• il y a 3 mois
Pierre Allorant, politologue et doyen de la faculté de droit d'Orléans.

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Transcription
00:00N'hésitez pas à participer, évidemment, on a hâte de voir ce que vous allez nous proposer.
00:04Merci beaucoup, Aude.
00:05Deux semaines après la nomination de Michel Barnier à Matignon, on en reparle,
00:10le nouveau gouvernement est enfin formé.
00:12Oui, la liste des 39 ministres a été annoncée samedi soir.
00:16Pour analyser cette formation, nous posons maintenant, Marie, trois questions à Pierre Allorand.
00:21Il est politologue et doyen de la Faculté de Droit d'Orléans.
00:24Bonjour Pierre Allorand.
00:25Bonjour Marie.
00:26Ce nouveau gouvernement, clairement à droite, est-ce que c'était attendu comme formation ?
00:31C'était attendu depuis plus de deux ans par Emmanuel Macron, qui souhaitait cette alliance,
00:36mais ce n'était pas attendu au lendemain du scrutin du 7 juillet.
00:39Pour l'instant, deux records ont été battus par Emmanuel Macron,
00:43deux mois pour former un gouvernement,
00:45et puis ensuite par Michel Barnier, 15 jours pour nommer ses ministres.
00:50C'est une alliance, comme on connaît beaucoup de coalitions ailleurs en Europe,
00:54le souci, c'est qu'elle tourne totalement le dos à ce qu'on avait cru comprendre
00:58du deuxième tour des élections législatives du mois de juillet, c'est-à-dire le front républicain.
01:03Et est-ce qu'on peut parler de déni démocratique, comme certaines personnalités de gauche,
01:08qui parlent notamment, qui pointent du doigt le retour aux affaires des Républicains,
01:11alors que ça fait 12 ans qu'ils n'ont pas été au pouvoir parce qu'ils n'ont pas gagné d'élection ?
01:15Alors déni républicain, déni démocratique, après ce sont des postures politiques.
01:20Le président de la République a le droit constitutionnel de choisir le premier ministre,
01:25donc il n'était pas obligé par exemple de nommer telle ou telle, de nommer par exemple Mme Lucie Castès.
01:31Mais la logique parlementaire était de nommer quelqu'un issu de la coalition arrivée en tête,
01:39c'est-à-dire plutôt de gauche, donc par exemple le choix de M. Cazeneuve,
01:43comme l'avait évoqué le président de la République, aurait été plus logique.
01:47Bon, il a le droit de faire ce choix, maintenant il appartient au Parlement,
01:50et en particulier à l'Assemblée Nationale, de voter une censure de ce gouvernement s'il ne s'y retrouve pas.
01:56Justement, vous l'avez souligné, deux semaines pour former ce gouvernement,
02:00avec une absence de poids lourd politique, il faut le dire.
02:04Est-ce que c'est la marque, est-ce que ça montre qu'en fait personne ne voulait y aller, dans ce gouvernement ?
02:09C'est un peu le cas, alors personne, non, ils ont quand même trouvé, on trouve toujours un ministre.
02:14Mais vous avez tout à fait raison, Marie, il n'y a pas Laurent Bocquier, seul M. Retailleau représente effectivement un poids certain.
02:24On retrouve beaucoup de sénateurs d'ailleurs, plus que de députés finalement.
02:28Excusez-moi, il y a un gouvernement qui penche très largement à droite sur le régalien,
02:35et en revanche le président de la République a réussi à maintenir son influence avec des très proches sur tout ce qui est économie.
02:43Et puis on peut quand même constater que même si les 39 ministres respectent la parité,
02:48femmes-hommes, les femmes sont réduites à une conception, disons, très traditionnelle.
02:53Donc, pas ce qui est sérieux, entre guillemets, pas la défense, pas l'intérieur, pas l'économie,
02:59donc plutôt, disons, l'assistance, l'éducation. Une conception très, très traditionnelle.
03:04Et parmi ces nouveaux ministres qui arrivent, et ces nouvelles figures, Gilles Averrous, le maire de Châteauroux,
03:10donc on le connaît en Centre-Val-de-Loire, par contre, personne du Loiret,
03:13alors qu'il y a certains noms qui circulaient avant la nomination du gouvernement.
03:18Oui, tout à fait. Alors, Gilles Averrous, c'est assez logique, puisqu'il préconisait cette alliance depuis longtemps,
03:24et puis il a réussi brillamment l'organisation des Jeux Olympiques à Châteauroux.
03:29C'est quelqu'un de pondéré, qu'on connaît bien, y compris à Orléans,
03:32puisqu'il a été membre du Conseil économique, social et environnemental de la région.
03:37Et donc, voilà, la jeunesse aux sports, aux associations, c'est un choix assez logique.
03:41Effectivement, déception à nouveau pour Orléans.
03:44On sait la situation de Stéphanie Rist, qui apparemment avait été sollicitée,
03:48mais dont le suppléant ne souhaitait pas prendre la place à l'Assemblée nationale.
03:53Et puis Serge Groix, effectivement, une déception très probablement.
03:56Parmi les gros dossiers, rapidement, Pierre-Alain, qui attendent le nouveau gouvernement,
04:00le budget, il va falloir faire très vite, et ça va être compliqué, ça on le sait.
04:04– Oui, tout à fait, vous avez raison, c'est l'échéance majeure,
04:07le vote du budget, bien sûr, qui avait déjà posé problème au gouvernement précédent,
04:11avec, par exemple, Mme Elisabeth Borne, puisque les choses vont très vite.
04:16Et effectivement, ça sera le test.
04:18Est-ce que ce gouvernement trouvera une majorité pour le budget ?
04:21Sur les grandes lignes, il est très probable que M. Barnier n'aura pas le temps
04:26de changer ce qu'avait préparé le gouvernement sortant de M. Attal,
04:31et qui est déjà dans les tiroirs de Bercy.
04:33Donc, réduction des dépenses et probablement pas d'augmentation d'impôts,
04:38sauf des prélèvements exceptionnels sur les bénéfices de certaines très grandes entreprises,
04:43voire peut-être une réapparition surprise d'un impôt sur la fortune.
04:47– Ça, c'est évidemment ce qu'a évoqué Michel Barnier hier.
04:50Merci beaucoup, Pierre-Alain Laurent, pour votre éclairage ce matin sur ce nouveau gouvernement
04:54qui se réunit en Conseil des ministres dès cet après-midi.
04:58– Merci beaucoup à vous deux.

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