Y a-t-il une défaillance en France dans l’accueil des tout-petits en crèche ? Si le mode de garde attire, les places manquent. Aujourd'hui une famille sur deux souhaite trouver une place en crèche mais seuls 20% des parents en décrochent une. Et pour ceux qui l’obtiennent l’inquiétude et les questions se multiplient sur la qualité de la prestation : conditions d’accueil dégradées, taux d’encadrement trop faible, voire des mauvais traitements. Des problèmes qui se doublent d’une pénurie de professionnels de la petite enfance. Ce mois-ci Quentin Calmet donne la parole à cinq Français directement concernés par ces questions autour de la petite enfance. Cinq Français qui interpelleront directement les sénateurs présents sur le plateau de l’émission Dialogue Citoyen. Année de Production :
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00:00...
00:09Bonjour à tous.
00:10Y a-t-il une défaillance en France
00:13dans l'accueil des tout-petits en crèche ?
00:15Si le mode de garde attire, les places manquent.
00:18Aujourd'hui, une famille sur deux
00:20souhaite trouver une place en crèche,
00:22mais seuls 20 % des parents en décrochent une.
00:25Et pour ceux qui obtiennent cette place,
00:27l'inquiétude et les questions se multiplient
00:30dans les qualités de la prestation.
00:32Condition d'accueil dégradée,
00:33taux d'encadrement trop faible,
00:35voire pire, mauvais traitement.
00:37Des problèmes qui se doublent
00:38d'une pénurie de professionnels
00:40de la petite enfance.
00:42Il manquerait en France, dans nos crèches,
00:4410 000 professionnels.
00:45Dans ce nouveau numéro de Dialogue citoyen,
00:485 Français vont pouvoir témoigner
00:50de leurs difficultés, de leurs interrogations,
00:52mais aussi proposer leurs solutions.
00:55Bonjour à tous les 5.
00:56Merci d'avoir accepté de participer à cette émission.
00:59Nous serons avec vous partout en France.
01:01Certains d'entre vous sont parents.
01:03Vous nous raconterez la façon
01:05dont sont prises en charge vos enfants,
01:07mais nous entendrons aussi la parole des professionnels
01:10qui feront part de la complexité de leur métier.
01:13Pour commencer, on va voir la situation la plus courante.
01:16Ces parents qui cherchent une place
01:18et qui n'en trouvent pas.
01:19Bonjour, Céline Tisserand.
01:21Vous habitez à Aubert-Juillet, en Seine-Saint-Denis.
01:24Vous avez deux enfants de 3 ans et un an et demi.
01:27Vous le dites, vous n'avez jamais réussi
01:30à avoir une place en crèche pour aucun de vos deux petits.
01:33Chercher une place, c'était un parcours du combattant.
01:37Oui, et c'est par faute d'avoir essayé.
01:38Aussi bien en départementale qu'en crèche municipale,
01:42on a toujours reçu des refus, en fait.
01:45Du coup, l'idée, c'est un peu de comprendre
01:47si on peut avoir un peu de transparence
01:48sur ces critères d'obtention de place,
01:51parce qu'on travaille tous les deux,
01:52et pour autant, on n'a jamais eu la possibilité d'en avoir.
01:55– Vous teniez à avoir une place en crèche.
01:58Pourquoi d'abord ce choix de la crèche ?
02:01Vous y teniez ?
02:02– J'y tenais parce que je trouve que ça facilite quand même,
02:06on va dire, la sociabilité de l'enfant.
02:09Et après, il y a aussi quand même une facilité au niveau du paiement.
02:13Nous, on est passé, du coup, par d'autres formules, on va dire,
02:17et ça nous a coûté extrêmement cher,
02:19si bien qu'avec mon mari, on a renoncé à l'idée d'avoir un troisième enfant,
02:23parce que le budget ne nous permet pas de le faire, en fait.
02:27– On va revenir sur déjà ce que vous nous avez dit.
02:29J'accueille en plateau trois sénateurs.
02:31Vous allez pouvoir, tous les trois, réagir au témoignage des Français
02:35tout au long de cette émission.
02:36Raymond de Ponce et Mouange, vous êtes sénatrice écologiste du Rhône.
02:40Zélia Kovelli, vous êtes élue dans les Hauts-de-Seine,
02:42membre du Parti présidentiel.
02:44Et Christine Bonfanty d'Auxa, vous êtes sénatrice LR du Lot-et-Garonne.
02:48Alors, Raymond de Ponce et Monge,
02:49qu'est-ce que vous avez envie de dire à Céline ?
02:53– Eh bien, j'ai envie de confirmer qu'effectivement,
02:56c'est un mode de garde désormais privilégié,
02:59parce que, vous l'avez bien dit, son premier objet aussi,
03:03c'est de développer l'enfant, c'est le développement dans l'enfant,
03:07de son autonomie, de son éveil,
03:09et ça permet aussi un maintien du pouvoir d'achat,
03:15vous l'avez dit, autrement les autres solutions sont plus chères,
03:17et puis ça peut aussi participer à l'emploi.
03:21Moi, je dirais que nous avons, et on y reviendra peut-être,
03:26mis dans la loi plein emploi, une programmation des crèches,
03:31je crois, de 100 000, sans vraiment s'interroger
03:34pourquoi le précédent plan de la CNAF n'a pas été réalisé.
03:38– La Caisse nationale...
03:40– Pardon, la Caisse nationale d'assurance familiale.
03:43Et donc, ce que je suis tenté de dire, c'est qu'un,
03:47il faut effectivement un investissement important,
03:51il faut aider les communes à faire cet investissement
03:54puisque maintenant elles ont la responsabilité,
03:56et deux, il faut bien voir que dans les crèches installées,
04:00il y a des berceaux gelés, on appelle ça comme ça,
04:03des berceaux gelés, parce qu'il manque du personnel.
04:07Donc, vous l'avez dit, 10 000 professionnels,
04:10et donc il faut quand même s'interroger pourquoi,
04:13alors que ce mode est quand même privilégié par les parents,
04:18et aussi parce que c'est un mode qui est bien connu
04:21pouvant réduire les inégalités, notamment sociales,
04:25des enfants défavorisés,
04:28pourquoi ce système a usé les professionnels,
04:31leur a fait perdre le sens de leur travail,
04:34qui fait que, quelquefois, ils partent et qu'ils n'arrivent plus.
04:37– On va bien entendu parler de tous ces sujets.
04:39Céline, qu'est-ce qu'on vous a dit quand vous n'avez pas eu
04:42cette place en crèche ?
04:43– Alors, il n'y a jamais de réponse officielle
04:46qui vraiment dit que c'est juste un refus.
04:49Maintenant, j'ai pu demander en off à la personne
04:51qui m'a dit que concrètement, comme on travaillait tous les deux
04:54et qu'on était au-dessus du plafond CAF,
04:57on n'était pas prioritaire.
04:58Et de toute façon, le fait qu'on travaillait tous les deux
05:01était limite un handicap, en fait.
05:03Chose que je n'ai pas compris, parce qu'en fait,
05:05dans mon monde à moi, dans mon monde naïf,
05:08on se dit que ce sont les personnes qui travaillent
05:10qui ont besoin de faire garder leurs enfants
05:11pour pouvoir travailler, justement.
05:13Après, je comprends qu'il y a des gens en recherche d'emploi
05:16qui ont besoin d'une place, mais peut-être pas une place
05:18à temps plein, peut-être pas une place tous les jours,
05:21peut-être ponctuellement, mais moi, c'est 5 jours sur 7
05:24que mon patron, il a besoin de moi, donc c'est compliqué
05:27de me voir refuser ça parce que je travaille.
05:29– Et Céline, votre voisin, lui, il a même trouvé un stratagème,
05:34on peut dire, pour avoir une place.
05:35C'est ça que vous nous racontiez en préparant cette émission ?
05:38– Oui, en fait, je connais des personnes qui,
05:39soit connaissent des gens à la mairie,
05:41soit sont partis, entre guillemets, dire très très fort
05:45qu'ils n'étaient pas contents de ne pas avoir de place,
05:46ou sinon, il y a des personnes qui ont fait le choix
05:49d'arrêter de travailler pour avoir une place.
05:51C'est un peu le circuit vicieux.
05:54– Voilà, c'est quand même un témoignage très intéressant.
05:59Les voisins qui arrêtent de travailler
06:01passent avant ceux qui travaillent tous les deux.
06:03– En particulier, alors ce n'est pas un bon exemple, madame,
06:06et cela ne doit pas encourager à avoir de telles attitudes,
06:11mais en commençant, vous avez dit que c'était le parcours du combattant.
06:14Effectivement, c'est vraiment le parcours du combattant.
06:18Je crois que c'était, il y a quelques années,
06:21concentré dans les grandes villes et dans les banlieues,
06:23mais maintenant, ça arrive aussi dans nos territoires ruraux,
06:27où le nombre de places est limité et où les demandes explosent.
06:31Donc, c'est un véritable problème.
06:33Je crois pouvoir dire que la politique de la famille,
06:36depuis quelques années, a été, à mon avis, malmenée,
06:40et qu'aujourd'hui, nous nous trouvons dans une situation complexe
06:43et que nous devons, en tout cas, c'est la volonté d'Agnès Canaillère,
06:47la ministre de la Petite Enfance, d'essayer de redresser les choses.
06:51Elle compte bien le faire avec un plan où, d'ici 2028,
06:57beaucoup de choses vont être mises en place.
06:59– Oui, est-ce que, par exemple, ce que dit notre témoin
07:02sur les critères, la transparence de ces critères,
07:05c'est quelque chose qui retient votre attention ?
07:07– Oui, bien sûr.
07:08Enfin, Madame a raison lorsqu'elle dit, justement,
07:11quand les deux parents travaillent, c'est là où on a,
07:13effectivement, le plus besoin que nos enfants soient gardés.
07:18Donc, effectivement, tout cela est aussi à revoir,
07:21et tout cela, la ministre en est bien consciente,
07:23et on va essayer, dans la mesure du possible, de remédier à tout ça.
07:27En tout cas, les critères devraient être les mêmes pour tout le monde.
07:30Il doit y avoir une équité quand on demande
07:33de faire garder ses enfants dans une crèche.
07:35Je veux dire, tout le monde a les mêmes droits.
07:36– Oui, ce que vous savez des critères dans les communes du Lotte et Garonne,
07:39c'est qu'ils sont fixés par les mairies et ils sont transparents ?
07:43– Alors, je le disais, c'est un territoire rural.
07:47Moi, j'ai eu, lorsque j'étais maire,
07:49la chance de pouvoir créer une crèche de 25 places,
07:53qui est vite passée à 30 places,
07:55parce que la demande a toujours été là,
07:57mais je vous assure que les critères étaient les mêmes pour tout le monde.
08:03Si, quelquefois, il y avait des urgences et peut-être des préférences,
08:07c'est lorsque le cas de la famille était important,
08:09lorsqu'il y avait une maladie grave, etc.
08:10Mais nous avons répondu d'une manière équitable à toutes les demandes.
08:14Je tiens aussi à dire, que ma collègue a raison,
08:18de dire qu'il faut aider ces communes
08:20à pouvoir avoir un plan d'action sur la petite enfance,
08:23et aujourd'hui, ce qui est prévu par la ministre,
08:26c'est d'aider les communes de plus de 3 500 habitants,
08:30d'abord pour recenser les besoins, pour planifier l'offre,
08:35car c'est terriblement important,
08:37et puis d'aider, dans le PLF, il est fléché, 86 millions d'euros
08:42pour aider justement les communes qui n'ont pas de politique petite enfance
08:46à pouvoir justement la mettre en place.
08:48– Xavier Coveli, l'expression de réarmement démographique
08:51a été employée par le Président de la République,
08:52c'était le 16 janvier dernier,
08:55c'était pour répondre à une baisse de la natalité en France.
08:57Céline nous dit qu'elle a renoncé, ou qu'elle est en train de renoncer,
09:01à un troisième enfant à cause de la question du mode de garde.
09:04Ça vous interpelle ?
09:05– Alors déjà, moi je voudrais répondre à Céline, si je peux me permettre,
09:10il y a quand même un vrai problème dans votre collectivité,
09:12si elle priorise effectivement ceux qui ne travaillent pas,
09:15plutôt que ceux qui travaillent.
09:16Pour le coup, généralement, c'est un des critères effectivement
09:19pour l'attribution des places en crèche, mais c'est plutôt l'inverse,
09:22et ça se fait dans quasiment toutes les collectivités comme ça,
09:24donc là, il y a quand même un vrai sujet, et je vous invite,
09:27si ce n'est pas déjà le cas, à vraiment avoir confirmation
09:30de cette donnée et de ce critère qui favoriserait ceux qui ne travaillent pas.
09:34– Je pense que c'est le cas dans beaucoup de communes en France,
09:36Monsieur Jacobilli, je ne pense pas que ce soit…
09:37Je pense qu'il y a un exemple dans une forêt, à mon avis.
09:39– Permettez-moi, pour avoir un peu travaillé sur le sujet,
09:41généralement, un des critères d'attribution,
09:43c'est parce qu'on a les deux parents qui travaillent.
09:45Quand on a un des parents qui ne travaillent pas,
09:47justement, ils ne sont plus prioritaires,
09:49sauf s'il y a recherche d'emploi, et dans ces cas-là,
09:52ça peut être dans le cadre des jardins d'enfants,
09:54où on les garde une journée par semaine pour avoir des recherches d'emploi,
09:58mais globalement, c'est priorité à ceux qui travaillent et c'est logique.
10:03– Donc il faudrait la transparence sur ces critères,
10:05vous êtes d'accord avec Céline, c'est trop opaque.
10:06– C'est une évidence qu'il faut la transparence,
10:08certaines collectivités font le choix de la transparence,
10:11certaines collectivités organisent d'ailleurs les commissions d'attribution
10:14au même titre que les commissions de logement avec des citoyens,
10:19des conseillers de quartier, des membres de la majorité municipale,
10:23de l'opposition municipale,
10:24pour avoir une vraie transparence sur l'attribution.
10:26Il y a effectivement une nécessité d'avoir des critères
10:29puisqu'il n'y a pas assez de place.
10:30– Et donc ça joue sur la natalité en France, monsieur El-Khouveli,
10:32des gens qui renoncent à faire un enfant.
10:34– Permettez-moi de répondre aussi sur le fond,
10:36et en l'occurrence, il y a aussi un sujet de diversité
10:39de l'offre de mode de garde.
10:41Aujourd'hui, la crèche est une option,
10:43qui est effectivement plébiscitée par les Français,
10:45et majoritairement par les Français, d'ailleurs c'est propre à la France,
10:49tous les autres pays européens ne sont pas sur cette ligne-là,
10:52mais il y a aussi d'autres modes de garde qui ne sont pas assez valorisés,
10:55comme les assistants maternels, les crèches associatives,
10:59et effectivement, et je rejoins Céline, sur la question du budget,
11:02et sur comment est-ce qu'on fait, parce qu'une assistante maternelle,
11:05ce n'est pas du tout les mêmes tarifs qu'une crèche municipale par exemple.
11:08Et c'est pour ça qu'on a développé aussi le complément mode de garde,
11:11pour justement accompagner les familles, suivant leurs revenus,
11:15pour permettre de diversifier et que s'il y a un choix
11:18qui est fait pour avoir une assistante maternelle à domicile
11:22ou directement chez l'assistante,
11:24qu'ils puissent avoir un complément de mode de garde à ce niveau-là.
11:28Mais moi, je ne peux pas laisser dire à ma collègue
11:30que rien n'a été fait pendant ces années-là.
11:32Quand on fait le complément mode de garde,
11:34qu'on l'étend d'ailleurs jusqu'à 12 ans,
11:36quand on fait la politique du congé parental, du congé paternité,
11:40les mille premiers jours, je veux bien plein de choses,
11:43mais la réalité, c'est qu'on est aujourd'hui,
11:44avec Agnès Canailler, dans une continuité,
11:47je vais me permettre de finir, dans une continuité de la politique
11:50qui a été menée sous les précédents gouvernements.
11:52Oui, Céline, il y a une part importante de vos revenus
11:56qui passe maintenant dans votre mode de garde,
11:58qui a été de trouver une nounou avec un autre couple de parents.
12:02C'est un cinquième de vos revenus qui passe maintenant
12:04dans votre mode de garde.
12:07Tout à fait, on paye 1200 euros par mois
12:10pour faire garder notre fille par une auxiliaire parentale,
12:14qui est encore une autre formule qui existe.
12:17Et en fait, quand on a dû se séparer de cette personne-là,
12:21c'est un cas très concret, c'était en septembre,
12:24on a payé 2500 euros de fin de contrat,
12:28plus 450 euros d'URSSAF,
12:30et plus un autre mode de garde pour pouvoir faire garder notre fille
12:33en septembre puisqu'il faut qu'on travaille.
12:34Donc en septembre, on a même les trois quarts de nos salaires
12:38qui sont partis juste pour ce mois-ci pour la garde de notre fille.
12:42Oui. Rapidement, un mot,
12:44et ensuite, on ira voir notre deuxième témoin.
12:46Allez-y, Mme Ponce et Mange.
12:48Oui, moi, je pense qu'il y a d'ailleurs des actions en ce sens.
12:51Il faut une certaine convergence des restes à charge,
12:54quel que soit le mode de garde.
12:56Le choix ne doit pas être déterminé par le reste à charge.
13:01Pour les assistantes maternelles, on a le même problème,
13:04il y en a une sur deux qui vont partir,
13:06et on a la même carence de professionnels,
13:09il y aura demain les mêmes emplois vacants d'assistantes.
13:13Moi, ce que j'aimerais pointer, quand même,
13:16c'est que, par rapport à ce que vous avez dit,
13:18alors d'abord, il y a un système de financement
13:21où il y a des quotas, par exemple, des quotas d'enfants
13:23en situation de handicap, c'est pareil.
13:25Ils peuvent être prioritaires, à un moment donné,
13:29par rapport à deux parents qui travaillent,
13:31parce qu'effectivement, l'insertion...
13:35Voilà, il y a une préoccupation de la CNAF d'insérer,
13:38y compris des enfants en situation de handicap.
13:40Et c'est donc la tarification qui pousse certaines crèches,
13:43quelquefois, à se déplacer des critères dont vous avez parlé.
13:48Parce que je dirais qu'aussi, et je termine là-dessus,
13:51il y a un quotas aussi sur la mixité sociale,
13:54parce que la réalité, aujourd'hui, c'est qu'11 % seulement
13:57des ménages très défavorisés sont en crèche,
14:01et que la CNAF s'est aussi demandée,
14:05parce que c'est très important pour réduire les inégalités,
14:09notamment langagières, psychosociales,
14:12d'accepter, quelques fois, avec un seul parent qui travaille,
14:16de le prendre dans ce qu'ils appellent le quota social,
14:19le quota de la mixité sociale, et je trouve que c'est bon.
14:22Céline, on va terminer en écoutant votre question
14:24que vous aviez envie de poser au sénateur.
14:27La question, c'était sur...
14:29Est-ce qu'on peut, demain, envisager une réelle transparence globale,
14:33sur tout le territoire, sur ces fameux critères
14:36d'obtention de place en crèche, de façon à ce que,
14:39quand on a un refus, qu'il y ait un refus avec des arguments,
14:42mais qu'il y ait au moins une vraie transparence là-dessus ?
14:45On a l'impression que c'est une boîte noire,
14:48et on tente notre chance, et c'est un peu comme le loto.
14:50On a perdu deux fois.
14:52Une réponse ?
14:53On l'a fait dans le cadre de la loi Allure
14:55pour la question du logement, en fixant un référentiel national
14:59et des critères nationaux pour l'attribution des logements sociaux.
15:02Chaque bailleur le faisait.
15:03Je pense qu'il faut, aujourd'hui, que nous puissions nous engager,
15:07même si, à partir du 1er janvier,
15:09la responsabilité sera celle des collectivités locales,
15:12mais il faut qu'on s'engage, au niveau de l'Etat,
15:14d'avoir un référentiel national sur l'attribution des crèches.
15:18Je parle des familles monoparentales,
15:20qui, elles, doivent être prioritaires
15:22pour l'attribution des places en crèche.
15:24Quand il n'y a qu'un seul parent,
15:26il faut bien que la collectivité puisse aider.
15:29Il faut avoir un référentiel national.
15:31Merci pour cette réponse franche.
15:33Des collectivités territoriales, il le faut.
15:36Céline, vous restez avec nous.
15:37On vous proposera de réagir tout au long de l'émission.
15:40Faites signe à nos équipes en régie.
15:42On comptait, en 2022, plus de 507 000 places.
15:47C'était 436 000 en 2016.
15:49Pourtant, on a créé beaucoup de places ces dernières années,
15:53surtout dans les micro-crèches privées,
15:55avec une réglementation moins exigeante.
15:58Alors, est-ce qu'on a privilégié en France les chiffres
16:02et non la qualité de la prestation ?
16:04C'est ce qu'on va se demander avec notre deuxième citoyenne.
16:07Nous allons à Paris.
16:08Bonjour, France de la Neuville.
16:10Vous êtes maman de deux enfants.
16:12Ces deux enfants que, eh bien, on va voir dans quelques images
16:18quand vous alliez à l'école et à la crèche.
16:20France, votre premier enfant a fréquenté une crèche
16:24où il y avait une forte pression sur les salariés,
16:27une forte rotation des équipes.
16:29Régulièrement, les auxiliaires se retrouvaient seuls
16:31avec de nombreux enfants, ce qui, en soi, n'est pas illégal.
16:34Jusqu'à huit enfants, c'est autorisé.
16:36Jusqu'au jour où vous avez découvert que votre aîné Archibald
16:39a été victime d'un geste de maltraitance.
16:42Alors que, vous le dites, à ce moment-là,
16:44vous aviez plutôt confiance dans cette crèche.
16:47En effet.
16:48Moi, Archibald était inscrit dans une crèche,
16:51une micro-crèche privée, avec une place financée par la mairie.
16:56Tout se passait plutôt bien.
16:57C'est un petit garçon qui est très sociable.
16:59Et un soir, je l'ai récupéré à la sortie de la crèche.
17:03On m'a notifié qu'il était désobéissant,
17:05qu'il n'avait pas obéi pendant la journée,
17:07ce qui était le cas à cette époque-là.
17:08J'étais enceinte de huit mois de mon second enfant
17:11et il était assez infernal, je dois l'admettre.
17:14Donc, du coup, j'ai demandé à mon fils de présenter ses excuses.
17:17On est rentrés tranquillement à la maison.
17:19Je lui ai donné son bain et j'ai remarqué un beau bleu
17:22qu'il avait sur l'épaule,
17:24ce qui est absolument anodin à cet âge-là.
17:26Mais j'ai posé la question de savoir pourquoi il avait ce bleu.
17:29Et là, il a mimé une scène assez violente
17:32où il se pince sur tout le corps,
17:33en faisant des gestes vraiment de pincement comme ça,
17:36en criant, en disant non, non, Archibald,
17:39et en m'expliquant que c'était la personne qui s'occupait de lui
17:41qui avait fait ça.
17:42Alors, moi, j'ai repris mon fils dans un premier temps.
17:43Je lui ai dit qu'il avait dû confondre deux prénoms.
17:47Il y avait deux prénoms qui se ressemblaient dans la crèche.
17:49La personne qui s'occupait de lui est un des enfants.
17:52Donc, je l'ai repris en disant, mais non, c'est l'enfant.
17:54Et là, il a vraiment affirmé
17:56que c'était la personne qui s'occupait de lui.
17:58J'ai donc pris les choses en main, j'ai appelé son père.
18:01On a décidé ensemble d'aller voir la personne en direct le lendemain.
18:06On a dit à notre fils qu'on n'était pas du tout d'accord
18:08pour ce genre de comportement, c'était très grave,
18:10et que la personne qui s'occupait de lui n'avait pas le droit de faire ça,
18:14que c'était quelque chose de grave.
18:15On s'est rendus à la crèche ensemble le lendemain.
18:17On a interpellé cette femme qui a tout nié
18:21et qui nous a dit que jamais elle faisait ça auprès des enfants,
18:24qu'elle avait beaucoup d'attention pour eux
18:27et qu'elle ne se permettrait pas de faire ça.
18:29Et à vrai dire, c'est ce qui nous a le plus inquiétés,
18:31parce que si elle l'avait reconnu,
18:32je crois qu'on lui aurait dit qu'on n'était pas d'accord,
18:34qu'il ne fallait pas que ça se reproduise,
18:36que c'était quelque chose de très grave,
18:38mais on aurait admis que ça puisse arriver.
18:41Ce qui, à mon avis, à mon sens maintenant,
18:43avec le regard, enfin, les années, est une erreur de notre part.
18:48Mais à la suite de ça, on a dû, du coup, comme elle a nié,
18:52j'ai pris le temps de le notifier à la direction,
18:55qui a tout de suite très bien réagi,
18:57qui a dit que c'était quelque chose de très grave
18:59et qui a dit qu'ils allaient transmettre tout ça à la mairie.
19:04Il y a donc eu une enquête disciplinaire
19:07de la part de la crèche privée qui a été menée contre cette femme
19:11et également une enquête de la part de la mairie,
19:13je crois, sur la structure.
19:15Pour les deux cas, les deux enquêtes,
19:16on nous a dit qu'on ne serait pas mis au courant
19:19des résultats de l'enquête.
19:21Et donc, voilà.
19:23Je pense avoir fait le point.
19:24– Marie, qu'est-ce que vous avez ressenti
19:26quand vous avez retrouvé votre enfant avec ce bleu ?
19:30Vous le disiez, vous aviez confiance dans ce lieu
19:32et d'un seul coup, vous avez trouvé ce bleu.
19:35Qu'est-ce que vous avez vécu ?
19:39Comment vous l'avez vécu ?
19:40– Mal.
19:42On se dit qu'on a tout faux.
19:44– Oui.
19:46– Raymond de Ponce et Monge,
19:47quand on laisse son enfant le matin quand on part au travail,
19:49on se dit, la sécurité, c'est la règle numéro un,
19:53c'est ce qu'on attend en premier pour son enfant.
19:56– Oui, effectivement, pour mettre son enfant en crèche,
19:59comme dans tout mode de garde d'ailleurs,
20:02la confiance est impréalable.
20:03Et il faut avoir confiance, voilà.
20:07C'est d'ailleurs un problème,
20:08d'ailleurs je reviens sur les familles populaires,
20:10on doit leur dire qu'elles peuvent avoir confiance.
20:15Et je dirais que c'est à cause de cette confiance
20:18qu'on donne, puisqu'on le met,
20:21que quelquefois on prend du retard à déter des actes de maltraitance.
20:28Moi je dirais, bon voilà, c'est condamnable, vous avez raison,
20:33mais je dirais que ce qu'il faut prioritairement,
20:36c'est rétablir les mêmes obligations de ratio d'encadrement
20:41et de qualification dans les micro-crèches,
20:44parce que les micro-crèches se sont vues allégées,
20:48si vous voulez, des rapports d'en avoir un sur cinq qui ne marche pas,
20:52un sur huit qui marche, il y a eu un allègement,
20:56et y compris des qualifications avec des directeurs
20:58sur plusieurs micro-crèches, et le directeur c'est souvent
21:02un éducateur de jeunes enfants ou une infirmière de puéricultrice,
21:07elle doit être là pour le projet pédagogique
21:10et pour le contrôle des autres intervenants.
21:12Mme Bouffant-Hiddeau, est-ce qu'on est allé trop loin
21:14dans ce qu'on a laissé faire pour les micro-crèches, par exemple ?
21:18Oui, parce que je crois que, madame, comme tout parent,
21:22vous savez que la responsabilité d'une structure d'accueil
21:26de la petite enfance est de garantir la sécurité affective,
21:30physique et psychologique de l'enfant,
21:32cet enfant qui a le droit à une protection contre la violence,
21:36comme garantie par la Convention internationale
21:39des droits des enfants que la France a ratifiée.
21:42Donc, partant de là, s'établit un rapport de confiance
21:46avec les gens à qui vous confiez vos enfants.
21:51Et je crois qu'aujourd'hui,
21:52l'IGAS, d'ailleurs, a fait un rapport assez inquiétant.
21:55L'Inspection générale de l'affaire sociale.
21:57Voilà, a fait un rapport assez inquiétant,
21:59et on peut parler de cercle vicieux de la défaillance, effectivement.
22:03Alors, il y a beaucoup de facteurs qui nous mènent à ça.
22:08Ma collègue vient de le dire.
22:10Un manque, peut-être, de personnel,
22:12parce que les conditions de travail sont décourageantes,
22:16un manque de moyens évidents,
22:18et puis, peut-être, une surveillance
22:20qui doit être beaucoup plus accrue
22:22de la part de ces services de crèches,
22:25où, effectivement, on avait diminué,
22:27je crois que c'était en 2010,
22:29on avait mis un enfant sur cinq,
22:32au lieu d'un enfant sur six ou sur huit.
22:35Donc, effectivement, il faut revoir aussi toutes ces règles-là.
22:38Néanmoins, quand les parents...
22:41Moi, ça m'est arrivé à l'une de mes crèches,
22:43où je croyais pourtant vraiment qu'elle était solide.
22:47Et lorsque deux parents sont venus dans mon bureau
22:49pour porter plainte contre maltraitance,
22:51je vous assure que c'est une bombe qui éclate.
22:54Et que vous vous posez mille questions
22:56et vous vous dites,
22:57qu'est-ce que j'ai loupé ? Pourquoi c'est arrivé ?
22:59Donc, effectivement, je comprends votre détresse.
23:03Oui, et cette très forte émotion, France,
23:06on la ressent jusque ce plateau.
23:08Est-ce qu'il y a des séquelles pour Archibald ?
23:10Comment va-t-il aujourd'hui ?
23:12Il va très bien, Archibald.
23:14Il va vraiment très bien.
23:16C'est drôle que vous posiez cette question,
23:17parce qu'à l'époque, dans les jours qui ont suivi,
23:20moi, j'étais enceinte de huit mois,
23:22j'avais cette crainte de me retrouver
23:23avec mon petit garçon à la maison, sans mode de garde.
23:27Et du coup, j'avais vu son pédiatre et je lui avais dit,
23:29mais il a envie d'y retourner.
23:30Il n'est pas inquiet à l'idée d'y retourner.
23:33Et là, le pédiatre m'avait dit,
23:34mais en fait, un enfant battu aime ses parents en France.
23:36Donc, ça avoue d'être garante de son bien-être
23:39et de le retirer tout de suite de cette structure,
23:42parce que sinon, il peut y avoir des conséquences graves,
23:44en effet, sur son développement personnel.
23:49France, posez votre question, s'il vous plaît.
23:52Alors moi, j'aimerais savoir comment on peut permettre
23:55à des personnes sans aucune formation
23:57de rester seules avec tant d'enfants.
23:59Je me demande si la petite enfance est vraiment aussi insignifiante.
24:02Oui, parce qu'on le dit, les micro-crèches
24:04peuvent salarier des personnes sans qualification.
24:07Il faut simplement qu'un référent dans l'établissement
24:09dispose d'un diplôme ou d'une expérience de trois ans.
24:12Monsieur Jacovelli.
24:13Alors moi, depuis sept ans, je me bats là-dessus
24:15sur les ratios d'encadrement,
24:16et sur lequel d'ailleurs, je n'étais pas d'accord
24:18quand ils ont été allégés,
24:20sur la question de la formation des personnels
24:22du médico-social en général,
24:24parce que ce qu'on retrouve dans les micro-crèches,
24:25ce qu'on retrouve dans la petite enfance,
24:27on le retrouve aussi dans la protection de l'enfance,
24:29on le retrouve aussi avec nos EHPAD et nos aînés.
24:32Donc, en fait, la question de la formation
24:34des personnels du médico-social, c'est indispensable.
24:37Et sous prétexte que c'est un métier peu attractif,
24:41en fait, on prend...
24:42Et qui manque des places.
24:43On prend ce qu'il y a, entre guillemets,
24:45en termes de personnel.
24:46Ça, c'est pas acceptable, parce qu'effectivement,
24:48quand on n'est pas formé,
24:49eh bien, en fait, on peut avoir de la maltraitance
24:51et ça devient de la maltraitance institutionnelle.
24:53Donc, la première chose,
24:54c'est interdire tout recrutement d'un personnel
24:58qui ne soit pas formé.
24:59Et la formation n'enlève pas le risque,
25:02mais au moins, ça sécurise un maximum.
25:05C'est le premier point.
25:06Le deuxième point, et moi, je le demande depuis des années,
25:09c'est qu'on ait un fichier national
25:11des auxiliaires de périculture.
25:13Pourquoi ?
25:14Et d'ailleurs, l'enquête de Victor Castaner l'a démontré.
25:17C'est-à-dire que quand on se fait virer d'une structure
25:21parce qu'on a fait de la maltraitance,
25:22on peut aller postuler dans l'autre structure d'à côté
25:25et personne ne saura qu'on a été viré pour maltraitance.
25:27Donc, aujourd'hui, s'il n'y a pas un fichier national
25:30qui soit consultable au moment du recrutement,
25:32on n'arrivera pas à se débarrasser, entre guillemets,
25:36de ces moutons noirs
25:38qui peuvent organiser cette maltraitance institutionnelle.
25:41Et puis, il y a la question de l'attractivité aussi
25:43de ces métiers qui sont indispensables.
25:45On en reparlera tout à l'heure, si vous voulez.
25:47Absolument.
25:48Il y a notre première citoyenne, notre premier témoin,
25:50Céline, qui voulait réagir.
25:51Je vous en prie, Céline, allez-y.
25:54Déjà, le témoignage m'a fait vraiment très mal au cœur
25:57et je ne me suis même pas imaginée, moi, en tant que maman,
25:58comment j'aurais pu être dans cette situation-là.
26:01Par contre, j'alerte sur une chose,
26:02c'est que nous, on a embauché une auxiliaire parentale
26:06et que ça ne nécessite aucun diplôme.
26:12Merci pour cette réaction.
26:13C'est un crédit d'impôt, etc.
26:15Vous restez toutes les deux avec nous.
26:16On va voir notre troisième citoyenne.
26:19On va donner la parole au professionnel de la petite enfance.
26:21On va prendre la direction des Alpes-Maritimes.
26:24Nous allons à Nice.
26:25Bonjour à vous, Céline Le Maire.
26:28Vous êtes auxiliaire depuis culture depuis vos 19 ans.
26:34Cela fait donc 32 ans que vous travaillez avec des tout-petits,
26:38mais vous venez d'arrêter.
26:39Vous n'en pouviez plus.
26:40Il y avait une perte de sens dans ce que vous faisiez
26:43et pourtant, c'était un métier passion pour vous.
26:46À vous, la parole.
26:48Oui, bonjour. Oui, tout à fait.
26:50C'est vrai que quand j'ai commencé à travailler,
26:53vous l'avez dit, il y a 32 ans,
26:56je me voyais faire toute ma carrière en crèche.
27:00C'est vrai que quand j'ai débuté, les conditions n'étaient pas les mêmes.
27:04On prenait vraiment plaisir.
27:06On avait le temps de se poser avec les enfants.
27:09On pouvait mettre en place des activités avec les parents.
27:13C'était vraiment quelque chose qui me tient à cœur.
27:18Et c'est vrai qu'actuellement, les conditions font
27:21qu'on ne fait plus le métier comme on a appris à le faire
27:27et pour lesquels on était, je pense, voués à le faire.
27:31Oui. Céline, il y a la question de la pénibilité.
27:35Vous dites qu'avant, vous voyiez faire ce métier toute votre vie.
27:39C'était une évidence pour vous,
27:40mais que maintenant, vous avez mal au dos
27:42et vous êtes épuisée.
27:45Oui, tout à fait.
27:46C'est vrai qu'on est dans un travail en crèche toujours à flux tendu.
27:52On est toujours dans un travail qu'il faut faire à l'urgence.
27:56La journée est rythmée.
27:59On est tout le temps en train de compter le nombre d'enfants que l'on a.
28:03Si le soir, c'est notre heure, mais qu'il y a trop d'enfants,
28:07on ne peut pas partir, donc on fait des heures supplémentaires.
28:11Ce qui contribue à l'épuisement.
28:14Et puis, c'est le fait de ne pas prendre le temps vraiment avec les enfants
28:19de faire de la garderie, je le redis.
28:24Et c'est vrai qu'on n'a pas fait ces métiers.
28:27Pour ça, on est des métiers où on est avec de l'humain.
28:31Donc, les taux d'encadrement font que c'est très compliqué
28:36de pouvoir prendre le temps.
28:38Et Céline, si vous deviez vous poser un diagnostic
28:41sur pourquoi ça s'est dégradé toutes ces années,
28:44comment est-ce que vous l'expliqueriez ?
28:49Alors, on a eu un système de financement qui a été mis en place.
28:54Alors, pour ceux qui connaissent, voilà, le système PSU,
28:57l'implantation de services uniques,
29:00qui a été une tarification un peu à l'heure.
29:03Donc, la place vide, si vous voulez,
29:06quand vous aviez un enfant qui partait parfois à 15 heures,
29:11vous en aviez même des fois plusieurs qui partaient tôt dans l'après-midi.
29:15Donc, c'est ce qui permettait de faire des ateliers
29:18avec les autres enfants un peu plus adaptés, personnalisés.
29:23Ce système à l'heure, en fait, a permis de pouvoir accueillir
29:27d'autres enfants, par exemple, à partir de 14 heures.
29:30Donc, en fait, vous avez un nombre d'enfants
29:34toujours, sur toute la journée, en fait.
29:36On a joué sur le taux de remplissage qu'on voulait constamment à 100 %.
29:41Voilà. Vous n'avez plus de moments, si vous voulez,
29:44où c'est un peu plus posé, où c'est un peu plus tranquille.
29:46Ou, par exemple, les mercredis, effectivement,
29:49on avait des enfants dont les parents sont un site.
29:51Ce jour-là, ils ne venaient pas.
29:53On se retrouvait avec des groupes un peu moindres,
29:56ce qui permettait, effectivement, de faire des choses
29:58qu'on ne pouvait pas faire en temps ordinaire.
30:00Et puis, les réunions, tout ça,
30:03c'est vrai que là, on a toujours un nombre d'enfants
30:07sur toute la journée, voilà, une amplitude horaire
30:11qui s'est élargie pour l'accueil des enfants.
30:13Du coup, ça ne nous permet pas non plus de nous poser
30:15en tant que professionnels à pouvoir faire des réunions,
30:18ce qui nous permet aussi de mettre en place
30:21tout ce qui est projet pédagogique, tout ça.
30:23Merci, Céline, pour votre témoignage.
30:25Raymond de Ponce et Mange, qu'est-ce que vous voulez répondre
30:27à Céline qui vous écoute ?
30:30Oui, bien écoutez, oui, je confirme, Céline,
30:34que la pénibilité est sous-évaluée,
30:38et je dirais, c'est un peu toujours comme ça
30:40pour les métiers essentiellement féminins.
30:43C'est-à-dire que ça, ça date de bien longtemps.
30:47Je crois qu'il y avait eu une étude qui disait
30:49que les charges, lever un enfant, le changer, le consoler,
30:54tout ça était comparable à la pénibilité d'un éboueur.
30:58Mais la pénibilité d'un éboueur, qui est un métier masculin,
31:01a été mieux reconnue que la pénibilité dans les crèches.
31:05La deuxième chose, sur la tarification,
31:07c'est absolument évident.
31:10La tarification, à l'heure, ça a été le système
31:14qui a quand même brisé la culture,
31:17la culture et le sens du travail.
31:21Imaginez que la directrice, je le redis,
31:24une éducatrice de jeunes enfants,
31:26au lieu d'être avec ses équipes,
31:29passe sa matinée, souvent,
31:30à aller chercher à remplacer l'enfant malade.
31:33Imagine-t-on, à l'école,
31:36dans la très petite section qui accueille les deux ans et demi,
31:41une institutrice qui dirait,
31:43stop, là, il y a trois malades, il faut que je change.
31:46Alors, je termine là-dessus.
31:48C'est parce qu'avant tout, moi, je dis,
31:51la crèche n'est ni une politique de l'emploi,
31:54même si ça a un impact,
31:56ni une politique nataliste,
31:58même si ça a un impact, on l'a vu,
31:59c'est une politique d'éducation.
32:01C'est la première brique de l'éducation.
32:04Et si on faisait de la politique de la petite enfance
32:07la première brique de l'éducation de l'enfant,
32:10après, qui va être relayée,
32:12après, poursuivie par l'éducation nationale,
32:15si on avait cette conception-là, si vous voulez,
32:18on ferait non pas...
32:19On ne parlerait pas des crèches dans une loi emploi,
32:21mais on ferait une loi de la petite enfance
32:23qui pose vraiment cette première brique
32:26comme la brique des 1 000 premiers jours
32:28importants pour le développement de l'enfant.
32:30Monsieur Jacobelli, vous partagez cette analyse ?
32:32Oui, on en parle assez peu, finalement, du projet éducatif.
32:35On n'est pas dans de la garderie.
32:36On est bien dans la construction de l'enfant
32:38dans ses premières années.
32:39Et c'est exactement ça.
32:40Et d'ailleurs, Raymond de Ponce-et-Monge en parlait à l'instant,
32:43mais le rapport de Brice Cyrulnik
32:45sur les 1 000 premiers jours de l'enfant,
32:47c'est exactement ça, c'est comment est-ce qu'on accompagne
32:49en amont de la naissance et jusqu'aux 1 000 premiers jours de l'enfant
32:52un enfant dans son développement,
32:54à la fois son développement affectif avec les deux parents,
32:56et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a créé et allongé le congé paternité
33:01pour permettre aux parents, enfin aux seconds-parents en tout cas,
33:04d'être le plus présent possible à côté de l'enfant,
33:08et qu'on a développé aussi un certain nombre de places en crèches
33:10pour justement accompagner les familles
33:13et le développement de ces enfants dans un lieu collectif.
33:16Après, effectivement, pour revenir au sujet,
33:18on est dans une espèce de financiarisation
33:20des métiers de l'accompagnement et des métiers...
33:21C'est la sensation qu'on a eue en préparant cette émission.
33:24C'est exactement ça.
33:25La marchandisation d'un secteur.
33:26Et en fait, c'est dans tout le médico-social.
33:28Je veux dire, on a eu les mêmes sujets dans les EHPAD,
33:31on a les mêmes sujets,
33:32alors un peu moins dans la protection de l'enfance,
33:33parce que malheureusement, c'est encore moins financiarisé là-dedans,
33:36puisque c'est invisibilisé,
33:37mais sur la question de la crèche et sur la question des EHPAD,
33:39c'est exactement les mêmes sujets de financiarisation,
33:42alors même que les métiers sont des métiers de sens,
33:45des métiers de l'accompagnement...
33:47Auprès des plus fragiles de notre société.
33:48Auprès des plus vulnérables,
33:50en tout cas, les plus vulnérables par leur âge.
33:52Non pas vulnérables physiquement,
33:55mais en tout cas, par leur âge, c'est les plus vulnérables.
33:58Et donc, cette recherche de rentabilité, systématiquement,
34:02pénalise à la fois les professionnels
34:04et organise une maltraitance institutionnelle
34:07vis-à-vis de nos enfants.
34:08Et c'est pour ça que sur la question des accompagnements
34:12et du personnel, des professionnels,
34:14il faut qu'on organise une mobilité dans l'emploi,
34:17parce qu'on ne sait très bien que ce métier,
34:19on ne peut pas le faire pendant 40 ans d'affilée.
34:22Il faut qu'on puisse organiser des mobilités,
34:24qu'on garde toujours ce métier du sens,
34:26mais qu'on ne soit plus forcément toujours au contact de l'enfant,
34:28comme c'est le cas qu'on peut avoir 19 ans ou 20 ans
34:31et qu'on commence ce métier.
34:32Céline, vous nous le dites, après trois ans de carrière,
34:35vous n'avez pas l'impression d'être correctement rémunérée.
34:37C'est aussi un enjeu.
34:39Non, tout à fait.
34:40C'est vrai qu'on n'a pas eu non plus des revalorisations salariales
34:45qui sont adaptées.
34:48Il faut savoir que, dans la fonction publique territoriale,
34:51on a été exclu, par exemple, du CTI, l'ancien Ségur.
34:55J'ai beaucoup de mes collègues qui sont repartis à l'hôpital,
35:00malgré les conditions de travail qui ne sont pas mieux non plus,
35:04mais elles sont mieux payées.
35:06Vous touchez combien, si ce n'est pas indiscret,
35:08après 30 ans de carrière ?
35:10Quelle est votre rémunération après 30 ans de carrière ?
35:13Je ne touche pas tout à fait 2 000 euros net.
35:15Je vous parle en net.
35:17Madame M'Enfantie de Saac, qu'est-ce que ça vous évoque ?
35:1830 ans de carrière, 2 000 euros net, elle ne dit même pas tout à fait.
35:21Vous êtes dans une crèche qui est…
35:24qui est comment ?
35:25Vous êtes fonctionnaire ou vous êtes… ?
35:27Oui.
35:28Vous êtes fonctionnaire, d'accord.
35:29Elle est donc gérée par une municipalité ?
35:34Tout à fait.
35:36D'accord.
35:37Et même malgré ça,
35:39les revalorisations de salaire ne sont pas à la hauteur,
35:42non seulement de vos espérances,
35:44mais également de la pénibilité du travail.
35:47Est-ce que…
35:48On n'est pas reconnus…
35:50Voilà. Vous avez revendiqué tout ça
35:52auprès des personnes qui gèrent ceci.
35:55Quelle a été l'écoute qu'on a pu vous apporter ?
35:58Parce que démissionner, quand on a…
36:01on dira le plus beau métier du monde,
36:03c'est-à-dire de s'occuper des enfants,
36:06qui est notre bien le plus précieux,
36:08c'est une responsabilité.
36:09Mais l'image de votre découragement
36:12est tellement intense
36:15que franchement, je trouve que c'est dommage
36:17de se passer du talent et des valeurs
36:20que vous avez depuis 32 ans maintenant.
36:24Si je peux me permettre,
36:26il y a une mesure qui va être en application
36:28à partir du 1er janvier.
36:29Et donc, j'espère que vous reviendrez sur votre décision,
36:33madame, pour l'intérêt de nos enfants.
36:35Mais il y a une décision qui a été prise
36:37par le précédent gouvernement d'une revalorisation.
36:39C'était Sarah El Haïry qui l'a mise en place.
36:41C'est en application au 1er janvier 2025.
36:43Une revalorisation de 150 euros net,
36:46justement, pour tous les personnels
36:48auxiliaires de périculture dans les crèches privées
36:52comme dans les crèches publiques.
36:54Et donc, ça aussi, c'est un moyen,
36:55une petite revalorisation qui n'est toujours pas à la hauteur,
36:58effectivement, de ce que vous pouvez faire au quotidien,
37:01mais qui est un premier pas qui est, à mon sens,
37:03indispensable sur la nécessité de revaloriser
37:06tous les métiers du médico-social.
37:08Et vous avez raison, le Ségur, le Ségur n°3,
37:11celui de médico-social, a été peu appliqué
37:14dans un certain nombre de structures.
37:16C'est vraiment le problème aussi,
37:18parce que c'est la libre administration
37:19des collectivités territoriales qui fait que, parfois,
37:22certaines collectivités le font et certaines ne le font pas.
37:25Donc, vous avez raison, mais sachez qu'on progresse petit à petit
37:28et cette revalorisation arrive au 1er janvier.
37:30Raymond de Ponce et Mange, après, on ira voir notre 4e personne.
37:33Vraiment, très rapidement, sur la pénibilité du travail,
37:37les études montrent qu'il faut faire baisser les taux.
37:40L'encadrement.
37:41Il faudrait aller...
37:43Les taux d'encadrement ?
37:44D'encadrement.
37:45D'enfants par salarié ?
37:47Voilà, un professionnel par enfant,
37:49il faudrait, pour les enfants qui marchent pas,
37:51tomber à un sur trois.
37:53Et non pas un sur cinq, comme actuellement.
37:56Et là, la pénibilité est changée.
37:58Enfin, c'est évident.
38:02Donc, on sait, et en plus, c'est...
38:05Et puis, toujours, le problème des qualifications...
38:10Qu'on a déjà parlé.
38:11Des qualifications et de la formation continue.
38:14Parce que les OJE, les éducatrices de jeunes enfants,
38:17elles ont quand même trois ans après le bac,
38:19mais il faut de la formation continue.
38:21On a l'impression que c'est des métiers très accessibles.
38:24On peut prendre n'importe qui.
38:26En fait, c'est des métiers où il y a beaucoup de pénibilité,
38:29un travail très ardu, mais qu'on sous-estime
38:31dans l'opinion publique.
38:32Vous êtes d'accord ?
38:34Merci beaucoup.
38:35Céline, vous restez aussi avec nous.
38:37Vous n'hésitez pas à intervenir, à demander la parole
38:40lorsque vous le souhaitez.
38:41Allez-y, oui, on ne vous entend pas.
38:44Oui ?
38:44Oui, pardon.
38:45Je voulais juste intervenir par rapport à ce qui a été dit.
38:48Pour information, je n'ai pas démissionné,
38:50je suis partie sur un autre service de la mairie.
38:52Et pour rebondir sur la revalorisation
38:58de 100 euros dont vous parliez,
39:00il faut savoir que pour la fonction publique,
39:02c'est une revalorisation, c'est une prime.
39:04Ce n'est pas du tout par rapport au salaire,
39:07ça reste une prime.
39:09Et pour la fonction publique territoriale,
39:11c'est toujours au bon vouloir de la collectivité.
39:14Vous avez raison.
39:15Donc, ça a été mis en place dans très peu de municipalités.
39:17Je tiens à vous le dire parce qu'on l'a demandé,
39:21mais malheureusement, ce n'est pas mis en place de partout.
39:23Merci beaucoup pour ces précisions.
39:26Et donc, vous restez avec nous.
39:27On va aller voir une quatrième personne,
39:29une quatrième citoyenne.
39:31C'est Alice Reynier.
39:32Elle se trouve à Montpérou, en Dordogne.
39:35Bonjour à vous, Alice.
39:36Vous avez été directrice de crèches privées pendant quatre ans,
39:40des responsabilités qui vous ont éprouvées.
39:42Vous vous êtes reconvertie en formatrice
39:44pour les professionnels et futurs professionnels
39:46de la petite enfance.
39:48Quelles étaient vos difficultés en tant que directrice ?
39:52Bonjour. Oui, merci, effectivement.
39:55J'ai été responsable quatre ans dans des crèches privées
39:57et encore par la suite dans des crèches associatives.
40:00Et les difficultés, en fait,
40:03sont celles que vous aviez déjà évoquées,
40:05c'est-à-dire qu'on a un nombre d'enfants,
40:08on doit en prendre soin.
40:09Comme vous l'avez dit, c'est un bien très précieux.
40:13Mais derrière, en tout cas, quand on est en crèches privées,
40:16dans les autres modes d'accueil,
40:18les difficultés, il y en a, mais elles sont différentes.
40:22C'est qu'une entreprise...
40:24La raison d'exister d'une entreprise, c'est d'être rentable,
40:27ce qui est normal.
40:28On ne peut pas revenir sur ce sujet-là.
40:31Maintenant, on sait qu'avoir des enfants, s'occuper d'enfants,
40:38avoir la responsabilité de crèche,
40:40ce n'est pas le métier le plus rentable possible.
40:43Et donc, aujourd'hui, les entreprises veulent avoir des entreprises de crèche,
40:47avoir des crèches, s'occuper d'enfants.
40:50Mais du coup, elles ont quand même ce besoin de rentabilité
40:54et parfois sur le dos des enfants et des professionnels.
40:57La difficulté, elle est là.
40:58C'est beaucoup financier, dans un premier temps.
41:01Oui. Et donc, vous, on vous demandait concrètement
41:03de faire une politique du chiffre, de faire des économies.
41:07C'était quelque chose qu'on vous demandait précisément ?
41:10Bien évidemment.
41:11Un peu comme vous l'avez mentionné tout à l'heure,
41:14à partir du moment où il y a un enfant qui est absent,
41:16on nous demande de le remplacer pour pouvoir avoir les subventions à l'heure,
41:19ce qui, du coup, fait que la responsable que j'étais, et d'autres,
41:24au lieu d'être sur le terrain, présent, avec ses équipes,
41:27avec les enfants, on a une charge administrative assez importante.
41:32Donc oui, on nous demandait de limiter les coûts
41:34pour rentabiliser la structure.
41:36Ça, c'est évident.
41:37Et donc, vous le dites, même pour les crèches,
41:39où cela se passe bien, on travaille en flux tendu constamment
41:43et c'est là que vient la malveillance.
41:46Vous nous l'avez dit en préparant cette émission,
41:48quand on travaille 10 heures par jour,
41:49on craque, aussi bon professionnel que l'on est,
41:53on craque quand on tire sur la corde.
41:54Pouvez-vous nous expliquer ?
41:56Bien évidemment, des professionnels qui sont géniales,
42:00qui sont formés, qui sont investis, qui aiment ce qu'elles font,
42:03qui sont bienveillantes,
42:05à partir du moment où on est à flux tendu tout le temps,
42:07où il y a de l'absentéisme, où elles font des heures sub
42:10qu'elles ne peuvent pas rattraper parce qu'il n'y a jamais de moment de creux,
42:12comme le disait ma collègue auxiliaire de Péricultures.
42:18À un moment donné, on craque.
42:20Quand on est crevé, quand on est à flux tendu,
42:24quand on fait des heures sub tout le temps,
42:26quand on n'a pas de temps personnel,
42:28parce que, comme vous l'aviez mentionné,
42:31on doit rester le soir parce que notre collègue est absente,
42:34qu'il y a trop d'enfants.
42:35Bien sûr, c'est normal, il faut répondre aux taux d'encadrement,
42:37le respecter, et qu'une professionnelle investie,
42:39qui a des valeurs professionnelles, un engagement, elle va rester.
42:43Mais à un moment donné, quand on a aussi un besoin de se reposer,
42:46ce qui est humain, le droit à la déconnexion,
42:48puis le droit à une vie personnelle,
42:49quand on fait 10 heures par jour pendant des jours, des semaines,
42:52des mois, parfois, forcément, on finit par craquer
42:55quand on a une dizaine, une quinzaine d'enfants autour de nous,
42:58qui, c'est des enfants, avec des émotions qui peuvent déborder.
43:03Ça prend de l'énergie, et il y a un moment donné où elles craquent,
43:06et ça n'excuse pas, certes.
43:09Qui veut réagir en plateau ? Mme Bofanti de Saint.
43:11Ce témoignage est lui aussi très fort.
43:13Oui, c'est un témoignage très fort,
43:14et on voit bien que cette voracité financière de certains groupes
43:19amène à une crise de vocation par lassitude,
43:22par découragement,
43:23et il est bon de dire aussi que certaines personnes
43:28arrêtent avant de craquer, de commettre, parfois,
43:31un acte dont elles regretteront toute leur vie.
43:34Tout ceci, c'est à prendre en considération,
43:37puisqu'il manque, on l'a vu, 10 000 places de crèche,
43:41et on sait que d'ici 2030,
43:43la moitié des assistantes maternelles vont arrêter.
43:47Il manque 10 000 postes d'auxiliaires.
43:50Et que, je disais, d'ici 2030,
43:53la moitié des auxiliaires d'enfants vont arrêter.
43:57Donc, ceci nous met devant un casus belli très grave
44:00dont il faudra répondre très, très rapidement.
44:02Et, madame, simplement pour vous situer là maintenant,
44:05qu'est-ce que vous pensez des petites structures
44:08comme les MAM, les maisons d'auxiliaires maternelles ?
44:12Est-ce que ce n'est pas plus rassurant pour un parent
44:15de mettre ses enfants dans une petite structure
44:18et d'être à la tête de ces structures ?
44:21Est-ce qu'on ne travaille pas d'une manière beaucoup plus détendue ?
44:26Je ne suis pas sûre.
44:28Je ne suis pas sûre parce que ça reste des professionnels
44:31de la petite enfance qui sont isolés.
44:34Bien sûr, si elles sont en MAM, elles sont plusieurs,
44:36une, deux, trois professionnelles,
44:38mais elles ont quand même les...
44:41Comment dire ? Les contraintes du quotidien.
44:44Euh...
44:47Je pense que les avantages et les inconvénients ne sont pas les mêmes,
44:50les tensions ne sont pas les mêmes, mais il y en a quand même.
44:53Et ces professionnels,
44:55justement, pour amener le sujet dont je voulais absolument parler,
44:58c'est ces professionnels,
45:00le jour où elles ont besoin d'aller en formation continue
45:03dont vous parliez, qui est très important,
45:05ça veut dire que soit elles mettent en difficulté les parents,
45:08parce qu'elles leur demandent de garder leurs enfants
45:11pour partir en formation,
45:13soit elles n'y vont pas, soit elles y vont le samedi.
45:16Mais alors une professionnelle qui a bossé du lundi au vendredi
45:19pendant 10 heures par jour, qui rebosse le samedi en formation,
45:22qui a donc une journée de repos,
45:25à un moment donné, elle aussi est en situation de fatigue.
45:27Oui.
45:28Je vous m'ai demandé la parole.
45:30Oui, parce que...
45:32Bon, c'est vrai qu'il faut pointer le fait
45:34que dans les crèches, il y a du personnel qualifié.
45:36Il y a des éducatrices de jeunes enfants...
45:38Et des personnes passionnées, qui veulent bien faire.
45:40Et des auxiliaires de puriculture.
45:41Donc, normalement, de l'auxiliaire de puriculture
45:44à la directrice, GE, enfin, éducatrice ou infirmière,
45:49nous devons avoir une chaîne de qualifications,
45:51voilà, et de formation continue.
45:53Mais moi, là, pour le privé lucratif,
45:57vous dites, c'est logique d'être rentable.
46:00Je dis non. C'est un secteur...
46:02Voilà.
46:03Les crèches ne doivent pas être...
46:05Enfin, la petite enfance, mais essentiellement les crèches,
46:09à lieu de rentabilité financière.
46:12Dans les années 2000, on a eu tort de faire de ce secteur
46:15un secteur presque marchand.
46:17Oui, parce qu'il faudrait aller...
46:19Oui, c'est la marchandisation, mon collègue en a parlé.
46:23Mais, effectivement, il faut bien voir
46:27que les grands groupes privés de crèches,
46:30qui deviennent même internationaux,
46:33comme les groupes de l'EHPAD sont devenus internationaux,
46:37c'est avec les profits qu'ils font qu'ils croissent,
46:40qu'ils se démultiplient.
46:42A chaque fois, ils ne remettent pas de l'argent.
46:45Et comment peut-on, sur cette activité,
46:48faire du profit ?
46:49Donc, le privé, oui, mais non lucratif.
46:52Et là, j'en reviens avec le fait,
46:53c'est la première brique de l'éducation, comme l'école.
46:57Pourquoi pas le privé ?
46:58Mais non, on ne peut pas faire...
47:00Aujourd'hui, le privé, c'est 80 % payé
47:04soit par les crédits d'impôt,
47:06le fameux crédit d'impôt,
47:08soit par la CNAF.
47:09Donc, c'est des subventions essentiellement publiques
47:13qui doivent aller à un service public de la petite enfance.
47:15Il y a France, la maman d'Archibald,
47:17qui était avec nous au début de l'émission,
47:18qui voulait réagir en vous écoutant, France.
47:21Oui, parce que moi, j'étais vraiment...
47:22Enfin, avec le père d'Archibald, on était vraiment ravis
47:25d'avoir accès à une micro-crèche privée.
47:27C'était une place financée par la mairie,
47:29mais on était ravis que ce soit ça, en se disant,
47:31micro, ça veut dire peu d'enfants,
47:33ça veut dire qu'on va mieux s'occuper d'eux.
47:35Et puis, la publicité de cette crèche était fabuleuse.
47:38Donc, on se disait, quelle chance il a.
47:39Après, il a été transféré, grâce à la mairie,
47:42en urgence vers une crèche municipale.
47:45Et on a compris ce que c'était qu'une bonne crèche,
47:47parce que là, on a rencontré des gens passionnés,
47:50attentifs et surtout très bien encadrés.
47:53Et du coup, ça me fait doucement rire,
47:55rire un peu jaune,
47:57parce qu'en effet, privé, lucratif,
48:02qui s'oppose à municipal,
48:04et du coup, je pense, plus encadré.
48:06Et nous, enfin, bêtement, vraiment bêtement, naïvement,
48:09on était persuadés que c'était une bonne chose
48:11pour notre enfant.
48:13Merci pour votre témoignage.
48:14On va aller à la rencontre de notre dernière citoyenne.
48:16Il s'agit de Camille Aussan.
48:18Camille, bonjour à vous.
48:19Vous habitez à Bègles-en-Gironde.
48:22Vous avez deux enfants, un de cinq ans,
48:24l'autre de deux ans et demi.
48:26Et ce dernier est gardé depuis six mois
48:29dans une crèche parentale.
48:31D'ailleurs, on va voir quelques images de cette crèche,
48:34les crèches parentales qui existent maintenant depuis 40 ans.
48:38Est-ce que vous pouvez nous en rappeler le principe,
48:41s'il vous plaît ?
48:43Alors, en fait, une crèche parentale,
48:44c'est le cas de l'association Sage.
48:48On passe par le guichet unique de la mairie,
48:51avec effectivement une implication parentale,
48:53mais quand on arrive dans l'association,
48:55on n'est pas forcément au courant que c'est une crèche parentale,
48:58vu qu'on passe par le guichet unique.
49:02Donc, en fait, on a le choix ou pas de s'impliquer dans cette crèche,
49:06qui passe par plusieurs choses.
49:08On peut aussi bien s'impliquer dans le conseil d'administration
49:12ou dans le conseil d'administration,
49:14on a différentes commissions,
49:15aussi bien une commission paritaire qui traite vraiment des conditions RH.
49:20Il y a aussi la commission communication,
49:22commission événements.
49:24Et puis, ça peut aussi se traduire par une implication
49:27un peu plus dans le quotidien de la crèche,
49:29à savoir des réparations de mobilier.
49:33Il y a une grosse activité autour du jardinage.
49:35Donc, voilà, c'est vraiment une activité,
49:37une implication sur des activités autour de la crèche
49:40et surtout une implication parentale
49:41dans le projet pédagogique de la crèche.
49:44Et alors, Camille, vous avez entendu les 50 minutes d'émission précédentes.
49:47Qu'est-ce que ça vous inspire, vous aussi, avec votre exemple ?
49:53Effectivement, je me dis qu'on a de la chance
49:55d'avoir ce type d'association,
49:58donc avec les difficultés qui ont malgré tout été énumérées auparavant,
50:02avec les difficultés de recrutement,
50:04parce que c'est un secteur quand même de la petite enfance
50:06qui est en difficulté et il ne faut pas le nier.
50:08Après, effectivement, on a un taux d'encadrement
50:11au sein de l'association de sèche de 1 pour 4 enfants,
50:15donc avec, dans chaque crèche,
50:17une pluridisciplinarité des professionnels,
50:20donc une directrice dans chacune des trois crèches,
50:24des auxiliaires de pluricultrice, une infirmière,
50:27une cuisine dans chaque structure,
50:30donc il y a vraiment une mixité des professionnels
50:33et c'est vraiment le projet pédagogique qui est décidé par les parents
50:37qui, à mon sens, a un vrai avantage.
50:40Et Camille, rapidement, en quelques secondes, vous payez quelle somme ?
50:45Je pète environ 360 euros par mois
50:48pour un accueil de cinq jours,
50:51deux semaines cinq jours et deux semaines quatre jours.
50:53Donc ça reste accessible,
50:54vous êtes contente du prix que ça vous coûte ?
50:58Oui, complètement.
50:59Une réaction ?
51:01Est-ce que c'est un modèle qu'il faut soutenir, développer ?
51:05Les crèches parentales, Raymond de Poncet-Mange ?
51:07Oui, ce que je disais, c'est du privé associatif
51:11et c'est très important parce que la participation des parents,
51:14et c'est vrai qu'il y a plusieurs commissions,
51:17donc on peut, même si on...
51:19Voilà, on peut trouver quand même la commission de son intervention,
51:22la participation des parents fait que le projet éducatif
51:26et le projet de développement, d'éveil de l'enfant,
51:29tout ça, est au centre.
51:30Par définition, un parent, c'est le centre de sa préoccupation.
51:36Il est davantage impliqué.
51:37Quand on met dans une crèche, on le délègue,
51:39enfin, en quelque sorte, dans une crèche,
51:41et on repart, on délègue un petit peu ça,
51:43par la confiance, justement, que ça va être le centre.
51:46Mais là, moi, c'est un modèle que j'aime beaucoup,
51:50il n'y a pas de soucis,
51:52mais ça montre que ça permet de faire ce que tout doit être fait,
51:57par des comités d'usagers, peut-être,
52:00de mettre au centre le projet éducatif.
52:02Il faut quand même avoir du temps à consacrer à l'association
52:05quand on est parent.
52:06C'est pour ça que ce modèle, il est parfait,
52:09en tout cas, il est idéal, peut-être,
52:11mais il n'est pas réalisable par tous et pour tous.
52:14C'est pour ça que ça doit faire partie de l'éventail
52:17des solutions du mode de garde différencié
52:19dans chacune des communes,
52:21les crèches associatives, parentales, privées, municipales,
52:25et bien sûr, les assistantes maternelles et auxiliaires.
52:29Bien sûr, il faut qu'on ait cet éventail de solutions.
52:31Mais moi, ce que je voudrais revenir,
52:34c'est sur la question des DSP, le fait d'avoir délégué,
52:37et tout le monde en parlait,
52:38d'avoir délégué aux privés et à des structures associatives
52:42une responsabilité qui était un peu
52:44une responsabilité de service public.
52:46La création de ce service public de la petite enfance
52:49voulue par les précédents gouvernements
52:51et appliquée par ce gouvernement actuellement,
52:54avec, comme l'avait dit ma collègue,
52:56ces 86 millions qui vont être pour les communes
52:59pour accompagner la création de ce service public,
53:01il doit aussi s'accompagner de contrôle.
53:04Il ne faut pas qu'on soit dans un système
53:06où, puisqu'on a délégué un certain nombre de places
53:09aux privés, on ne contrôle plus, on n'a plus de regard dessus.
53:12C'est là où il y a des dérives.
53:14Encore une fois, quand on est parent
53:16et qu'on met son enfant dans une crèche privée,
53:19on se dit que c'est une crèche collective
53:21qui est contrôlée par la mairie, qui a des financements CAF.
53:25C'est là où je voulais en venir.
53:26Il faut absolument qu'on puisse maintenir ces contrôles.
53:30Le Sénat lance une mission flash, une mission d'information
53:33sur la question, précisément, des contrôles,
53:36parce qu'on a entendu que la Fédération nationale
53:39de la petite enfance réclamait un contrôle annuel.
53:42Il y a un trou dans la raquette sur la question du contrôle
53:45et le Sénat est à la manœuvre là-dessus.
53:47La ministre demande un contrôle tous les cinq ans,
53:51mais des contrôles inopinés dès l'instant
53:53où il y a un cas de maltraitance quelque part.
53:56Bien sûr qu'il faut le faire.
53:59Je reviens sur ce qu'a dit mon collègue
54:02sur le fait que ces crèches, madame,
54:04qui sont effectivement un exemple,
54:06ne pourraient pas vivre non plus sans l'aide
54:09et la complicité de la mairie,
54:11parce que c'est ça, finalement, on dit crèche parentale,
54:14mais la mairie a quand même une part importante
54:16dans le financement.
54:18Et même qu'elle prête les locaux.
54:20Elle prête les locaux et peut-être il y a d'autres choses.
54:23Indirectement, il y a un financement public.
54:25Gérés par la CAF et contrôlés par la PMI,
54:28tout ça fait qu'on peut les appeler privés, pas privés,
54:31parentales, communales, etc.
54:33Si chacun y met de la bonne volonté,
54:35je crois qu'on arrivera à avoir des crèches exceptionnelles
54:39parce que, je tiens à le redire,
54:41le personnel est vraiment exceptionnel.
54:43Il nous reste deux minutes.
54:45Je vous propose à chacun d'avoir un mot de conclusion.
54:48Madame Ponce et Mange.
54:49Le mot de conclusion, je dirais que les contrôles, il en faut,
54:53qu'elles ne soient pas seulement de la PMI,
54:55car elle n'aura pas les moyens, il y a trop de micro-crèches,
54:59il ne faut pas emboliser le travail des PMI par le contrôle.
55:03Mais il ne faut pas, j'entends ceux qui le demandent,
55:06que le contrôle soit la solution
55:11au fait que le mécanisme ne va pas.
55:14Le mécanisme de la DSU, de la tarification à l'heure,
55:17du privé lucratif qui veut faire...
55:19qui fait des moins-dix ans sur les prix des berceaux.
55:24Si vous voulez, le contrôle ne peut pas se substituer
55:28ou résoudre si on ne change pas la mécanique,
55:32les dispositifs, les logiques...
55:34La règle du jeu.
55:35Voilà, qui poussent à ce qu'on a vu,
55:38y compris à user les professionnels et leur sens du travail.
55:41On l'a bien vu dans cette émission.
55:43M. Diacoveli.
55:45Je suis favorable à ce qu'on ait des contrôles,
55:47mais les contrôles doivent être effectués
55:49par les collectivités territoriales qui ont la compétence.
55:53Il ne faut pas que les élus locaux se dédouanent
55:55en faisant des DSP, en se disant
55:57que c'est plus eux qui ont la responsabilité.
56:00Il faut que les contrôles soient à l'échelle locale.
56:03On l'a dit tout à l'heure,
56:05il faut des critères nationaux et des référentiels nationaux
56:08pour l'attribution...
56:10Des contrôles des élus sur place, pas seulement sur pièce.
56:13Il faut qu'on ait des contrôles sur place et pas seulement sur pièce.
56:17Je crois que tous les plans qu'on pourra faire à l'échelle nationale,
56:21qu'on pourra voter au Parlement,
56:22notamment le plan annoncé par le ministre Paul Christophe
56:26sur les 35 000 places supplémentaires d'ici deux ans
56:28pour les crèches, si on n'a pas de professionnels en face,
56:32Il faut travailler sur l'attractivité des métiers
56:35du médico-social, avec la revalorisation
56:37et la reconnaissance de ces métiers,
56:39parce qu'une grande majorité, ce sont des professionnels
56:43qui travaillent dans l'intérêt général de nos enfants.
56:46Le mot de la fin, pour vous ?
56:47La ministre est consciente de tout cela.
56:50Elle veut faire un état des lieux national.
56:52Elle ne retiendra de cet état des lieux que le meilleur
56:55afin d'optimiser tout ce qui vient d'être dit ici.
56:59Et puis, voilà, je redis à ces dames et à toutes ces crèches
57:05qu'elles gèrent notre bien le plus précieux,
57:09qui est nos enfants, les futurs citoyens de demain.
57:12Donc, par pitié, prenons un soin.
57:14Merci, c'est la fin de cette émission.
57:16Je voudrais remercier nos témoins du jour
57:19qui ont participé à cette émission.
57:21Merci beaucoup pour vos témoignages,
57:23ils étaient bouleversants.
57:24Je voudrais aussi remercier nos trois sénateurs en plateau.
57:27Merci de ces échanges et de ce dialogue.
57:29Et un grand merci aux équipes techniques et éditoriales
57:32qui ont permis de réaliser cette émission.
57:34À très vite pour un nouveau numéro de Direct Citoyen.
57:36Très belle histoire de programme sur Public Sénat.
57:38Je vous remercie déjà de nous avoir donné la parole
57:40parce que je trouve qu'effectivement,
57:42on est en manque de reconnaissance
57:45et qu'on n'est pas assez entendus, effectivement.
57:47Je trouve que le mot contrôle est beaucoup revenu
57:50et que le mot solution dans le global,
57:52on n'a pas beaucoup évoqué les solutions dans le global.
57:54L'une d'entre elles disait que les enfants étaient
57:57le bien le plus précieux.
57:58OK, mais du coup, comment ça se fait
58:01qu'avec tous les drames qui se sont passés,
58:03avec toutes les enquêtes qui ont eu lieu,
58:05pourquoi il n'y a rien qui a évolué depuis toutes ces années ?
58:08On a dit plein de fois qu'on allait manquer de personnel,
58:11mais du coup, comment attirer des gens ?
58:14Plutôt que de mettre un salaire en plus,
58:16pourquoi ne pas mettre un avantage fiscal ?
58:19Parce qu'après tout, c'est grâce à ces personnes-là
58:21que nous, on peut aller travailler, en fait.
58:24L'idée, c'est effectivement de développer
58:26ce modèle de crèche parentale.
58:28Comment on pourrait financer davantage ce type de modèle
58:31en sachant que pour le bien-être de l'enfant,
58:33c'est quand même ce qui est recommandé.