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L'ancien juge d'instruction belge Michel Claise sort un nouveau livre, "Combattre la criminalité: une urgence démocratique"
Transcription
00:00Michel Claes, ancien juge d'instruction, magistrat de l'Académie d'Aujourd'hui.
00:03Pendant des années, 24 ans, c'est quand même pas si mal.
00:06J'ai travaillé dans un cabinet financier, donc j'avais comme dossier toute une série,
00:12donc quand même pas mal, que personne ne connaît.
00:16Et puis deux, trois, qui apparaissent comme ça, des dossiers célèbres, avec des gens célèbres.
00:20C'est la criminalité financière, évidemment, qui était à la fois mon cheval de bataille
00:25en matière de blanchiment d'argent de corruption pendant des années,
00:28mais aussi les affaires de meurtre et d'assassinat, on appelle ça la justice des droits communs.
00:33Pendant des années, j'ai constaté que le phénomène de la criminalité financière
00:38était en terrible augmentation, tandis que les moyens pour lutter contre ces phénomènes
00:42étaient en diminution sur le plan de la justice et de l'intérieur de la police.
00:47Pendant des années aussi, j'ai commencé à prendre la parole pour tirer la sonnette d'alarme,
00:51poussée en cela par ma hiérarchie, je le remercie d'ailleurs de m'avoir toujours soutenu,
00:56et finalement, aujourd'hui, en terminant mon job de juge d'instruction,
01:02il me paraissait important de sortir cet essai dans lequel je décris de manière quand même
01:08la plus précise possible la situation en termes de pénétration des organisations criminelles
01:13dans notre société, de l'impact que cela peut avoir sur la notion même de démocratie.
01:18En définissant un peu d'ailleurs la notion de démocratie, parce que tout le monde parle de démocratie,
01:23mais il est bon de temps en temps de savoir ce qu'on entend par là,
01:27et de tenter au maximum d'attirer l'attention des gens, des personnes, des citoyens,
01:32et je l'espère du monde politique, face à l'immensité de la situation face à laquelle on se trouve,
01:37des impacts qu'on ne devine pas toujours, mais donc petit à petit maintenant,
01:41des petits événements apparaissent, avant à mon avis la création des grandes failles,
01:45et surtout de dire que par rapport à la conclusion du Conseil national de sécurité
01:50qui examine ces problèmes, que la stratégie de la résilience telle qu'il le préconise
01:55est une chose dont je ne veux pas. Je suis pour la stratégie de l'acrobativité.
02:00Qu'est-ce que vous préconisez justement dans votre livre ? Qu'est-ce qu'il faudrait ?
02:04Réformer beaucoup de choses ? Pas tant la réforme, donner les moyens par rapport
02:08aux systèmes normatifs existants de pouvoir les appliquer, donc en matière de corruption
02:12et de blanchiment bien sûr, mais aussi pour tout ce qui concerne les narcotrafiquants,
02:16le cyberworld, la radicalisation, les atteintes à l'environnement,
02:20et donc d'augmenter évidemment en termes de budget, là où on a plutôt tendance à les réduire,
02:25d'augmenter également les spécificités des personnes qui luttent contre ces phénomènes.
02:29Je pense à une armée de professionnels dans le domaine informatique,
02:33parce que le cyberworld est en train de bouffer complètement sur le plan de notre sécurité,
02:37que ce soient les petites gens ou jusqu'aux plus grandes entreprises et l'État.
02:41Alors je souhaiterais également que l'on crée par contre des institutions spécialisées
02:45qui marchent à l'étranger, comme en France, vous avez le Parc national français,
02:49le Parc national financier français, qui est une institution qui rapporte énormément d'argent à l'État,
02:54et qui agit en presque totale indépendance dans le cadre de la lutte contre la corruption,
02:59une agence belge anti-corruption, et la création d'un secrétariat d'État
03:02à la lutte contre la criminalité financière.
03:05Suivant la bonne vieille méthode, follow the money, c'est comme ça que Eliott Ness a eu la peau d'Al Capone,
03:09mais moi je pense que c'est comme ça qu'il faut avoir la peau des narcotrafiquants notamment,
03:13puisqu'on en parle beaucoup au port d'Anvers, et qu'on fasse quand même quelque chose par rapport au port d'Anvers,
03:17parce qu'être sur le podium, franchement, la première marche de l'importation du crime en Europe,
03:23ici en Belgique, il faut le faire pour un petit pays.

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