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Pierre Allorant , politologue doyen de la Faculté de Droit d'Orléans

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00:00C'est l'heure d'accueillir notre invitée maintenant, en direct en studio à nos côtés, nous recevons le politologue Orléanais, Pierre Allorand.
00:06Bonjour Pierre, merci d'être là. Emmanuel Macron va réunir à 14h, tout à l'heure à l'Élysée, tous les partis politiques, sauf LFI et l'ERN.
00:15Tout le monde dans la même pièce, alors que jusque-là ça a toujours été chacun son tour.
00:19Est-ce que ça va marcher ? Est-ce qu'on aura un nouveau Premier ministre ce soir ou demain ?
00:23Bien malin qu'il dirait, en tout cas il y a un changement de méthode, le président de la République a semble-t-il compris effectivement.
00:30Il avait vendu le gouvernement de Michel Barnier et surtout sa procrastination, le fait qu'il avait hésité pendant plus de deux mois,
00:39alors sous prétexte des Jeux Olympiques, en disant qu'il recherchait la stabilité.
00:42La stabilité est patatras, motion de censure au bout de 90 jours.
00:46Donc là il change de méthode, il réunit tout le monde, sauf, vous l'avez dit, le Rassemblement National.
00:51Ça c'est un choix de sa part de ne pas les inviter et puis LFI c'est un peu différent puisqu'il refuse d'y aller.
00:58Exclure les insoumis de Jean-Luc Mélenchon des discussions et l'ERN de Marine Le Pen, c'est risqué, c'est normal.
01:04L'ERN a quand même montré des signes de dialogue ces dernières semaines.
01:09C'est un changement parce que, à l'inverse, on peut considérer que le gouvernement Barnier, dès le début,
01:14était sous la surveillance et sous le droit de veto finalement, le droit de vie ou de mort du Rassemblement National.
01:21On a vu que ça ne marchait pas, en tout cas ça ne pouvait pas assurer la stabilité du gouvernement de la France.
01:26Michel Barnier, dans les derniers jours avant la motion de censure, a beaucoup, beaucoup cédé,
01:30pratiquement sur toutes les mesures, sauf sur la revalorisation des retraites.
01:34Donc ça ne marche pas et finalement le Président de la République, ce qui est relativement logique mais tardif,
01:40revient à la logique du Front Républicain finalement, qui avait assuré au deuxième tour des élections
01:45un barrage contre l'arrivée de Jordane Bardella à Matignon.
01:49Alors on entend beaucoup, on parle du quoi avant de parler du qui ?
01:53C'est effectivement, on définit une stratégie commune pour gouverner avant de dire bah tiens, ça sera Cazeneuve ou Bayrou.
02:00Mais la difficulté Lidi, c'est que disons, entre M. Retailleau par exemple et Marine Tondelier,
02:05c'est quand même assez difficile, à part le respect de la démocratie, de trouver des points communs pour gouverner.
02:11Donc ça ne fait pas un gouvernement d'union nationale.
02:14D'ailleurs, l'expression utilisée par M. Macron est un petit peu étonnante,
02:17gouvernement d'intérêt général, on l'entend beaucoup.
02:20C'est ce qu'il a dit dans son allocution jeudi dernier.
02:22C'est un peu, comment dire, tautologique.
02:25Un gouvernement, il agit forcément pour l'intérêt de la nation, sinon il est dans l'illégalité.
02:29Donc c'est un peu comme si on disait un maire d'intérêt communal.
02:32Oui, bien sûr, sinon ces décisions seraient cassées par le tribunal administratif.
02:37Donc qu'est-ce que ça veut dire ?
02:39Ça veut dire qu'on ne sait pas trop où on va, et qu'est-ce qui peut unir ?
02:43Il y a deux hypothèses en fait, si on essaye de simplifier.
02:47Il y a une hypothèse où la gauche obtiendrait gain de cause,
02:50c'est-à-dire où Emmanuel Macron nommerait un Premier ministre de sensibilité de gauche,
02:55pas forcément quelqu'un qui a participé au Nouveau Front Populaire, par exemple Bernard Cazeneuve.
03:00C'est susceptible d'être compatible à peu près avec tout le monde ?
03:03Tout à fait, avec François Bayrou dont il est ami, etc.
03:07Ou bien plutôt ce qu'on appelle le bloc central.
03:10C'est un peu un abus de langage d'ailleurs, disons le centre et la droite.
03:13C'est-à-dire par exemple François Bayrou ou quelqu'un émanant des LR.
03:19Mais à ce moment-là, il ne serait pas question que les socialistes, les écologistes ou les communistes y participent.
03:24Il y aurait plutôt un pacte de non-censure, comme on dit.
03:27La solution qui sera trouvée ce soir, demain ou après-demain, est-ce qu'elle est durable ?
03:31C'est-à-dire jusqu'à la fin de son mandat 2027 ?
03:35Probablement non.
03:37Attendons déjà qu'il se décide.
03:39Le Président de la République, on sait que ça peut être long.
03:42En général, il aime bien que le mettent des horloges.
03:44Puis finalement, on l'a vu aussi bien à Notre-Dame qu'en voyage en Arabie Saoudite,
03:49il aime bien finalement gouverner tout seul, sans Premier ministre.
03:52C'est lui qui reste au centre du jeu finalement, alors que c'est lui qui a envoyé tout balader il y a six mois.
03:56On l'a bien vu même sur la scène européenne.
03:58Si le traité sur le Mercosur, qui déplaît tellement à juste titre aux agriculteurs, a pu passer,
04:04c'est bien que la France est très affaiblie, sans gouvernement et avec une stabilité financière qui est mise en cause.
04:10Est-ce que ça durera jusqu'en juillet ?
04:12C'est plutôt ça la question, puisqu'on sait qu'en juillet, le Président de la République
04:15retrouve la prérogative de dissoudre l'Assemblée nationale.
04:18Ça serait déjà pas mal, effectivement.
04:212027, on verra.
04:23On sait que les deux grandes forces dont vous avez parlé au début,
04:26deux grandes forces contestataires, aussi bien Marine Le Pen que Jean-Luc Mélenchon,
04:30ne rêvent que d'une présidentielle anticipée.
04:32Au petit jeu des pronostics, là quand même, dans l'immédiat, qui est-ce qui tient la corne ?
04:35Cazeneuve ? Bayrou ?
04:37Plutôt Bayrou.
04:39Pierre, plus localement, ça nous intéresse aussi, les municipales 2026,
04:42et à Orléans, ça se bouscule au portillon.
04:45Aucun candidat déclaré pour l'instant, mais les prétendants très nombreux,
04:48à gauche, on en a parlé récemment, avec maintenant Orléans,
04:53cette coalition PS-PC,
04:55OZE aussi, de l'autre côté, les écologistes,
04:58et puis au centre, elle était là hier, dans ce studio,
05:01à votre place, Caroline Janvier, l'ancienne députée Renaissance,
05:04et l'avocat membre d'Horizon, Grégory Meyer.
05:07Comment est-ce que vous voyez tout ça ?
05:09On est à un an et demi de l'élection.
05:11Alors un an et demi, c'est vrai que constituer une liste municipale,
05:15c'est pas facile, qu'elle soit vraiment ancrée dans la société d'une métropole,
05:19comme Orléans, d'une ville importante.
05:22Il faut trouver les noms, il faut trouver aussi la parité.
05:25Je pense à la difficulté, par exemple, pour une liste comme celle du Rassemblement National,
05:30c'est vraiment pas facile de trouver la cinquantaine de noms crédibles,
05:34à parité, et résidant vraiment sur place,
05:38puisqu'on sait souvent, il y a des arrangements,
05:41ou des locations de garage qui peuvent servir de caution.
05:45Donc, un an et demi, ça me paraît relativement raisonnable.
05:49En revanche, aujourd'hui, effectivement, le paysage est très émietté.
05:52Est-ce qu'on se retrouvera avec autant de listes ? Probablement non.
05:55En tout cas, si elle souhaite gagner contre le maire sortant,
05:58il faudra un moment, un rassemblement.
06:00Sinon, le maire sortant sera le futur maire.
06:03Serge Groar, qui lui repartira, c'est sûr ?
06:05Oh, probablement, oui.
06:06Il est présent, il est très présent.
06:08On lui a reproché à un moment, il y a quelques années, d'être moins présent.
06:11Aujourd'hui, il est à nouveau très présent.
06:13Il mobilise, donc oui, très probablement, avec une équipe, je pense, renouvelée.
06:17Ça va démarrer quand, cette campagne des municipales ?
06:19J'ai l'impression que c'est déjà démarré.
06:21C'est déjà démarré, mais il n'y a vraiment aucun candidat, encore, officiellement.
06:24Oui, tout à fait.
06:25Ça dépend quand même du contexte national que nous évoquions,
06:28parce que si nous avons à nouveau une campagne législative à l'été ou à l'automne,
06:32évidemment, ça bouleversera le déroulement de la campagne municipale.
06:36Merci beaucoup, Pierre Allorand, politologue orléanais,
06:39doyen de la faculté de droit d'Orléans.
06:42Bonne journée.
06:43Bonne journée à vous, Lili.

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