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00:00Amélie de Montchalin, parlons du Brexit, qui donc n'a toujours pas eu lieu.
00:10Est-ce que la France et l'Europe sont seulement spectatrices des sous-sauts de la politique intérieure britannique ?
00:15Ou en coulisses, vous avez un rôle, la France a un rôle, les Européens ont un rôle auprès des Britanniques
00:21pour le déclenchement des élections législatives qui sont donc prévues le 12 décembre ?
00:25Ce qui est clair, c'est que depuis le mois d'avril, vous savez, le Président le dit d'ailleurs comme ça,
00:30on nous a présenté comme les durs de la bande.
00:32On nous a dit, les Français, c'est ceux qui toujours sont fermes, sont durs,
00:36c'est pas tout à fait ça qui se passe.
00:38Depuis le mois d'avril, très clairement, le Président de la République
00:42essaye de faire en sorte qu'on soit dans la clarté.
00:44Parce que derrière le Brexit, il y a surtout beaucoup d'incertitudes.
00:47Il y a des millions de familles, des millions d'entreprises qui aujourd'hui n'y voient plus clair.
00:51Et tout ce qu'on essaie de faire depuis le mois d'avril, c'est d'avoir au fond des choses simples.
00:55D'avoir un accord sur la table, de pouvoir demander aux Britanniques de dire oui ou non,
01:00et ensuite d'avoir des échéances en temps qui soient clairs.
01:03C'est pour ça qu'on s'était battus pour le 31 octobre.
01:08Et on a toujours dit qu'on ne repousserait cette date qu'à deux conditions.
01:11Soit parce que les Britanniques avaient besoin d'un peu plus de temps pour dire oui ou non à l'accord,
01:15soit parce qu'ils organisaient des élections.
01:18Pourquoi ça nous paraissait important d'avoir des justifications ?
01:21Parce que vous aviez beaucoup d'Européens, qui ne sont pas forcément des gens qui viennent parler à la radio,
01:25mais qui trouvaient ça très très bien de leur donner au fond du temps, du temps,
01:28six mois de plus, neuf mois de plus, et que ça allait résoudre les choses.
01:30La conviction française sur ce sujet, c'est que pour résoudre des choses,
01:34il faut avoir des échéances rapprochées.
01:37Le temps lui-même ne résoudra pas la question.
01:39Aujourd'hui se pose pour les Britanniques le moment d'une décision.
01:43Est-ce que oui ou non, ils veulent sortir de l'Union européenne, comme le référendum l'a dit en 2016 ?
01:48Est-ce qu'ils veulent oui ou non de l'accord qui a été négocié maintenant pour une deuxième fois ?
01:52Et est-ce que oui ou non, puisqu'ils n'arrivent pas à y parvenir, ils sont prêts à organiser des élections ?
01:56Justement, parlons du futur, parlons de ce qui arrive.
01:59Est-ce que si le Parlement ne ratifie pas l'accord,
02:02est-ce que si Boris Johnson n'a pas de majorité,
02:04il faut, quoi qu'il arrive, qu'il sorte cette fois à la fin du mois de janvier,
02:07quitte à ce qu'il y ait un no deal ?
02:08Parce que vous avez parlé d'incertitudes, et ces incertitudes perdurent depuis maintenant longtemps.
02:12Je peux vous dire qu'on a mis des conditions très fortes.
02:14Le 31 janvier n'est pas négociable, l'accord sur la table n'est pas renégociable,
02:18et donc effectivement, à un moment donné, des responsabilités devront être prises.
02:21C'est pour ça d'ailleurs que je conseille aux entreprises de continuer à se préparer.
02:25Le risque de no deal n'est pas écarté.
02:27Maintenant, la clarification démocratique, les élections qui sont en train de se préparer au Royaume-Uni
02:32vont permettre une chose qui n'a pas eu lieu depuis deux ans,
02:35c'est-à-dire qu'entre le peuple britannique, la composition du Parlement et donc le gouvernement,
02:40il y aura à nouveau un alignement.
02:42Pourquoi on est dans une impasse depuis maintenant deux ans et demi ?
02:44Parce que les planètes sont désalignées entre les différents acteurs.
02:47Parce que le peuple britannique a dit qu'on veut sortir de l'Union Européenne,
02:50parce que Boris Johnson a été négocier un accord,
02:52et parce que le Parlement nous dit qu'on n'en veut pas.
02:54Et donc on est dans un triangle impossible où ces trois forces-là ne travaillent pas ensemble.
02:59Donc les élections, ça va nous permettre de réaligner les choses.
03:03Soit ils ratifient l'accord avant le 31 janvier, et bien c'est une sortie ordonnée.
03:06C'est ce pour quoi nous travaillons depuis maintenant des années, plus de deux ans et demi.
03:11Mais il n'empêche que pour les entreprises, c'est à nouveau un nouveau délai,
03:13alors que vous disiez justement qu'il faut que ce soit le 31 octobre parce qu'il faut qu'elles se préparent.
03:17Oui, mais ce n'est pas un délai comme certains voulaient, à savoir un délai sans condition.
03:20Il y avait des gens autour de la table qui étaient prêts à nous faire repartir plus s'il y a rien.
03:23Il n'y a rien de plus démobilisateur pour une entreprise que de savoir que peut-être ça n'aura jamais lieu.
03:27Comment on se prépare ?
03:28La préparation qu'on demande aux entreprises, ce n'est pas très compliqué au fond.
03:32C'est de demander un numéro, une affiliation pour pouvoir passer la fameuse frontière intelligente
03:38au cas où il y aurait des contrôles nouveaux.
03:40Une fois que vous avez fait la démarche une fois, vous avez fait la démarche une fois.
03:42Le projet que toutes les entreprises ne l'ont pas fait la semaine dernière sur Europe 1,
03:46on évoquait le cas des 30 000 PME qui exportent vers le Royaume-Uni
03:49et seulement 10 000 avaient fait leur diagnostic sur le site de Bercy
03:53pour justement se former aux nouvelles modalités douanières.
03:56C'est là où il faut comprendre les trois mois qu'on a devant nous pour que ces entreprises-là...
03:59Finalement, c'est une bonne chose pour la France aussi, ce nouveau report ?
04:02Se préparer, c'est toujours une bonne chose.
04:04Et toutes les entreprises se préparent contre plein de risques,
04:06contre des risques d'inondation, contre des risques sociaux, contre des risques politiques.
04:09Là, il y a un risque sur lequel il faut qu'elles se préparent.
04:11On va continuer de les accompagner sans être dans l'invective.
04:16Mais une entreprise, une fois qu'elle a fait les démarches une fois,
04:18elle est prête à faire cette nouvelle procédure douanière s'il y a besoin.
04:23Donc Brexit.gouv.fr, c'est un site qui non seulement donne de l'information,
04:27mais surtout qui accompagne.
04:28On a mis en place toute une infrastructure administrative
04:30pour qu'entreprise par entreprise, elles puissent poser des questions
04:33très spécifiques sur leur secteur d'activité, etc.
04:35Donc, je ne peux qu'encourager les entreprises à continuer,
04:37mais c'est un risque.
04:39Il est possible et je pense que ce serait une bonne nouvelle pour tout le monde
04:41que si nous avons un deal, on a une paire de transitions
04:45qui rend tout ça de manière finalement plus facile pour tout le monde,
04:47y compris l'entreprise. Et peut-être que ce sera inutile.
04:49Mais quand on est un chef d'entreprise responsable,
04:52la gestion des risques, c'est aussi le cœur de son activité.
04:55Et donc, ça tombe bien, on a un peu plus de temps.
04:57Mais ce qui était essentiel pour nous, c'est que ce temps, il est conditionné,
05:00il est justifié.