coté scène(s) - novembre 2024
Festival Les 7 Collines 2024, les 30 ans
Le festival des 7 Collines et ses 14 mille spectateurs ont fêté leurs 30 ans cette année. Avec une programmation exceptionnelle, les circassiens musiciens de Transe Express invités aussi en ouverture des JO 2024, le cirque Trottola et ses acrobates clownesques gardés au secret, la danse des stéphanois de Dyptik, un Grand Bal envoûtant. Ce coté scène(s) n'évoque qu'une partie de la programmation élargie sur 3 mois, mettant aussi en exergue ce retour cinématographique inédit dans les productions des cirques invités. C’était un heureux hasard puisque les projections de films en extérieur signaient les premières éditions il y a 30 ans. Un feed back surprenant dans ce cirque d'aujourd'hui émouvant, impérieux et porteur de rencontres fortes. Réalisation Chantale Joassard.
Festival Les 7 Collines 2024, les 30 ans
Le festival des 7 Collines et ses 14 mille spectateurs ont fêté leurs 30 ans cette année. Avec une programmation exceptionnelle, les circassiens musiciens de Transe Express invités aussi en ouverture des JO 2024, le cirque Trottola et ses acrobates clownesques gardés au secret, la danse des stéphanois de Dyptik, un Grand Bal envoûtant. Ce coté scène(s) n'évoque qu'une partie de la programmation élargie sur 3 mois, mettant aussi en exergue ce retour cinématographique inédit dans les productions des cirques invités. C’était un heureux hasard puisque les projections de films en extérieur signaient les premières éditions il y a 30 ans. Un feed back surprenant dans ce cirque d'aujourd'hui émouvant, impérieux et porteur de rencontres fortes. Réalisation Chantale Joassard.
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00:00Et bonjour, bonsoir, bienvenue, nous allons au 30 ans du festival des 7 collines, une
00:12invitation exceptionnelle, un événement qui a son histoire, ses débuts, ses premiers
00:17pas sur le grand écran, et puis 15 ans, ce sont les cirques qui s'ancrent, qui s'enracinent
00:23même à 30 mètres du sol, comme ici, les transexpress, l'amitié spéciale de cette
00:2830e édition, une édition en 3 épisodes, ils ont eu lieu en mai, juin, juillet, des
00:34créations hors normes, et des spectacles ciné, théâtre, cabaret, ou sans images,
00:39comme le cirque trottelat qui garde le mystère, voilà, c'est une édition des 30 ans dans
00:44l'esprit du festival, à la fois équilibriste et alerte, et on commence avec des scènes
00:50circassiennes des Black Blues Brothers, qui rendent hommage à leurs cousins américains,
00:55évidemment avec des lunettes noires, un hommage aussi au Cotton Club, au film miraculé de
01:00John Londis, le tout en numéro, publicité par plus de 1200 spectateurs ici, à l'Opéra,
01:09et on va retrouver le directeur du festival, Jean-Philippe Néandon, dans cette opéra
01:13en effervescence, les Black Blues Brothers, c'est la touche du Cirque Canyon, des portées
01:19extraordinaires, mais aussi toute la bande-son de la musique jazz américaine, du grand art,
01:24et c'est pour ça, Jean-Philippe, que vous voulez des invités.
01:27Là, c'est un spectacle cirque-cabaret, ambiance musicale, voilà, c'est ça aussi, on a trouvé
01:36que pour les 30 ans aussi, mettre un spectacle qui met la joie, qui est plein d'énergie,
01:42qui est très généreux, qui propose des acrobaties incroyables, c'est chouette, et
01:48je crois que là, tout le monde est sorti avec le sourire, avec plein d'énergie, c'était
01:55un beau moment.
01:56Les Black Blues Brothers qui nous permettent de rappeler que le festival, à ses tout débuts,
02:11était un festival de cinéma seulement, mais ça s'ouvre le loin maintenant.
02:16En plein air, oui, c'est vieux, mais en effet, il y avait quelques films qui étaient présentés
02:23en plein air dans le cadre du festival, là maintenant, ça fait longtemps que ce n'est
02:27plus le cas.
02:28Qu'est-ce que ça vous a amené le fait de passer du cinéma au cirque ? C'était naturel,
02:36comment ça s'est fabriqué tout ça ?
02:38Oui, il y avait les deux en même temps, et puis ça nous a semblé plus opportun de se
02:45consacrer sur le spectacle vivant plutôt que sur le cinéma.
02:49Je veux dire, à Saint-Etienne, il y a plein de salles, des possibilités de voir des films,
02:54etc.
02:55En revanche, les spectacles vivants qui sont, notamment pour certains, peu diffusés en
03:01France, c'est important qu'on soit là pour les montrer, donc du coup, ça nous semblait
03:09prioritaire presque de se consacrer au spectacle vivant à un moment donné, et maintenant,
03:14c'est quelque chose qu'on fait depuis plus de 15 ans et ça nous satisfait complètement.
03:18Alors oui, vous êtes devenu un étonnant festival de cirque international ici à Saint-Etienne
03:24avec des compagnies qui nous arrivent d'Australie, du Canada, et puis cette année, il y avait
03:28un objet un peu particulier parce que vous avez renoué avec le cinéma et Hollywood
03:35avec ce biopic d'Eddie Lamarr qui est associé au théâtre Magie Nouvelle Cirque.
03:40Alors c'est l'histoire de cette actrice autrichienne qui se réfugie à Hollywood pendant la guerre,
03:47elle devient star, et en parallèle de sa carrière d'actrice, elle devient l'inventrice
03:51de génie, des ondes courtes, précurseur du Wi-Fi.
03:54Voilà, c'est une histoire incroyable, avec des espions qui tombent des cintres, une assistante
04:00invisible, un complice au piano, et une star, femme fatale, et femme de caractère.
04:05Qu'est-ce qui se passe ? J'arrête tout ! Râle-moi de jouer les potiches dans des
04:12villes de merde alors que le monde est en train de devenir fou !
04:16Oui, complètement.
04:17C'était Eddie Lamarr qui a fui l'Allemagne, le nazisme en Autriche, qui a fui aux Etats-Unis,
04:25qui est devenu actrice, et tout en étant actrice, elle a eu des intuitions d'ingénieur,
04:31d'ingénierie.
04:32Elle a mis au point ce qu'on appelle maintenant le Wi-Fi, que tout le monde utilise, que la
04:37planète entière utilise, sans savoir que c'est elle qui est à l'origine de ce moyen
04:45de communication.
04:46Peut-être que des scientifiques en parleraient mieux, mais en tout cas, c'est l'alternance
04:51de fréquence.
04:52Elle s'est questionnée, c'est assez fou, sur le guidage des torpilles des alliés pendant
04:58la guerre, qui manquaient leurs cibles, et elle a trouvé un moyen, elle a proposé
05:03le fait non pas de les guider par des fils, mais par des ondes qui alternaient de fréquence
05:09pour ne pas que les ennemis repèrent la torpille.
05:15C'est compliqué, il faut s'intéresser au sujet.
05:18Des spectacles ne racontaient pas tout ça techniquement, mais par contre ils donnaient
05:22le tempérament de cette femme.
05:25Ce n'était pas évident, si on ne connaissait pas l'histoire des dilemmas, de suivre le
05:30spectacle qui donnait des indications sur sa vie.
05:34Peut-être que si on n'avait pas en tête tout ça, ça paraissait peut-être anecdotique,
05:39mais ça ne l'était pas.
05:40Je pense qu'il fallait avoir quelques connaissances sur la vie de cette personne qui a vraiment
05:49été extraordinaire, d'être actrice à Hollywood, tourner dans des grands films,
05:59et en même temps s'intéresser à des choses très concrètes pour guider les torpilles.
06:04Voilà, et surtout très importante en temps de guerre.
06:08Une autre idée qui s'est enracinée aux sept collines, c'est de faire programmation
06:13commune entre cirque et danse.
06:15On ne sépare pas ces deux arts.
06:18Avec cette année, il y aura même un pas de côté avec une non-danseuse indienne.
06:23Un spectacle bifrontal, son espace est entravé de centaines de poupées faites main.
06:27On comprend donc pourquoi elle ne danse pas.
06:29Et le fil rouge, c'est sa voix, celle des chansons oubliées.
06:49C'est très singulier.
06:51Vous avez choisi ce spectacle, pourquoi ?
06:54On l'a choisi parce qu'il nous plaisait beaucoup.
06:57Ce n'est pas si souvent qu'on invite des projets indiens.
07:01Je crois que c'est la deuxième fois depuis 30 ans.
07:05Ce projet nous séduit parce qu'il a une construction narrative très originale.
07:13Il y a une participation du public qui est assez juste.
07:18Les gens participent bien au projet, entourent bien l'artiste.
07:22Ça nécessite ce lien établi dès le début du spectacle avec l'artiste.
07:28Et ça repose sur des voix oubliées, des femmes notamment,
07:34qui ont pu transmettre des choses à travers des chansons.
07:40Ces chansons nous rappellent leur histoire.
07:44Le public s'est approprié ces chansons pour les partager.
07:51Ce sont des choses un peu atypiques qu'on aime beaucoup présenter dans le cadre du festival.
07:57Ça fait aussi partie des singularités du festival.
08:09Merci !
08:40Ils ont accepté de parler de leur dernière création, Strano.
08:44Ce monde étrange, le nôtre, fait d'humanité et d'inextensible mouvement de guerre.
08:49Quelques explications, Strano.
08:51Strano, en italien, ça parle déjà du lointain.
08:58Et c'est étrange parce que pour nous, le cirque tire à tordre la réalité.
09:07On se joue de la pesanteur, on se joue de la rigolade,
09:12et en même temps, on trafique un peu avec les émotions, etc.
09:15Et je trouve que le cirque, il n'y a rien de mieux pour ça.
09:17On arrive sur une place où il n'y a rien,
09:19et il y a tout d'un coup un édifice, un nouveau théâtre, un nouveau cirque qui s'installe là.
09:24Rien que pour ça, on a tordu le décor.
09:27C'est vrai que c'est là que c'est difficile, des fois, quand on est en l'air,
09:30de ne pas faire un truc trop prétentieux ou presque trop...
09:35Et cette image de petit clown qui est un peu fragile,
09:39c'est sûr que c'est super agréable à jouer avec ces deux figures.
09:46Et la deuxième figure, c'est Bona, et vous, vous êtes un clown un peu bourru.
09:56C'est votre personnage de départ, c'est votre clown de départ.
10:00Il me suit depuis un bon bout de temps avec Parle-Bouddhu,
10:04et voilà, c'est comment arriver un peu à causer de l'humanité
10:10par ce côté un peu bourru, un peu brut.
10:17Vous disiez que ça parlait des marges,
10:20peut-être des gens qui sont invisibilisés,
10:24de ramener un personnage, un clown bourru comme ça.
10:29Oui, tout à fait.
10:33Cette idée du cirque, ça invite tout le monde, ça invoque tout le monde sur la piste.
10:38Et les clowns, ils apportent cette espèce de fougue des gens du dessous, du rien,
10:48cette espèce de gaminerie majestueuse.
10:52Nous, on adore ça.
10:54La naïveté du cirque a cette force-là.
10:57On a eu aussi envie qu'il y ait ces deux gros costauds
11:00qui brassent cette espèce de clown fragile, délicat,
11:05et qui racontent aussi ça.
11:08Parce que c'est les gens, les marginaux, les clowns, les enfants, la fragilité,
11:15elle est bien malmenée aujourd'hui.
11:17Les trottolins qui signent des figures bouleversantes.
11:20Et on revient à l'ouverture du festival avec les Stéphanois de Diptyque
11:24et cette création, le Grand Ball,
11:26où la danse collective s'imprègne d'un mouvement de rêve parti et de rage.
11:44Jean-Philippe, vous avez donné une nouvelle fois rendez-vous aux Diptyques,
11:47dont les spectacles qui tournent à l'international sont rares dans leur ville d'origine,
11:52et pourtant ils adorent revenir ici.
11:54Alors, le Grand Ball, quelques mots.
11:57Le Grand Ball, qu'on a eu grand plaisir de faire avec la Comédie de Saint-Etienne en co-accueil.
12:03Pour une semaine, quand même.
12:05Pour une semaine, c'était fin mai.
12:07C'est toujours l'énergie de la compagnie Diptyque,
12:12c'est leur force aussi qu'ils ont à rassembler des gens,
12:18à passer du solo danse au groupe.
12:23Il y a toujours ce va-et-vient permanent dans leurs spectacles.
12:28Vraiment, ça porte, c'est beau.
12:30C'est plein d'énergie, ça a eu beaucoup de succès.
12:33Et tout leur spectacle, d'ailleurs, fonctionne super bien.
12:38Les Balles des Diptyques qui a rempli la Comédie,
12:41avec ce Grand Ball à une danse joyeuse, violente.
12:45On pense à On Achève Bien des Chevaux, un film encore.
12:49Et on va conclure, une fois encore, avec un Ball.
12:52Transexpress, la compagnie dromoise, est invitée de la Flamme Olympique et de la Métropole
12:58pour ouvrir le Grand Ball.
13:00Et c'était majestueux.
13:02Deux scènes, des musiciens, sur scène, mais aussi perché dans ce lustre,
13:06ainsi que des acrobates et pour le public.
13:08Une création qui a fait le tour du monde et des airs.
13:11Crystal Palace, c'est un hommage aux Balles de Pinchna,
13:15qui fut répétée et jouée à Manifrance dans les années 80.
13:19Peu s'en souviennent.
13:20Une pièce qui donnera lieu aux Balles de Pinchna.
13:24Une fois encore, c'est peut-être l'exception des 30 ans.
13:26Et on rencontre les équipes de Transexpress,
13:28explications sur ce cirque céleste, perché, qui veut faire danser les publics.
13:33L'art céleste, c'est ce qu'a développé la compagnie depuis les années 90.
13:40C'est rendre visible du plus grand nombre,
13:46du plus grand nombre, du plus grand nombre,
13:49c'est rendre visible du plus grand nombre
13:54les spectacles avec à la fois de la musique live,
14:00du jeu d'acteurs, qui est plutôt du théâtre de gestes pour nous,
14:06puisqu'on est quand même à grande hauteur,
14:09et de la prouesse aérienne, donc souvent des numéros circassiens.
14:15Il y a toujours une philosophie dans la compagnie,
14:20c'est quand même le rapport charnel avec le public.
14:26Ici, dans ce spectacle, on mélange le jeu sur scène avec la danse,
14:33avec des volontaires qui sont issus du cru,
14:40qui ont travaillé pendant trois jours avec nous,
14:43avec la chorégraphe, pour apprendre les chorégraphies qui vont se dérouler sur scène,
14:48et qui doivent susciter l'envie dans le public du plaisir de la danse.
15:04L'enjeu va être de faire monter ce désir chez le public
15:12et de se mettre à danser.
15:15Au départ, c'est le spectacle d'un bal,
15:19et à la fin, on voudrait que ce soit le bal, le bal pour tous,
15:22que tout le monde participe à la fête.
15:28C'est du spectacle de rue, du vrai spectacle de rue,
15:31avec l'ambiance des gars de la rue, l'art de la rue,
15:35pour de vrai, populaire, au bon sens du terme.
15:43Voilà cette 30e édition de cette colline, pas comme les autres,
15:47avec nombre de raconteurs d'histoire,
15:50et toujours plus de fragilité, de sensibilité apportée au cirque contemporain,
15:56comme si c'était désormais naturel et évident.
15:59Un cirque qui peut tout dire, tout faire,
16:02on pourra le vérifier la saison prochaine,
16:05pour une 31e édition en Israël.
16:08A très vite dans Côté scène, portez-vous bien, bye.