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00:00Générique
00:12Bonjour à tous, bienvenue sur le plateau de Face au Territoire sur TV5MONDE en direct ce matin.
00:17Mon invité, c'est Élisabeth Borne. Bonjour, Élisabeth Borne. Merci d'être avec nous.
00:21Vous êtes bien sûr ancienne Première Ministre et députée de Normandie.
00:25On va revenir avec vous évidemment sur cette actualité très chargée, une motion de censure.
00:29Votée hier par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National contre le gouvernement de Michel Barnier.
00:35Dans 30 minutes, d'ailleurs, le Premier Ministre se rendra à l'Élysée pour remettre la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron.
00:41On est clairement dans une crise politique.
00:44Et, Élisabeth Borne, ça me renvoie avec ce que vous écrivez dans votre livre.
00:49Chez Flammarion, Élisabeth Borne, 20 mois à Matignon.
00:52Vous y décrivez une culture de l'affrontement particulièrement sanglante.
00:56D'ailleurs, vos homologues, Premier ministre en Europe, vous en parlent souvent.
01:01Cette culture de l'affrontement, écrivez-vous, se traduit par la recherche d'un gagnant et d'un perdant dans le moindre de nos échanges.
01:07Ma conviction est que cette logique d'affrontement et cette absence de culture, de dialogue, consomment inutilement de l'énergie.
01:14Alors, est-ce que c'est possible d'inverser ce qui est dans le caractère des Français, finalement, et donc de leur représentativité nationale ?
01:22On a vu les débats à l'Assemblée hier.
01:25Écoutez, je pense qu'il faut absolument inverser cette culture, parce que, comme je le dis dans le livre,
01:31je pense qu'on passe beaucoup d'énergie à se contrer les uns les autres, au lieu d'essayer de bâtir des compromis.
01:38Et moi, j'ai eu à cœur, en tant que Premier ministre, dans une majorité qui avait déjà une configuration inédite,
01:45puisqu'il nous manquait 40 voix sur chaque texte, de bâtir des compromis.
01:50Mais là, ça n'a pas été possible, par exemple ?
01:52Pourquoi on a encore descendu une marche par rapport à l'époque où vous étiez à Matignon, il n'y a pas si longtemps ?
01:58Alors, ce qui est clair, c'est que l'Assemblée est encore plus éclatée.
02:02Elle est structurée en trois blocs.
02:05Et ça ne tient qu'à ça, selon vous ? Le caractère des Français que vous décrivez ?
02:10Je cite dans le livre une remarque que me faisait mon homologue portugais, qui dit
02:17en France, vous commencez l'enseignement de l'histoire par la Révolution française.
02:22Je pense qu'il faut qu'on dépasse cette culture de l'affrontement et qu'on aille vers une culture du compromis.
02:28Qu'on trouve cette culture du compromis au Parlement.
02:31Moi, j'ai pu faire voter plus de 60 textes.
02:35On a des caricatures sur le recours au 49.3 pour les budgets, mais j'ai pu faire voter plus de 60 textes.
02:41Et puis peut-être avoir en tête que dans les exécutifs locaux, dans les collectivités locales,
02:47tous les jours, les élus locaux, au sein de leur conseil municipal, arrivent à trouver des compromis,
02:53des majorités, d'idées, pour faire avancer leur territoire.
02:5820 mois à Matignon, ça devient un record.
03:00Elisabeth Borne, vous trouvez dans votre livre, d'ailleurs, que vous n'étiez pas resté assez longtemps.
03:04Vous allez faire partie, finalement, des records de longévité, si on regarde les premiers ministres qui se succèdent.
03:10– Ça se raccourcit ces derniers temps, oui.
03:13– C'est Elisabeth Borne, la première ministre, l'ex-première ministre,
03:16qui est notre invitée ce matin, en face au territoire,
03:18dans un instant, Stéphane Vernet, de Ouest-France, sur ce plateau.
03:21– Bonjour Stéphane Vernet, on revient évidemment à Michel Barnier,
03:27toujours Premier ministre, jusqu'à 10h ce matin, dans 25 minutes.
03:30– Oui, c'est ça, alors dans votre livre, Elisabeth Borne,
03:32vous commencez par dire que, c'est dans votre tout premier paragraphe,
03:34vous expliquez qu'à peine nommé, tout le monde disait que vous alliez partir.
03:38Vous êtes resté 20 mois, Michel Barnier, c'est l'inverse,
03:41il n'arrêtait pas de dire qu'il allait être là jusqu'en 2027,
03:43il a tenu 90 jours, qu'est-ce qu'il a raté, selon vous ?
03:46– Non, mais vous savez, quand on est nommé Premier ministre,
03:49on ne sait jamais pour quelle durée on est là,
03:52et je pense qu'on a à cœur de se projeter, de faire le maximum pour faire avancer son pays.
03:58C'est vrai qu'il a fait face à une assemblée encore plus éclatée,
04:03comme vous le disiez à l'instant, quand j'étais Premier ministre,
04:08et puis, en fait, on a quand même une alliance des contraires
04:11qui est totalement contre-nature.
04:13Quand on voit que le Rassemblement national joint ses voix
04:18à celles de la France insoumise et de la gauche,
04:21pour faire chuter le gouvernement de Michel Barnier, c'est totalement…
04:24– Ce matin, avec un peu de recul, vous n'avez pas l'impression
04:26de vous être fait collectivement avoir, parce que le choix de Michel Barnier,
04:30il faut quelqu'un pour porter un budget et qu'il ne soit pas censuré
04:33par le Rassemblement national.
04:34Finalement, le choix s'est porté sur un Premier ministre
04:36qui était censé être Rassemblement national compatible,
04:40et on voit qu'en finalement, à l'arrivée, on ne peut pas faire confiance
04:42au Rassemblement national et aux extrêmes d'une manière générale.
04:45Il faut les négocier avec eux, ça ne sert à rien.
04:48– Je suis convaincue qu'on ne doit pas courir derrière le Rassemblement national,
04:51que le Rassemblement national le démontre une fois de plus,
04:55ils font passer leurs intérêts tactiques avant l'intérêt du pays.
05:00Donc, je pense que le prochain Premier ministre devra pouvoir, à minima,
05:05s'appuyer sur un accord de non-censure avec…
05:09– Donc vous n'êtes pas gauche, mais avec qui ?
05:11– Je ne vais pas, enfin c'est le Président de la République
05:13qui nomme le Premier ministre.
05:15Je pense qu'il faudra s'appuyer sur un accord de non-censure
05:19allant de la gauche progressiste à la droite républicaine.
05:22– Vous, précisément, vous avez compris, vous avez su vraiment,
05:25à quel moment vous avez compris que Michel Barnier serait censuré ?
05:29– Écoutez, moi je… enfin, je pense qu'on peut tous constater
05:33que le comportement du Rassemblement national,
05:37il a sans doute peu à voir avec le débat budgétaire,
05:40il a sans doute à voir avec les affaires propres au parti Marine Le Pen.
05:46– Le procès, 2027 aussi.
05:48Donc ça veut dire que la décision a été prise…
05:50– Le Rassemblement national, vous voyez, après nous avoir fait croire
05:53qu'il voulait se positionner comme un parti de gouvernement,
05:57après nous avoir vendu leur normalisation,
06:00en fait ils ont montré leur vrai visage,
06:02c'est-à-dire un parti qui fait passer ses intérêts tactiques avant le reste.
06:06– Donc pour vous, toute la partie sur enchères, négociations, c'était du vent ?
06:10Vous pensez que la décision était prise par Marine Le Pen bien avant ?
06:14– Enfin, moi je suis convaincu que le Rassemblement national
06:17renoue avec ce qu'il a été et ce qu'il est, un parti qui veut la crise
06:23et c'est ça qui a conduit le Rassemblement national à joindre ses voix
06:27à une motion de censure qui pourtant avait un paragraphe
06:31qui n'a pas pu échapper à Marine Le Pen,
06:33qui était une critique violente du Rassemblement national.
06:36– Dans tous les débats qui ont précédé la séance,
06:40il y a eu pas mal de récits, d'arguments présentés par les uns et les autres.
06:44Vous-même, vous avez dépeint les conséquences possibles
06:49d'un rejet du budget de la sécurité sociale de manière très forte
06:52en disant que la carte vitale ne marcherait plus,
06:54que les pensions de retraite ne pourraient pas être versées, etc.
06:58Est-ce que vous regrettez d'être allé un peu fort, beaucoup trop fort ?
07:02Vous le regrettez ?
07:03– Ce que je dis, c'est qu'en votant cette censure,
07:09tous ceux qui ont voté cette censure, du Rassemblement national ou NFP,
07:14plongent notre pays dans une situation inédite.
07:18Alors, il y a des dispositions d'urgence qui existent
07:21pour assurer la continuité des services publics.
07:24– La loi spéciale, ça, Marine Le Pen a dit que le RN l'a votrée.
07:27– Oui, mais vous savez, je me méfie.
07:29Écoutez, c'est dans un autre contexte, sur la loi immigration,
07:34le matin, il préférait les pires critiques sur cette loi,
07:39le soir, il l'a votée en trouvant…
07:41– Ça fait l'objet d'un chapitre entier dans votre livre.
07:43– Voilà, en trouvant que c'était finalement une victoire idéologique.
07:45Donc, moi, je pense qu'on ne peut pas compter sur le RN.
07:49Voilà, j'espère évidemment que cette loi spéciale pourra être votée
07:53et assurer un minimum de continuité.
07:55– Alors, on a des oppositions qui, à droite comme à gauche,
07:57disent mais finalement tout ça n'est pas très grave
07:59puisqu'on va avoir un nouveau gouvernement
08:00qui va pouvoir remettre un budget en place, des CAIR,
08:03et donc tous les inconvénients qui seront annoncés
08:06seront surmontés rapidement.
08:08La question c'est, est-ce que l'Assemblée telle qu'on la connaît aujourd'hui
08:11vous paraît capable d'accepter un gouvernement, quel qu'il soit,
08:15sans le censurer à nouveau, et à nouveau, et à nouveau, et à nouveau ?
08:18Parce qu'on est rentré dans une période
08:19où on va voir les premiers ministres valsés comme ça sans arrêt
08:22parce que personne n'arrive à se mettre d'accord.
08:23– On serait 4ème République.
08:24– En fait, on a des institutions solides,
08:26et moi je pense que vraiment la constitution de la 5ème République,
08:30contrairement à d'autres, moi j'y suis très attachée,
08:32il y a des mesures d'urgence qui peuvent être prises,
08:35et puis je pense qu'il faut, ce matin,
08:37que ceux qui étaient des partis de gouvernement,
08:41je pense au parti socialiste qui était, il y a 7 ans, aux responsabilités,
08:45mesurent ce qui s'est passé et se ressaisissent
08:49et permettent de trouver, je vous dis, à minima,
08:52les conditions d'une non-censure pour doter le pays d'un budget.
08:56– Est-ce que ça c'est possible ?
08:57Je vous pose la question parce que dans votre livre
08:59vous expliquez que le jour de votre discours de politique générale,
09:02vous prenez conscience, en regardant l'attitude des députés
09:06du parti socialiste dans l'hémicycle,
09:08de leur niveau de dépendance vis-à-vis de la France insoumise.
09:13Est-ce que ce que vous avez vu hier dans l'hémicycle
09:15vous pousse à croire que ce qu'on appelle les sociodémocrates
09:19pourraient s'affranchir de la France insoumise
09:22pour rentrer dans une logique de coalition
09:23où ils sont toujours totalement dépendants de la France insoumise ?
09:27– Alors, je pense qu'ils mesurent aujourd'hui
09:30qu'on ne peut pas plonger le pays dans la crise
09:34comme ils l'ont fait hier.
09:36Je pense qu'ils mesurent que leurs électeurs
09:39attendent autre chose du parti socialiste.
09:42Et puis, peut-être de façon plus structurelle,
09:45moi je suis convaincu qu'il faut qu'on sorte de cette logique de bloc
09:48et que ça passe par un changement de mode de scrutin,
09:50un scrutin à la proportionnelle départemental
09:54qui permet comme chez nos voisins de faire des coalitions
09:57et qui évite que les partis de gouvernement
10:00se trouvent enfermés dans des alliances avec des extrêmes.
10:04– Le problème aujourd'hui c'est que si on avait…
10:08quand on écoute le parti socialiste, le discours c'est de dire
10:12on peut très bien créer un gouvernement qui propose un programme
10:17qui soit systématiquement débattu à l'Assemblée 149-3
10:20qui ait des accords texte par texte.
10:22Ça c'est ce que vous avez essayé de faire quand vous étiez au MAES.
10:24– C'est ce que j'ai fait.
10:25– Vous aviez une majorité très relative,
10:27aujourd'hui il n'y a plus de majorité du tout.
10:29Est-ce que c'est possible ?
10:30Et est-ce que vous voyez l'Assemblée telle qu'elle existe aujourd'hui
10:33s'entendre, être capable de s'entendre sur autre chose
10:36qu'une abrogation de la réforme des retraites ?
10:38– Je pense que l'Assemblée elle doit réussir
10:42et pour ça il faut travailler, je vous dis,
10:45avec tous les groupes de la gauche responsable
10:51de la gauche progressiste à la droite républicaine,
10:54la priorité c'est de doter la France d'un budget.
10:57Ensuite, on n'est pas obligé de légiférer à tour de bras,
11:02je pense qu'on peut déjà s'occuper de mettre en œuvre les textes qui existent
11:06et puis il faut rechercher des sujets sur lesquels on peut trouver des compromis.
11:10Vous voyez par exemple le sujet de la fin de vie,
11:13qui n'est pas consensuel, il clive autrement,
11:18en tout cas il n'enferme pas les différents partis dans leur bloc.
11:24– J'ai droit à une dernière question, je vais vous poser une question d'actualité,
11:26les fonctionnaires manifestent aujourd'hui pour protester
11:28contre le budget du gouvernement Barnier,
11:30on n'a plus de gouvernement Barnier, on n'a plus de budget,
11:32à quoi ça sert de continuer à faire la grève ?
11:35– Je pense qu'ils pourraient se poser la question en effet.
11:38La lune de ouest de France, Stéphane Vernet,
11:40évidemment une lune liée à l'actualité bien sûr, c'est Michel Barnier.
11:44– Oui, le gouvernement renversé, la France dans l'attente.
11:47– Et puis il a une de voile et voilier de décembre 2024 qui vient d'arriver,
11:51c'est rêver sans limite, c'est une lune d'actualité aussi.
11:54– On en a besoin en ce moment.
11:55– Merci Stéphane Vernet, éditorialiste politique à Ouest-France,
12:00on va partir pour l'île si vous voulez bien,
12:03pour retrouver notre camarade, coéquipier Guillaume Desplanques
12:07qui est rédacteur en chef Info de WeoTV,
12:09la chaîne du groupe La Voix du Nord, du groupe Rosselle La Voix.
12:12On écoute Guillaume Desplanques.
12:14– Elisabeth Borne, bonjour.
12:16En 2022, en tant que Premier ministre,
12:18vous avez prononcé un discours pour le lancement de la France Nation verte
12:22en soutenant la décarbonation.
12:24Après l'annonce des fermetures des sites de Denain dans le Nord et de Reims,
12:28le géant mondial de l'acier, ArcelorMittal,
12:31suspend son projet à 2 milliards d'euros
12:33pour décarboner sa production à Dunkerque.
12:35Votre réaction ?
12:37– Je pense qu'on a un certain…
12:40D'abord, avoir une pensée pour les salariés des sites…
12:44– Surtout de cette région qui est très concernée, très impactée.
12:47– D'une région qui a été depuis des décennies ravagée
12:51par la désindustrialisation.
12:53Donc une pensée pour les salariés et pour ces territoires
12:56pour lesquels la réindustrialisation est un enjeu prioritaire.
13:00Mais moi je suis convaincu qu'il faut poursuivre
13:03cette politique de réindustrialisation,
13:05qu'il faut soutenir la décarbonation de notre industrie.
13:09Et dans ce budget en suspens,
13:11il y a 1,5 milliard d'euros qui sont prévus
13:15pour accompagner cette décarbonation de l'industrie.
13:19Et puis il faut une réaction à l'échelle de l'Europe
13:22pour se protéger aussi de la concurrence déloyale de la Chine,
13:26se préparer aussi aux mesures
13:28que l'administration américaine pourrait prendre.
13:31Il faut qu'on sorte de notre naïveté
13:33et qu'on sache lutter contre la concurrence déloyale,
13:36protéger nos marchés dans des secteurs
13:38comme la sidérurgie, la chimie ou l'automobile.
13:41– On repart à Lille 1 avec Guillaume Desplanques.
13:43– Le 15 novembre dernier, vous êtes auditionné au Sénat
13:47dans le cadre d'une mission d'information
13:49sur la dérive des comptes publics.
13:51Vous avez reconnu avoir été alerté à la fin de l'année 2023
13:55sur le caractère critique de la situation budgétaire.
13:59Le bateau était-il déjà en train de couler ?
14:02– Comme vous le soulignez, vous savez,
14:05au moment où mon ministre de l'économie m'écrit
14:09que les services du ministère de l'économie
14:15craignent que les recettes ne soient pas au rendez-vous,
14:18les textes, notamment le projet de loi de fin de gestion de 2023
14:22est déjà promulgué et on est en train de terminer
14:26l'examen du budget pour 2024.
14:30Donc on est prévenu très tardivement
14:32de cette mauvaise surprise sur les recettes
14:35puisque la croissance est au rendez-vous
14:37mais que les recettes ne correspondent pas
14:40à ce que les modèles du ministère de l'économie prévoient habituellement.
14:44Donc immédiatement, on commence le travail
14:47pour pouvoir geler des crédits dès le début de l'année 2024
14:52et c'est ce que mon successeur fera.
14:54– Elisabeth Borne, l'ancienne première ministre,
14:56est notre invitée aujourd'hui dans Face au territoire.
14:58Cette émission est co-produite par le groupe Rosselle France.
15:01On va donc regarder la une de La Voix du Nord,
15:03dans un instant, à l'affût du gouvernement Barnier bien sûr,
15:06et la une du Courrier Picard,
15:08puisque La Voix du Nord, Le Courrier Picard,
15:10WEU TV, la chaîne des Hauts-de-France et 20 Minutes
15:13sont partenaires de cette émission.
15:15Merci Stéphane Vernet.
15:17Dans un instant, Denis Carreau,
15:19directeur des rédactions du groupe Nice Matin, est sur ce plateau.
15:22Bonjour Denis Carreau.
15:25– Bonjour Denis Carreau.
15:26Alors les émeutes de 2023 dont Elisabeth Borne parle dans son livre
15:3020 mois à Matignon, chapitre entier.
15:32– Oui Elisabeth Borne, on voit dans le livre
15:34que vous avez été profondément marquée par cet épisode,
15:37ces émeutes de l'été 2023.
15:39Après la mort du jeune Nahel,
15:41vous avez aussi très mal vécu le fait qu'Emmanuel Macron
15:44décide que ce ne seriez pas vous qui gérerait la crise en première ligne.
15:50Est-ce que ça aurait changé quelque chose ?
15:53– En fait, j'évoque ce sujet effectivement dans le livre.
15:57D'abord, j'ai été marquée, je pense que tout le pays a été sidéré
16:00par ce qui s'est passé à ce moment-là où on a dû…
16:03– On rappelle le contexte,
16:04Nahel Merzouk, 17 ans, a été tué à bout portant par un policier.
16:08Donc c'était effectivement une période
16:10où certains quartiers se sont enflammés.
16:12– En fait, ce ne sont pas des quartiers,
16:14c'est ça qui était tout à fait paradoxal dans ces émeutes,
16:17c'est que finalement, ces scènes de violence,
16:20on en a eu dans des villes moyennes
16:22qui n'avaient pas de quartier politique de la ville.
16:25Certains quartiers politiques de la ville, au contraire,
16:28n'ont pas été du tout sujets à ces émeutes.
16:31Donc c'est un phénomène compliqué sur lequel on a souhaité
16:34prendre le temps de comprendre
16:36qu'est-ce qui avait pu générer une telle réaction.
16:39Ce que j'évoque, vous savez, et je fais aussi des propositions
16:43dans le livre, je pense que les différentes réformes
16:46de notre constitution de 1958 conduisent à une forme d'ambiguïté
16:54sur les rôles respectifs du Président de la République
16:57et du Premier ministre.
16:58– Alors, vous avez voulu faire changer les choses.
17:00Le 26 octobre 2023, vous avez présenté un plan global
17:03qui n'a jamais été appliqué.
17:05Ça veut dire que rien n'a changé
17:07et que les choses peuvent recommencer comme avant ?
17:09– Moi, j'ai présenté un plan, effectivement, le 23 octobre
17:13qui voulait répondre à des sujets de renforcement
17:18de nos forces de sécurité dotées des polices municipales
17:21de nouveaux pouvoirs, qui visait aussi à avoir
17:26une réponse pénale adaptée à la fois pour les jeunes
17:28et puis aussi pour les parents qui ne jouent pas leur rôle
17:31et à accompagner notamment les familles monoparentales
17:35puisque l'une des caractéristiques, c'est que beaucoup de ces jeunes
17:38étaient issus de familles monoparentales.
17:41Évidemment, moi, je regrette que les événements qui ont suivi
17:44n'aient pas permis de mettre en œuvre ces différentes mesures.
17:47Je pense qu'elles restent pleinement d'actualité,
17:49qu'on a besoin de pouvoir, quand on a des jeunes
17:53qui commencent à emprunter un mauvais chemin,
17:56avoir une réponse rapide et c'est ce qu'avait à l'époque préparé
18:00notamment le garde des Sceaux.
18:02– Vous aviez également préparé un plan national
18:04de lutte contre les stupéfiants.
18:06On voit que depuis, le narcotrafic a gagné
18:10et fait des morts partout dans les banlieues.
18:13Là aussi, ce plan n'a pas été mis en œuvre ?
18:16– Alors, effectivement, la succession de ce qui s'est passé
18:20ces derniers mois n'a pas permis de le mettre en œuvre.
18:23Il y a ce nouveau plan national de lutte contre les stupéfiants
18:26sur lequel je pense qu'il est important d'avancer.
18:29Et puis, vous savez, il y a aussi la proposition
18:31qui avait été faite à l'époque par Éric Dupond-Moretti
18:35de créer un nouveau parquet national
18:38pour lutter contre la criminalité organisée.
18:41Moi, j'ai entendu il y a quelques jours Bruno Retailleau
18:44et Didier Migaud dire qu'ils voulaient s'en saisir.
18:46Je pense que c'est important de prendre la mesure
18:49de ce qu'est ce trafic de drogue qui souvent renvoie
18:51à des réseaux internationaux et donc nécessite
18:54une action coordonnée à l'échelle nationale
18:56et avec les pays voisins.
18:58– Là, on parle d'action, on parle d'action coordonnée.
19:00On n'a plus de gouvernement aujourd'hui.
19:02Est-ce à dire qu'on est en train, par l'inaction de l'État,
19:07de livrer ces quartiers, ces cités au narcotrafic,
19:12à la mexicanisation, c'est l'expression employée
19:15par Bruno Retailleau, de quartiers qui sont gérés
19:18par des trafiquants qui sont en prison
19:20et qui font la loi partout ?
19:22– Alors, je n'ai pas de doute que le Président de la République
19:25va renommer un Premier ministre et que le gouvernement
19:28va pouvoir se remettre au travail.
19:30Il y a beaucoup de dispositions qui sont prêtes,
19:33qui doivent être mises en œuvre.
19:35Effectivement, on est face à des phénomènes
19:37de grand banditisme qui dépassent nos frontières
19:39et qui appellent des réponses fortes.
19:41– Sur un autre sujet, on reproche souvent à l'État
19:44de ne pas être assez efficace.
19:46Dans votre livre, vous préconisez le renforcement
19:48du rôle de son représentant, le préfet,
19:51même s'il doit pouvoir déroger aux règles
19:54si celles-ci sont manifestement inadaptées.
19:57C'est un peu étonnant, non ?
19:58Et je rappelle que vous avez été vous-même préfète.
20:00– Absolument, d'une très belle région
20:03qui s'appelait Poitou-Charentes à l'époque.
20:05Non, moi je suis convaincu, vous voyez,
20:07qu'on a eu une décentralisation dans notre pays,
20:10mais il y a encore beaucoup de normes
20:12qui sont définies à l'échelon national.
20:14Donc finalement, on reste un pays très jacobin.
20:17Et je pense qu'on peut faire confiance au territoire,
20:20je pense qu'on peut faire confiance aux représentants
20:22de l'État dans les territoires,
20:24et peut-être changer l'état d'esprit aussi
20:27des services de l'État,
20:29pour qu'ils ne soient pas les gardiens de la norme,
20:31mais qu'ils soient les accompagnateurs des projets locaux,
20:34des projets des entreprises, des collectivités.
20:36– Le préfet n'a pas ces pouvoirs aujourd'hui.
20:38– Alors, le préfet peut déroger à tous les textes réglementaires.
20:42Il y a aussi des enjeux de responsabilité
20:44qu'il faut traiter parce que tous les préfets
20:46ne s'en saisissent pas.
20:47Moi, quand je les avais réunis à la rentrée 2023,
20:49je leur avais dit, saisissez-vous de votre pouvoir de dérogation.
20:52Vous savez, je cite une anecdote,
20:54je me suis rendu à la réunion
20:56et le préfet m'a parlé de l'application des normes neige
20:59sur les bâtiments.
21:00Bon, donc on se dit que c'est bien d'avoir des normes nationales,
21:03mais qu'il faut être capable,
21:04quand manifestement elles ne sont pas adaptées aux territoires,
21:07le préfet doit pouvoir écarter ces normes inadaptées
21:10et s'assurer qu'avec les collectivités locales,
21:13on trouve le meilleur compromis,
21:15la meilleure façon de faire avancer les projets.
21:17– Tony Carreau, la Une de Nice matin.
21:19Vous dirigez également les rédactions de Varmatin et de Monaco matin.
21:22– Alors, il n'y a pas que les autres ouvres de la politique
21:25il y a l'actualité locale avec l'annonce,
21:27cette annonce extrêmement forte hier,
21:30la fermeture définitive en janvier prochain du parc Marinelanda en Thibes.
21:34Le premier employé…
21:35– Je croyais que c'était lié à la motion de censure.
21:37– Non, c'est pas lié.
21:38Premier employeur saisonnier de la région
21:41et qui a accueilli des millions de visiteurs depuis les années 70.
21:44– Elisabeth Borne pensait, quand elle a vu votre Une tout à l'heure,
21:46que c'était déjà fermé, Marinelanda.
21:48– Oui, parce que ça fait un moment qu'ils ont des difficultés.
21:51Et qu'on cherche notamment une destination pour les orques
21:55qui sont toujours à Marinelanda.
21:56– Vous restez avec nous une seconde.
21:57Denis Carreau, directeur des rédactions du groupe Nice matin.
21:59Elisabeth Borne, donc, motion de censure,
22:01votée hier par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National
22:04contre le gouvernement de Michel Barnier, qui du coup saute.
22:07François Hollande, ancien président de la République, a voté donc cette censure.
22:13Est-ce que c'est compatible avec le fait qu'il ait déjà dirigé la France
22:17en tant que président de la République ?
22:18De se joindre comme ça à une crise politique votée par le Nouveau Front Populaire ?
22:24– Alors, sans rentrer dans des attaques personnelles, moi je ne comprends pas.
22:28Je ne comprends pas parce que, je vous dis,
22:31oui, on aura un nouveau gouvernement.
22:34Oui, il y a des dispositions d'urgence.
22:36Mais je pense qu'il mesure pleinement la difficulté entre notre pays.
22:42Et je pense qu'on peut attendre autre chose.
22:45– Un président ne doit pas faire ça ?
22:47– Je pense qu'on peut attendre autre chose d'un ancien président de la République.
22:50Et plus généralement, moi je compte sur tous les partis qui ont gouverné le pays,
22:57qui mesurent ce que ça veut dire, la difficulté,
23:00qui mesurent aussi le contexte actuel, qui n'est pas simple.
23:03Au plan international, au plan y compris économique et social dans notre pays,
23:09je pense qu'il faut que chacun ait en tête l'intérêt du pays.
23:12– Qui peut parler à François Hollande aujourd'hui dans le groupe parlementaire ?
23:16– Dans notre groupe parlementaire ?
23:18Enfin, je pense que tout le monde peut parler à François Hollande.
23:20Je pense que le sujet, c'est vraiment que les partis qui ont gouverné,
23:25qui pensent gouverner demain, puissent arriver à se rassembler pour un minima,
23:33convenir qu'il faut un socle minimal de non-censure
23:37et permettre de doter le pays d'un budget.
23:40– Et l'ancien président de la République peut contribuer à cette démarche-là,
23:43comme Gabriel Attal avait appelé d'ailleurs à ce que les socialistes le fassent ?
23:49– Je n'ai pas de doute, voyez, qu'il y a beaucoup parmi les députés socialistes
23:54qui réfléchissent à ce qui s'est passé et qui souhaitent renouer
23:59avec ce qu'a été le parti socialiste,
24:02c'est-à-dire un parti responsable et de gouvernement.
24:04– Élisabeth Borne, l'ancienne Première Ministre,
24:06est notre invitée en direct ce matin.
24:07Dans Face au territoire, dans un instant,
24:09Floreal Hernández, rédacteur en chef de 20 minutes sur ce plateau.
24:12Bonjour Floreal Hernández. – Bonjour.
24:18– Alors, le niveau des élèves en mathématiques vous pose problème,
24:21pas qu'à vous d'ailleurs, ça pose problème à la France.
24:24– Sur moi, je ne serais pas capable de résoudre le problème, je le dis clairement,
24:27mais vous, Élisabeth Borne, vous avez été polytechnicienne,
24:30les maths, ça doit plus vous parler qu'à moi.
24:32Hier, il y a cette étude TIMSS qui est tombée
24:36sur le niveau des jeunes français et françaises en CM1, en quatrième.
24:41Ce n'est pas bon, on est dans les derniers de l'OCDE ou de l'UE.
24:45Et plus inquiétant, l'écart entre les petites filles et les garçons
24:49s'accroît mais dès le CP. – Qui sont les meilleurs ?
24:53– C'est les petits garçons, étonnamment,
24:56enfin je ne sais pas si c'est étonnant ou pas,
24:57je n'arrive pas à comprendre pourquoi,
24:59mais on n'arrive pas à enrayer cette chute de niveau
25:02et surtout cet écart, pourquoi ?
25:05Vous savez, il y a des statistiques qui sont assez différentes
25:09qui montrent que l'appétence des petites filles et des petits garçons
25:14avant l'entrée en CP pour les matières scientifiques et techniques
25:17est à peu près la même et après un an de CP,
25:20il y a un écart très important qui se creuse.
25:23Forcément, il faut qu'on réfléchisse avec les professeurs des écoles
25:28à ce qui peut créer ce changement en un an de CP.
25:32– Vous avez réussi parce que vous étiez bonne en maths, Elisabeth Born ?
25:36– Écoutez, les maths ça m'a aidé parce que je raconte dans le livre
25:39que je n'ai pas eu une enfance tout à fait simple
25:42et que voilà, ça avait pour moi quelque chose de rassurant
25:45de savoir que tous les jours, deux et deux font quatre.
25:48Mais il faut absolument qu'on sorte peut-être de stéréotypes
25:52qu'inconsciemment on propage au sein de l'école
25:57qui font qu'on interroge plus les garçons
25:59quand on est sur des matières scientifiques que les filles
26:03et que les filles se mettent en retrait sur ces matières.
26:06Et je le dis, c'est important parce que je pense que par ailleurs,
26:09vous voyez dans les écoles d'ingénieurs,
26:11je trouve que la relation fille-garçon a tendance à se durcir,
26:15que les garçons se sentent menacés.
26:17Il ne s'agit pas de prendre la place des garçons,
26:19il s'agit de dire qu'on a besoin d'avoir plus de jeunes
26:21qui s'engagent vers ces métiers scientifiques et techniques.
26:24– Est-ce que c'est inquiétant pour la recherche française
26:27qu'en science et en maths, il y ait un recul du niveau des petits français ?
26:31– Bien sûr qu'il faut continuer à agir.
26:33On a préparé un plan sur les mathématiques,
26:36on a mis en place des formations pour les professeurs des écoles.
26:39Ça veut dire qu'il faut continuer sans doute à accélérer,
26:42évaluer ce qui ne marche pas.
26:44Et on a absolument besoin, les métiers de demain,
26:46beaucoup sont des métiers qui nécessitent des connaissances
26:49dans les domaines scientifiques et techniques.
26:51Donc on a besoin de tout le monde, des garçons de meilleur niveau
26:54et des filles qui vont aussi vers ces matières.
26:56– Vous disiez, les relations se tendent entre garçons et filles à l'université.
27:02Il y a à l'éducation nationale un programme d'éducation
27:05à la vie affective, relationnelle et sexuelle qui doit être mis en place,
27:09qui a été attaqué la semaine dernière par les milieux conservateurs,
27:12aussi par le ministre délégué à la réussite scolaire,
27:16qui s'est fait taper sur les doigts par Anne Gentay,
27:19la ministre de l'éducation nationale.
27:20Comment faire que ces trois séances annuelles soient dispensées
27:23et que le Nobel est bien dispensé partout ?
27:25Aujourd'hui, il n'y a que 15% des élèves qui ont accès
27:28à cette éducation à la sexualité.
27:30– Oui, il y a une loi qui prévoit que ce soit généralisé,
27:33qui ne s'applique pas depuis des années.
27:35Il faut que soit finalisé le programme.
27:38Vous savez que le Conseil supérieur des programmes y a travaillé,
27:41que la ministre a directement regardé le contenu du programme
27:46qui doit être validé par un nouveau conseil.
27:50Je pense qu'il faut aussi que chacun prenne un peu de recul
27:54par rapport à ces préventions qu'on peut avoir.
27:56C'est très important d'apprendre aux enfants
28:00le respect entre les filles et les garçons,
28:03l'égalité entre les femmes et les hommes.
28:05Et ça fait partie aussi de ce qu'on doit apprendre à l'école,
28:09aux primaires, au collège.
28:11Et arrêtons les caricatures,
28:13je pense que le travail est fait sérieusement.
28:15Il va se poursuivre pour arriver à un bon programme
28:18qui doit être enseigné aux élèves.
28:20Lors de ces séances, c'est notamment l'occasion
28:22de casser les clichés sur le sexisme.
28:24Dans votre livre, vous dites que le sexisme
28:27est plus ancré en politique qu'en entreprise.
28:32Vous pensez que si vous aviez été hier face aux députés,
28:36ça aurait été encore pire pour vous,
28:38avec ce sexisme latent qu'il peut y avoir
28:40à l'Assemblée nationale et en politique ?
28:42Vous vous décrivez d'ailleurs...
28:44Vous arrivez à Matignon, vous invitez Edith Cresson,
28:46votre prédécesseure, il y a longtemps avant vous.
28:48Vous racontez un dîner surréaliste
28:50où elle raconte les violences auxquelles elle a eu affaire.
28:52Oui, je pense que vous voyez,
28:54elles étaient plus décomplexées à l'époque d'Edith Cresson.
28:56Mais elles sont toujours présentes.
28:58Elles sont toujours là, on les voit régulièrement.
29:00Et elles sont assez insidieuses contre les femmes.
29:02C'est-à-dire que la parité,
29:04on veut bien avoir autant de femmes que d'hommes
29:06sur les listes dans les conseils municipaux,
29:08mais de là à faire élire une femme maire,
29:10là ça devient plus compliqué.
29:12Et puis le conseil municipal, il n'est pas non plus paritaire ?
29:15Il est forcément paritaire en termes de conseillers municipaux,
29:19mais les postes d'adjoints ne sont pas du tout paritaires.
29:21En général, les femmes...
29:23Sur l'éducation, la petite enfance...
29:25Elles sont à la petite enfance.
29:27Les sujets comme les finances, les travaux,
29:29ça c'est plutôt pour les hommes.
29:31Donc je pense qu'on a encore du chemin à faire.
29:33Et peut-être, moi je note que,
29:35franchement, le groupe des Insoumis
29:37s'est mieux comporté avec Michel Barnier
29:39qui ne l'avait fait avec moi.
29:41Ils ont peut-être bordé notre avis ce matin.
29:43Sébastien Georges, qui est rédacteur en chef
29:45de l'Est Républicain, du Républicain Lorrain,
29:47est avec nous sur ce plateau en direct.
29:49Restez avec nous, Florelle Hernandez.
29:51On part pour Nancy en duplex avec Sébastien Georges
29:53qui est rédacteur en chef de l'Est Républicain,
29:55du Républicain Lorrain et de Vosge-Matin.
29:57Il a une question à vous poser, Elisabeth Borne.
29:59Elisabeth Borne, bonjour.
30:01Je souhaite vous parler, pour commencer,
30:03de Stellantis et du marché mondial de l'automobile.
30:05Carlos Tavares vient de quitter la direction de l'entreprise
30:07par une démission forcée.
30:09Comment, aujourd'hui, envisagez-vous,
30:11quel est votre regard à la suite de cette démission
30:13et pensez-vous que ça aura des conséquences
30:15sur les usines de production françaises ?
30:21Je ne vais pas faire la stratégie de Stellantis
30:23à la place des dirigeants du groupe.
30:25Évidemment, le gouvernement,
30:27quel qu'il soit,
30:29sera très vigilant
30:31à ce que les sites de production
30:33soient maintenus en France,
30:35en Europe et en France.
30:37Vous savez, je pense, par exemple,
30:39qu'on a changé
30:41les primes
30:43dont on bénéficie
30:45quand on achète des véhicules électriques
30:47pour encourager
30:49à l'achat de véhicules produits
30:51en Europe et en France.
30:53Je pense que ces mesures
30:55qui favorisent notre industrie,
30:57l'industrie européenne,
30:59il ne faut pas hésiter à continuer
31:01à avancer dans ce sens.
31:03On repart à Nancy. Sébastien Georges,
31:05rédacteur en chef de l'Est Republicain.
31:07Vous abordez maintenant la question
31:09du transport ferroviaire.
31:11Que pensez-vous de cette ouverture à la concurrence
31:13qui sera effective dans quelques semaines
31:15et qui provoque la colère des cheminots
31:17au sein de la SNCF ?
31:19Est-ce que pour vous, c'est un vrai plus
31:21pour les régions qui ont fait ce choix
31:23de recueillir au privé
31:25pour l'organisation de leur transport ferroviaire ?
31:27Est-ce que, selon vous,
31:29il y a des risques pour le service,
31:31pour la desserte de toutes les communes concernées ?
31:33Alors, vous savez,
31:35cette ouverture à la concurrence,
31:37je rappelle,
31:39pour ceux qui l'auraient oublié,
31:41et quand moi j'ai présenté le texte
31:43qui portait
31:45le cadre social pour accompagner
31:47cette ouverture à la concurrence,
31:49j'ai noté que sur la gauche de l'émissive,
31:51il semblait avoir oublié
31:53que l'accord a été trouvé au niveau européen
31:55sous François Hollande.
31:57Donc ça ne date pas d'hier,
31:59ça date donc du quinquennat de François Hollande.
32:01On a veillé,
32:03dans la loi ferroviaire que j'ai pu porter
32:05en tant que ministre des Transports,
32:07à garantir un sac à dos social
32:09pour les cheminots.
32:11Ce sont des délégations
32:13de services publics,
32:15et donc ça reste la région
32:17qui définit le service,
32:19qui n'a donc pas de raison de changer
32:21si l'opérateur change.
32:23Et puis c'est l'ancienne présidente de la RATP
32:25qui s'exprime aussi ce matin,
32:27et pas simplement l'ancienne.
32:29C'est l'une de l'Est Républicain
32:31et la une également du Républicain Lorrain.
32:33Nos partenaires du groupe ÉBRAC,
32:35aux producteurs de cette émission.
32:37Le groupe ÉBRAC, c'est le Républicain Lorrain,
32:39l'Est Républicain, le Bien Public,
32:41Vosges-Matin, le Journal du Saône-et-Loire,
32:43le Progrès de Lyon, les DNA,
32:45les Dernières Nouvelles d'Alsace,
32:47l'Alsace et le Dauphiné.
32:49Elisabeth Borne est notre invitée ce matin.
32:51Merci.
32:53Bonjour, Tom Benoit, avec la Sécurité sociale.
32:55Absolument. Un sujet qui, j'allais dire,
32:57vous est cher, mais en tout cas,
32:59auquel vous avez été confronté, Elisabeth Borne.
33:01Alors, s'il n'y a pas de plan de loi de finances
33:03sur la Sécurité sociale,
33:05il y a quelque chose que tout le monde
33:07semble oublier finalement,
33:09c'est qu'on ne peut plus donner l'autorisation
33:11en tant qu'État
33:13aux caisses d'allocations de Sécurité sociale
33:15d'emprunter sur les marchés financiers.
33:17Il n'y a pas de risque de shutdown,
33:19mais qu'est-ce qui peut se passer dans ce cas-là ?
33:21Où est-ce que la trésorerie va être trouvée
33:23par la Sécurité sociale pour payer
33:25l'hôpital public, les pensions,
33:27tous les versements sociaux ?
33:29Alors, vous avez raison de souligner
33:31que dans le projet de loi de financement
33:33de la Sécurité sociale figure cette autorisation.
33:35PLFSS.
33:37C'est ça.
33:39Projet de loi de finances sur la Sécurité sociale.
33:41Et c'est pour ça que quand
33:43ceux qui ont voté la censure disent
33:45il ne va rien se passer, tout va bien,
33:47il faut voter une loi spéciale
33:49qui devra, en plus,
33:51comporter une autorisation
33:53pour ces organismes de Sécurité sociale
33:55d'emprunter.
33:57J'espère que
33:59ceux qui ont manqué de responsabilité
34:01en votant la censure
34:03feront preuve de responsabilité
34:05pour pouvoir voter
34:07cette autorisation d'emprunt.
34:09On en a impérativement besoin.
34:11Vous savez, les besoins d'emprunt
34:13de ces organismes de Sécurité sociale,
34:15c'est des dizaines de milliards d'euros.
34:17Je crois que c'était 45 milliards d'euros.
34:19Ça devrait être, en 2024,
34:2165 pour 2025.
34:23– Est-ce que vous avez le sentiment, si je puis dire,
34:25d'être quelque peu dédiabolisé
34:27par rapport à l'usage du 49.3 ?
34:29Vous aviez battu un record, celui de Michel Rocard,
34:31en 49.3.
34:33– Non, non, je n'avais pas battu le record.
34:35– Vous n'avez pas battu le record de Michel Rocard.
34:37Vous m'excusez.
34:39Vous vous rappelez d'ailleurs très justement
34:41que pour certains projets de loi,
34:43il y a énormément de 49.3 qui passe au coup par coup,
34:45si je puis dire.
34:47Et aujourd'hui, finalement, Michel Barnier
34:49n'a pas résisté. Personnellement,
34:51comment est-ce que vous le vivez ?
34:53– Vous pointez d'ailleurs, de la part des journalistes,
34:55une méconnaissance de ces systèmes-là,
34:57en disant qu'Elisabeth Borne a utilisé
34:59le 49.3, ce que vous considérez
35:01comme faux, en fait.
35:03– Vous savez, pour faire adopter un budget
35:05dans la situation où j'étais,
35:07c'est-à-dire pas exactement la même que Michel Barnier,
35:09sans doute moins difficile à l'Assemblée,
35:11mais plus compliqué au Sénat,
35:13je ne pouvais pas faire ce qu'il a voulu faire,
35:15c'est-à-dire s'appuyer sur le Sénat,
35:17il faut 10 votes pour un budget.
35:19Et quand toutes les oppositions
35:21ont décidé de voter systématiquement contre,
35:23il faut 10 49.3.
35:25– C'est la même motivation, mais c'est 10 49.3.
35:27– C'est toujours le même texte
35:29dont on est en train de parler.
35:31– Mais on peut toiletter tout ça, c'est possible,
35:33de le rendre plus lisible pour les gens ou pas ?
35:35– Vous savez déjà, les oppositions peuvent éviter
35:37de faire des caricatures, peuvent éviter
35:39de déposer des motions de censure à tour de bras,
35:41peuvent éviter de déposer des motions de rejet,
35:43vous savez, LFI dépose systématiquement
35:45des motions de rejet, mais en tout cas,
35:47le 49.3, je l'ai utilisé pour les textes financiers,
35:51mais 22 49.3 pour faire passer deux budgets
35:55et la loi de programmation des finances publiques,
35:58c'est-à-dire notre trajectoire attendue par l'Europe
36:00et exigée par notre Constitution,
36:02puis il y a un 49.3 qui est un choix effectivement politique
36:06sur les retraites.
36:08– Les autres textes ont été votés
36:10en trouvant des majorités avec la droite
36:12ou avec la gauche de l'initiative.
36:14– Il y a un autre sujet très important
36:16qui est un peu le retour de l'impôt sur la fortune,
36:18pour ainsi dire, qui a été voté par le Sénat,
36:20c'est toujours l'impôt sur la fortune immobilière
36:22mais qui est élargi au bitcoin par exemple,
36:24au cryptoactif et puis également aux liquidités,
36:26sur des comptes courants, sur des assurances-vie.
36:28Par ailleurs, on relève le barème
36:30qui était 1,5 millions environ à 2,57 millions,
36:34mais ça n'est plus un impôt sur la fortune immobilière,
36:37c'est un impôt sur la fortune qui fait son retour.
36:39Qu'est-ce que vous en pensez ?
36:41– Vous savez, je pense que…
36:43– Qui fait son retour en silence, si je puis dire.
36:45– Oui, moi je pense que, évidemment,
36:48tout le monde a envie de dire
36:50il faut taxer les riches, les super-riches.
36:53– Pas tout le monde, pas forcément.
36:55– Non mais, enfin, voilà.
36:57– C'est une tonalité qu'on entend beaucoup.
36:59– C'est évocateur en tout cas de le dire.
37:01– Ce à quoi il faut faire attention…
37:03– C'est de ne pas taxer les classes moyennes.
37:05– C'est d'abord de ne pas taxer les classes moyennes
37:07et puis de faire attention qu'on n'est pas dans un monde fermé,
37:10que remettre des impôts sur les entreprises,
37:12on peut trouver ça, voilà, amusant ou intéressant ou populaire,
37:17simplement les entreprises, elles se délocalisent.
37:19– Elles sont écouffées, la croissance pour la France et pour l'Allemagne
37:22est prévue largement à la baisse
37:24par rapport à la croissance mondiale qui se maintient plutôt bien
37:26et celle des États-Unis qui est particulièrement vigoureuse.
37:29Pour préciser un mot sur l'impôt sur la fortune immobilière,
37:31il y avait donc un impôt sur la fortune immobilière,
37:33sur la fortune, il y en a eu plusieurs à partir des années 80,
37:36Emmanuel Macron avait transformé cela en impôt sur la fortune immobilière,
37:40pas sur la fortune mais sur la fortune immobilière.
37:42Donc très précisément, si vous êtes propriétaire d'un yacht,
37:45vous ne payez plus d'impôt sur la fortune
37:47puisque le yacht n'est pas de la fortune immobilière.
37:49Et ce que nous dit le Sénat et ce que nous disait Michel Barnier…
37:51– Posez votre question s'il vous plaît.
37:53– Récemment, j'y viens, c'est que ça n'avait pas spécialement de sens justement
37:56et c'est pour ça qu'ils reviennent là-dessus.
37:58Est-ce que c'était une erreur d'Emmanuel Macron ? Justement, ça tifie ?
38:02– Je pense que l'idée c'est en tout cas de ne pas taxer les investissements
38:06qui soutiennent notre économie, c'est ça l'idée
38:09et c'est ça qui me semble la bonne ligne, ne pas taxer les investissements.
38:12– Est-ce qu'Emmanuel Macron avait eu tort de transformer l'impôt sur la fortune
38:16en impôt sur la fortune immobilière ?
38:18– La logique était de ne pas dissuader les personnes
38:23qui peuvent investir dans notre économie,
38:26s'il y a des ajustements à faire, peut-être.
38:28En tout cas, l'objectif c'est de ne pas décourager
38:31ceux qui peuvent investir dans notre économie.
38:34– Parce que le grand danger aujourd'hui finalement porte surtout sur l'épargne
38:38et sur le sens de l'épargne, c'est-à-dire la réserve de valeurs économiques.
38:41La motivation du gouvernement et du Sénat est justement d'activer l'investissement
38:48mais si vous activez trop l'investissement finalement,
38:51vous vous instaurerez une incapacité de maintenir de l'épargne,
38:57de la réserve de valeurs.
38:59– Alors, les conséquences économiques de l'élection de Donald Trump
39:02qui sera là dans deux jours ici à Paris ?
39:05– Avec une croissance, comme on le disait, très vigoureuse aux États-Unis,
39:08une politique pro-business justement pour les entreprises américaines,
39:11les équipements anti-automobiles, voilà, comment est-ce que vous voyez la situation
39:16pour l'industrie en Europe, que ce soit en Allemagne ou en France ?
39:19– Vous savez, je pense que plus que jamais, il faut que l'Europe soit unie sur tous les sujets.
39:23Il faut qu'elle soit unie pour sa défense, en ayant bien compris
39:26qu'il fallait d'abord qu'on compte sur nous-mêmes.
39:28Il faut qu'elle soit unie pour défendre son industrie,
39:31pour se préparer aux technologies de demain.
39:34Il faut qu'elle évite, qu'elle se batte contre la concurrence déloyale
39:39et donc la réponse à l'élection de Donald Trump, c'est une Europe plus unie que jamais.
39:43– On va pouvoir lui parler de Donald Trump samedi
39:45ou ça ne se fait pas dans une cathédrale de dire tout ça au président américain ?
39:48Est-ce que le président de la République va pouvoir lui dire quelque chose là-dessus ?
39:51– J'imagine qu'ils doivent avoir un échange.
39:53– Mais ce qui est important surtout, c'est de se dire c'est une Europe plus unie.
39:55Pourquoi ? Une Europe pro-business ou surtout une Europe plus unie ?
39:58– Non mais une Europe plus unie pour notre défense,
40:01parce qu'on a bien compris que les États-Unis, l'Europe,
40:05ce n'est pas leur premier sujet de préoccupation
40:07et donc c'est bien de compter sur nous-mêmes
40:09et une Europe plus unie pour défendre ses intérêts.
40:11– Vous avez été Premier ministre, vous avez été Premier ministre Elizabeth Bedford,
40:16quand un président américain vient comme ça,
40:18alors là il n'est pas encore en fonction de la Maison Blanche,
40:20on peut quand même avoir des échanges, essayer d'influencer les choses,
40:22ou ça reste très formel, il vient pour inaugurer la cathédrale,
40:25est-ce qu'Emmanuel Macron va pouvoir lui parler vraiment ou pas ?
40:28J'avais assisté à des conversations avec les présidents des États-Unis.
40:31– Je n'ai pas de doute qu'ils auront des échanges sur la situation internationale,
40:35sur les perspectives notamment de relations entre les États-Unis et l'Europe.
40:40Vous savez, mais finalement, quand les États-Unis ont pris leur plan IRA,
40:46l'IRA qui défendait l'industrie américaine,
40:49quelque part au détriment de l'Europe, c'était déjà pas formidable.
40:52Donc je pense qu'à la fin, peut-être qu'il y a mieux à faire
40:55que de s'opposer entre les États-Unis et l'Europe,
40:57et en tout cas, si les États-Unis prennent des mesures pour protéger leur économie,
41:01il faudra que l'Europe sache faire la même chose.
41:03– Alors le site de Géostratégie Magazine, Tom Benoit.
41:05– Absolument, avec un groupe, autre chose groupe,
41:08qui est installé en Normandie et qui veut devenir le leader de l'alimentation saine
41:12et qui va lancer une plateforme en 2025 pour référencer différents entrepreneurs locaux
41:17qui travaillent avec des produits de qualité.
41:19– Vous irez déjeuner dans ce restaurant, vous, député de Normandie, vous y êtes invité ?
41:22– Bien sûr, on vous y est invité, naturellement.
41:24On vous mettra en relation avec Franck Archimbeau qui dirige ce groupe.
41:28– En tout cas, c'est important d'encourager les productions locales,
41:31les productions de qualité.
41:32Vous savez, c'est toute la logique de la loi EGalim, des lois EGalim.
41:36Et je pense qu'il faut continuer à soutenir nos agriculteurs et nos producteurs locaux.
41:39– Et lutter contre la malbouffe et les calories vides.
41:41– Ensemble, en métropole, on va rejoindre Cyril Boutier
41:45qui est directeur éditorial de France Antille.
41:47Il est en Martinique, il a une question à vous poser, Elisabeth Borne.
41:50– Bonjour Elisabeth Borne.
41:52Les territoires d'Outre-mer sont confrontés à des inégalités persistantes par rapport à l'Hexagone,
41:57comme en témoigne actuellement la crise contre la vie chère aux Antilles.
42:00Quels enseignements pourriez-vous tirer de votre expérience de Premier ministre
42:04pour réduire ce fossé et quelles propositions concrètes
42:08seriez-vous en mesure de soutenir à l'Assemblée actuellement
42:12pour le développement de ces territoires ?
42:14– Alors, moi je ne vais pas trouver des mesures à la place des élus de ces territoires.
42:20Je suis parfaitement consciente, vous savez qu'on a effectivement des conditions
42:25d'accès à l'éducation, de développement économique qui ne sont pas satisfaisantes
42:30dans des territoires qui ont pourtant des atouts formidables.
42:33Et qui par exemple, pour moi, devraient être nos vitrines en matière de transition écologique.
42:38Donc c'est pour ça que j'avais présidé un comité interministériel pour les Outre-mer
42:43où il y avait de nombreuses mesures.
42:45Je pense qu'il faut continuer ce travail, soutenir nos Outre-mer.
42:49Sans doute aussi, et je pense que c'est quelque chose auquel les territoires sont attachés,
42:54faciliter les échanges qu'ils peuvent avoir avec leur bassin régional.
42:59Parce que quand on doit importer des matériaux d'Europe
43:03plutôt que de pouvoir s'approvisionner en proximité,
43:07c'est clair que ça renchérit les coûts, par exemple, de construction dans ces territoires.
43:12– Voilà, on va passer la une de France-Guyane et celle de France Antille.
43:15Vous êtes allé réveillonner dans vos dernières heures d'ailleurs de Premier ministre en Guyane.
43:21Et vous aviez l'air d'ailleurs d'y prendre du plaisir,
43:25d'aller visiter les militaires français qui s'occupent là-bas,
43:28beaucoup de trafic d'abord, et qui au péril de leur vie,
43:31il y a eu deux morts il y a quelques années dans le régiment que vous aviez visité.
43:35C'était comment ce dernier réveillon de Premier ministre,
43:37sachant que ça bardait pour vous à Paris quand même ?
43:40– Écoutez, c'était l'occasion de partager ce réveillon effectivement
43:45avec des gens qui sont très engagés, dans des conditions difficiles,
43:49qui font face à des orpailleurs qui sont à peu près prêts à tout.
43:54Et voilà, moi c'était vraiment des gens admirables
43:57et qui montrent aussi quelque chose auquel moi je crois beaucoup,
44:00vous savez, l'armée finalement, c'est la possibilité
44:03pour des gens de profils très différents d'accéder aux plus hautes fonctions.
44:07Et c'était une très belle expérience.
44:09– La une de France Antille et la une de France-Guyane.
44:11Merci Tom Benoit, dans un instant,
44:13Demet Korkmaz, journaliste internationale
44:16à la rédaction de Télé 5 Mondes sur ce plateau.
44:19– Bonjour Demet Korkmaz.
44:23– On va parler Mercosur.
44:26La presse en Uruguay est en pleine ébullition.
44:29Von der Leyen est en route pour monter vidéo
44:32et tout le monde là-bas s'attend à ce qu'elle signe
44:35le traité de libre-échange de Mercosur.
44:37Est-ce que vous pensez qu'elle peut signer
44:39en dépit des protestations de la France ?
44:42– Je pense que le Président de la République
44:45et Michel Barnier quand il l'a rencontré récemment
44:48ont insisté sur l'attente d'exigence,
44:53je dirais presque, de la France
44:55que ce traité ne soit pas signé en l'état.
44:57Et quand on voit les tensions,
44:59je pense que ce serait effectivement indispensable
45:02qu'on se donne le temps de revoir le contenu de ce traité.
45:07Notamment, vous savez, considère qu'il n'est pas conforme
45:10aux accords de Paris, qu'il faut rassurer
45:13sur le fait qu'il y a bien des close-miroirs,
45:15c'est-à-dire qu'on n'a pas des exigences très fortes,
45:17notamment pour nos agriculteurs,
45:19pour faire venir des produits qui ne respectent pas
45:21les mêmes exigences.
45:22– Bon, visiblement, l'Allemagne est plus pressée
45:24de signer cet accord.
45:26Est-ce que là, cette divergence entre l'Allemagne et la France
45:30ne montre pas une nouvelle fois que cette Union européenne,
45:33elle avance parfois difficilement avec des pays
45:36qui ont des situations très différentes ?
45:39– Forcément, les pays ont des situations différentes.
45:41Et vous savez, on parlait de compromis au début des missions,
45:45je pense que l'Europe, elle a aussi montré
45:47qu'elle savait avancer en trouvant des compromis,
45:49en respectant…
45:51– Mais là, il y aura forcément un perdant.
45:53– Oui.
45:54– Comment est-ce que les Français doivent le prendre ?
45:56– Non, mais les Français cherchent des minorités de blocage
45:58pour éviter que le traité soit signé en l'état.
46:00– Alors, Emmanuel Macron était également en Arabie saoudite,
46:03il annonce une conférence sur la création d'un Etat palestinien
46:07en juin prochain, une conférence qui sera coprésidée
46:10par la France et par l'Arabie saoudite.
46:12On a l'impression d'un président français
46:14qui, sur la scène internationale, se cherche un peu un parrain
46:17pour exister ou pour peser, en tout cas diplomatiquement.
46:20– Non, je pense que la voix de la France,
46:22elle porte dans le monde.
46:23Évidemment, on peut aussi continuer des caricatures,
46:26comme le font certains.
46:28La France, elle s'est beaucoup impliquée,
46:30notamment pour le cesser le feu au Liban.
46:32La France, elle est très impliquée en Ukraine.
46:34La France, elle tient sa place au niveau international.
46:37– Vous avez côtoyé, évidemment, Emmanuel Macron,
46:40parfois également avec ses homologues étrangers.
46:44Quel type de lien il entend garder avec ses homologues ?
46:51Je vous pose cette question,
46:54parce qu'Emmanuel Macron aime jouer la proximité.
46:57Là, il a invité Donald Trump,
47:00alors qu'il n'est pas encore installé à la Maison-Blanche.
47:03Qu'est-ce que vous pensez de cette façon de faire ?
47:07– Vous savez, dans les relations internationales…
47:09– Ce n'est pas un peu trompé.
47:10– Non, mais vous savez, dans les relations internationales,
47:12moi, je pense qu'il y a effectivement la partie diplomatique officielle.
47:16Et évidemment, les liens personnels, ils sont très importants.
47:19Moi, quand j'évoquais le Premier ministre portugais,
47:24c'est très important aussi d'avoir une relation personnelle
47:28avec vos homologues, et c'est ce que fait Emmanuel Macron.
47:31– Qu'est-ce que vous feriez, vous, à sa place ?
47:33Quel type de président vous pourriez être ?
47:39– On en reparlera.
47:41– Déjà, vous serez présidente du Conseil national de renaissance dimanche.
47:46– Voilà, c'est soumis aux adhérents.
47:49– Et quel type de présidente allez-vous être pour renaissance ?
47:53– Vous savez, je pense qu'on voit qu'on est…
47:55– À défaut d'être en 2027 encore.
47:57– Dans un moment où la situation politique est très compliquée,
48:01où il y a beaucoup de doutes, d'impatience,
48:04parfois de colère chez nos concitoyens,
48:06et je pense que travailler les idées, proposer un projet
48:10qui réponde aux préoccupations de nos concitoyens,
48:13c'est tout ce qu'on attend d'un parti politique,
48:16et c'est ce à quoi moi je veux m'employer
48:18en étant présidente du Conseil national de renaissance.
48:21– Et 2027, vous y pensez, sans avoir à vous raser, bien sûr.
48:25– C'est ça. Je pense que le sujet, je vous dis,
48:28dans une période politique qui est marquée par la montée
48:33de beaucoup de doutes, de défiances vis-à-vis de la classe politique,
48:36je crois que notre responsabilité à tous,
48:38c'est de montrer qu'on est à l'écoute de nos concitoyens,
48:41qu'on comprend leurs préoccupations,
48:43et qu'on est déterminé à y apporter des réponses,
48:46et donc qu'on travaille sur un projet.
48:48– Que peut dire le Président de la République ce soir aux Français,
48:52Élisabeth Borne ? D'abord, aura-t-il nommé un Premier ministre d'ici là ?
48:56Et s'il ne l'a pas nommé, que peut-il dire ?
48:59– Non mais moi je ne lis pas dans le mar de café,
49:01je ne vais pas vous faire l'interview du Président de la République.
49:03– Dans 20 mois à Matineau, on explique que vous avez eu quand même
49:05de très nombreuses occasions de le connaître un peu mieux.
49:07– Ah oui, oui, oui.
49:09– Alors que d'ailleurs, lorsque vous êtes nommé Premier ministre,
49:12vous dites que vous ne l'aviez pas rencontré en tête-à-tête
49:15de nombreuses fois en fait.
49:17– Non, non, parce que chacun peut avoir la conception qu'il veut de sa fonction.
49:20Moi je considérais qu'en tant que ministre,
49:22il m'appartenait de faire avancer mes dossiers
49:24et pas de solliciter le Président de la République en permanence.
49:28Donc voilà, j'imagine que le Président de la République voudra aussi…
49:31– Alors vous qui avez dialogué au sommet de l'État avec lui,
49:34dans quelle quadrature du cercle se trouve-t-il
49:37et que peut-il dire ce soir ? Il va s'adresser aux Français à 20h.
49:40– Je ne vais pas faire de la fiction sur ce que pourra dire le Président de la République.
49:46Je pense que chacun a en fait…
49:48– Il vous a demandé conseil ou il a pris vos conseils depuis 20 ans ?
49:52– J'ai eu l'occasion d'échanger sur la situation
49:55et sur l'orientation qui doit être prise.
49:59Moi j'ai eu l'occasion de le dire.
50:01Je pense vraiment que maintenant, il faut être capable
50:05de trouver un accord de non-censure
50:08avec les partis de la gauche progressiste à la droite républicaine.
50:13Je pense que le Président aura aussi à cœur de rappeler
50:16qu'on a des institutions solides
50:18et qu'on va surmonter cette période difficile
50:22et qu'il faut que notre pays aille de l'avant.
50:24On est dans une période, je vous dis, où les défis sont énormes,
50:28où la situation géopolitique est compliquée.
50:31La transition écologique, le défi climatique est toujours là.
50:34Il faut que le pays avance.
50:35– Alors vous décrivez donc un profil de Premier ministre.
50:38Au début de l'émission, vous avez expliqué qu'il pouvait rassembler assez largement,
50:41notamment à gauche.
50:42En fait, vous décrivez un profil qui est le vôtre.
50:44– C'est ça. Non ça va, merci.
50:47– Si on vous le proposait, vous diriez non ?
50:49– Non mais je pense que, voilà, c'est absolument pas envisageable.
50:53– Quel est l'avenir d'Elisabeth Borne ?
50:55Alors présidente du Conseil national de renaissance,
50:57mais après, il n'est pas illogique de penser
51:00qu'ayant été Première ministre de la France 20 mois,
51:03vous avez écrit un livre d'ailleurs qui retrace cette aventure humaine aussi,
51:09pas simplement politique.
51:10Qu'est-ce que vous pouvez faire maintenant pour être utile à votre pays ?
51:13– Moi je vous dis ce que je souhaite faire aujourd'hui.
51:15Peut-être, j'aimerais bien que les lecteurs puissent retenir de ce livre
51:19qu'on peut s'engager en politique, en ayant eu une vie avant.
51:24Moi quand le président…
51:26– Mais avec de grandes ambitions encore ?
51:27– Non mais vous savez, quand le président de la République
51:29m'a proposé de rentrer dans son premier gouvernement,
51:32moi j'étais PDG d'une très belle entreprise publique.
51:35Donc je me suis engagée pour servir mon pays.
51:38Et c'est ce qui m'anime.
51:40Il se trouve que mon histoire fait que c'est grâce à la République
51:44que j'ai pu faire des études, être pupille de la nation.
51:47Et mon ambition c'est de servir mon pays et d'être capable notamment
51:51de proposer un projet qui réponde aux préoccupations des Français.
51:55– Avec peut-être 2027, en tout cas dans le viseur.
51:59Voilà, merci Elisabeth Borne, ancienne Première Ministre
52:01d'avoir été notre invitée ce matin face à cette actualité, face au territoire.
52:06On se retrouve jeudi prochain, les programmes continuent bien sûr sur TV5MONDE.
52:09Au revoir à tous.