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Le célèbre styliste et créateur de mode, Jean-Charles de Castelbajac, est ce matin l'invité de Léa Salamé. Il est l'auteur des nouvelles tenues liturgiques de Notre-Dame de Paris.

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00:00France Inter, le 7 décembre.
00:07Et Léa, ce matin vous recevez un créateur et styliste.
00:10Bonjour Jean-Charles de Castelbajac, et bienvenue, je suis très heureuse de vous recevoir ce
00:15matin sur Inter pour parler de ces vêtements que vous avez confectionnés pour la cérémonie
00:20de réouverture.
00:21Confectionnés non, créés.
00:22Créés, oui, effectivement, si vous voulez… Non, mais c'est une faute ! Pour la réouverture
00:28de Notre-Dame samedi, on va en parler longuement, mais d'abord je commence par mes questions
00:32rituelles.
00:33Si vous étiez, Jean-Charles de Castelbajac, si vous étiez un paysage, une couleur, une
00:37chanteuse et un Président de la Vème République ?
00:40Si j'étais un paysage, je serais celui que j'ai vu ce week-end, les Calanques-de-Cassis.
00:46J'ai été totalement bouleversé par ces cathédrales naturelles, la profondeur, la
00:54transparence, la beauté à l'état pur.
00:57Voilà.
00:58Le rose.
00:59Ah, le rose.
01:00Vous ne prenez pas une de vos couleurs primaires habituelles ?
01:02Non, le rose, parce que le rose est rentré dans ma vie avec ma fille, Eugénie, qui a
01:06quatre ans.
01:07Et en fait, moi qui ai pratiqué toute ma vie les couleurs primaires, soudain je suis
01:12envahi de rose.
01:13Ce qui ne veut pas dire que je l'utilise dans mon travail.
01:15Que vous n'aimiez pas particulièrement, on va dire ça ?
01:17Non, mais comme quoi on peut toujours découvrir de nouvelles choses.
01:22Grâce à votre fille, donc.
01:23Voilà.
01:24Je ne sais pas si vous aimez le rose, mais en tout cas, vous l'avez par…
01:27Je le découvre.
01:28Je le découvre.
01:29Une chanteuse ?
01:30Une chanteuse, je dirais Zao de Sagazan.
01:33Je dirais Zao de Sagazan, je dirais Eugénie, je dirais Mickey, je dirais toute cette génération
01:42de jeunes artistes françaises qui transforment nos mots, notre langue en un rythme électro
01:52que j'aime vraiment beaucoup.
01:53Je veux dire qu'il y a cette transformation contemporaine d'un héritage immémorial.
01:59Et si vous étiez un président de la Ve République ?
02:01Je dirais Georges Pompidou, mais peut-être aussi François Mitterrand, pour leur relation
02:07à l'art, tous les deux, parce qu'ils ont fait avancer les choses.
02:10Le Centre Pompidou, bien sûr, l'avenue de Jack Lang avec tous les festivals, la Nuit
02:17Blanche et tant de choses.
02:18Cette relation à l'art qui est essentielle aujourd'hui.
02:20Et qu'on a peut-être un peu perdue.
02:21Oui.
02:23Qui a dit « Travailler pour l'église est tout aussi rock'n'roll que travailler
02:26pour les Sex Pistols ? »
02:27Alors c'est vous qui l'avez dit, dans la tribune dimanche, dimanche dernier.
02:34C'est moi qui l'ai dit récemment, parce qu'aujourd'hui, lorsque vous dites que
02:39vous travaillez pour l'église, les gens sont interpellés et trouvent ça tout à
02:45fait iconoclaste, pratiquement, et quelque chose de choquant comme de revendiquer sa
02:52foi.
02:53On est dans une époque d'une sorte de consensus où il faut plutôt se taire et
03:03il faut plutôt être dans le sens de l'époque.
03:06Or, aujourd'hui, si je parle de l'église, je parle de la spiritualité, je parle d'un
03:12chemin de lumière, je parle de vivre ensemble, d'être ensemble.
03:16Mais il dirait quoi vos amis de l'époque, vos amis de débauche, Viviane Westwood, Kissaring,
03:20Pascal, Malcolm McLaren, de vous voir dessiner des chasubles pour les prêtres ?
03:25Je pense qu'ils seraient tous à mes côtés pour essayer de travailler pour l'art sacré,
03:31parce que l'art et le sacré ouvrent des portes vers l'invisible, et l'art c'est
03:38aussi, c'est ça, c'est ouvrir des portes vers l'invisible.
03:41Or, nous vivons dans une époque où le visible est tellement présent et tellement accessible,
03:46qu'il faut tout acheter, il est temps de rouvrir les portes vers l'invisible.
03:51Jean-Charles de Castelbajac, vous êtes une figure de la mode incontournable depuis plus
03:55de 50 ans avec votre signature, les couleurs primaires, le rouge, le jaune, le bleu, parfois
03:59le vert, pas le rose, vous avez habillé de nombreux artistes tout au long de votre carrière,
04:06Madonna, Vanessa Paradis, Lady Gaga, mais aussi les rappeurs américains qui sont fous
04:09de vous, Jay-Z, Drake, porte vos créations, mais ce matin, je vous reçois donc parce
04:13que vous avez été choisi pour habiller tout le clergé pour la réouverture de Notre-Dame
04:17l'année prochaine, vous avez dessiné les vêtements liturgiques que vont porter l'archevêque
04:21de Paris, mais aussi les 170 évêques, 700 diacres, les prêtres, les chanoines, bref,
04:26en tout, c'est 2000 vêtements que vous avez dessinés, vous avez été choisi par l'archevêque
04:32lui-même qui vous a appelé il y a un an et demi de cela à peu près, vous n'avez pas
04:36passé de concours quoi ?
04:37Non, j'ai été convoqué, j'ai été sollicité, comme je l'avais été par Monseigneur Lustiger
04:46pour les JMJ en 97, par Monseigneur Ulrich qui m'a demandé de travailler sur la parame
04:52antique.
04:53La parame antique, c'est l'ensemble des vêtements liturgiques qui entourent la cérémonie
04:57et la célébration de l'Eucharistie, de la messe, tout d'abord c'est un honneur,
05:04c'est très émouvant, parce que ce rendez-vous avec Notre-Dame était très inattendu, je
05:11ne pensais pas que je serais de nouveau sollicité après les JMJ en 97, et à la fois j'avais
05:17le sentiment que je n'avais pas fini mon travail, de créer une proximité entre le
05:24culte et les jeunes générations.
05:26Oui, c'est ça qui est important pour vous, vous le répétez souvent, vous dites votre
05:31travail pour les JMJ, c'est vrai que votre histoire avec l'Église ne date pas d'aujourd'hui,
05:34ça a commencé d'abord, d'ailleurs avant les JMJ ?
05:37Ça a commencé en 87, avec le...
05:39C'est Monseigneur Lustiger qui vous demande ?
05:41En 87, non, c'est le comité d'arts sacrés, avec Amish Kapoor et Gérard Garousse, et
05:49j'ai créé des vêtements pour célébrer la messe en milieu carcéral.
05:52Et c'est à l'occasion de ce travail que Monseigneur Lustiger a remarqué mon travail.
05:57Et vous appelle à ce moment-là pour la création des vêtements des JMJ ?
06:01Et la fameuse chasuble portée par le pape Jean-Paul II, le pape qui en avait fait don
06:05à Notre-Dame, et elle n'a pas brûlée ?
06:08Non, elle n'a pas brûlée, elle a été sauvée, et le pape qui m'avait dit « vous avez utilisé
06:13la couleur comme ciment de la foi », avait donné cette chasuble dans le trésor de Notre-Dame,
06:18c'est devenu une relique, puisqu'il est devenu saint, et elle a été sauvée par
06:22un capitaine de pompier durant l'incendie.
06:24Et donc cet appel de Notre-Dame, en quelque sorte, est un rendez-vous pour moi très particulier.
06:31On écoute le reportage de l'époque sur France 3, qui date de 1997, où vous dessinez au moment des JMJ.
06:39Pour la première fois, à la demande de Monseigneur Lustiger, l'église catholique s'habille
06:43haute couture.
06:44C'est Jean-Charles de Castelbajac qui a conçu bénévolement tous les vêtements liturgiques
06:50pour les prêtres, les évêques et le pape, des créations, vous allez le voir, très
06:54colorés.
06:55Là aussi, c'est bénévole, vous ne touchez rien ?
06:57C'est bénévole.
06:58Pour Notre-Dame, non, j'ai des honoraires raisonnables, parce que c'est un an et demi
07:04de travail, j'ai une équipe, mais les JMJ étaient bénévoles et mon travail pour le
07:09comité d'art sacré était bénévole.
07:10Alors, une centaine d'artisans ont confectionné les vêtements qu'on verra samedi, des brodeurs,
07:17des orfèvres, des chapeliers, des couturiers, vous dites on fait tous partie de l'atelier Notre-Dame ?
07:21On fait partie de l'atelier Notre-Dame.
07:23Là, en l'occurrence, vous faites référence au 19M, qui est l'excellence française,
07:28c'est les maisons comme Le Sage, Montex, Paloma, Gossens et Chapeau Michel, avec qui
07:33j'avais partiellement déjà travaillé pour les JMJ.
07:35C'est l'excellence dans la structure, c'est l'excellence de la haute couture,
07:39c'est l'intelligence de la main, c'est le savoir-faire français.
07:42Et je suis très heureux d'emmener ces artisans dans cette aventure de compagnons,
07:49parce qu'en fait Notre-Dame, ce n'est pas un travail d'une collection, on ne fait pas de mode,
07:53on ne fait pas de défilé, on travaille pour le sacré.
07:56Et on travaille et on s'inscrit dans une longue chaîne de compagnons au service de Notre-Dame.
08:01On peut voir ces robes que vous avez dessinées, ces chasubles, ces aubes, c'est très sobre.
08:09Vous avez choisi, contrairement aux JMJ, c'est extrêmement colore.
08:12Il y a de la couleur, il y a cette croix, la croix de Notre-Dame, la croix...
08:16Le mot d'ordre de Mgr Ibado Dumas, qui cristallise cet atelier Notre-Dame, c'était la noble simplicité.
08:25Or, moi, je venais de découvrir que ma main droite était soudain, se réveillait après 74 ans de silence,
08:32puisque je suis gaucher, et j'ai commencé à découper.
08:35Pour la première fois, vous avez utilisé votre main droite ?
08:37Pour la première fois, j'ai fait ces collages.
08:39Et ce qui m'est venu immédiatement, intuitivement, c'était cette croix d'or,
08:43comme cette croix qui est au centre, la croix de Marc Coturier, qui avait survécu au tumulte.
08:49Et j'ai eu envie d'un rayonnement, de quelque chose qui touche l'humanité, qui soit universel.
08:56Et donc, j'ai découpé ces éclats de couleurs, tous différents, comme nous tous,
09:01et je les ai parsemés partant de cette croix.
09:04En fait, je ne savais pas encore que ça ferait écho d'une manière incroyable
09:09à ce que Notre-Dame allait apparaître après sa restauration.
09:14Puisque la matière blanche cassée que j'ai utilisée pour faire ces vêtements,
09:19avec un très joli tombé, je ne savais pas qu'elle allait être dans l'harmonie des murs.
09:23Que ça allait être cette fameuse pierre blonde dont on parle,
09:26qui est tellement lumineuse dans les premières images qu'on voit.
09:28C'est cela. Donc, mon référence était cette croix d'or au centre,
09:32ces éclats de couleurs comme les vitraux,
09:34et cette couleur blanche qui correspond au temps liturgique des fêtes.
09:38Vous dites, j'ai voulu rendre l'invisible visible dans ces vêtements.
09:42Qu'est-ce que ça veut dire ?
09:43C'est très simple. Vous savez, j'ai passé ma vie à créer dans le visible
09:49et à créer des vêtements manifestes, contre la fourrure,
09:52en faisant des manteaux Teddy Bear, avec des choses très originales, très excentriques.
09:57Mais ma question, elle était toujours de provoquer une réflexion.
10:02Elle était toujours d'amener une sorte de méditation au travers de mon travail.
10:06J'ai fait des robes fantômes, j'ai fait mille expériences en mode.
10:11Là, il s'agit de réveiller une porte vers l'invisible,
10:15c'est-à-dire vers la spiritualité, en quelque sorte.
10:18On est submergé d'images.
10:20On a un tsunami d'images pour les jeunes générations,
10:23comme pour moi, qui suis accro à Instagram.
10:26Il y a ce fait que Debord décrivait dans la société du spectacle,
10:32qu'on est devenu spectateur de notre propre spectacle.
10:35Dans ce travail, il y a définitivement cette porte vers la spiritualité.
10:41Et la foi que vous avez, elle vous apporte quoi dans la vie de tous les jours ?
10:46J'ai une foi motrice, j'ai une foi complice, j'ai une foi rendez-vous,
10:52j'ai une foi main gauche quand je trace un ange sur les murs de la ville,
10:56j'ai une foi empathique.
10:59Je crois que l'approche de ma foi est un peu rock'n'roll,
11:06puisque j'ai eu la chance, en faisant un métier assez transgressif,
11:12assez fort d'innovation, de pouvoir mettre mon talent au service de ma foi.
11:17Vous ne l'avez jamais perdu la foi ?
11:19Il y a eu des moments de tempête intérieure, de tumulte,
11:25mais j'imagine que je ne suis pas le seul.
11:27Et c'est ce qui renforce la foi.
11:29Comment vous expliquez, Jean-Charles de Castelbajac,
11:31l'attachement qu'on a tous pour Notre-Dame de Paris,
11:33que l'on soit français ou étranger, croyant ou athée ?
11:37Vous me disiez avant de rentrer que vous êtes sollicité par tous les médias étrangers,
11:41les Américains, les Chinois, la BBC, vous allez faire une interview en sortant.
11:47Oui, oui.
11:48D'où vient cette fascination ?
11:50Cette fascination, elle vient que ce lieu, et Mgr Ulrich le dit très bien,
11:55il n'y a pas de touristes, il y a des visiteurs.
11:58On est tous visiteurs de Notre-Dame,
12:00et on a tous un lieu ou une relation intime avec Notre-Dame.
12:04Dans la structure de Notre-Dame,
12:07c'est comme des grands bras de pierre qui vous prennent
12:10et qui vous emportent vers quelque chose d'intérieur.
12:12Il y a cette force.
12:13Vous, ça a été un refuge pour vous, jeune provincial de 17 ans,
12:16qui débarquait à Paris, vous dites...
12:18Jeune Rastignac.
12:19Oui, vous dites, je me réfugie dans Notre-Dame à l'âge de 17 ans.
12:23Elle vous apportait quoi à l'époque ?
12:25Elle m'a apporté aussi l'inspiration de ma forme,
12:28puisque j'y ai vu un vêtement qui était un t-shirt du Moyen-Âge.
12:31Oui, un t-shirt du Moyen-Âge, c'était le vêtement de Saint-Louis du XIIe siècle.
12:37Et dont je me suis inspiré aussi.
12:39J'y trouvais une sorte de paix, de sérénité, de quiétude,
12:46et je pense qu'on a tous vécu cette inquiétude lorsqu'on l'a vu brûler.
12:51Et de fait, la convergence d'empathie universelle,
12:57on l'a rarement rencontrée, cette convergence d'empathie,
13:00pour un lieu qui est un peu un phare de la spiritualité.
13:04Vous trouvez qu'elle va dans le bon sens, l'Église, ces dernières années ?
13:06Qu'elle se mêle davantage à la société ?
13:09Qu'elle affronte ses démons, ses silences ?
13:12Je parle évidemment des abus sexuels, mais d'autres choses.
13:15Je trouve qu'elle est en marche.
13:18Je trouve qu'elle est en marche, qu'elle est face à une grande réflexion.
13:23Lorsque je parle à tous les journalistes internationaux qui m'interrogent,
13:27ils me disent que c'est la seule Église qui travaille avec des artistes dans sa réflexion.
13:33L'Église française ?
13:34Oui, l'Église française.
13:36Qu'elle a cette capacité à aller vers une forme de risque,
13:43de travailler sur l'époque,
13:48pour créer ce dialogue qui a peut-être été perdu à un moment, avec une jeune génération.
13:54Vous êtes né en 1949 à Casablanca, à l'âge de 7 ans.
13:57Vos parents vous envoient en pensionnat, d'abord en Normandie, puis près du Pau.
14:00Oui, chez les oratoriens.
14:01Vous passerez 11 années en pensionnat.
14:03Vous dites que l'enfance a été un moment d'une incroyable dureté, fait d'absence, de solitude.
14:07Vous n'avez vu vos parents que deux fois par an.
14:09Sentiment d'abandon.
14:11La couleur, qui est votre signature, vient de là, vient de l'enfance.
14:15C'était une manière de contre-pied à la douleur de l'enfance.
14:18La couleur était mon refuge.
14:21Et puis c'est, je pense, le premier rapte que j'ai fait.
14:24J'ai eu le sentiment que ces couleurs m'appartenaient.
14:27Le rouge, le bleu, le jaune, le vert, l'arc-en-ciel, ça m'appartenait.
14:31C'était à moi.
14:32Et donc lorsque je suis sorti de pension, immédiatement, c'était mon capital.
14:36J'avais deux capitales.
14:37J'avais le capital couleur et j'avais le capital rugueux.
14:42Tout ce qui était, toutes ces matières qui étaient pauvres, qui n'étaient pas douces,
14:47auxquelles je suis resté attaché, qui étaient mal aimées.
14:50Donc à partir de là, j'ai construit mon style.
14:53Et en fait, ce qui est très touchant, c'est de voir dans cette rencontre,
14:59avec ce projet de Notre-Dame, de cette croix rayonnante,
15:03c'est comment, aujourd'hui, je suis tout à fait en phase entre mon travail, mon style
15:12et mon chemin de foi, en quelque sorte.
15:15À 17 ans, vous vous lancez dans la mode sans rien y connaître.
15:18Vous dites, je vous avais rien de rien.
15:20Et en plus, j'étais hétérosexuelle.
15:22Ce qui n'est pas un plus, vous voulez dire, quand on fait de la mode ?
15:27Je n'avais pas le sentiment de faire de la mode.
15:29D'abord, j'ai été qualifié tout de suite d'antimode, d'anarchiste.
15:34C'est peut-être ce qui a construit mes amitiés avec des mouvements similaires.
15:37J'aimais détourner, j'aimais m'approprier.
15:41Donc j'ai fait des choses durant 10 ans qui étaient faites en serpillère,
15:45dans des matières pas du tout aimées, et que j'ai transformées en beauté.
15:50Je crois que dans ma passion de designer ou d'artiste,
15:54il y a cette volonté d'électriser l'histoire.
15:57Il y a cette volonté d'aller chercher dans les racines de notre pays,
16:01dans les racines de notre histoire, ou des savoir-faire,
16:04et de les ramener sur le devant de la scène.
16:06Je crois que l'histoire a été trop éradiquée de l'enseignement,
16:12et je crois qu'elle doit revenir comme un exemple.
16:15Le succès va être immédiat.
16:17A 18 ans, vous faites la couverture du Vogue américain.
16:19Comment vous n'avez pas pété les plombs ?
16:21J'ai pété les plombs.
16:23Oui, j'ai pété les plombs.
16:26Je pense que mon humilité d'aujourd'hui est l'enfant de l'ego surdimensionné
16:33que j'ai eu à un certain moment.
16:35Je crois que la sagesse ne devient qu'après avoir vécu l'opposé.
16:39C'est vrai que je n'avais pas eu d'enfance,
16:43puisque j'ai dû devenir adolescent durant mon enfance.
16:46Lorsque j'étais adolescent, j'ai dû devenir adulte.
16:49Aujourd'hui, je suis enfin l'architecte de ma propre enfance.
16:52On va faire les impromptus très rapidement.
16:54Vous répondez très vite, sans trop réfléchir.
16:57Alcool, drogue, sexe, vous avez toujours des vices ou plus ?
17:00C'est fini, la sagesse est là.
17:02J'ai les vices du rose.
17:04J'ai les vices d'une vie en rose, d'une sérénité.
17:11J'ai deux fils qui réussissent dans la vie.
17:13J'ai une femme, Pauline Merveilleuse, qui m'entoure.
17:18J'ai cette chance de pouvoir mettre aujourd'hui,
17:24d'être dans une époque qui ressemble à ce que j'avais anticipé.
17:28Vous dites, l'époque actuelle, vous vous l'aimez.
17:30Contrairement à beaucoup.
17:31Je l'adore, parce que les artistes ont un rôle fondamental,
17:37de ciment social, de révélateur, d'empathie, de réunir.
17:45Vous votez ?
17:46Je vote, bien sûr que je vote.
17:48Très rapidement, Saint-Eustache ou Saint-Sulpice ?
17:51Quelle est votre église préférée à Paris ?
17:53Saint-Eustache, parce que l'art sacré, parce que qui s'arigne est là.
18:00Marie-Madeleine ou la Vierge-Marie ?
18:02J'aime ces deux maris.
18:04Le pape Jean-Paul II ou le pape François ?
18:07Jean-Paul II, parce que la plus belle récompense que j'ai eue,
18:12c'est lorsqu'il m'a dit, vous avez utilisé la couleur comme ciment de la foi.
18:15Basquiat ou Andy Warhol ?
18:17Basquiat, Jean-Michel.
18:19Mais la rencontre des deux, j'ai connu les deux,
18:23et le travail des deux était vraiment le symbole d'une collaboration dans l'absolu.
18:28L'un travaillait sur les aplats, l'autre sur le rythme.
18:31Donc, il y a quelque chose de magique dans tous les tableaux qu'ils ont fait ensemble.
18:34Les Stones ou les Beatles ?
18:36Les Yardbirds, qui étaient un groupe un peu plus expérimental.
18:40Mais les Stones, sinon.
18:41Pourtant, John Lennon, il a porté une de vos vestes.
18:44Mais c'est comme ça.
18:45Madonna ou Lady Gaga ? Les deux ont porté vos vestes.
18:48Je dirais Lady Gaga, parce que ça a été une complicité qui a duré des années,
18:55qui peut revenir d'ailleurs, et qu'elle est très créative.
18:58Et comme moi, elle est très concernée par le futur de la jeunesse
19:03et par leur donner des armes.
19:05Et pour finir, Jean-Charles de Castelbajac, la mort, ça vous fait peur ?
19:08Bizarrement, pas.
19:10Mais je l'appréhende pour ceux que je laisserai après moi.
19:13Dans le travail que je suis en train de faire, il y a comme une boucle qui se boucle.
19:23Et je ne peux y voir que les présages de l'éternité.
19:29Vos vêtements, on va les découvrir pour de vrai, portés par tout le clergé,
19:33samedi soir, lors de la cérémonie d'ouverture.
19:36Et je précise, vente aux enchères ce soir à Paris, ça n'a rien à voir.
19:3950 artistes qui vendent des dessins pour aider les sauveteurs en mer.
19:42Absolument, ça s'appelle un trésor à la carte.
19:45J'ai fait un dessin sur la carte d'un navigateur.
19:51Et ces dessins sont en vente à la Fayette Anticipation à partir de 19h.
19:55Avec Harvey Lirosa, avec Titouan Lamazou.
19:58C'est une jolie cause, importante.
20:01Merci beaucoup et belle journée.

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