Aujourd'hui, dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de réclusion à la perpétuité qu'encoure l'écrivain Boualem Sansal, poursuivi par plusieurs chefs d'inculpation, notamment «atteinte à l’intégrité et à l’unité nationales et aux institutions de l’État». Pour rappel, le Franco-Algérien a été arrêté le 16 novembre dernier à Alger.
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00:00PUNCHLINE, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:1318h18, on se retrouve en direct dans PUNCHLINE sur CNews et sur Europe 1.
00:16Une information importante concernant Boilem Sansalle.
00:19Il a été entendu par le parquet antiterroriste d'Alger.
00:23Une information extrêmement importante. Il a été placé sous mandat de dépôt.
00:26On n'avait pas de nouvelles.
00:27Michel Auboyne, c'est écrivain français depuis son atterrissage à Alger.
00:31Son avocat s'inquiète évidemment des conditions de la détention étant donné son âge.
00:37Ça veut dire que si dans les motifs de ce qu'on l'accuse, il y a atteinte à la sûreté de l'État,
00:44ce sont des peines assez lourdes contre Boilem Sansalle, l'état salmanais.
00:48Je ne connais pas par cœur le code pénal algérien,
00:51mais je crois que si c'est sûreté de l'État, il ne ressort plus.
00:53Perpète.
00:54Mais c'est absolument terrifiant.
00:55C'est dramatique. Je pense que la France aurait dû agir bien avant qu'on ait ce mandat de dépôt.
00:59Parce qu'une fois qu'il y a le mandat de dépôt, bon courage pour aller à l'encontre.
01:02On s'est complètement couché.
01:04Michel Auboyne, le sort de cet écrivain.
01:06J'ai toujours du mal à comprendre les relations diplomatiques que la France peut avoir avec l'Algérie.
01:10Franchement, pendant longtemps, j'ai cru qu'on tirait un intérêt particulier de bonnes relations,
01:17qu'on entretient un sens unique avec l'Algérie.
01:19Parce qu'évidemment, nous, on entretient de bonnes relations, mais pas l'Algérie.
01:22Mais en fait, non, on n'a même pas d'intérêt économique.
01:24Donc on ne comprend pas pourquoi on reste sur ce statu quo.
01:27Il est français.
01:29Il est français.
01:30C'est un français.
01:31S'il était Algérien, on n'aurait rien à dire.
01:33Il est français.
01:34Je veux dire, la France, le président doit se bouger pour le récupérer.
01:37Alors évidemment, plus le temps passe et plus ça va être très compliqué.
01:40Là, il est mandat de dépôt, c'est trop tard.
01:42Qu'est-ce que vous voulez faire ?
01:44S'il est condamné par un tribunal ?
01:45Bien sûr.
01:46Le B sache que ça envoie quand même.
01:48C'est absolument terrible par rapport à tous les lanceurs d'alerte,
01:51qu'ils soient intellectuels ou pas.
01:52D'ailleurs, français, s'ils vont aller à l'étranger,
01:54je veux dire, la France ne peut rien faire pour vous.
01:56Mais c'est terrible.
01:57Mais laisse la réaction de la France.
01:59Vous seriez citoyen américain, ça ne se passerait pas comme ça.
02:02Vous avez entièrement raison.
02:03Non, mais ça, c'est important de le dire.
02:04Vous seriez citoyen américain, ça ne se passerait pas comme ça.
02:07Le président des Etats-Unis serait déjà monté au créneau publiquement,
02:10même s'il laisserait la diplomatie travailler.
02:12Mais moi, je voudrais attirer quand même un focus sur une honte absolue.
02:16Amnistie internationale.
02:18Je regardais leur site.
02:19Silence.
02:20Nous, les grands défenseurs des droits humains.
02:22Je regardais leur site.
02:23Il n'y a pas un mot sur Boalem-Sensal.
02:25Pas un mot.
02:26C'est comme s'ils n'existaient pas.
02:27Les indignations à géométrie marginale.
02:28Mais vous vous rendez compte ?
02:29Ils défendent les droits humains.
02:30Alors, vous avez toute une collection de prisonniers politiques qu'ils défendent,
02:33et ils ont raison.
02:34Mais il n'y a même pas un mot.
02:35J'ai regardé, j'ai fait une recherche.
02:36Amnistie internationale, les grands donneurs de leçons,
02:39les défenseurs des veuves et d'orphelins,
02:41des gens opprimés politiquement dans le monde entier,
02:44il n'y a pas un mot sur Boalem-Sensal ?
02:46Ou alors j'ai mal vu, mais ça m'étonnerait, j'ai regardé.
02:48Deuxième chose que j'aimerais souligner,
02:50puisqu'on parlait des gens qui réagissent,
02:52peut-être que le président de la Publique, le Premier ministre, le Quai d'Orsay,
02:54très bien, je comprends.
02:55Et Rachida Dati, ministre de la Culture ?
02:58Oui, mais attendez,
02:59s'il y a des consignes qui ont été données, c'est normal.
03:02Très bien, mais il n'y a des consignes.
03:03Pas au ministre de la Culture.
03:04Le ministre de la Culture, il doit défendre un écrivain,
03:06même s'il y a des consignes...
03:07Le Quai d'Orsay aussi, dans ce cas-là.
03:09Non, le Quai d'Orsay, il travaille, il travaille.
03:11Si la consigne a été donnée...
03:13Le vrai sujet, c'est quelle est l'impulsion qui est donnée par le président de la République.
03:16C'est lui qui donne le ton.
03:18S'il dit à son gouvernement, vous vous taisez.
03:20Parce qu'en coulisses, on est en train de négocier.
03:22Et donc, il faut préserver le canal.
03:24Il faut éviter tout parasitage de la part de la République.
03:27Ce mandat de dépôt, on disait que c'était trop tard.
03:29Il vient de tomber, le mandat de dépôt.
03:31Éric, il y a très peu de gens qui connaissent le fond du dossier.
03:33Il faut rompre nos relations diplomatiques avec l'Algérie
03:35s'ils le mettent en prison.
03:37Je suis d'accord avec vous.
03:39Mais il est en prison.
03:41Il est pour une très longue période, à 75 ans.
03:43Éric Revel, il faut le relation diplomatique avec l'Algérie.
03:47Ça fait trop longtemps qu'il nous bat.
03:49Éric, le problème, c'est que ça fait 15 ans
03:51qu'on entretient cette relation avec l'Algérie,
03:53qui est de pire en pire.
03:55À chaque fois, pour essayer d'améliorer les choses,
03:57on se couche encore plus avec l'Algérie.
03:59C'est simplement la conséquence de non-choix
04:01et de posture de la France
04:03qui a accepté à chaque fois de se coucher,
04:05de renoncer à être crédible,
04:07de renoncer à sa parole publique.
04:09Nous ne donnons pas les moyens d'être crédibles.
04:13Être crédible, ce n'est pas juste la cohérence dans les paroles,
04:15c'est joindre les actions au discours.
04:17Et les actions, que ce soit en matière de dépendance énergétique...
04:21Nous avons des contrats gaziers avec l'Algérie.
04:23Le gaz algérien, ça compte.
04:25Nous dépendons du fait que l'Algérie contrôle les flux migratoires
04:27en provenance d'Afrique subsaharienne.
04:29Nous dépendons de l'Algérie
04:31pour contrôler un certain nombre de trafics en Méditerranée.
04:35Enfin, nous dépendons.
04:37Avec l'Algérie, on n'a pas hésité.
04:39Nous avons laissé l'Algérie
04:41continuer à entretenir ses réseaux
04:43sur le territoire français
04:45via un certain nombre de représentants,
04:47notamment la Grande Mosquée de Paris,
04:49pour mobiliser les gens qui seraient...
04:51Et ça ne veut pas dire que tous les Franco-Algériens
04:53se prêteraient à ce jeu-là,
04:55mais ça n'empêche pas qu'ils ont ces relais-là.
04:57Et donc, le pouvoir politique a peur
04:59et nous ne sommes pas capables de miser véritablement.
05:01On fait des grands discours sur la souveraineté alimentaire
05:03à l'Assemblée nationale, mais en ce qui concerne la sécurité,
05:05ce qui n'est pas la même idée,
05:07la sécurité, c'est-à-dire vraiment s'en être donné les moyens,
05:09et bien là encore, il y a les actions,
05:11il n'y a pas les actes, et malheureusement,
05:13avec l'Algérie, c'est ce que nous payons.
05:15Une réaction d'un académicien.
05:17Monsieur Ruffin, écoutez-le,
05:19il faut agir avec urgence, dit-il.
05:21Je vais faire valoir
05:23très vite
05:25auprès de mes confrères
05:27de façon collégiale
05:29la nécessité
05:31de passer à l'action,
05:33c'est-à-dire que les pétitions,
05:35les petits communiqués, c'est très bien,
05:37mais je pense qu'il faut agir,
05:39et la proposition que j'ai faite,
05:41je ne peux malheureusement pas en faire d'autres,
05:43mais elle aurait déjà un poids,
05:45c'est de les lire, nous avons des procédures pour ça,
05:47les lire de façon urgente,
05:49ce qui ne serait pas étonnant,
05:51compte tenu qu'on l'a déjà remis deux grands prix,
05:53prix de la francophonie et grand prix du roman,
05:55on le reconnaît bien, il a tout à fait sa place parmi nous,
05:57et je pense que c'est le moment
05:59d'essayer d'étendre
06:01notre protection sur lui
06:03en montrant que la France
06:05le reconnaît pleinement.
06:07L'agent Christophe Ruffin, qui était invité d'Anne Fulda
06:09qui a été diplomate,
06:11il sait pourquoi, il comprend
06:13pourquoi l'inertie du gouvernement français
06:15apparent est compliquée à comprendre.
06:17Ce monde culturel-là, pas celui qui trie
06:19le bon grain de livret, les gens qu'on peut défendre
06:21et ceux qu'on ne peut pas défendre, comme on l'a vu sur un plateau
06:23d'une service publique.
06:25Je ne sais pas s'il était élu
06:27à l'Académie française,
06:29que ça changerait pour son sort,
06:31mais là, si vraiment il est condamné à une peine
06:33forte, voire très forte,
06:35je ne vois pas comment on peut
06:37continuer à discuter avec ce pays.
06:39Moi je vous le dis comme je le pense.