comment réagir.
04:41L'objectif aujourd'hui, c'est de dire qu'il faut signaler.
04:44On ne peut pas forcément savoir ce qui se passe
04:45dans le huis clos des habitations.
04:47Si personne ne parle, les animaux ne peuvent pas parler eux-mêmes
04:50et c'est essentiel que l'information soit portée
04:52à la connaissance des autorités
04:53pour qu'ils puissent y avoir une éventuelle prise en charge
04:56de l'animal en danger.

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