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Télématin reçoit Riad Sattouf à l'occasion de la sortie de son dernier livre "Moi, Fadi le frère volé". Il y raconte la vie de son propre petit frère qui a été enlevé en France et ramené de force en Syrie par leur père dans les années 90.

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00:009h11 dans Télé Matin, vous avez adoré l'Arabe du futur, vous allez dévorer Moi, Fadi, le frère volé. Premier tome, 1986-1994, publié aux éditions Livres du Futur.
00:11Bonjour Yacine Satouf.
00:12Bonjour.
00:13Merci d'être notre invité, vous êtes matinal, vous dessinez la nuit, vous, vous dessinez le jour aux horaires du bureau.
00:17Non, le jour, je m'élève très tôt.
00:19C'est-à-dire ?
00:20C'était vers 6h, 6h30.
00:21Ah oui, donc tout va bien pour vous.
00:22Oui, c'est nickel.
00:23C'est l'easy.
00:24Là, c'est fin de matinée.
00:25Vous êtes à la maison.
00:26Exactement.
00:27Alors à chaque fois, quand on connaît ce que vous faites, l'Arabe du futur, les cahiers d'Esther aussi évidemment, vous réussissez à nous embarquer dans vos histoires, on passe par toutes les émotions, c'est ça qui est bien, on rigole et c'est aussi triste.
00:38Cette fois, vous racontez la vie de votre petit frère, l'Arabe du futur c'était vous, là c'est votre petit frère, vous racontez cette histoire de Fadi, qui apparaissait d'ailleurs dans l'Arabe du futur, et vous nous apprenez qu'il a été enlevé en France,
00:49et quelle histoire décidément que c'est de votre famille, et ramené de force en Syrie par votre père dans les années 90.
00:55Pourquoi vous avez eu envie de prolonger comme ça l'Arabe du futur en racontant cette histoire-là ?
00:59Ben disons que les 6 premiers tomes de l'Arabe du futur tournaient autour de cette histoire-là, l'histoire de l'enlèvement de ce petit frère que je n'ai pas vu pendant 20 ans,
01:08et ce sont les retrouvailles avec ce frère, 20 ans après, qui ont déclenché la possibilité pour moi de faire l'Arabe du futur.
01:14Et donc, c'est vrai que…
01:17Pourquoi, ça a débloqué quoi ?
01:18C'était la fin, la fin d'une histoire familiale et la fin d'une histoire potentielle pour une bande dessinée.
01:24Et donc, c'est vrai que le récit des 20 ans de ce frère enlevé à la France et emmené en Syrie, etc., il m'a parlé de son quotidien, il m'a parlé de comment il s'est adapté à la vie là-bas,
01:35ça faisait une super BD, mais il fallait d'abord que je raconte ma version de l'histoire.
01:40Mais je pense qu'on peut entrer dans l'Arabe du futur par Fadi, on n'est pas obligé d'avoir lu les premiers,
01:45mais je voulais qu'il soit là présent quand sortirait Fadi.
01:48Quelle histoire d'avoir été séparé de son frère pendant 20 ans, vous vous êtes retrouvé, il y a toute sa vie, ça veut dire que vous vous êtes donné des rendez-vous,
01:56est-ce que vous avez fait connaissance en même temps que vous écriviez finalement ce nouveau tome ?
02:02C'est étrange parce que dans ma vie, dans ma jeunesse, j'ai passé ma jeunesse avec un frère fantôme, quelque part, je ne savais pas ce qu'il était devenu,
02:10je ne savais pas ce qu'il faisait, donc j'avais beaucoup de questions, j'attendais beaucoup de réponses,
02:14et quand je l'ai retrouvé, c'est comme si on ne s'était pas quitté, sauf qu'il était devenu...
02:18Il y a eu cette évidence comme ça des deux frères ?
02:20Oui, il y a eu une évidence, et c'est très drôle parce que tout ce qu'il m'a raconté,
02:22c'était exactement, comment dire, ça semblait être une histoire vivante qui demandait à se transformer en bande dessinée, voilà.
02:29Et comment il fallait le dessiner, parce qu'il y a un truc avec vous, avec les cheveux par exemple, ça passait beaucoup par les cheveux,
02:34donc comment il fallait, quel coupe de cheveux il fallait lui faire à Fadi ?
02:37Non, je lui ai fait des cheveux qui sont assez proches de ce qu'il avait, c'est vrai, moi j'ai toujours eu des cheveux un peu bizarres,
02:44quand j'étais petit j'étais blond, je sais que ça ne se voit plus beaucoup aujourd'hui,
02:48et lui il avait énormément de cheveux, il était extrêmement poilu du pied, du haut de la tête,
02:55et donc voilà, c'était pour faire une petite différence par rapport à mon personnage.
02:58On retrouve votre univers avec aussi des codes couleurs très importants en fonction de la situation,
03:03et ça c'est l'une de vos particularités qu'on va continuer à évoquer,
03:05mais d'abord il y a Camille Dahan qui est assise juste à côté de vous,
03:07et elle avait envie de pointer ce matin un trait de caractère, de votre caractère,
03:11qui est peut-être un peu moins connu de la part des gens qui nous regardent et qui vous lisent.
03:15C'est un trait de caractère que j'adore, vous êtes un auteur de BD engagé, et engagé pour les femmes,
03:21donc ça c'est quand même très chouette.
03:23En 2016, vous avez retiré votre nomination au festival de la BD d'Angoulême,
03:27vous étiez nommé pour un méga prix, un prix très prestigieux,
03:31qui récompense toute une carrière, et vous refusez, pourquoi ?
03:35Pour une raison très simple en fait, qui n'était même pas une raison tellement d'engagement quand je l'ai fait,
03:42c'est-à-dire que je me suis retrouvé dans une liste de potentiels grands prix d'Angoulême,
03:47et il y avait des autrices de BD que j'admire et qui ont fait des livres extraordinaires et qui n'y étaient pas,
03:52et donc j'avais l'impression de leur piquer leur place,
03:54donc c'était assez simple pour moi de me retirer de cette liste.
03:59Mais franchement, merci et bravo,
04:01c'est vrai, vous méritez qu'on le dise et qu'on le redise,
04:04parce que derrière, d'autres auteurs ont fait comme vous,
04:06donc ça a lancé quand même un petit mouvement.
04:08Je pense que c'était un mauvais hasard,
04:11mais bon, depuis, c'est vrai que les choses ont un petit peu changé,
04:14il y a eu de nombreuses autrices qui ont été grands prix,
04:16notamment, je pense à cette année, une autrice géniale,
04:18dont je vous invite à lire le livre, qui s'appelle Posy Simons,
04:21et qui sera présente durant le festival.
04:23En tout cas, bravo, je voulais le dire.
04:25Merci beaucoup, et on vous remercie pour ça, il faut s'engager.
04:27Alors, ce qui est intéressant, c'est quand vous vous êtes lancés
04:29dans l'arbre du futur, vous en parlez à votre mère, évidemment,
04:31et elle vous dit quoi, votre mère ?
04:32Elle vous dit, non mais laisse tomber, cette histoire,
04:34elle n'intéressera personne.
04:36C'est fou, quand même, alors que cette histoire,
04:38elle est folle, et vous avez vendu 3,5 millions, je crois, d'albums.
04:41Oui, c'est très drôle, mais c'est aussi peut-être le pouvoir
04:44de la bande dessinée.
04:45Moi, je sais que quand cette histoire, dans la réalité,
04:47quand on en parlait et qu'on essayait de partager ça,
04:50personne ne s'y intéressait, parce que c'était quelque chose
04:52de dramatique, c'est vrai, l'enlèvement d'un enfant,
04:54il y a quelque chose d'effrayant, en fait, on ne sait pas
04:56comment partager ça, et transformé en bande dessinée,
05:00c'est vrai que je suis surpris, maintenant, quand je prends
05:02le train, c'est très drôle, il y a les contrôleuses
05:05qui connaissent la BD parce qu'elles voient mon nom
05:07sur le billet, elles m'en parlent, c'est très étonnant,
05:09il y a quelque chose de magique.
05:10Ça parle à tout le monde.
05:11Oui, c'est vrai que j'ai pensé l'arbre du futur
05:14comme une bande dessinée pour les gens qui ne lisent pas de BD.
05:16Et Fadi, c'était exactement ça, également.
05:19Ma première électrice rêvée, c'est ma mamie bretonne
05:22qui n'aimait pas la BD.
05:24Et alors ?
05:25La pauvre, elle n'a pas pu lire, mais je pense à elle
05:28à chaque fois que je fais ces livres.
05:30À chaque fois que vous écrivez, vous vous dites
05:31quand on ne connaît pas la BD, il faut qu'on ait envie, nous,
05:33de rentrer dans ces livres.
05:34Moi, Fadi, le frère voilé, vous décidez d'emprunter le jeu.
05:39Vous parlez à la place de votre frère, mais en même temps,
05:42ce frère, vous ne l'avez pas connu, même si aujourd'hui,
05:44vous avez le sentiment de le connaître.
05:45C'est quand même un exercice périlleux, non ?
05:47Alors, c'est périlleux, et en même temps, ça permet
05:50de se mettre à la place du personnage, un petit peu comme
05:54si on interprétait un rôle au cinéma, par exemple.
05:56Je sais que moi, j'ai fait une autre bande dessinée
05:58qui s'appelle « Les cahiers d'Esther », où c'était une jeune fille
06:00qui me parlait de son quotidien, et là aussi, c'était le jeu.
06:03C'était Esther qui parlait.
06:05Ou par exemple, j'ai fait une bande dessinée avec l'acteur
06:07Vincent Lacoste, où il raconte son parcours.
06:09Oui, bien sûr.
06:10Et j'ai utilisé aussi le jeu.
06:11Moi, je trouve que c'est plus agréable, parce que déjà,
06:13on peut suivre les histoires vraies et ressentir
06:17ce que ressent le personnage.
06:19D'ailleurs, Esther, pardon, je vous coupe, mais j'ai hyper envie
06:21de voir Esther ce matin sur le plateau Télématins.
06:23Mais bien sûr, tout à fait.
06:25Et oui, parce qu'elle va vous faire dessiner,
06:27je suis désolé, elle va vous faire dessiner Riel
06:29et vous faire bosser, Camille.
06:31Non, non, c'est parfait, c'est parfait.
06:33Il faut pousser un peu le micro, parce qu'il cache un peu
06:36le dessin de Riel.
06:38Je trouve ça fascinant, les gens qui savent dessiner.
06:40C'est un peu parfait.
06:43Il peut répondre en même temps aux questions.
06:45Elle est mignonne, Esther.
06:46Elle est canon, évidemment, Esther.
06:48Elle a quel âge, Esther ?
06:50Là, je dirais qu'elle a 13 ans.
06:52C'est au début de la série, à peu près.
06:54Alors Camille, vous faites dessiner donc Riel ce matin.
06:56Oui, j'avais envie de faire une petite interview en croquis.
06:58Vous êtes d'accord ?
07:00Je vous pique des fesses, par contre.
07:02Vous faites ça, vous le mettez sur la table,
07:04on va le garder.
07:06Ça prendra de la valeur.
07:08Je voudrais savoir quel est votre premier dessin
07:10quand vous étiez tout petit ?
07:12C'est très, très simple.
07:14Je vais vous le faire un truc très rapide.
07:16C'est un dessin qui a un peu défini ma vie.
07:18Je vais vous le montrer directement.
07:20Il y a une caméra qui filme d'en haut.
07:22C'est très simple.
07:24Ce dessin complètement moche,
07:26ma mamie bretonne l'a vu
07:28et a trouvé qu'il ressemblait au président Pompidou.
07:30Ah bon ?
07:32J'étais le génie qui a dessiné Pompidou.
07:34Suite à ça, elle a répété partout
07:36que j'étais un génie du dessin
07:38qui dessinait des hommes politiques français.
07:40J'ai dessiné ce dessin pendant des années.
07:42J'avais deux ans, je pense.
07:44Vous dessinez encore les politiques aujourd'hui ?
07:46Vous dessinez Emmanuel Macron, par exemple ?
07:48Ça m'est arrivé dans les cahiers d'Esther.
07:58J'aimerais bien qu'on reste dans votre enfance.
08:00Vous avez vécu en Bretagne.
08:02Est-ce que vous pourriez me dessiner votre maison
08:04quand vous étiez jeune ?
08:06La maison de ma mamie.
08:08C'était une petite maison
08:10qui était au Cap Fréhel
08:12et qui était une toute petite maison.
08:14Je vais vous la dessiner comme ça.
08:16Une petite maison de pêcheurs
08:18qui était collée à une beaucoup plus grosse maison.
08:20Récemment, c'est drôle,
08:22je ne sais pas si c'est drôle,
08:24je suis passé à côté avec mes enfants
08:26et ils ont été marqués.
08:28Ils m'ont dit « Papa, c'est tout petit ».
08:30Moi, je la trouvais trop bien.
08:32Elle n'a pas vraiment d'intérêt
08:34parce qu'elle ressemble vraiment à une maison
08:36dessinée par un enfant.
08:38Il y avait quoi comme paysage autour de cette maison ?
08:40Il y avait des petits arbres qui passaient derrière
08:42et devant, il y avait un petit muret.
08:46Il y avait un petit jardin derrière.
08:48Tout à fait.
08:50J'aimais beaucoup cette maison.
08:52Elle était dans la famille
08:54depuis le XVIIIe siècle.
08:56Elle faisait 60 mètres carrés.
08:58J'adore.
09:00C'est super de vous voir
09:02raconter ces histoires
09:04et les dessiner en même temps.
09:06On va continuer à le faire dans quelques instants.
09:10Merci.

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